Hannah Arendt : biographie de la philosophe et politologue

Hannah Arendt : biographie de la philosophe et politologue BIOGRAPHIE HANNAH ARENDT - Philosophe et politologue américaine d'origine allemande, Hannah Arendt est connue pour ses écrits sur l'activité politique, le modernisme et le totalitarisme (concept de banalité du mal).

AncreBiographie courte de Hannah Arendt - Née le 14 octobre 1906 en Allemagne, Hannah Arendt est l'une des plus brillantes intellectuelles et philosophes du XXe siècle. Elle a longuement étudié le totalitarisme, l'existence et la politique. Ses ouvrages continuent d'influencer la pensée contemporaine. Née dans une famille juive cultivée, Hannah Arendt suit des études supérieures de philosophie. Elle assiste notamment aux cours de Martin Heidegger en 1925. Le philosophe a une profonde influence sur sa vie intellectuelle et personnelle. En 1933, après avoir été inquiétée par la Gestapo, elle quitte l'Allemagne nazie pour la France, où elle aide notamment de jeunes juifs à émigrer en Palestine. Elle parvient à atteindre les États-Unis en 1941, et s'installe à New York. Elle ne sera naturalisée qu'en 1951.

Hannah Arendt écrit pour plusieurs journaux durant cette période et, en 1951, elle publie son ouvrage majeur, "Les Origines du totalitarisme". Elle est également conférencière en science politique dans de prestigieuses universités. Paraît en 1958 la "Condition de l'homme moderne", puis en 1961 "La Crise de la culture". À partir de 1961, elle est chargée par le "New Yorker" de couvrir le procès du nazi Adolf Eichmann. Les articles qu'elle publie et le livre tiré de ses réflexions, "Eichmann à Jérusalem" (1963), provoquent l'incompréhension et font polémique. La philosophe y développe son concept de ''banalité du mal'', selon lequel cet homme est un simple rouage qui n'a fait qu'obéir au système nazi. Elle devient en 1963 professeure titulaire à l'université de Chicago, puis à la New School for Social Research de New York en 1967. Son dernier ouvrage, "La Vie de l'esprit", est publié de manière posthume en 1978. Hannah Arendt décède à New York le 4 décembre 1975, à l'âge de 69 ans.

Jeunesse et formation intellectuelle d'Hannah Arendt
Martin Heidegger
Portrait vectoriel gravé de Martin Heidegger, philosophe allemand, professeur puis ami d'Hannah Arendt et penseur fondateur de la tradition continentale © marusyachaika - 123RF

Hannah Arendt, de son vrai prénom Johanna, grandit au sein d'une famille juive laïque de la classe moyenne. Âgée de 15 ans seulement, elle lit le livre de Karl Jaspers intitulé "Psychologie des conceptions du monde". Elle poursuit des études de philosophie, théologie et philologie classique à Heidelberg. Etudiante brillante et non-conformiste, elle assiste aux cours de Martin Heidegger qui occupe une place importante dans sa trajectoire intellectuelle. Ils entretiennent brièvement une liaison, puis demeurent amis tout au long de leurs vies respectives. Hannah Arendt part ensuite pour l'Université de Fribourg-en-Brisgau où elle suit les enseignements d'Edmund Husserl et de Karl Jaspers. Ce dernier devient le directeur de sa thèse consacrée au concept de l'Amour chez Saint-Augustin. En 1929, Hannah Arendt épouse en première noce Günther Stern, philosophe allemand rencontré pendant ses études. Au même moment, elle obtient une bourse lui permettant de travailler à la biographie de Rahel Varnhagen, une juive allemande de l'époque du romantisme.

Ses recherches sont interrompues en 1933 lors de la montée du nazisme et de l'antisémitisme. C'est l'occasion pour elle de s'interroger sur ses racines juives. Hannah Arendt est contrainte de fuir l'Allemagne après avoir échappé à une arrestation de la Gestapo. Elle trouve d'abord refuge en France où elle est employée par la baronne Germaine de Rothschild. Elle profite de cette période pour aider les juifs fuyant le nazisme et contribue à l'émigration d'une partie d'entre eux vers la Palestine. Elle divorce de son mari en 1937 puis se remarie trois ans plus tard avec Heinrich Blücher, un réfugié allemand. En 1940, l'occupation allemande en France la pousse à se réfugier à Lisbonne au Portugal d'où elle part pour les Etats-Unis d'Amérique en mai 1941. 

Exil aux Etats-Unis, carrière universitaire et publication de ses livres 

A son arrivée aux Etats-Unis, Hannah Arendt est sans ressource. Contrainte de gagner sa vie, elle occupe dans un premier temps un emploi d'aide à domicile dans le Massachusetts. Elle rejoint New-York où elle rédige des articles pour différents journaux. Après la Libération, elle retourne en Allemagne où elle sert auprès d'une association d'aide aux rescapés des camps. Elle repart aux Etats-Unis où elle s'installe définitivement. Parallèlement, Hannah Arendt poursuit ses recherches. Elle est naturalisée en 1951. La même année, elle publie son ouvrage majeur, "Les origines du totalitarisme", en trois volumes. Dans cet ouvrage, elle compare et met sur le même plan le stalinisme et le nazisme. Son analyse lui permet d'offrir une systématisation du concept de totalitarisme. Elle y développe également l'idée selon laquelle ce terme fait que la dictature, loin de se limiter à la sphère politique, s'étend à tous les domaines de la société, y compris la sphère privée et intime. 

Toujours en 1951, Hannah Arendt entame une carrière universitaire prestigieuse. Elle enseigne entre autres dans les universités de Berkeley, Princeton et Columbia. Elle ne se considère pas comme philosophe et préfère qu'on la qualifie de politologue. Elle explique ce refus de la philosophie dans la citation suivante : "la majeure partie de la philosophie politique depuis Platon s'interpréterait aisément comme une série d'essais en vue de découvrir les fondements théoriques et les moyens pratiques d'une évasion définitive de la politique". Elle publie en 1958 son ouvrage "Condition de l'homme moderne" où elle s'adonne à une analyse de la vita activa et aborde ses trois piliers : le travail, l'œuvre et l'action.

En 1961, Arendt publie un recueil intitulé "La Crise de la culture". Alors que sa pensée se répand aux Etats-Unis, la traduction de ses livres ne s'opère en France que dans les années 1970. Elle est fortement éprouvée par le décès de son mari en 1970, mais continue à donner quelques conférences desquelles sont tirées les deux parties de son dernier livre "La Vie de l'esprit", publié à titre posthume. Elle décède d'une crise cardiaque le 4 décembre 1975 à New York. Bien qu'elle reste une référence dans son domaine, de nombreux historiens, philosophes et politologues contestent la justesse de ses analyses et conceptualisations. Plusieurs émissions lui sont consacrées sur France inter et un film biographique de 2012nommé "Hannah Arendt", retrace son parcours. 

A l'origine du concept de banalité du mal : le procès d'Adolf Eichmann

Adolf Eichmann
Adolf Eichmann lors de son procès en 1961 à Jérusalem. Il comparaît pour ses crimes de guerre durant la Seconde Guerre Mondiale © Uncredited/AP/SIPA

Dans les années 1960, lorsqu'elle apprend qu'Adolf Eichmann, haut dignitaire nazi, va être jugé pour ses crimes en Israël, Hannah Arendt sollicite le New Yorker afin de couvrir le procès sur place. Cette expérience donne naissance à l'ouvrage "Eichmann à Jérusalem : Rapport sur la banalité du mal". Elle y développe le concept philosophique selon lequel le mal ne réside pas dans l'extraordinaire, mais dans les petites choses. Selon elle, "l'être humain ne doit jamais cesser de penser. C'est le seul rempart contre la barbarie. Action et parole sont les deux vecteurs de la liberté. S'il cesse de penser, chaque être humain peut agir en barbare". Et "c'est dans le vide de la pensée que s'inscrit le mal". Elle qualifie Adolf Eichmann d'être insignifiant, médiocre, ayant abandonné son pouvoir de penser, tout comme Himmler. Dès sa publication l'ouvrage fait polémique. Il est mal compris et Arendt est insultée et traitée d'antisémite. 

Œuvres principales

  • Le Concept d'amour chez Augustin (1929)
  • Les Origines du totalitarisme (1951)
  • Condition de l'homme moderne (1958)
  • La Crise de la culture (1961)
  • Eichmann à Jérusalem. Rapport sur la banalité du mal. (1963)
  • Vies politiques (1968)
  • La Vie de l'esprit (1979)

Ancre

Hannah Arendt : dates clés

4 décembre 1975 : Mort d'Hannah Arendt
Hannah Arendt s’éteint à New York. La philosophe d’origine juive a marqué la modernité par ses écrits sur le totalitarisme et sur la culture politique contemporaine. Née en Allemagne et ayant étudié dans ce pays lors de la montée du nazisme, la philosophe s’est particulièrement attachée à son fonctionnement et a analysé ce qu’elle nomme la banalité du mal dans "Eichmann à Jérusalem".