Fukushima : l'explosion de la centrale nucléaire en 2011

Fukushima : l'explosion de la centrale nucléaire en 2011 Le 11 mars 2011, un séisme, puis un tsunami ravagent les côtes du Japon et provoquent l'explosion de la centrale nucléaire Fukushima Daiichi. Un événement qui a entraîné de multiples conséquences.

Résumé du tsunami à l'explosion de Fukushima - Le vendredi 11 mars 2011, un tremblement de terre de grande magnitude a provoqué un gigantesque tsunami. Les côtes du Japon ont été touchées sur plusieurs centaines de kilomètres et plus de 20 000 personnes sont mortes. La vague destructrice a notamment frappé la centrale nucléaire Fukushima Daiichi. La digue de protection s'est révélée insuffisante et les dégâts se sont avérés considérables, conduisant dans les jours suivants à l'explosion de quatre des six réacteurs de la centrale. Cet accident nucléaire a eu des conséquences catastrophiques qui se font encore ressentir de nos jours. Et il faudra de nombreuses décennies pour que cette centrale, désormais mondialement connue, puisse être totalement démantelée.

Quelles sont les causes de l'explosion de la centrale nucléaire de Fukushima ?

Le vendredi 11 mars 2011, il est 14h46 au Japon lorsqu'un puissant séisme se produit dans l'océan Pacifique. Son épicentre se situe à 130 kilomètres de la ville de Sendai. Il s'agit d'un séisme particulièrement puissant, puisqu'il atteint la note de 9,1 sur l'échelle de Richter, sachant que le plus important jamais enregistré atteignait 9,5 et qu'il s'est produit en 1960 au sud du Chili. Autant dire que le tremblement de terre qui a entraîné la catastrophe de Fukushima fait partie des plus importants de l'histoire moderne. Le fait qu'il ait eu lieu au cœur de l'océan a eu un effet d'autant plus catastrophique qu'il a provoqué un tsunami (raz-de-marée qui se matérialise par une vague plus ou moins puissante générée par un séisme). Celui qui a déferlé sur les côtes japonaises atteignait une hauteur de 15 mètres en moyenne, la vague monstrueuse mesurant plus de 30 mètres par endroits. 600 km de côtes ont été touchés et le tsunami a frappé de plein fouet la centrale nucléaire Fukushima Daiichi.

Comment s'est déroulée l'explosion de la centrale de Fukushima ?

La centrale nucléaire Fukushima Daiichi, à ne pas confondre avec la centrale Fukushima Daini, distante d'une douzaine de kilomètres, était protégée par une digue en cas de tsunami. Mais à 15h41, soit un peu moins d'une heure après le début du séisme, la vague qui s'est abattue sur la centrale mesurait une quinzaine de mètres, soit dix de plus que la digue de protection. L'eau s'est engouffrée en masse, causant d'énormes dégâts aux installations nucléaires. La centrale s'était déjà automatiquement arrêtée suite au tremblement de terre et des dégâts structurels importants existaient certainement déjà. Mais lorsque le tsunami a frappé à son tour, les choses ont empiré.

Les générateurs de secours se sont arrêtés tandis que les pompes de refroidissement tombaient en panne. Sur les six réacteurs qui composent la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, seuls le 5 et le 6 pouvaient encore être refroidis. Pour les quatre autres, faute d'alimentation électrique, il était impossible de pouvoir refroidir le cœur des réacteurs nucléaires et les piscines de désactivation, également appelées piscines de stockage de combustible nucléaire. Dès lors, la catastrophe était inéluctable :

  • La première explosion a touché le réacteur numéro 1 le 12 mars 2011 à 15h36.
  • Le 14 mars 2011 à 11h01, ce fut au tour du réacteur numéro 3 d'exploser.
  • Au moins deux explosions majeures ont touché le réacteur numéro 4 le 15 mars 2011 alors que le numéro 2 avait lui explosé ce même jour à 06h01.

Toutes ces explosions sont dues à la fusion des cœurs des réacteurs qui ne pouvaient plus être suffisamment refroidis malgré les tentatives désespérées des équipes techniques encore présentes sur place.

Explosion Fukushima réacteur 3
Le réacteur 3 après son explosion (15 mars 2011) © Uncredited/AP/SIPA

Quelles mesures ont été prises suite à l'explosion à Fukushima ?

La société TEPCO (Tokyo Electric Power Co.), en charge de l'exploitation de la centrale nucléaire Fukushima Daiichi, a souhaité évacuer totalement les travailleurs présents sur le site. Mais une injonction du Premier ministre japonais Naoto Kan a permis de maintenir une partie du personnel afin que la situation ne dégénère pas plus. Ces équipes réduites ont déployé des efforts considérables pour restaurer et maintenir l'alimentation électrique. Ce fut chose faite pour chacun des réacteurs entre le 18 et le 26 mars, à l'exception du réacteur numéro 3 qui était trop endommagé et n'a jamais pu être réalimenté.

Parallèlement à ces travaux d'urgence sur le site même de la centrale, le gouvernement japonais a rapidement pris des mesures vis-à-vis des populations vivant à proximité. Dès le 11 mars, les personnes vivant à moins de 3 km ont été évacuées et celles vivant dans un rayon de 10 km invitées à se mettre à l'abri. Dans les jours suivants, les évacuations sont devenues obligatoires dans un rayon de 20 km et la mise à l'abri dans un rayon de 20 à 30 km, une évacuation volontaire étant recommandée. Au total, 78 000 personnes ont été évacuées et 62 000 invitées à se mettre à l'abri.

Ne pouvant plus être nourris, des dizaines de milliers d'animaux d'élevage ont dû être abattus tandis que la consommation des légumes poussant à proximité a été interdite. Certaines catégories de légumes poussant dans un rayon de plus de 200 km autour de la centrale ont également été déclarées impropres à la consommation. La décontamination du site de la centrale et de ses alentours a débuté rapidement, mais a pris beaucoup de temps, et les opérations sont toujours en cours. Le refroidissement des réacteurs s'est fait grâce à de l'eau de mer, entre le 12 et le 30 mars 2011. Que faire de cette eau contaminée ? Les autorités japonaises envisagent son rejet dans l'océan Pacifique, mais cette décision ne fait pas l'unanimité comme l'explique Le Figaro dans un article du 2 août 2022. Quant au démantèlement total de Fukushima Daiichi, il ne sera pas achevé avant 2050, voire 2060. Les matières les plus radioactives restant toujours inaccessibles.

Décontamination Fukushima
Opération de décontamination dans la préfecture de Fukushima le 8 décembre 2011 © Kenichi Unaki/NBC/AP/SIPA

Combien de morts a causé la catastrophe de Fukushima ?

Un seul ouvrier est mort sur le site de Fukushima Daiichi. Il s'agit d'un homme de 60 ans décédé le 14 mai d'une crise cardiaque liée à une surcharge de travail et de stress. Le tremblement de terre et le terrible tsunami qui a suivi ont officiellement causé la mort de près de 20 000 personnes, plus de 2 500 autres étant portées disparues. Mais qu'en est-il des potentielles victimes dues aux fortes radiations provoquées par les explosions ayant détruit la centrale Fukushima Daiichi ? Le gouvernement japonais n'a pour l'heure reconnu qu'un seul décès, celui d'un employé de la centrale, mort d'un cancer du poumon. Cinq autres employés souffrant d'un cancer ou d'une leucémie ont été également considérés comme victimes de la catastrophe. En revanche, même si des demandes de reconnaissance sont en cours, le gouvernement n'a déclaré aucun cas parmi la population. Certaines études indiquent néanmoins une augmentation significative du nombre de cancers de la thyroïde dans la région. Il demeure à ce jour encore difficile d'évaluer les conséquences réelles sur les populations de cet accident nucléaire majeur. En outre, une trentaine de personnes âgées seraient décédées suite à l'évacuation de la zone.

Quelles sont les conséquences de l'accident nucléaire de Fukushima ?

Si la catastrophe de Fukushima est bien un accident nucléaire majeur, les conséquences ont été moindres à l'échelle planétaire que lors de l'explosion de la centrale de Tchernobyl en 1986. Pour autant, des radiations ont bien touché l'ensemble de l'hémisphère nord durant les jours qui ont suivi. Dès les 16 et 17 mars 2011, des taux de radioactivité plus importants qu'à l'accoutumée ont été constatés en Amérique du Nord. Le continent européen, et donc la France, a été touché à partir des 22 et 23 mars 2011. Un retour à la normale a été constaté au début du mois de mai. Les effets sur la santé dans l'hémisphère nord sont donc considérés comme très faibles.

En revanche, dans un rayon d'une trentaine de kilomètres autour de la centrale, les conséquences sont bien plus importantes. Ce secteur sera ainsi contaminé pendant des dizaines d'années encore et certains scientifiques estiment que le rayon de contamination s'étend au moins sur une centaine de kilomètres. Les sols, et donc les plantes, ainsi que la faune terrestre et marine sont donc particulièrement touchés. Certaines espèces de papillons présentent des anomalies génétiques. En mer, où les rejets radioactifs ont été très importants, certaines mesures effectuées après la catastrophe étaient très alarmantes, mais il demeure difficile d'établir entièrement les conséquences de cette explosion sur la faune et la flore marine.

Sur le plan économique, la catastrophe de Fukushima représente un coût très élevé. En 2017, le gouvernement japonais estime qu'elle coûtera près de 200 milliards d'euros, que ce soit pour la décontamination des sols, le démantèlement de la centrale ou l'indemnisation des victimes. De plus, à la fin de l'année 2011, la Bourse de Tokyo enregistrait une perte de 20 % par rapport à l'année précédente, tandis que le tourisme avait chuté de 30 % et l'importation de produits japonais dans les pays tiers était limitée. Fukushima a eu aussi un impact fort sur la politique énergétique du pays, le Japon renonçant à construire de nouvelles centrales et décidant de réduire le nombre de réacteurs existants. Le Japon souhaite même se passer du nucléaire aux alentours des années 2040 et travaille activement à l'essor des énergies renouvelables.

Simulation radioactivité en mer
Simulation sur les matières radioactives rejetées en mer par la centrale (avril 2011) © BORDAS/SIPA

Comment vit-on à Fukushima aujourd'hui ?

Le 30 août 2022, la ville de Futaba, située à moins de cinq kilomètres de la centrale nucléaire, a levé certaines restrictions pour permettre aux habitants de revenir habiter dans ce secteur. Le niveau de radiation respectant à nouveau les normes internationales, les autorités japonaises peuvent autoriser les personnes qui le souhaitent à regagner ce périmètre considéré à présent comme habitable. Futaba était la ville la plus proche de la centrale de Fukushima Daiichi, c'était aussi la dernière a encore subir des restrictions. Après les dégâts occasionnés par le tremblement de terre, le tsunami et la radioactivité de la centrale, la ville se reconstruit doucement. Pourtant comme le souligne Le Point dans son article du 31 août 2022, les japonais ne sont pas tous prêts à revenir et pour cause : "Le manque de commerces et de services médicaux ne sera pas résolu de sitôt".

Quel a été l'impact culturel de l'accident industriel de Fukushima ?

La catastrophe nucléaire de Fukushima Daiichi a bien sûr eu des conséquences quant à la vision des citoyens du monde par rapport à cette énergie. De nombreuses associations écologiques, à commencer par Greenpeace, ont accentué la pression pour une sortie rapide du nucléaire. Quelques jours seulement après la catastrophe, l'Allemagne, par la voix de sa chancelière Angela Merkel, annonçait d'ailleurs sa décision d'arrêter et de démanteler progressivement toutes les centrales du pays. Dans le reste du monde, les mesures de sécurité ont été renforcées pour éviter un autre drame.

Sur un plan culturel, ce dramatique accident laisse des traces. On peut ainsi citer le film Fukushima 50 de Setsuro Wakamatsu qui retrace l'histoire des 50 employés restés sur le site après la catastrophe pour tenter d'éviter le pire ou encore le film Fukushima, le couvercle du soleil. Le film allemand Fukushima mon amour de la réalisatrice Doris Dörrie, le film de science-fiction Shin Godzilla de Hdiaki Anno et le documentaire L'île invisible sont également des œuvres qui n'auraient jamais vu le jour sans cette terrible journée du 11 mars 2011.

XXIe siècle