Jean Dubuffet : biographie du peintre, inventeur de l'Art Brut
Biographie courte de Jean Dubuffet - Né le 31 juillet 1901 au Havre, Jean Dubuffet est un peintre français, également sculpteur et plasticien. Il est connu pour être le précurseur de l'Art brut, un mouvement artistique dont les œuvres sont réalisées par des créateurs autodidactes, des marginaux imperméables aux normes et aux valeurs collectives. Fils de négociants en vins, et ayant débuté une carrière de commerçant, rien ne prédestine Dubuffet à la peinture. Pourtant en compagnie de Georges Limbour, il décide d'abandonner ses études pour se consacrer à l'art. Il rejoint dans un premier temps les Beaux-Arts en cours du soir en 1917. L'année suivante, toujours accompagné de Limbour, Dubuffet monte à Paris pour se consacrer à la peinture, tandis que son ami se consacre à la poésie. Dans la capitale, Jean Dubuffet forge son talent en puisant son inspiration au gré des rencontres et de nombreux voyages, où il se fait une idée des lacunes de l'art en France. Cette attitude autodidacte et désinvolte fait qu'il s'autorise des pauses régulières dans son art, ne sachant quelle voie suivre, partagé entre le commerce et ses peintures. En 1942, il devient peintre "à plein temps". Encore inconnu, il réussit le tour de force d'être exposé à la galerie Drouin avec sa première oeuvre majeure, Les gardes du corps, ce qui lui vaut de nombreuses critiques, mais aussi de nouvelles perspectives : il est exposé à New York. Dubuffet cultive le paradoxe entre ses dessins jugés peu fouillés, ses études d'art et ses nombreux voyages. Dans les années 1960, il étend son art à la sculpture et développe le mécénat avec sa fondation qui abrite une collection de près de mille œuvres réalisées par Dubuffet en personne et par les artistes qu'il soutient. Jean Dubuffet décède à Paris le 12 mai 1985 à l'âge de 83 ans. Il est enterré à Tubersent (Pas-De-Calais).
Les œuvres de Jean Dubuffet
En 1942, Jean Dubuffet renonce à son métier de négociant en vins et décide de se consacrer définitivement à sa carrière de peintre. Parallèlement, l'artiste qui effectue des visites dans des établissements psychiatriques suisses, découvre les dessins de marginaux et de malades mentaux. Fasciné, il s'en inspire pour fonder un nouveau genre pictural libéré de toutes les normes et les conventions culturelles et esthétiques de l'époque : l'Art Brut. En 1943, Jean Dubuffet réalise ainsi Les Gardes du corps, un tableau singulier aux couleurs vives qui marque le point de départ de son oeuvre. La même année, il compose Métro, une série de treize gouaches inspirées par la fraîcheur et la gaieté des dessins d'enfants. Résolument anticonformiste, Dubuffet expérimente et remet en permanence en question formes, matériaux, et techniques. Toutefois la perception de ses œuvres est controversée. Notamment accusé de "ridiculiser les formes du corps humain" dans sa série de peintures les Corps de dames réalisée en 1950, l'originalité de ses œuvres suscite tour à tour le scandale et le jugement. À partir des années 60, Jean Dubuffet se tourne davantage vers la sculpture. Répondant à de nombreuses commandes, il réalise entre autres le Groupe de quatre arbres et La Tour aux figures qui appartiennent au Cycle de L'Hourloupe.
Le cycle de l'Hourloupe de Jean Dubuffet
C'est en 1962 que Jean Dubuffet alors âgé de 61 ans débute L'Hourloupe, le cycle le plus long et original de son oeuvre. Durant l'été, alors qu'il est en pleine conversation téléphonique avec un proche, le peintre gribouille des formes au stylo bille rouge et bleu dans un cahier. Accompagnés de textes écrits dans un jargon imaginaire, les dessins sont rassemblés dans un petit livre qui donnera son titre au cycle de L'Hourloupe, mélange du mot "loup" et "d'entourloupe". Le résultat séduit Jean Dubuffet qui décide alors de transposer ces formes sur des toiles. L'artiste commence ainsi par créer des peintures et des dessins, comme son célèbre Autoportrait qu'il réalise en 1966. A travers l'apparente simplicité de ce dessin au feutre sur papier, Dubuffet reprend les hachures aux couleurs rouges et bleues qui seront dominantes dans l'ensemble de ses travaux. À partir de 1966, le peintre qui souhaite associer du relief à ses peintures pour leur donner plus de vie, étend le style de L'Hourloupe à la sculpture et à l'architecture. Il commence par réaliser des objets, avant de se tourner vers la création de sculptures monumentales comme Le jardin d'hiver (1969-1970) ou La Closerie Falbala (1971-1973). Au début de l'année 1973, Dubuffet décide même d'animer ses œuvres à la manière d'un ballet. Le peintre crée ainsi Coucou Bazar, une oeuvre en mouvement conçue comme un grand spectacle théâtral.
Jean Dubuffet et l'Art brut
Dès ses premiers pas dans la vie d'artiste, Jean Dubuffet adopte des positions anti-culturelles qui l'amènent à rechercher de nouvelles formes d'art loin des productions officielles et des normes académiques. En 1945, il découvre les productions de marginaux et de malades psychiatriques et s'intéresse aux dessins d'enfants. L'idée d'une création artistique pure et brute issues des seules impulsions et de l'imagination de son créateur plaît à Dubuffet. Dès lors, le peintre qui parcourt les hôpitaux et les prisons de France se met à constituer une véritable collection d'œuvres et d'objets créés par des détenus, des originaux et des pensionnaires d'hôpitaux psychiatriques. C'est ainsi que tout en théorisant ses recherches, Dubuffet élabore le concept d'Art Brut, un mouvement artistique aux productions spontanées qui échappent à toutes normes culturelles. En 1948, il fonde la Compagnie de l'Art Brut aux côtés d'André Breton et de Jean Paulhan. Lui-même autodidacte, Dubuffet poursuit alors la volonté d'ouvrir la voie à des œuvres singulières et non conventionnelles faites par des personnes sans culture artistique et travaillant en dehors des normes esthétiques convenues.