"Pour prendre le contre pied d'un stratège militaire de renom qui a fait son temps, je pense que la guerre est – et je pèse mes mots en tant que diplômé de sciences politiques, le degré zéro de la souveraineté maîtrisée en conscience. La guerre en effet, n'est-ce pas la victoire du rapport de force, mutuellement destructeur, sur le rapport d'intelligence, mutuellement bénéfique ? La guerre, n'est-ce pas la dictature du "coup de sang" préparant la victoire de la haine, et non celle de la maîtrise de soi, du flegme et de l'effort à se raisonner au-delà de toute émotion primaire pour préserver ce qui ne peut valoir que dans la paix sans cesse recommencée? Sans paix, pas de bonheur ni de prospérité possibles. Prônons donc sans cesse au XXIè siècle, contre la misère morale, contre l'esprit de fatalité, le rapport d'intelligence entre deux, trois, quatre...une multitude de "puissances" souveraines, chacune capable d'affirmer, de négocier, et d'obtenir le respect de son identité singulière et de l'essentiel de son intérêt propre à progresser dans l'excellence... avec les seules armes de l'esprit. C'est pourquoi vouloir assimiler la politique, art n'ayant pas de valeur désormais plus haute que démocratique, à une suite de détestations mutuelles, n'a plus de sens comme à l'époque de Clausewitz. Alors que vivre la politique comme autant de "batailles de l'intelligence" à mener dans son propre pays, devrait suffire en soit à galvaniser le citoyen éclairé : qu'il s'agisse d'élever le niveau de moralité et la qualité du vivre ensemble, d'assurer une saine compréhension - ou du moins une saine entente - entre les peuples et les composantes d'un peuple, ou encore d’œuvrer à une prospérité partagée, dès lors que l'entente en question peut reposer sur une certaine cordialité. Cordialité car courtoisie de façade ou tolérance forcée mènent par trop facilement, comme on le sait de par l'Histoire, à une incompréhension continuée. Par ignorance, par incuriosité mutuelle. "Balayer devant sa porte", "regarder la poutre dans son oeil", bref, garder le sens de l'auto-dérision et de l'auto-critique restant le plus fiable des engagements vers un dialogue continué, sans qu'il soit nécessaire pour se sentir respecté et reconnu, de chercher noise ou de vouloir à tout prix donner leçon à quiconque, qui sous certains aspects, nous vaut bien... Que le commerce international puisse ainsi se concevoir comme un bénéfice librement partagé, plus que comme la résultante d'une abrutissante "guerre économique" est heureux : c'est, avec ce qu'on appelle par exemple, "commerce équitable", réussir à sauver la qualité et la pérennité de savoir-faire locaux faisant la durable profitabilité de ce commerce. Sinon le "commerce" sans respect mutuel redevient, à l'image de toute guerre, l'occasion d'un avilissement mutuel. Toute guerre, y compris économique, mène en effet à une illusoire prospérité fondée sur la négation de l'identité de l'autre dans sa spécificité, sa singularité. En ce sens, toute guerre porte en elle le germe d'un suicide collectif, sinon physique, du moins spirituel. Paix et amour à vous." (15 janvier 2007) |