Claude Guéant en prison : incarcéré pour des dettes, de quel montant ?

Claude Guéant en prison : incarcéré pour des dettes, de quel montant ? GUEANT. Lundi 13 décembre 2021, Claude Guéant a été emprisonné à la prison de la Santé à Paris. Il est reproché à l'ancien ministre de l'Intérieur de ne pas honorer assez rapidement ses dettes.

[Mise à jour le 13 décembre à 20h10] Il est le premier ex-ministre de l'Intérieur français à être emprisonné. Ce lundi 13 décembre, Claude Guéant a été incarcéré à la prison de la Santé, à Paris. En début de journée, un mandat de dépôt a été prononcé par un juge d'application des peines. Cette décision intervient dans le cadre du dossier des "primes de cabinet". L'ancien "premier flic" de France a bénéficié de primes en liquide tous les mois de 2002 à 2004 alors qu'il travaillait comme directeur de cabinet auprès du ministre de l'Intérieur... un certain Nicolas Sarkozy. Pour cette affaire, il a été condamné en 2019 à deux ans de prison, dont un avec sursis, une interdiction d'exercer toute fonction publique pendant cinq ans, une amende de 75 000 euros, mais également à rembourser 190 000 euros au Trésor Public.

Cependant, selon les éléments recueillis par Le Parisien, celui qui fut également secrétaire général de l'Elysée entre 2007 et 2011, n'aurait remboursé qu'un peu plus du tiers de son dû, soit 75 000 euros, en "grande partie, de façon contrainte par le biais de saisie", précise Franceinfo. En effet, une saisie sur le montant de sa retraite a été mis en place, à hauteur de 3000 euros mensuels sur les 5500 euros qu'il perçoit chaque mois. Un rythme insuffisant aux yeux de la justice, qui souhaite que la dette soit effacée au plus vite, alors qu'il reste encore à l'homme de 76 ans à régler 115 000 euros. Selon la chambre de l'application des peines, citée par le média du service public, Claude Guéant aurait, au-delà de sa retraite, des "sources de revenus complémentaires" et aurait pu "régler davantage" et "plus tôt".

L'avocat de Claude Guéant réagit 

Peu de temps après l'annonce de l'incarcération de Claude Guéant, son avocat s'est exprimé sur BFM TV. Philippe Bouchez El Ghozi a expliqué que Claude Guéant "a tout fait pour honorer cette dette. Il ne comprend pas pourquoi la justice ne l'a pas cru quand il a dit qu'il n'avait pas plus d'argent pour payer et s'il s'étonne aujourd'hui qu'on le mette en prison alors qu'il n'a pas un euro de plus". Le conseil de ce très proche de Nicolas Sarkozy a évoqué "un homme qui est extrêmement affecté, qui vit très mal cette situation. Il a une dette, elle est due, il ne la nie pas". 

Affaire des primes de l'Elysée

Claude Guéant, ancien proche de Nicolas Sarkozy, qui fut son secrétaire général de l'Elysée puis son ministre de l'Intérieur, a été définitivement condamné à une peine de prison ferme mercredi 16 janvier 2019, dans l'affaire des primes en liquide. La Cour de cassation a rejeté son pourvoi en cassation, ce qui valide de fait la peine prononcée par la cour d'appel de Paris le 23 janvier 2018.

Claude Guéant a été condamné pour avoir reçu des primes en liquide quand il était lui même au service de Nicolas Sarkozy place Beauvau, entre 2002 et 2004. Un procédé sans existence légale qu'il présentait comme une pratique "habituelle" au sein du ministère pour arrondir les fins de mois des collaborateurs du cabinet. Les sommes étaient prélevées chaque mois dans une caisse censée aider les policiers dans leurs enquêtes.

Un système de détournement de fonds

Depuis 2000 et la loi sur la transparence de la vie publique, et a fortiori depuis 2002 et la suppression des fonds spéciaux par Lionel Jospin, ces pratiques, qui étaient effectivement coutumières dans les ministères, sont pourtant strictement interdites. Ce qui n'a pas empêché Claude Guéant de bâtir un système de détournement de fonds publics qualifié de "scandaleux" par les magistrats. Ancien directeur général de la police nationale, Claude Guéant avait, selon les juges, "abusé de sa connaissance" du poste pour réclamer des sommes à son successeur, Michel Gaudin, qui avait la main sur les enveloppes de frais d'enquête et de surveillance (FES). Dans le cabinet de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, Claude Guéant aurait ainsi perçu jusqu'à 10 000 euros par mois pour une somme globale de 210 000 euros entre 2002 et 2004.

En première instance, Claude Guéant avait déjà été condamné à deux ans prison avec sursis, 75 000 euros d'amende et cinq ans d'interdiction de toute fonction publique. La cour d'appel avait décidé d'être plus sévère encore, en y ajoutant de la prison ferme. Cette affaire est une ombre supplémentaire au tableau des années Sarkozy. Claude Guéant a été le plus proche collaborateur de l'ancien chef de l'Etat, le suivant tout au long de son ascension, du ministère de l'Intérieur à l'Elysée, jusqu'à devenir lui même ministre à partir de 2011. Surnommé "le cardinal" quand il œuvrait dans les coulisses du pouvoir, le nom de Claude Guéant est associé à plusieurs autres affaires comme celles des sondages de l'Elysée, de l'affaire de l'arbitrage Tapie, des liens de l'ancien chef de l'Etat avec Mouammar Kadhafi ou encore dans l'affaire des sondages.

Affaire des sondages

Ce n'est pas la seule affaire dans laquelle est impliqué Claude Guéant. L'ancien secrétaire général de l'Elysée est également poursuivi dans celle dite des "sondages", ce dossier qui met en cause l'homme d'Etat et plusieurs proches de Nicolas Sarkozy pour avoir, durant la présidence de l'ancien patron de l'UMP, acheté pour 7,4 millions d'euros de conseils en opinion et de sondages entre 2007 et 2012, dans des conditions obscures. Le 3 décembre 2021, le parquet national financier a requis un an ferme et 10 000 euros d'amende à l'encontre de Claude Guéant pour favoritisme et détournement de fonds publics par négligence.

Biographie de Claude Guéant

Grande figure du Haut-fonctionnariat, Claude Guéant côtoie la sphère ministérielle dès 1977, d'abord auprès de Christian Bonnet (ministre de l'Intérieur), puis auprès de Charles Pasqua (ministre de l'Intérieur et de l'Aménagement du territoire). De 2002 à 2007, il oeuvre successivement pour le cabinet de Nicolas Sarkozy, le ministère des Finances et le ministère de l'Intérieur. En 2007, il s'engage aux côtés de Nicolas Sarkozy, qui le nomme directeur de sa campagne à l'occasion de la présidentielle. La victoire du candidat UMP lui vaut d'être nommé secrétaire général de la présidence de la République, et son influence en fait un personnage de premier plan.

En février 2011, il succède à Brice Hortefeux comme ministre de l'Intérieur, de l'Outre-mer, des Collectivités territoriales et de l'Immigration, poste qu'il perdra à l'élection de François Hollande. En 2013, Claude Guéant est menacé par plusieurs affaires, notamment l'affaire des financements de la campagne Sarkozy de 2007, les emplois fictifs, la vente de tableaux... Il est finalement placé en garde à vue le 26 mai 2014 dans le cadre de l'affaire Tapie. En 2015, Claude Guéant est condamné en première instance dans l'affaire des "primes de cabinet en liquide". En 2017, il fait appel de cette sentence mais sa peine est aggravée. Il est condamné à deux ans de prison dont un ferme, une amende de 75 000 € et l’interdiction d’exercer une fonction publique pendant cinq ans.

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