Emile Zola : biographie de l'auteur naturaliste des Rougon-Macquart

Emile Zola : biographie de l'auteur naturaliste des Rougon-Macquart BIOGRAPHIE EMILE ZOLA - Avec les Rougon-Macquart, Emile Zola a créé le roman naturaliste. Dans J'accuse, il dénonce l'antisémitisme. Auteur aux multiples talents, il a marqué les consciences de la fin du XIXe siècle.

Biographie courte d'Emile Zola - Fils d'un ingénieur d'origine vénitienne et d'une femme originaire de la Beauce, Emile Zola naît le 2 avril 1840 à Paris mais passe sa jeunesse à Aix-en-Provence. A sept ans, il est orphelin de père, ce qui pose des difficultés financières à sa mère. Il va tout de même au collège où il côtoie Paul Cézanne, mais les problèmes d'argent lui interdisent bientôt les études. Revenu à Paris en 1858, il échoue deux fois au baccalauréat à cause du français. Puis, renonçant à peser plus longtemps sur le budget de sa mère, il décide de chercher du travail. Après quelques petits postes ingrats, il entre en 1862 à la librairie Hachette en tant que commis.  C'est en 1864 qu'il fait la connaissance de celle qui deviendra sa femme, Alexandrine Meley. Cependant, Emile Zola ne lui sera pas fidèle et entretiendra à l'âge de 50 ans et jusqu'à sa mort une double vie avec Jeanne Rozerot qui lui donne ses deux enfants, Denise (1889) et Jacques (1891). Les deux femmes acceptent cette situation, mais Emile Zola dira souvent qu'en voulant faire le bonheur de tous, il a fait le malheur de chacun. A la mort de l'écrivain, Alexandrine accepte que Denise et Jacques portent le nom de leur père.

Dans les années 1860, Emile Zola prend rapidement du galon pour devenir responsable de la publicité au sein de la librairie Hachette. Profitant de cette situation privilégiée, il croise et noue des relations avec de nombreux écrivains et lit ses contemporains. Par ailleurs, par l'intermédiaire de Paul Cézanne, il est au contact de peintres prometteurs. Baignant dans les cercles artistiques et intellectuels parisiens, il se fait une place dans les rubriques littéraires de la presse. Prenant la défense de peintres refusés au salon, comme Manet, il se construit une réputation de critique d'avant-garde. Après les Contes à Ninon, il publie en 1865 son premier roman, la Confession de Claude, avant de démissionner un an plus tard pour se consacrer à l'écriture.

Les Rougon-Macquart, l'œuvre naturaliste d'Emile Zola

En 1867, il publie son premier roman naturaliste : Thérèse Raquin. L'œuvre, qui raconte un meurtre sordide et la déchéance des personnages rongés par la mauvaise conscience, fait scandale dans la presse. Zola y est traité d'égoutier, on lui reproche de faire de la pornographie. Mais cela ne l'arrête pas et il publie une impressionnante littérature faite de romans et d'articles. De surcroît, il rallie à lui quelques auteurs parmi les plus fins, à l'image de Gustave Flaubert. En 1871, il publie la Fortune des Rougon, premier volume du cycle des Rougon-Macquart, suite romanesque composée de 20 volumes rédigés en 25 ans. Véritable monument de la littérature française, les Rougon-Macquart retracent une épopée familiale sous le Second Empire.

Emile Zola va plus loin que le réalisme et fonde le naturalisme

Dans une démarche qui vise non plus le beau mais la vérité, Zola s'appuie sur des considérations scientifiques en mettant en exergue la filiation de tares au sein de cette famille. Zola souhaite donner à la littérature une portée scientifique et théorise dans ce sens le "roman expérimental", dont l'objectif est d'observer un personnage dans une multitude de situations très différentes. Si cette idée mène à une impasse, puisque l'acte d'écriture reste parallèlement un acte de création, Zola n'en retire pas moins une approche révolutionnaire du roman. N'hésitant pas à proposer des descriptions crues qui provoquent l'ire des conservateurs et des gardiens du beau et de la morale, s'attachant à des personnages de tous les étages sociaux, il crée le naturalisme, courant littéraire qui va entraîner de nombreuses jeunes plumes dans son sillage.

Les soirées de Médan et les auteurs naturalistes

Les publications d'Emile Zola deviennent, malgré les scandales, de véritables succès commerciaux et littéraires, notamment à partir de l'Assommoir. Tandis qu'il se lie d'amitié avec Gustave Flaubert et Alphonse Daudet, il a, dès 1878, les moyens de s'acheter une villa à Medan, dans les Yvelines. Le naturalisme est devenu une véritable école littéraire et cette nouvelle possession en est le point de ralliement. Ainsi Guy de Maupassant, Joris-Karl Huysmans ou encore Henri Céard passent de longues soirées auprès du "maître" Zola. En 1880, ils publient un ouvrage collectif intitulé Les soirées de Médan. On y retrouve notamment la nouvelle Boule de suif qui lance Maupassant sur la voie du succès. La même année, Zola publie Nana, histoire de l'ascension et de la décadence d'une prostituée. Une fois encore, le succès est à la hauteur du scandale. Cinq ans plus tard, Germinal plonge dans l'univers des mineurs et place le peuple ouvrier au centre de l'intrigue. En 1887, la Terre provoque un nouveau scandale et notamment une réaction d'une partie de la nouvelle génération littéraire qui se réclamait du naturalisme. C'est le Manifeste des cinq.

Les femmes et les enfants d'Emile Zola

La première femme ayant compté pour Emile Zola est sa mère, Emilie Aubert. Cette dernière entretenait des relations conflictuelles avec l'épouse de l'écrivain, Alexandrine Zola. Gabrielle Meley dite Alexandrine (elle a changé de nom pour des raisons obscures) était accusée par sa belle-mère de rendre malade son mari et de délaisser son état de santé. Son passé de fille-mère n'est sans doute pas étranger à cette antipathie. La troisième femme importante dans la vie de l'auteur est Jeanne Rozerot, sa maîtresse. Embauchée en tant que lingère auprès du couple, elle tisse rapidement des liens avec le maître de maison. Ils deviennent amants malgré leurs 27 ans de différence. Ensemble, ils auront deux enfants, Denise et Jacques. Cette relation n'est pas au goût d'Alexandrine et cela crée une crise majeure dans le couple. Des concessions et un long voyage permettent au couple de retrouver son équilibre. 

Après le compromis trouvé par le couple, Alexandrine Zola décide de s'occuper des deux enfants de son époux comme des siens. Elle entame des procédures pour leur accorder le nom de Zola. Alexandrine a été mère avant sa rencontre avec Emile Zola, mais a été contrainte d'abandonner cet enfant qu'elle n'a jamais pu retrouver malgré ses recherches. Elle prend donc en charge l'éducation et la santé des enfants de son époux avec l'accord de Jeanne Rozerot. Denise et Jacques grandissent choyés et ne manquent de rien. En 1908, Denise épouse Maurice Leblond un journaliste et écrivain qu'elle a rencontré grâce à Alexandrine. Ensemble, ils auront trois enfants. Puis c'est au tour de Jacques, devenu docteur en médecine, d'épouser Marguerite Bruniaux avec qui il aura un fils. La descendance d'Emile Zola est ainsi assurée.

Résumé du roman "Nana" d'Emile Zola

En 1879, Emile Zola publie Nana, le neuvième tome de la série des Rougon-Macquart. Ce livre retrace l'histoire d'Anna Coupeau, dites "Nana" une courtisane du Second Empire. Dans ce roman naturaliste, Zola démontre à nouveau que la vie de ses personnages est déterminée par le milieu social, l'hérédité et l'époque dans laquelle ils vivent. Après avoir mis au monde un bébé à l'âge de seize ans, Nana décroche le rôle de Vénus dans un grand théâtre parisien. Adulée pour sa beauté et son audace, elle entretient de nombreuses liaisons, notamment avec le comédien Fontan ou encore la prostituée Satin. Ses relations avec de riches notables comme Steiner et le comte Muffat lui permettent d'atteindre le sommet de la gloire. Malheureusement, ses dettes la poussent à fuir la Capitale. Des mois plus tard, elle revient à Paris s'occuper de son fils malade. Elle tombe malade à son tour et meurt défigurée par la petite variole en 1870, date de la guerre franco-prussienne.

Emile Zola écrit J'accuse !, un article de L'Aurore contre l'antisémitisme

A partir de 1894, avec les cycles les Trois villes puis les Quatre évangiles, Zola donne un engagement plus socialiste et prophétique à ses œuvres. Mais cette période est avant tout marquée par son engagement dreyfusard et sa lutte contre l'antisémitisme. Le 13 janvier 1898, il publie une lettre ouverte au président de la République Félix Faure dans le journal l'Aurore de Georges Clemenceau. Intitulée "J'accuse… !", cet article publié dans le journal L'Aurore fait suite à l'acquittement d'Esterhazy, prend parti pour Dreyfus et dénonce un procès inique et mensonger. C'est le véritable point de départ d'un scandale qui divise l'opinion française. Condamné à un an de prison, Zola doit s'exiler en Angleterre durant cette période. A son retour, il continue son combat pour Dreyfus en publiant ses articles dans un ouvrage intitulé la Vérité en marche.

Mort et héritage d'Emile Zola

Le 29 septembre 1902, il est asphyxié à son domicile à cause d'une cheminée bloquée. On soupçonne des anti-dreyfusards d'avoir provoqué cet accident mais l'enquête ne permet pas d'aboutir à des résultats concluants. Dans les jours qui suivent, ses obsèques au cimetière Montmartre voient défiler de nombreux écrivains et anonymes, parmi lesquels des mineurs venus spécialement du nord rendre hommage à l'auteur de Germinal. D'Emile Zola, la postérité a reconnu à la fois l'écrivain de génie et le porteur d'un message de tolérance et de justice au cours de l'affaire Dreyfus. Si ses théories sur l'hérédité et le discours sur la scientificité de la littérature sont désormais dépassés, le corpus qui en découle n'en demeure pas moins actuel et universel. En effet, via cet ensemble de notions, Émile Zola a ouvert un nouveau regard sur la société et indirectement replacé la notion de destinée tragique au centre de l'écriture, ce qui confère à l'ensemble de son œuvre une dimension à la fois humaine et mythologique.

Bibliographie : les œuvres principales d'Emile Zola

  • Villégiature (1865)
  • Madeleine (écrit en 1865, jouée en 1889)
  • Mon Salon (1866)
  • Thérèse Raquin (1867)
  • La série des Rougon-Macquart (1871-1893)
  • L'Assommoir (1876)
  • Nana (1879)
  • Les Soirées de Médan (1880)
  • Au Bonheur des Dames (1883)
  • Germinal (1885)
  • La Bête humaine (1890)
  • La série des Trois Villes (1894-1898)
  • J'accuse… ! (1898)
  • La série des Quatre Évangiles (1899-1903)
  • L'Affaire Dreyfus, la vérité en marche (1901)

Emile Zola : dates clés

2 avril 1840 : Naissance à Paris
 
22 mars 1847 : Mort de son père
 
1858 : Installation avec sa famille à Paris
 
mars 1862 : Entre à la librairie Hachette
Débutant comme simple commis, Emile Zola devient rapidement chargé de la publicité, ce qui lui permet de fréquenter les milieux littéraires de l’époque.
1864 : Parution des "Contes à Ninon"
 
1865 : Premier roman : "la Confession de Claude"
 
31 janvier 1866 : Quitte la librairie Hachette
Emile Zola quitte la librairie Hachette pour se consacrer à l’écriture. Il devient chroniqueur littéraire pour l’Evénement.
1867 : Publication de "Thérèse Raquin", acte de naissance du naturalisme
 
1870 : Publication de "la fortune des Rougon", premier volume des "Rougon-Macquart"
 
26 février 1877 : Parution de "L'Assommoir"
Avec le septième volume de la série des "Rougon-Macquart", Emile Zola connaît enfin le succès. La bouleversante histoire du couple Coupeau-Gervaise Macquart victime de l'alambic du Père Colombe choque par son réalisme. Premier des livres de Zola à dépeindre le milieu ouvrier parisien "L'Assommoir" est, selon son auteur, "un roman sur le peuple qui hait l'odeur du peuple".
1878 : Achète une villa à Médan
 
1880 : Publication de "Nana"
 
avril 1880 : Publication des "Soirées de Médan"
En avril 1880 sort le recueil Les Soirées de Médan, manifeste du mouvement réaliste. Il est composé des récits suivants : "L'Attaque du moulin", par Émile Zola, "Boule de Suif", par Guy de Maupassant, "Sac au dos", par J.-K. Huysmans, "La Saignée", par Henry Céard, "L'Affaire du Grand 7", par Léon Hennique et "Après la bataille", par Paul Alexis. La nouvelle "Boule de Suif" est le premier succès de Maupassant. Elle lui permet d'abandonner sa carrière administrative pour se lancer dans le métier de journaliste et écrivain.
1885 : Publication de "Germinal"
 
1886 : Rupture avec Cézanne
La profonde amitié qui avait lié Paul Cézanne et Emile Zola depuis leur rencontre sur les bancs du collège Bourbon, à Aix-en-Provence, au début des années 1850, prend brutalement fin. La cause de la discorde : la publication par Zola de "l'Oeuvre", en 1886. Le romancier y décrit l’histoire d’un peintre raté et incompris qui finit par se suicider. Cézanne, qui croit se reconnaître dans ce portrait, n’apprécie guère.
1887 : Publication de "la Terre"
 
1894 : Publication de "Lourdes", premier volume du cycle "les Trois Villes"
 
13 janvier 1898 : Emile Zola : "J'accuse !"
L'écrivain Emile Zola publie dans le journal "L'Aurore" une lettre ouverte au président de la République Félix Faure. Le titre lui est soufflé par Georges Clémenceau, alors éditorialiste du journal : "J'accuse". La lettre dénonce l'antisémitisme et les erreurs judiciaires dont est victime le capitaine Alfred Dreyfus depuis le mois d'octobre 1894. En prenant ouvertement la défense de Dreyfus, condamné à la déportation à vie en Guyane pour crime d'espionnage au profit de l'Allemagne, Zola s'oppose au gouvernement Méline. Il sera condamné à 3 000 francs d'amende et à un an de prison. Par sa grandiloquence, le "J'accuse" fait du cas Dreyfus une "affaire" et divise la France entre dreyfusards (les socialistes, les radicaux) et antidreyfusards (la droite nationaliste, le clergé) .
18 juillet 1898 : Zola part en exil
A la suite de sa lettre ouverte intitulée "J'accuse" publiée dans le journal l'Aurore, l'écrivain Emile Zola est condamné par la cour d'assises de Versailles à un an de prison et 30 000 francs d'amende pour avoir attaqué le président de la République Félix Faure. Zola qui se déclarait pourtant prêt à affronter ses juges préfère l'exil et se réfugie à Londres. Il sera radié de la liste des officiers de la Légion d'honneur.
29 septembre 1902 : Mort d'Emile Zola
A l'âge de 62 ans, le grand romancier naturaliste français, meurt asphyxié par le gaz dans sa chambre à coucher. Le bruit court alors que le romancier s'est suicidé ou qu'il a été assassiné. Certains pensent qu'il a été victime de son engagement en faveur de Dreyfus. La dépouille de Zola sera conduite au Panthéon le 4 juin 1908.
4 juin 1908 : Emile Zola entre au Panthéon
Six ans après la mort d’Emile Zola, ses cendres sont transférées au Panthéon. Cette décision, voulue et votée par les députés socialistes, provoque de violentes réactions de la droite nationaliste. Celle-ci reproche toujours à Zola son engagement dans l’affaire Dreyfus, notamment aux travers de sa lettre « J’accuse », et déverse un flot d’insultes haineuses à l’encontre de Zola, de la gauche et de Dreyfus. D'ailleurs, ce dernier est victime d’une tentative d’assassinat par un journaliste du « Gaulois » tandis que des manifestations antisémites ponctuent l’événement.

XIXème siècle