Édouard Manet : biographie du peintre, auteur du tableau Olympia
Biographie courte d'Edouard Manet - Édouard Manet voit le jour le 23 janvier 1832 à Paris, au sein d'une famille de la haute bourgeoisie. Ses premiers pas dans la vie sont marqués par l'incertitude et l'instabilité. À l'âge de 16 ans et après deux échecs au concours d'entrée de l'École navale, son goût pour la peinture se développe. Dès lors, il réalise de nombreux dessins et décide de se lancer dans la voie artistique. Ses parents y consentent à la condition qu'il effectue sa formation de peintre dans l'Atelier de l'artiste et professeur de renom, Thomas Couture. À partir de 1850, et durant six ans, Manet étudie dans l'atelier du peintre. Toutefois, s'il y acquiert les techniques de la peinture et se perfectionne, ce dernier ne tarde pas à s'émanciper du style académique de son maître pour se forger un style plus personnel. Le goût de Manet pour les sujets réalistes représentant les événements et les circonstances de son époque déconcerte Couture qui le lui fait savoir. En 1856, la rupture entre les deux artistes est consommée.
Édouard Manet quitte l'atelier de Couture et effectue de nombreux voyages, qui inspireront ses oeuvres. Il propose ses toiles au Salon officiel qui souvent, les rejette. Il accueille donc avec enthousiasme la création du Salon des refusés, où il peut exposer son très célèbre Déjeuner sur l'herbe (1862). Les critiques sont scandalisées par son audace, mais Manet s'entoure vite des plus grands artistes de son temps tel que Charles Baudelaire ou Émile Zola. En 1865, il expose Olympia, qui suscite une réaction encore plus vive. Il voyage encore et puise dans son inspiration pour toujours faire évoluer ses œuvres. Il cherche à se démarquer des mouvements de son temps. Bien qu'il soit proche des artistes appartenant au mouvement de l'impressionnisme comme Claude Monet, Auguste Renoir ou Berthe Morisot, Manet n'adhère pas au mouvement. S'il est vrai qu'il se laisse influencer par le jeu des couleurs et de la lumière des compositions impressionnistes, le peintre conserve son indépendance stylistique. Atteint, de syphilis et d'une gangrène contractée lors de son voyage au Brésil, Édouard Manet s'éteint le 30 avril 1883 à Paris à l'âge de 51 ans.
Les tableaux d'Edouard Manet
C'est durant son apprentissage dans l'atelier de Couture qu'Édouard Manet peint ses premiers tableaux. Il commence par la reproduction d'œuvres de grands maîtres exposées au musée du Louvre notamment Copie de l'Autoportrait du Tintoret ou encore La Barque de Dante d'après Delacroix qu'il peint en 1854. En 1859, son tableau intitulé Le Buveur d'absinthe qui adopte un style réaliste marque une rupture du peintre avec le style académique enseigné par son maître Thomas Couture. Manet qui ne cherche nullement à représenter la forme de beauté picturale appréciée à cette époque, voit d'ailleurs son oeuvre refusée par le Salon de l'Académie des Beaux-arts. Abordant une approche peu conventionnelle, le peintre introduit dans ses œuvres des personnes communes vivant des expériences de la vie quotidienne. Toutefois, en 1861, deux toiles de l'artiste sont acceptées au Salon : Le chanteur espagnol et Portrait de M. et Mme Manet. Mais de nouveau, en 1863, son tableau intitulé Le Déjeuner sur l'Herbe suivi deux années plus tard d'Olympia, suscitent de véritables scandales. Rejeté par le jury de l'Académie et incompris des amateurs d'art, Edouard Manet est vu comme le peintre ayant osé bousculer les conventions de l'académisme. Il est soutenu par de grands artistes de son temps dont il peindra les portraits comme Berthe Morisot ou encore Émile Zola. Manet peint jusqu'aux dernières années de sa vie comme le démontre son tableau Nana (1877), lui aussi refusé au Salon de Paris ou encore sa dernière oeuvre majeure Un bar aux Folies Bergère exposée en 1880.
Le Déjeuner sur l'Herbe d'Edouard Manet
En 1863, Manet réalise l'une des plus grandes toiles de son oeuvre. Exposée au Salon des refusés, elle dérange les critiques par la nudité d'une femme déjeunant en compagnie de deux hommes vêtus. Si la nudité est pourtant à cette époque un thème classique utilisé par les plus grands maîtres, la présence d'une femme nue est ici jugée vulgaire car elle n'est justifiée par aucun prétexte mythologique ou allégorique. Bouleversant les conventions admises, la modernité des personnages rend la scène obscène aux yeux des contemporains de Manet qui voient dans ses femmes des prostituées. Mais le sujet du tableau n'est pas le seul à choquer. Dans cette œuvre, Manet rompt avec les techniques académistes et impose par son style une nouvelle liberté quant aux modes de représentations. Manet abandonne en effet les habituels dégradés pour livrer des contrastes brutaux entre ombre et lumière. La lumière frontale, qui accentue les défauts du corps, éloigne l'oeuvre de l'idéalisation académique habituellement appréciée. Si Le Déjeuner sur l'Herbe suscite un énorme scandale à l'époque, elle est considérée comme "la plus grande toile d'Édouard Manet" d'après Émile Zola. Elle suscite également l'admiration de peintres impressionnistes, tel que Claude Monet qui fera d'ailleurs sa propre version du Déjeuner sur l'herbe en 1865.
Olympia d'Edouard Manet
En 1865, le peintre Édouard Manet décide d'exposer au Salon des refusés l'une de ses toiles qu'il a peinte deux ans plus tôt. À la manière du Déjeuner sur l'herbe, le tableau choque par son sujet comme par son traitement. Le scandale est immédiat et violent, contraignant le Salon à enlever la toile. Manet qui s'inspire ici de la Vénus de Titien, la représente en dehors de son contexte religieux. Olympia, qui prend les traits de Victorine Meurent, modèle préféré de Manet dans les années 1860, est en effet allongée nue, semblant vouloir offrir ses charmes. À travers son oeuvre, Édouard Manet peint le portrait d'une prostituée mise en scène comme telle. Le traitement du corps non idéalisé, contraire aux principes académiques, est là encore source de scandale. Par ce tableau, Manet inaugure le thème artistique de la prostituée vue sous l'angle du réalisme et non plus de la poésie. Il ouvre également la voie à la modernité, et à la représentation d'une réalité contemporaine non idéalisée dont se réclameront les réalistes.