"Dor de tine" est une expression roumaine intraduisible : j'ai le mal de toi, je t'aime à la folie... C'est aussi l'expression positive artistique et vitale de l'âme roumaine. Je n'ai pas connu mon père : il a été arrêté par la gestapo à Nice, en 1944, 10 jours avant ma naissance. Conduit à Drancy, il est parti dans le convoi 73 avec 878 hommes, le 15 mai 1944, pour disparaître quelques jours plus tard. Mon père, Isaac Abramovici, Izu, et ma mère, Sylvia Wisner, Sisi, tous deux juifs, roumains et musiciens, se sont adressés entre 1939 et 1940 plusieurs centaines de lettres au moment où mon père était mobilisé an France comme volontaire étranger, tandis que ma mère était restée à Paris. Je décide de revenir sur les lieux évoqués par ces lettres. Le film commence alors que la guerre est déclarée. Les frontières commencent à se fermer, mais chacun fait comme si la grande offensive hitlérienne allait épargner la France. Izu, lui, n'a plus que quatre années à vivre.