Carlos Ghosn : ce qu'il faut retenir de son discours, le résumé et les phrases chocs

Carlos Ghosn : ce qu'il faut retenir de son discours, le résumé et les phrases chocs

CARLOS GHOSN. Carlos Ghosn a fait mercredi 8 janvier sa première apparition publique depuis sa fuite du Japon où il était poursuivi dans plusieurs affaires. L'ancien patron de Renault a donné sa version des faits, tenté de se défendre en livrant documents et noms. Qu'a-t-il expliqué, que faut-il retenir ? On vous dit tout.

[Mis à jour le 10 janvier 2020 à 17h32] C'est l'heure de la grande explication... et elle ne semble pas terminée. Après sa fuite rocambolesque du Japon le 29 décembre 2019, Carlos Ghosn multiplie depuis début janvier les exercices de communication depuis Beyrouth où il est s'est réfugié, lui qui possède les nationalités française, libanaise et brésilienne. Interrogé par la télévision libanaise le 9 janvier, l'ancien patron de Renault a de nouveau accusé la justice japonaise.

Carlos Ghosn a notamment évoqué un "système de l'otage", instauré dans le but de "faire craquer l'accusé, et non à chercher la vérité dans un dialogue judiciaire loyal et équilibré", expliquant de facto sa décision d'avoir quitté le sol japonais. Mercredi 8 janvier 2020, l'ancien patron de Renault avait surtout convié les journalistes dans une salle de conférence du syndicat de la presse à Beyrouth. 150 journalistes triés sur le volet ont pu assister à ses explications puis poser des questions au Franco-Libanais, poursuivi au Japon dans plusieurs affaires de malversations financières.

Livrant sa version des faits, l'ancien puissant patron de Renault-Nissan a d'abord tenté de prouver sa bonne foi en même temps que son innocence dans un long monologue "introductif" avant de répondre aux questions de la presse pour une intervention totale de près de 2h30. Pour se défendre, Carlos Ghosn a choisi l'attaque, chargeant à de multiples reprises la justice japonaise, son système "anachronique".  "Je ne suis pas là pour me présenter en victime, mais pour évoquer un système qui viole les principes d'humanité les plus fondamentaux", a-t-il notamment d'abord expliqué avant de livrer des noms parmi la direction de Nissan puis une série de documents difficilement visibles puisque placés sur un écran peu lumineux derrière lui.

Voici cinq moments clés sélectionnés parmi la prise de parole et les réponses de Carlos Ghosn.

  • "C'est une journée très importante pour moi. J'attends ce moment depuis plus de 400 jours depuis que j'ai été brutalement enlevé à ma famille, à mon entreprise". "Je suis là pour parler de pourquoi je suis parti mais pas comment", a-t-il vite glissé pour balayer toute demande de détails sur sa fuite.
  • "Je n'ai pas fui la justice, j'ai échappé à l'injustice".
  • "Je suis innocent de toutes les accusations. Je peux le prouver, j'ai les documents. Si je ne peux avoir la justice au Japon, je l'aurais ailleurs".
  • "On m'a traité de dictateur froid qui n'aime pas le Japon. C'est faux, j'aime le Japon. Lorsque le tsnunami a touché le Japon (en 2011, ndlr), j'ai été le premier étranger à me rendre près de Fukushima. Pourquoi est-ce que le Japon me remercie de cette façon ?".
  • "Je n'ai pas fait ça pour faire comme Louis XIV. Versailles est un symbole du génie de la France", a-t-il expliqué au sujet de la fameuse soirée à Versailles sur laquelle la justice française s'est penchée. "Si la justice française demande à me parler, je me présenterais à la justice française", a-t-il plus tard assuré.

Qu'a dit Carlos Ghosn sur sa fuite au Japon ?

C'était évidemment l'une des questions centrales ce mercredi 8 janvier : comment Carlos Ghosn a-t-il quitté le Japon, échappant à la justice nipponne ? "Je suis là pour parler de pourquoi je suis parti mais pas comment", a de prime abord expliqué l'ancien patron de Renault. Relancé, Carlos Ghosn a botté en touche : "Je ne peux pas parler de ma fuite, car si je le fais, je vais exposer beaucoup de personnes à des problèmes. Un jour, peut-être, vous connaîtrez la réalité. Dans vingt ans, je pourrai peut-être confirmer ou infirmer ces informations !"

Enfin, interrogé sur son sentiment au moment de quitter le Japon, Carlos Ghosn s'est alors montré plus prolixe. "Je vivais chaque jour en me disant que finalement, j'avais une vie tout à fait réduite. Je ne savais pas si j'allais revoir les gens que j'aime. C'est comme si j'étais mort. Dans une période comme ça, vous êtes paralysé, anesthésié, vous vous anesthésiez car vous vous protégez contre la souffrance. Quand j'ai vu que j'étais sorti, c'est comme si quelque part je revenais à la vie", a-t-il conclu, visiblement ému.

Pour rappel, Carlos Ghosn a quitté le Japon le 29 décembre 2019, sortant de son domicile de Tokyo avant de gagner l'aéroport d'Osaka.

  • Comment a-t-il rejoint Osaka ? Sans doute via le train à grande vitesse japonais, le Shinkansen de Tokyo à Osaka. La télévision nipponne NTV assure qu'il est arrivé le 29 décembre au soir à Osaka. Pour rappel, Carlos Ghosn était assigné à résidence à Tokyo mais avait le droit de faire librement des courts voyages à travers le Japon sans avoir à demander l'autorisation de la justice japonaise.
  • Il serait passé dans un hôtel situé près de l'aéroport international. Ses deux complices présumés quittent l'hôtel en fin de soirée sans Carlos Ghosn à leurs côtés mais avec plusieurs imposants bagages.
  • Carlos Ghosn aurait ainsi alors franchi les contrôles de sécurité et de douane dans une malle servant à transporter du matériel musical ou de concert selon la presse américaine dont le Wall Street Journal qui a publié une photo d'une malle, percée sur le dessus de deux trous qui auraient pu permettre à Carlos Ghosn de respirer. Au Japon, les vols privés ne sont pas soumis aux mêmes types de contrôles que les vols commerciaux où un passage aux rayons X est obligatoire.
  • Carlos Ghosn aurait ensuite embarqué à bord d'un vol privé à destination d'Istanbul avant de rallier Beyrouth le 30 décembre par le biais d'un autre vol privé.

Qu'a répondu Carlos Ghosn aux accusations de la justice japonaise ?

Mis en cause dans plusieurs affaires de malversations financières au Japon, Carlos Ghosn a assuré vouloir livrer ce mercredi "sa vision des faits".  "La justice anachronique du Japon a tenté de forcer mes aveux en me gardant en otage. J'étais présumé coupable à cause d'une collusion entre certains cadres de Nissan avec la complicité du parquet de Tokyo et d'un cabinet d'avocats Latham Law Firm".

Carlos Ghosn a surtout livré ses attaques contre la direction de Nissan, donnant plusieurs raisons sur le déclenchement de l'affaire, notamment que les performances de Nissan ont baissé après son départ pour Mitsubishi et que les tensions entre Renault et Nissan au sein de l'Alliance Renault-Nissan ont pesé. " J'ai été arrêté pour n'avoir pas déclaré une rémunération qui ne m'avait pas été payée et qui n'avait même pas été décidée !" L'homme d'affaires a enfin dénoncé une "collusion" entre Nissan et le procureur japonais chargé de l'affaire.

Le résumé de l'affaire Carlos Ghosn

Tout a débuté le 18 novembre 2018 sur le tarmac de l'aéroport de Tokyo où Carlos Ghosn a été cueilli par les enquêteurs des procureurs de Tokyo à l'arrivée de son jet privé depuis Beyrouth.

Infographie: Les grandes lignes de l'affaire Carlos Ghosn | Statista 
Carlos Ghosn lors de sa sortie de prison le 6 mars 2019, au Japon.
Carlos Ghosn lors de sa fameuse première sortie de prison le 6 mars 2019, au Japon. © Kunihiko Miura/AP/SIPA

Qui est Carole, la femme de Carlos Ghosn visible à ses côtés ?

Carole Ghosn était présente aux côtés de Carlos Ghosn ce mercredi lors de la conférence de presse de ce dernier. "Je suis ravi qu'il ait pu s'exprimer", a-t-elle seulement glissé à la sortie de la salle dans des propos enregistrés par BFM TV. Née Nahas en 1966, Carole Ghosn est la seconde femme de Carlos Ghosn. D'origine libanaise, elle a épousé l'ancien patron de Renault en 2016 lors d'une cérémonie et une soirée spectaculaire au château de Versailles. Après l'arrestation de son mari en fin d'année 2018, elle a multiplié les interviews dans la presse. Elle assure ne pas avoir été au courant du projet de fuite de son mari le 29 décembre 2019 et n'avoir appris l'information qu'à l'arrivée de Carlos Ghosn à Beyrouth. La justice japonaise a diffusé mardi 7 janvier 2020 un mandat d'arrêt contre Carole Ghosn pour "faux témoignage" dans l'affaire touchant son mari.