Thrombose : liens avec les vaccins Covid, symptômes... Tout comprendre aux risques

Thrombose : liens avec les vaccins Covid, symptômes... Tout comprendre aux risques De très rares cas de thromboses veineuses ont été recensés chez des personnes ayant été vaccinées contre la Covid-19 avec le vaccin Vaxzevria du laboratoire AstraZeneca, et Johnson & Johnson du laboratoire américain Janssen. Ce risque est-il également associé au vaccin Pfizer-BioNTech ?

C'est au début du mois de mars 2021 que des cas de thromboses atypiques potentiellement liées à la vaccination avec le sérum du laboratoire AstraZeneca ont été observés en France et dans d'autres pays européens. Par principe de précaution, le gouvernement français, en accord avec l'Allemagne, a ALsuspendu la vaccination avec ce vaccin en attendant que l'Agence européenne du médicament (EMA) rende un avis. De son côté, le vaccin Johnson & Johnson présenterait – semble-t-il – le même type de risque. Si bien qu'il a fait, lui, l'objet d'une suspension temporaire aux Etats-Unis à la mi-avril, qui a été ensuite suivie par l'Union européenne.

Malgré l'identification d'un risque accru de thrombose veineuse cérébrale chez les personnes de moins de 55 ans, l'EMA a tenu toutefois à réitérer sa confiance dans le vaccin AstraZeneca, soulignant une balance bénéfice/risque largement en faveur du sérum. Face à cet avis, la Haute Autorité de santé (HAS) a émis la recommandation de n'utiliser le vaccin AstraZeneca que pour les personnes âgées de 55 ans et plus. Le vaccin Johnson & Johnson, pour sa part, est actuellement en cours de déploiement en Europe, soutenu par un avis favorable rendu le 20 avril 2021 par l'EMA.

Qu'est ce qu'une thrombose veineuse ?

Mise en lumière par la vaccination contre la Covid-19, la thrombose veineuse n’en demeure pas moins mystérieuse pour une grande partie du grand public. Parfois qualifiée de "phlébite", la thrombose veineuse se caractérise par la formation d’un caillot de sang au sein d’un vaisseau, ce qui engendre son obstruction. Dans le langage médical, le caillot à l’origine d’une thrombose est appelé "thrombus". Le caillot est susceptible de boucher partiellement ou totalement une veine superficielle. Ce type de phlébite superficielle reste généralement assez bénin, contrairement à la thrombose veineuse profonde qui, elle, peut occasionner une embolie pulmonaire. En se détachant de la paroi veineuse sur laquelle il est fixé, le thrombus remonte via la circulation sanguine jusqu’aux artères pulmonaires, au sein desquelles il va rester bloqué. La prise en charge de la thrombose va donc dépendre de son origine. Une thrombose veineuse superficielle ne requiert généralement que du repos et l'administration d’antalgiques pour soulager la douleur. En revanche, la thrombose profonde nécessite l'injection d'anticoagulants afin de dissoudre le caillot sanguin.

Quels sont les symptômes d'une thrombose ?

La thrombose veineuse ne présente pas de signes cliniques caractéristiques, ce qui retarde sa détection. Dans la majorité des cas, le thrombus se forme au niveau des membres inférieurs (jambes). La phlébite se manifeste par un trio de symptômes plus ou moins simples à identifier : des rougeurs cutanées (télangiectasies) en cas de thrombose superficielle, une douleur ressentie dans la région du thrombus et un œdème. Malheureusement, ces signaux d’alerte ne sont pas toujours présents. Certaines thromboses restent même totalement silencieuses. C’est la raison pour laquelle les médecins cherchent avant tout à prévenir la formation d’un caillot chez les personnes présentant un risque accru. Parmi les facteurs de risque de thrombose veineuse clairement identifiés figurent, entre autres, le tabac, le surpoids, l’hypercholestérolémie, le diabète, l’insuffisance cardiaque… Pour confirmer le diagnostic d’une thrombose veineuse, le médecin va préconiser le dosage sanguin des "D-Dimères", des marqueurs biologiques de la présence d’un caillot. En cas de résultats positifs, un écho-doppler ou d’autres examens d’imagerie médicale seront effectués afin de localiser le thrombus et mettre en œuvre une stratégie thérapeutique adaptée.

Quel lien entre thrombose et vaccin anti-Covid ?

A l’heure actuelle, seuls les vaccins Vaxzevria du laboratoire AstraZeneca et Johnson & Johnson du (Janssen) sont suspectés de provoquer de très rares cas de thromboses veineuses. Il faut rappeler que ces deux sérums ont été conçus à partir d’une technique équivalente, celle du vecteur viral : un adénovirus de chimpanzé pour Vaxzevria, et un adénovirus humain pour Johnson & Johnson. Les agences de santé européenne et américaine mènent des études scientifiques pour déterminer si la technique de fabrication des sérums est directement impliquée dans la formation de caillots. L’hypothèse serait que le vecteur viral utilisé provoquerait – dans de très rares cas (1 cas pour 100 000 vaccinations) – une réponse immunitaire excessive de type immuno-allergique. Une partie des anticorps créés cibleraient alors les plaquettes sanguines – et plus spécifiquement le facteur plaquettaire 4 (PF4) – et les détruiraient. Rappelons que les plaquettes sont des cellules sanguines qui jouent un rôle fondamental dans le mécanisme de la coagulation. Toutefois, les processus sous-tendant cette réaction post-vaccinale ne sont pas encore élucidés.

Ce que disent AstraZeneca, Janssen, Pfizer-BioNTech

Pour défendre son sérum, le laboratoire britannique AstraZeneca s’est exprimé le 7 mars par le biais de son directeur France, Olivier Nataf, dans les colonnes du Journal du Dimanche. Il a réaffirmé l’efficacité du vaccin Vaxzevria, notamment sur les formes graves.  "Les premiers jours de la vaccination, seuls 149 cas sur 10 000 personnes vaccinées ont été signalés, soit une proportion infime. Les effets secondaires, qui peuvent être prévenus en prenant du paracétamol, se révèlent plus importants chez les jeunes et les soignants. C'est compréhensible : les sujets jeunes réagissent de façon plus marquée, comme ceux qui ont déjà été exposés au virus, ce qui est plus fréquent chez les soignants", a-t-il souligné.

Injecté en France depuis le 24 avril 2021, le vaccin Johnson & Johnson a fait l’objet d’une approbation par l’EMA qui souligne une balance bénéfice/risque largement en faveur du sérum, et ce, malgré quelques très rares cas de thromboses profondes (6 cas dont 1 décès aux Etats-Unis). Le laboratoire ne s’est pas directement exprimé sur les cas de thromboses veineuses, indiquant simplement dans un communiqué "retarder de manière proactive le déploiement de notre vaccin en Europe". Dans l’attente des recommandations de l’EMA attendues très prochainement, la France a décidé de réserver le vaccin Janssen aux personnes de plus de 55 ans, tout comme l’AstraZeneca.

Chez Pfizer-BioNTech, le très faible nombre de thromboses veineuses recensées à la suite d’une vaccination n’a pas permis d’établir un lien direct entre le sérum et la pathologie. Le laboratoire ne s’est donc pas exprimé sur ce sujet, mais l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) maintient toutefois sa vigilance.

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