Attentats du 13 novembre : Bataclan, SDF, bars... Le bilan

Attentats du 13 novembre : Bataclan, SDF, bars... Le bilan ATTENTATS 13 NOVEMBRE. Les attentats du 13 novembre 2015, à Paris, comptent parmi les pires attentats commis dans la capitale et en France. Chronologie, auteurs, victimes, procès... Retour sur les attaques du Stade de France, du Bataclan et des terrasses des bars de Paris.

Les attentats du 13 novembre 2015, à Paris et à Saint-Denis, sont une série d'attentats terroristes commandités par Daech et menés par trois commandos ayant notamment transité par la Belgique. Véritable traumatisme après l'attentat du 7 janvier de la même année dans les locaux du journal Charlie Hebdo et avant l'attentat à l'aéroport de Zaventem, à Bruxelles, en mars 2016, ces attentats auront fait au total 130 morts et 350 blessés en trois endroits ciblés : le Stade de France où se jouait un match de football entre l'équipe de France et l'Allemagne, la salle de spectacle du Bataclan où avait lieu un concert et plusieurs terrasses de bars parisiens, bondés au moment de l'assaut.

Les attentats du 13 novembre ont fait l'objet de plusieurs années d'enquête et d'un procès historique de près de 10 mois, entre septembre 2021 et juin 2022, par une Cour d'assises spécialement composée pour l'occasion. Si la majorité des terroristes ont été tués ou se sont faits exploser au moment des attentats, l'un des membres actifs des commandos, Salah Abdeslam, a été condamné à une peine de prison incompressible à perpétuité. Près d'une vingtaine de complices ont aussi été condamnés.

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Quelle est la chronologie de l'attentat du Stade de France à Saint-Denis ?

Le Stade de France, à Saint Denis, a été le premier lieu visé par les terroristes le vendredi 13 novembre 2015. Une soirée paisible et de fête pour les spectateurs, qui assistaient alors à un match de football entre la France et l'Allemagne. Une première détonation a été entendue à 21h20, provoquant quelques clameurs car confondue avec une bombe agricole, comme celles qui explosent parfois dans ce genre d'événement. Dix minutes plus tard, vers 21h30, une deuxième explosion retentit, laissant notamment un Patrice Evra, balle au pied à cet instant sur le terrain, dubitatif.

Deux terroristes venaient de se faire exploser à proximité immédiate du Stade. La première explosion, rue Jules-Rimet à Saint-Denis, "porte D" aboutira à la découverte de deux corps. Le premier est celui du kamikaze, porteur d'un passeport syrien probablement faux au nom de Ahmad Al-Mohammad et "portant un gilet explosif composé de "TATP, de piles, de boulons, et de boutons poussoirs". Le second corps, est celui d'une victime : Manuel Colaco Dias, un passant qui a été soufflé par l'explosion. La première victime de cette soirée d'attentats cauchemardesque. Le deuxième kamikaze, Bilal Hadfi, qui s'est fait exploser porte H cette fois, n'a heureusement causé que sa propre mort. Une troisième explosion, celle d'un homme porteur lui-aussi d'un faux passeport au nom de Mohammad Al Mahmod, aura lieu à 21h53, son corps sera retrouvé rue de la Cokerie. 

Quelle  est la chronologie de l'attentat du Petit Cambodge et des terrasses de Paris ?

Les cafés et restaurants du Carillon, du Petit Cambodge, de La Bonne bière et de la Belle équipe, dans les 10 et 11e arrondissements de Paris, constituent la deuxième cible des attentats du 13 novembre. Il est 21h25 quand le premier attentat a lieu dans la capitale elle-même, dans cette soirée d'horreur du vendredi 13 novembre 2015. Au bar le Carillon et devant le restaurant le Petit Cambodge, à l'angle de la rue Alibert et de la rue Bichat, des assaillants - Brahim Abdeslam, Abdelhamid Abaaoud et Chakib Akrouh - ont fait irruption armés de "fusils d'assaut de type kalachnikov". Sur place, a été découvert une "centaine douilles de calibre 7-62" avec un bilan de 15 décès et de 10 victimes en "urgence absolue".

À 21h32, à l'angle de la rue de la Fontaine au Roi et de la rue du Faubourg-du-Temple, au bar la Bonne bière, des assaillants à bord du même véhicule tuent 5 personnes et en blessent 8 autres. Le périple de l'horreur se poursuit et se termine à 21h36 au 92, rue Charonne, au restaurant La Belle équipe avec la mort de 19 personnes.

Quelle est la chronologie de l'attentat du Bataclan ?

Alors que l'attentat du Stade de France et celui des terrasses de Paris se sont déjà déroulés, le "pire" est encore à venir dans cette soirée du 13 novembre 2015. Il est 21h45 quand Samy Amimour, Foued Mohamed-Aggad et Ismaël Mostefaï descendent d'une Polo et tuent déjà trois personnes devant le Bataclan, où a lieu un concert du groupe américain Eagle of Death Metal. Deux terroristes se dirigent par la suite à l'intérieur de la salle de spectacle, vers la fosse, et tirent. Un vigile ouvre une issue de secours pour laisser sortir les spectateurs, mais un troisième homme les attend dehors et tire à bout portant. Pendant plusieurs minutes, les terroristes "s'amusent" avec les otages en tirant dès qu'une personne tente de s'enfuir ou bouge... 

Il est 22h quand les premiers policiers arrivent sur place. Il s'agit d'un commissaire divisionnaire et un brigadier, membres de la BAC qui vont réussir à mettre fin au massacre en rentrant dans la salle de spectacle malgré les seules armes de poing qu'ils possédaient. À 22h07, les policiers repèrent l'un des terroristes et tirent à six reprise sur lui.  Il s'agit de Samy Amimour qui arrive à se faire exploser sur la scène. Les deux autres se réfugient dans un couloir et "rigolent" selon plusieurs témoignages.

C'est à 22h15 que la première équipe de la BRI arrive sur place et relève les fonctionnaires de la BAC, 30 minutes plus tard c'est le Raid qui arrive. À 23h27 un premier contact est établi avec les terroristes via un téléphone d'un otage, c'est seulement à 0h18 que l'assaut est donné après un coup de téléphone qui faisait office de leurre. Touché mortellement par deux tirs, le premier terroriste, Foued Mohamed-Aggad, déclenche sa ceinture explosive, soufflant son complice, Ismaël Mostefaï. L'attentat fera 90 morts.

Quel est le bilan et qui sont les victimes des attentats du 13 novembre 2015 ?

Le bilan officiel des attentats du vendredi 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis fait état de 130 morts et de 350 blessés. Il s'agit des attentats les plus meurtriers perpétrés en France. La gravité de la situation était telle que le gouvernement avait décrété l'état d'urgence sur tout le territoire national, ce qui était une première depuis le putsch d'Alger de 1958.

  • Au Stade de France, situé rue Jules-Rimet à Saint-Denis, les trois explosions ont fait un mort et une dizaine de blessés. Manuel Colaco Dias, 63 ans, un Portugais fan de foot qui vivait depuis 45 ans à Paris, a péri alors qu'il se trouvait à l'extérieur du Stade de France.
  • L'attaque la plus longue et la plus meurtrière a eu lieu au Bataclan, une salle de spectacle parisienne située au 90 boulevard Voltaire. 90 morts et des dizaines de blessés y ont été comptabilisés. Parmi les victimes figurait Nicolas Classeau, 40 ans, père de trois enfants âgés de 6, 11 et 15 ans. Il assistait au concert avec sa compagne, blessée. Guitariste amateur, cet habitant de Bagnolet (Seine-Saint-Denis) était directeur de l'IUT de Marne-la-Vallée (Seine-et-Marne).
  • Dans les 10 et 11e arrondissements de Paris, les terroristes ont ouvert le feu à trois reprises sur des personnes attablées à des terrasses de bars et de restaurants, causant la mort de 39 personnes et en blessant trente-deux autres grièvement. Cécile Coudon Peccadeau de l'Isle, 37 ans, fait partie des victimes. Elle était assise à la terrasse du bistrot La Belle Équipe, rue de Charonne. La jeune femme était née à Saint-Nazaire. Elle était inspectrice à la direction générale des Douanes à Montreuil, comme sa collègue Anne-Laure Arruebo, tuée également au bar La Belle Equipe.

Qui sont les auteurs des attentats du 13 novembre à Paris ?

Les attentats du 13 novembre à Paris ont été perpétrés par une dizaine de terroristes islamistes, pour partie Français ou Franco-belges, ayant vécu en banlieue de Bruxelles et ayant transité par la Syrie à partir de 2013. Deux autres terroristes étaient originaires de la zone irako-syrienne :

Le commando du Stade de France :

  • Ahmad Al-Mohammad, 25 ans au moment des faits, est le premier kamikaze à avoir déclenché sa ceinture d'explosif au Stade de France tuant une personne, Manuel Colaco Dias. Porteur d'un faux passeport syrien, son identité reste sujette à caution. Il pourrait s'agir de Ammar Ramadan Mansour Mohamad al Sabaawi, "soldat" de l'Etat islamique irakien dont la famille a été récompensée par Daech après les attentats.
  • Bilal Hadfi, Français de 20 ans au moment des attentats, vivait dans la région de Bruxelles avant de partir pour la Syrie en février 2014. Il s'est fait exploser à proximité du Stade de France, mais n'a pas fait de victime.
  • Mohammad Al Mahmod serait le troisième terroriste du Stade de France, même si cette identité reste sujette à caution elle aussi.

Le commando du Bataclan :

  • Ismaël Omar Mostefaï, Français de 29 ans, résidait en région parisienne. Fiché S depuis 2010, il a été l'un des trois kamikazes du Bataclan, et le premier à avoir été identifié par son empreinte digitale.
  •  Samy Amimour, Français de 28 ans, était originaire de banlieue parisienne, à Drancy. Connu des services de police depuis 2012, il a été l'un des assaillants du Bataclan.
  •  Foued Mohamed-Aggad, 23 ans, était originaire de Wissembourg, dans le Bas-Rhin. Parti en Syrie fin 2013 pour rejoindre les rangs de l'Etat islamique, il a déclaré dans message intercepté par les autorités françaises : "si je rentre en France, c'est pas pour aller en prison, c'est pour tout exploser".

Le commando des terrasses :

  • Abdelhamid Abaaoud, Belgo-Marocain de 28 ans, est considéré comme l'un des cerveaux de l'opération. Cité dans plusieurs projets terroristes, il avait auparavant rejoint les rangs de l'Etat islamique en Syrie dès 2013. Après avoir lui-même participé à l'assaut des terrasses en 13 novembre 2015, il est parvenu à prendre la fuite, mais sera tué lors de l'opération de police à Saint-Denis cinq jours plus tard, lorsque son complice Chakib Akrouh s'est exploser avec une ceinture d'explosifs.
  • Chakib Akrouh, compagnon d'Abdelhamid Abaaoud en Syrie puis dans l'opération terroriste faisait partie lui aussi des assaillants des terrasses parisiennes. En fuite après les attentats, il se tue en déclenchant sa ceinture explosive explose lors de l'assaut du RAID du 18 novembre à Saint-Denis.
  • Brahim Abdeslam, Français de 31 ans, était le frère de Salah Abdeslam, seul auteur toujours vivant des attentats. Il a participé à ses côtés à l'attaque des terrasses de restaurants des Xe et XIe arrondissements de Paris, avant de se faire exploser à la terrasse d'un café du boulevard Voltaire.
  • Salah Abdeslam, est un Français, âgé de 26 ans au moment des faits, qui a grandi comme son frère et plusieurs terroristes dans la banlieue belge de Molenbeek-Saint-Jean, où il sera arrêté après les attentats. Seul survivant des commandos, il affirmera lors du procès avoir renoncé à se faire exploser "par humanité". Il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible le 29 juin 2022.
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Qui a été jugé lors du procès des attentats du 13 novembre et quelles ont été les peines ?

Vingt accusés ont été jugés entre septembre 2021 et juin 2022 par la Cour d'assises spécialement composée pour leur implication dans ces attaques pilotées par l'organisation Etat islamique (14 présents au procès en plus de six personnes jugées en leur absence, dont cinq présumées mortes). Le procès, ouvert le 8 septembre 2021, aura duré dix mois avec près de 150 jours d'audience. Un procès historique, majoritairement salué pour son exemplarité dans la parole donnée aux victimes toujours vivantes comme aux familles des 130 personnes assassinées le 13 novembre 2015.

Les témoignages des forces de l'ordre intervenues dans la capitale et les descriptions de la gigantesque enquête qui a suivi auront aussi permis de mettre des mots et des précisions sur le déroulé des attentats du 13 novembre, même si des zones d'ombre ont subsisté (lire plus bas). Tour à tour, ont aussi pu s'exprimer les accusés eux-mêmes. La majorité, dont Salah Abdeslam, auront présenté ses "remords", "regrets", "excuses" et "condoléances". Les peines ont été prononcées le 29 juin 2022, les condamnés ont tous décidé de ne pas faire appel :

Onze terroristes étaient présents dans le box : 

  • Salah Abdeslam, 26 ans au moment des faits, est donc le seul des dix membres du commando du 13 novembre à avoir survécu et donc à avoir été jugé au procès. Français né en Belgique, il était connu des services de police belges pour "criminalité organisée" et trafic de stupéfiants. Il a fait un séjour en prison. Son implication dans les attentats est importante, lui qui apparaît à plusieurs étapes-clés de leur préparation logistique. Il sera d'abord accusé de s'être rendu en Hongrie et en Allemagne pour récupérer entre dix et douze djihadistes envoyés de Syrie pour les convoyer jusqu'à Bruxelles entre le 30 août et la mi-octobre 2015. Puis d'avoir acheté, le 8 octobre, 15 litres d'un produit d'entretien pour piscine permettant la fabrication de 10 kg de peroxyde d'acétone (TATP), un explosif artisanal. En outre, Salah Abdeslam a procuré plusieurs véhicules et des planques aux membres de la cellule. Dans la nuit du 12 au 13 novembre, après avoir renoncé à se faire exploser, selon lui "par humanité", il sera logé à Bobigny, en Seine-Saint-Denis, avec les commandos du Stade de France et des terrasses. Il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté incompressible, conformément aux réquisitions du parquet national antiterroriste (PNAT), devenant ainsi le cinquième condamné de l'histoire pénale française à écoper de cette peine. C'est la plus forte peine qui puisse être prononcée.
  • Mohamed Abrini. Agé de 37 ans lors du procès, ce Belgo-Marocain était accusé d'avoir assisté Salah Abdeslam, son ami d'enfance, à plusieurs moments clé de la préparation des attentats, notamment en louant deux voitures utilisées par les commandos. Il a également accompagné les dix djihadistes en région parisienne la veille des attentats avant de repartir en Belgique. Les enquêteurs ont vite émis l'hypothèse qu'Abrini ait pu faire défection à la dernière minute et que onze hommes étaient initialement prévus dans les commandos. Ce dernier s'est contenté d'affirmer qu'il était "prévu" pour les attentats mais qu'il s'était "désisté" plusieurs jours auparavant. Le 29 juin 2022, il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, avec une période de sûreté de 22 ans. Comme Salah Abdeslam, Mohammed Abrini devait être jugé par la suite en Belgique pour le double attentat de Bruxelles, le 22 mars 2016. 
  • Osama Krayem, Suédois de 29 ans, a été le compagnon de cavale de Salah Abdeslam et de Sofien Ayari à Bruxelles après les attentats du 13 novembre. Il encourait la réclusion à perpétuité pour cinq infractions : la "participation à une association de malfaiteurs terroriste criminelle", la "complicité de meurtres en bande organisée, en relation avec une entreprise terroriste" et la "complicité de tentatives de meurtres en bande organisée, en relation avec une entreprise terroriste" après les attaques du Bataclan, des terrasses, et du Stade de France, la complicité de séquestration, sans libération volontaire avant le septième jour, en bande organisée et en relation avec une entreprise terroriste" et la "complicité de tentatives de meurtres sur personnes dépositaires de l'autorité publique, en bande organisée, en relation avec une entreprise terroriste" après l'attentat au Bataclan. Le 29 juin 2022, il a été condamné à 30 ans de réclusion avec période sûreté des deux tiers.
  • Sofien Ayari est le compagnon de cavale de Salah Abdeslam après les attentats. Ce Tunisien encourait la réclusion criminelle à perpétuité pour cinq infractions : la "participation à une association de malfaiteurs terroriste criminelle, la "complicité de meurtres en bande organisée, en relation avec une entreprise terroriste" et la "complicité de tentatives de meurtres en bande organisée, en relation avec une entreprise terroriste" après les attaques du Bataclan, des terrasses, et du Stade de France, la complicité de séquestration, sans libération volontaire avant le septième jour, en bande organisée et en relation avec une entreprise terroriste" et la "complicité de tentatives de meurtres sur personnes dépositaires de l'autorité publique, en bande organisée, en relation avec une entreprise terroriste" après l'attentat au Bataclan. Comme Osama Krayem, il a été condamné à 30 ans de réclusion, avec période de sûreté des deux tiers.
  • Mohamed Bakkali est considéré comme un logisticien de l'opération. Ce Belge était notamment accusé d'avoir loué des planques à Bruxelles pour y héberger les djihadistes et d'y avoir conduit certains d'entre eux. Il a été condamné à 30 ans de prison, avec une peine de sûreté des deux tiers.
  • Adel Haddadi, 34 ans, est un Algérien accusé d'avoir fait partie de la cellule terroriste montée pour les attentats du 13 novembre aux côtés de Muhammad Usman. Arrêté en Grèce avant les attentats de Paris alors qu'il transitait depuis la Syrie, il est détenu sur le sol français depuis 2016. Dans ce procès, il lui était reproché "la participation à une association de malfaiteurs terroriste criminelle". Il a été condamné à 18 ans de réclusion criminelle, avec peine de sûreté des deux tiers.
  • Muhammad Usman est le complice présumé de Adel Haddadi, avec lequel il a été arrêté avant les attentats de Paris. Ce Pakistanais, ancien artificier de groupes jihadistes réputés proches d'Al-Qaïda dans son pays, est détenu en France depuis 2016. Il lui était reproché la "participation à une association de malfaiteurs terroriste criminelle". Il a été condamné à 18 ans de réclusion criminelle, avec une peine de sûreté des deux tiers.
  • Ali El Haddad Asufi est en détention depuis juin 2019. Belgo-Marocain de 36 ans, il était accusé d'avoir participé à la fourniture d'armes. Durant ce procès, il lui était reproché la participation à une association de malfaiteurs terroriste criminelle. Il a été condamné à 10 ans de réclusion criminelle, avec période de sûreté des deux tiers.
  • Mohammed Amri, Belgo-Marocain de 33 ans, est un proche des frères Abdeslam. Il a notamment reconnu avoir aidé Salah Abdeslam le soir des attentats : il est allé le chercher en voiture pour le ramener en Belgique. Poursuivi pour "participation à une association de malfaiteurs terroristes" et "recel de terroriste en relation avec une entreprise terroriste", il a été condamné à huit ans d'emprisonnement, avec interdiction définitive du territoire français.
  • Yassine Atar, Belgo-Marocain de 35 ans, encourait la réclusion criminelle à perpétuité pour "participation à une association de malfaiteurs terroriste criminelle". Il est soupçonné d'avoir détenu une clé de la planque bruxelloise où s'est réfugié Salah Abdeslam après les attentats. C'est également dans cette planque qu'ont été fabriquées les ceintures explosives utilisées à Paris. Il a été condamné à huit ans d'emprisonnement, avec deux tiers de période de sûreté.
  • Farid Kharkhach, Belgo-Marocain de 39 ans, était accusé d'avoir fourni des papiers à la cellule terroriste à la demande d'un des auteurs des attentats de Bruxelles. Ces documents étaient destinés à favoriser le retour en Europe de plusieurs terroristes formés au sein de l'État Islamique en zone irako-syrienne, à les loger dans des caches en Belgique et à leur permettre de se soustraire aux recherches policières. Il a été interpellé en Belgique en janvier 2017 et est détenu en France depuis le 9 juin 2017. Il lui était reproché la "participation à une association de malfaiteurs terroriste criminelle".  Il a été condamné à deux ans d'emprisonnement, alors qu'il a passé six ans en détention provisoire. N'ayant toutefois pas fait l'objet d'une relaxe ou d'un non-lieu, il ne pourra pas obtenir réparation.

Trois des accusés ont comparu libres au procès :

  • Ali Oulkadi est un Français de 37 ans. Il encourait 20 ans de réclusion criminelle pour deux infractions :  la "participation à une association de malfaiteurs terroriste criminelle" et le "recel de terroriste en relation avec une entreprise terroriste".  Il a finalement été condamné à cinq ans d'emprisonnement, dont trois ans de sursis.
  • Abdellah Chouaa est la dernière personne à avoir été mise en examen dans cette enquête. Belgo-Marocain de 40 ans, il est soupçonné d'avoir apporté un soutien logistique à la cellule ayant préparé les attentats. Comparaissant libre sous contrôle judiciaire, il lui était reproché la participation à une association de malfaiteurs terroriste criminelle.  Il a été condamné à quatre ans d'emprisonnement, dont trois ans de sursis, avec interdiction du territoire français pendant 10 ans.
  • Hamza Attou a été interpellé en Belgique au lendemain des attentats du 13-Novembre, durant lesquels il avait accompagné Mohammed Amri pour aller chercher Salah Abdeslam à Paris. Ce Belge a ensuite été remis à la France en juin 2016, puis a été incarcéré avant d'être remis en liberté sous contrôle judiciaire en mai 2018. Durant ce procès, une infraction lui était reprochée : celle de "recel de terroriste en relation avec une entreprise terroriste". Il a été condamné à quatre ans d'emprisonnement, dont deux ans avec sursis, et une interdiction du territoire français pendant 10 ans.

Six accusés manquaient à l'appel :

  • Fabien Clain et Jean-Michel Clain font partie des six accusés qui manquaient à l'appel lors du procès. Visés par des mandats d'arrêt internationaux, les deux frères français sont des cadres de la propagande de l'EI, mais surtout les auteurs du message audio de revendication des attentats du 13 novembre. Présumés morts en zone irako-syrienne, ils ont été condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible.
  • Obeida Aref Dibo, Syrien, était un cadre de la cellule des opérations extérieures de l'État islamique, proche d'Ahmad Alkhald. Il a également été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible.
  • Oussama Atar, Belge commanditaire de l'opération, est présumé mort dans la zone irako-syrienne. Membre de la hiérarchie de l'EI, il a été jugé "en absence" dans ce procès puisqu'il n'existait pas de preuves formelles attestant de son décès. Lui aussi a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible.
  • Omar Darif, alias Ahmad Alkhald, risquait la prison à perpétuité. Ce Syrien est également l'un des membres de l'EI visé par un mandat d'arrêt international. Expert en explosifs, il a été envoyé en Belgique pour confectionner les ceintures explosives avant de repartir en Syrie. Présumé mort, il a lui aussi été condamné, le 29 juin 2022, à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible.
  • Ahmed Dahmani est l'un des six accusés qui ont été jugés "en absence". Visé par un mandat d'arrêt international, ce Belge a été arrêté en novembre 2015 en Turquie et condamné pour terrorisme. Pour l'heure, il y reste enfermé, les autorités turques refusant de le remettre à la justice française tant qu'il n'aura pas effectué les deux tiers de sa peine. Le 29 juin 2022, il a été condamné à 30 ans de réclusion criminelle, avec une période de sûreté des deux tiers et interdiction définitive du territoire français.

Quelles étaient les cibles exactes des attentats du 13 novembre à Paris ?

Trois cibles ont été identifiées pour les attentats du 13 novembre 2015 à Paris : le Stade de France, le Bataclan et les terrasses des bars parisiens. Mais pendant les années d'instruction et les mois de procès, plusieurs éléments ont amené les enquêteurs et les juges à croire à la préparation d'autres attaques dans la capitale et ses abords. Deux lieux ont notamment été cités parmi les cibles potentielles des terroristes : le métro de Paris, notamment dans 18e arrondissement, et l'aéroport Charles de Gaulle à Roissy. La saisie d'un ordinateur, abandonné le 22 mars 2016 par trois membres encore actifs de la cellule terroriste qui s'apprêtaient à se faire exploser à l'aéroport bruxellois de Zaventem, a notamment étayé ces hypothèses qui n'auront pas été confirmées lors du procès fleuve de juin 2022. Cet ordinateur contenait un dossier intitulé "13-Novembre" ainsi que cinq sous-dossiers :

  • un dossier "Groupe Omar", la kounya (nom de guerre) d'Abdelhamid Abaaoud, le responsable des commandos parisiens, correspondant à l'équipe qui a tué 39 personnes sur les terrasses de cafés
  • un dossier "Groupe Français", contenant un fichier image intitulé "Le Bataclan.jpg", décrivant le commando de trois Français qui a assassiné 90 personnes dans la salle de concert parisienne
  • un dossier "Groupe Irakiens" faisant écho au commando du Stade de France, composé de deux Irakiens et du Français Bilal Hadfi.
  •  un dossier "Groupe Métro" faisant visiblement référence à un autre projet prévu à Paris le 13 novembre 2015, probablement dans une ou plusieurs stations de métro.
  •  un dossier "Groupe Schiphol", contenant un fichier intitulé "Différents vols", semblant décrire une attaque à l'aéroport Schiphol d'Amsterdam, qui n'a pas eu lieu.

Un quatrième commando était-il prévu pour une attaque dans le métro de Paris ?

Salah Abdeslam a bien pris le métro le 13 novembre 2015, après avoir convoyé les kamikazes du stade de France puis abandonné son véhicule, une Clio, au niveau de la place Albert-Khan (18e), entre deux stations de la ligne 4 du métro : porte de Clignancourt et Simplon. Sa ceinture d'explosif sera retrouvée à proximité d'une autre station, bien plus au sud de la capitale, mais communiquant directement avec la ligne 4 : Châtillon-Montrouge. C'est là que le terroriste a pris un McDonald's et a passé la nuit dans une cage d'escalier selon ce qu'a révélé l'enquête. "Je devais me faire exploser au sein du Stade de France avec mes complices. Toutefois, j'ai renoncé lorsque j'ai stationné le véhicule. J'ai déposé mes trois passagers, puis j'ai redémarré", avait-il déclaré aux enquêteurs en 2016. Une version qu'il n'a pas confirmée lors du procès de 2022.

Resté silencieux tout le long de l'instruction, le seul survivant des commandos impliqués dans les attentats du 13 novembre a finalement été bavard dès le début du procès, interrompant plusieurs fois les séances pour revendiquer son statut de "combattant de l'Etat islamique" et provoquer l'assemblée en tentant de justifier les attaques contre la France. En fin de procès, il a fini par admettre avoir eu la mission de se faire exploser dans un bar du 18e arrondissement de Paris, mais avoir renoncé "par humanité". Une version des faits qui n'a manifestement pas convaincu les juges qui ont estimé lors du verdict que sa ceinture explosive "n'était pas fonctionnelle" et que cela "remet[tait] en question ses déclarations concernant le renoncement". Le président de la cour d'assises Jean-Louis Périès a notamment jugé que "sa cible n'était pas déterminée, mais [que sa mission] s'incri[vai]t parfaitement dans un plan coordonné d'attaques".

Se montrant émotif, en particulier à la fin de l'audience, lorsqu'il a demandé pardon aux victimes des attentats de Paris, le dernier survivant des trois commandos partis à l'assaut de la capitale le 13 novembre 2015 n'a pas été très explicite sur l'organisation et le déroulé de l'attentat, des éléments pourtant essentiels. Le moment exact lors duquel il a été informé et lui-même intégré au projet reste difficile à cerner tant les dénégations et les contradictions auront émaillé le procès. Salah Abdeslam, qui a joué à partir du printemps 2015 un rôle de logisticien et de convoyeur à travers l'Europe pour plusieurs terroristes, et notamment les autres membres des commandos, a nié avoir été informé du projet d'attentat à l'automne et prétexté des "rapatriements humanitaires".

L'autre inconnue du procès des attentats du 13 novembre 2015 concerne le rôle de Mohamed Abrini, Belge d'origine marocaine soupçonné d'avoir été désigné par les organisateurs comme le "11e homme" de ces attentats. À la barre, cet ami d'enfance de Salah Abdeslam a affirmé qu'il était effectivement "prévu" pour le 13 novembre, mais qu'il s'était désisté quelques jours auparavant. Le procès n'a pas permis d'en savoir plus sur sa présence aux côtés du "convoi de la mort" qu'il a accompagné jusqu'en région parisienne avant de retourner en Belgique la nuit précédant les attentats. La cour d'assises de Paris a en tout cas reconnu que Mohamed Abrini était "pleinement intégré à la cellule terroriste" et qu'il a "manifestement renoncé au dernier moment". Il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, avec une période de sûreté de 22 ans. 

Des attentats étaient-ils prévus dans les aéroports de Roissy ou de Schipol à Amsterdam ?

Les rôles qu'étaient censés jouer le Pakistanais Muhammad Usman et l'Algérien Adel Haddadi sont aussi indéterminés à ce jour. Soupçonnés eux aussi d'avoir été choisis pour constituer un quatrième commando le 13 novembre 2015 ou d'avoir été prévus pour le Stade de France, les deux hommes avaient été arrêtés en Grèce en octobre 2015, juste avant les attentats, alors qu'ils venaient de Syrie. Les laborieuses explications des deux protagonistes, qui ont tenté de se mettre à distance des attentats pendant le procès, ne permettront pas non plus d'en savoir beaucoup plus sur leur implication exacte. Ils ont néanmoins été condamnés à 18 ans de prison, avec une période de sûreté des deux tiers.

Quant au potentiel projet d'attaque de l'aéroport Schipol d'Amsterdam, il reste entouré lui aussi de mystère. La Cour d'assise spéciale ayant mené le procès des attentats a en tout cas condamné Osama Krayem et Sofien Ayari à 30 ans de prison, avec une période de sûreté des deux tiers, alors qu'ils étaient tous les deux accusés d'avoir prévu un attentat au sein de l'aéroport hollandais le 13 novembre.

La piste de Roissy, plus floue encore, a été soulevée par l'un des enquêteurs interrogés lors du procès. Il a rapporté devant la cour que le 13 novembre, dans l'après-midi, la voiture qu'allait utiliser Salah Abdeslam pour déposer les kamikazes du Stade de France le soir-même s'était rendue à l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, pour une courte halte. Récupération de matériel, d'une personne, ou repérage en vue d'une attaque ? Le motif de ce voyage restera inconnu. Selon plusieurs policiers et témoins, Abdelhamid Abaaoud envisageait de nouveaux attentats, en particulier dans le quartier de La Défense le 19 novembre. Il sera repéré et tué juste avant.

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