Jacques Brel : des titres mythiques, une mort jeune... Biographie d'une icône

Jacques Brel : des titres mythiques, une mort jeune... Biographie d'une icône JACQUES BREL. Auteur, compositeur et interprète, Jacques Brel a marqué de façon indélébile la chanson française et le cinéma. Retour sur sa vie dans une courte biographie.

"Ne me quitte pas", "Vesoul", "Quand on n'a que l'amour"... Il serait bien difficile de faire une liste exhaustive des titres de Jacques Brel qui ont marqué l'histoire de la chanson française. Le chanteur, originaire de Schaerbeek en Belgique, reste, plus de quarante ans après sa mort le 9 octobre 1978, l'un des auteurs-compositeurs-interprètes les plus célèbres de la musique en France, tant ses chansons résonnent encore aujourd'hui. Au-delà des frontières, ses chansons ont été reprises des centaines de fois, parfois par des stars mondiales comme Ray Charles, Frank Sinatra ou Sina Simone.

Si sa personnalité reste plus secrète que son oeuvre, le grand public avait pu découvrir d'autres facettes de Jacques Brel, sur grand écran cette fois. Dès 1966, alors que l'artiste semble décidé à abandonner la chanson, c'est vers le Septième art qu'il se tourne. En tout, il a joué dans une quinzaine de films et court-métrages. Le Grand Jacques, comme on le surnomme, en aura également réalisé deux (en plus de jouer dedans) : "Franz" en 1971 et "Le Far West" en 1973. 

Jacques Brel, mort à seulement 49 ans

Souvent, dans l'imaginaire, c'est une cigarette à la bouche que l'on imagine Jacques Brel. Et pour cause, grand fumeur, le chanteur se voit détecter, dès 1974, un cancer du poumon. À Bruxelles, il subit plusieurs interventions chirurgicales, alors qu'il réalisait un tour du monde avec sa fille France et Maddly Bamy, sa dernière compagne. Une aventure qu'il est contraint d'écourter pour soigner sa maladie. Fin 1977, Jacques Brel sort un nouveau disque, "Les Marquises", mais quelques mois plus tard, ses médecins lui annoncent une récidive de son cancer du poumon. Hospitalisé à Bobigny, à l'hôpital Avicenne, il s'échappe plusieurs fois au bord du Lac Leman, quand son état le lui permet. 

Mais le 9 octobre 1978, au milieu de la nuit, le Grand Jacques est emporté par une embolie pulmonaire massive. "Nous avons essayé de le sauver. Mais une embolie pulmonaire, d'un côté, et un cancer du poumon, de l'autre… Il n'était plus en état de respirer. Ces deux dernières journées, il les a passées dans un état semi-comateux. Il ne pouvait plus dire un mot. Il n'est pas mort de son cancer, mais d'une embolie pulmonaire. S'il ne s'était agi que de ce cancer, je suis persuadé qu'il aurait pu s'en tirer", déclarait à l'époque son médecin, le professeur Lucien Israël.

Qui était vraiment Jacques Brel ?

Né le 8 avril 1929 à Schaerbeek (Belgique), Jacques Brel commence à écrire dès l'âge de 15 ans, inspiré par la lecture de Jules Verne et de Jack London. Après avoir créé une troupe de théâtre, il entre dans la cartonnerie familiale qui l'emploie entre 1947 et 1953. Passionné par la musique classique, il décide de se lancer dans la chanson et compose ses premières mélodies. En 1951, Jacques Brel commence à chanter malgré la désapprobation de sa famille. En 1953, il se rend à Paris pour être auditionné. Pour gagner sa vie, Jacques Brel enseigne la guitare et passe à l'Olympia en lever de rideau. Il se fait remarquer par Bruno Coquatrix.

En janvier 1955, Jacques Brel fait ses débuts à l'Ancienne Belgique et continue à se produire en vedette américaine (en deuxième partie de spectacle, avant la vedette principale) dans des tournées. En 1955, il sort son premier 33 tours. 1956 est l'année de son premier grand succès, "Quand on n'a que l'amour". L'année suivante, Jacques Brel est tête d'affiche à Bobino et interprète "Ne me quitte pas" et "La Valse à mille temps". La mort de ses parents marque un changement de registre dans ses chansons. En 1964, sort "Amsterdam", suivie de "Ces gens-là" en 1966. Jacques Brel donne son dernier récital en mai 1967. 

Autre aspect de la personnalité de Jacques Brel, celui plus controversé de sa vie privée. Marié en 1950 à Thérèse Michielsen, dite Miche, avec qui il a trois filles, Chantal, France et Isabelle, l'artiste aurait enchaîné les maîtresses tout au long de sa carrière.

À qui Jacques Brel chantait "Ne me quitte pas" ?

Outre "Amsterdam", la seconde chanson qui vient immédiatement à l'esprit lorsque l'on évoque Jacques Brel est bien sûr, "Ne me quitte pas". Ce morceau est d'ailleurs le premier vrai succès du chanteur et propulse immédiatement sa notoriété en France. Sorti en 1959, ce titre est cosigné par le pianiste Gérard Jouannest. Devenu standard incontournable de la chanson française, "Ne me quitte pas" frappe surtout, à l'époque et toujours aujourd'hui, par l'interprétation qu'en offrait Jacques Brel sur scène, comme transpercé par la violence des paroles. Si la légende voulait qu'il l'ait écrit pour sa maîtresse de l'époque, Suzanne Gabriello, il semblerait finalement que ce soit sa femme dont il est question. C'est en tout cas la thèse du biographe du Grand Jacques, Stéphane Loisy : "La chanson était bien destinée à son épouse, 'Miche'. Ce titre, Jacques Brel l'a voulu comme une caricature des limites de la déchéance", expliquait-il dans une interview accordée à Nice-Matin.

"Amsterdam", l'histoire d'un tube de Jacques Brel

"Amsterdam" reste sans conteste l'une des chansons mythiques de Jacques Brel. Et l'une des plus connues. Mais le succès de ce titre aurait pu ne jamais avoir lieu. En effet, le chanteur n'a jamais enregistré "Amsterdam" en studio. C'est sur scène, à l'Olympia le 16 octobre 1964, que l'artiste interprète pour la première fois ce qui deviendra l'un de ses plus grands tubes. Sur les images du concert, retransmis en direct sur Europe 1, on découvre la ferveur immédiate d'un public conquis dès les premières notes d'"Amsterdam". Le visage trempé de sueur (ou de larmes, on ne sais plus bien), Jacques Brel entonne, en transe, cette chanson qu'il a écrite au bord de la Méditerranée. Le succès du titre est tel que même le grand David Bowie la reprendra sur l'un de ses albums, "Sorrow", sorti en 1973.

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