Guerre de Syrie : guerre civile, date, causes, résumé

Guerre de Syrie : guerre civile, date, causes, résumé En 2011, des manifestations pacifiques réprimées par le régime baasiste dégénèrent en guerre civile. Résumé de la guerre de Syrie, qui aura fait près de 500 000 morts.

Résumé de la guerre de Syrie - Au début de l'année 2011, la Syrie est secouée à son tour par le "Printemps arabe". Des manifestations en faveur de la démocratie et de la liberté sont organisées dans plusieurs grandes villes du pays. Ces mouvements populaires sont réprimés dans le sang par le régime syrien, tandis que des groupes rebelles armés combattent le gouvernement. En quelques mois, les protestations se muent en rébellion armée, avant de dégénérer en guerre civile. En 2013, l'Etat islamique s'installe en Syrie et instaure son califat. Le conflit s'internationalise quand la Russie, l'Iran, la Turquie et les Etats-Unis interviennent aux côtés des différents belligérants. Malgré des accusations de violations des droits de l'homme et de crimes de guerre, Bachar el-Assad se maintient au pouvoir en Syrie et reprend le contrôle d'une large partie du pays. Cependant, les infrastructures sont dévastées, l'économie est en ruine, dans un contexte de crise humanitaire. Plus de 13 millions de personnes ont été déplacées à l'intérieur de la Syrie, et plus de 6 millions ont fui le pays. Le bilan humain de la guerre en Syrie est considérable : près de 500 000 morts, dont plus de 150 000 civils. Aujourd'hui, le conflit est toujours en cours avec des affrontements réguliers.

Quelles sont les causes de la guerre de Syrie ?

En 2011, une vague de contestations populaires secoue de nombreux Etats du Proche-Orient au cours du "Printemps arabe". En Tunisie et en Egypte, Ben Ali et Hosni Moubarak sont chassés du pouvoir. Tandis que la Libye sombre dans le chaos, la Syrie est touchée à son tour. Le 15 mars 2011, à Deraa, des centaines d'habitants descendent dans la rue. Ces derniers protestent contre l'arrestation d'un groupe d'adolescents auteurs d'un tag menaçant envers le président, Bachar el-Assad. Le 20 mars 2011, afin de tenter d'apaiser la situation, le régime baasiste fait libérer les jeunes incarcérés. Mais les traces de torture sur leur corps et leur visage attisent davantage la colère des habitants. La révolution syrienne est lancée. Alors que le gouvernement cherche à éteindre l'incendie avec des mesures sociales et économiques, les manifestations se multiplient. Inspirée par les soulèvements dans les pays voisins, l'agitation gagne Banias, Homs ou encore Damas. Les protestataires attendent le départ de Bachar el-Assad, dont la famille est au pouvoir en Syrie depuis 1970. Rapidement, les manifestations pacifiques en faveur de la démocratie sont réprimées dans le sang. En à peine quelques semaines, plusieurs milliers de Syriens sont tués au cours des heurts. Face à la violence du régime, l'opposition se radicalise et se militarise. Plusieurs factions armées qui émargent. De nombreux officiers et soldats désertent et créent l'Armée syrienne libre (ASL) en juillet. A l'automne, le mouvement de contestation dégénère en une guerre civile qui embrase le pays tout entier.

Comment se déroule la guerre de Syrie ?

Raqqa
La ville de Raqqa, détruite par les combats. © Laurence Geai/SIPA (publiée le 26/06/2023)

A la suite de plusieurs jours de combats, Zabadani est la première ville de Syrie à tomber aux mains des rebelles le 18 janvier 2012. Mais elle est rapidement récupérée par les forces gouvernementales, tout comme Idleb, reconquise le 14 mars 2012. A l'été, l'ASL lance une offensive sur Damas, suivie d'une autre à Alep quelques jours plus tard. Si dans un premier temps, l'Occident reste en dehors du conflit, la Russie et l'Iran arment ouvertement le régime syrien. La Turquie et les monarchies du Golfe font de même avec la rébellion. Le 21 août 2013, les troupes loyalistes déclenchent une nouvelle opération à Damas. L'usage d'armes chimiques durant la bataille, en particulier de gaz sarin, est vivement condamné par la communauté internationale.

L'enlisement du conflit favorise également la montée en puissance de l'Etat islamique. Apparu en Syrie en 2013, le groupe djihadiste s'empare de Raqqa, qui devient sa capitale politique et militaire. Cela marque le point de départ des conquêtes de Daech, qui proclame l'instauration de son califat le 28 juin 2014. A l'été 2015, alors que le régime baasiste est en difficulté, la guerre s'internationalise. La Russie, les Etats-Unis et leurs alliés, mais aussi l'Iran et la Turquie, interviennent en Syrie. En 2016, les combats entre loyalistes et rebelles se déroulent dans les alentours d'Alep. Le 22 décembre 2016, au terme de quatre ans d'affrontements, la deuxième plus grande ville du pays est reprise par les forces gouvernementales. Cette victoire décisive pour Bachar el-Assad entraîne l'effondrement de l'ASL, qui recule dorénavant sur tous les fronts. Après son offensive à Idleb, l'armée syrienne reconquiert la Ghouta orientale, contrôlée par les insurgés depuis le début du conflit. Chassés de Raqqa le 17 octobre 2017, les miliciens de Daech se retrouvent acculés à Baghouz. Les Forces démocratiques syriennes reprennent la ville le 23 mars 2019. Cela met fin au califat autoproclamé de l'Etat islamique. Ce dernier ne gère plus de territoire, que ce soit en Syrie ou en Irak.

Qui sont les acteurs de la guerre de Syrie ?

De nombreux belligérants prennent part à la guerre civile syrienne et forment plusieurs camps :

  • le régime syrien de Bachar el-Assad, soutenu par la Russie de Vladimir Poutine et l'Iran ;
  • l'Armée syrienne libre (ASL), composée principalement de groupes d'insurgés et appuyée par la Turquie de Recep Erdoğan ;
  • les Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance militaire hétéroclite prédominée par les Kurdes, sont épaulées par la coalition internationale menée par les Etats-Unis de Barack Obama, et luttent contre la Turquie et Daech ;
  • l'Etat islamique d'Abou Bakr al-Baghdadi, en conflit avec tous les autres belligérants.

Quelle est l'issue de la guerre de Syrie ?

A partir de 2020, la guerre en Syrie se transforme en conflit larvé. Après la disparition du califat de Daech, la coalition internationale se retire progressivement des combats. Les lignes de front n'évoluent plus, bien que des affrontements continuent d'éclater entre forces gouvernementales et insurgés. Le 27 octobre 2019, le chef de l'Etat islamique, Abou Bakr al-Baghdadi, est tué lors d'une opération militaire américaine. Son successeur, Abou Ibrahim al-Hachimi al-Qourachi, est à son tour éliminé en février 2022. Dix ans après le début du conflit, Bachar el-Assad est toujours à la tête du régime syrien. Grâce au soutien de ses alliés russes et iraniens, il contrôle encore une large partie du pays. Les derniers rebelles se sont retirés dans la province d'Idleb, au nord-ouest de la Syrie. Kurdes et Turcs dominent respectivement les territoires de l'est et du nord. Quant à l'Etat islamique, il continue de mener une guérilla dans le désert de la Badiya. A l'été 2021, l'armée gouvernementale assiège et reconquiert Deraa, le berceau de la révolution syrienne.

Combien de morts a fait la guerre de Syrie ?

Selon les estimations des ONG, le bilan humain de la guerre en Syrie s'élèverait à environ 500 000 morts depuis mars 2011. D'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), près de 160 000 civils auraient ainsi perdu la vie. Ces morts seraient pour la plupart imputables au régime syrien (répression brutale et bombardements massifs) et à l'Etat islamique. De 70 000 à 200 000 personnes auraient perdu la vie dans les prisons gouvernementales d'après l'OSDH. Elles auraient été torturées à mort ou exécutées par pendaison. Au final, de multiples massacres ont été répertoriés : crimes de guerre, crimes contre l'humanité, attaques à l'arme chimique…, la grande majorité d'entre eux étant là encore attribuables au régime de Damas et à Daech. De plus, avec les conditions d'hygiène précaires, des infections rares, voire disparues, comme la poliomyélite, sont réapparues. Depuis le début du conflit, plus de 13 millions de personnes ont été déplacées et près de 6 millions ont fui le pays.

Quelles ont été les conséquences de la guerre de Syrie ?

camp de réfugiés de Bardarash
Camp de réfugiés de Bardarash © LAURENCE GEAI/SIPA (publiée le 26/06/2023)

Le prolongement de la guerre en Syrie a provoqué l'effondrement des services de l'Etat, en particulier de la police. L'ordre et la sécurité n'étant plus assurés, de nombreuses provinces sont submergées par la criminalité. Vols, extorsions, pillages, enlèvements et trafics en tout genre ont explosé au cours de la dernière décennie. Le pays subit également de plein fouet un ralentissement économique sans précédent dû aux combats et aux sanctions occidentales. En 2021, la monnaie syrienne avait perdu près de 80 % de sa valeur, et l'hyperinflation a fait grimper en flèche les prix des produits de base. Le chômage a bondi et le taux de pauvreté a atteint un niveau jamais vu. Les affrontements ont aussi ravagé la plupart des infrastructures et quartiers d'habitations des grandes villes, comme Alep, Homs ou Damas. Des millions de Syriens vivent ainsi toujours dans des camps de réfugiés, manquant de tout… Enfin, une partie importante du patrimoine culturel et historique syrien a été détruite, parfois irrémédiablement.

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