Schutzstaffel : la police militarisée du régime nazi d'Hitler

Schutzstaffel : la police militarisée du régime nazi d'Hitler Voulue par Hitler, dirigée par Himmler, la Schutzstaffel allemande, plus connue sous le sigle SS, a marqué de son empreinte l'histoire de l'Allemagne, et la Seconde Guerre mondiale.

Définition de la SS - Créée au milieu des années 1920, la Schutzstaffel ou SS (qui peut se traduire par "escadron de protection") ne dénombre à ses débuts que quelques membres. L'ascension d'Adolf Hitler en tant que Führer participe à élargir ses rangs et ses missions. De simple garde rapprochée d'Hitler, la SS se transforme en "Etat dans l'Etat" avec des missions politiques, répressives et idéologiques. Déclarée comme une organisation criminelle au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la SS est à l'origine de quelques-unes des pires atrocités commises au cours du deuxième conflit mondial du XXe siècle.

Pourquoi Hitler a créé la Schutzstaffel ?

En 1921, Adolf Hitler accède à la présidence du Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP). Deux ans plus tard, il est à l'origine d'une tentative de coup d'Etat (le putsch de la Brasserie) et souhaite prendre le pouvoir. Craignant pour sa sécurité, Hitler décide de s'entourer d'une garde rapprochée, officiellement pour assurer sa sécurité. Il crée la Stabswache, rapidement remplacée par le Stosstrupp Adolf Hitler, puis par la Schutzstaffel en 1925. En dépit de l'échec du coup d'Etat et de la condamnation d'Hitler à cinq ans de prison (il n'y restera que neuf mois), la SS va survivre et continuer à évoluer.

Comment est organisée la Schutzstaffel ?

La Schutzstaffel relève d'abord de la Sturmabteilung (SA), l'organisation paramilitaire officielle du NSDAP. A la suite de la "Nuit des Longs Couteaux" en 1934, la SS prend son indépendance. Elle se dote d'une structure qui lui est propre, et s'en remet au commandement du Führer. La Schutzstaffel ne doit pas être confondue avec l'armée allemande (Wehrmacht). L'organisation de la SS est assez complexe, avec un nombre conséquent d'unités et de subdivisions. On y retrouve l'état-major personnel de Himmler, les grandes unités de la SS-Führungshauptamt (siège administratif et opérationnel) comme la militaire Waffen-SS, les SS-Totenkopfverbände chargés des camps, la Gestapo qui est la police du IIIe Reich ou encore les Einsatzgruppen, les unités mobiles d'extermination qui ont principalement agi sur le front de l'Est.

Qui est Heinrich Himmler, l'homme à la tête de la SS ?

Né le 7 octobre 1900, Heinrich Himmler est considéré comme le chef de la SS, et comme l'une des personnalités les plus impliquées dans la politique d'extermination menée par l'Allemagne nazie. Trop jeune pour participer à la Première Guerre mondiale, Heinrich Himmler verse très vite dans le nationalisme, et dans l'extrémisme. Nommé chef SS du district de Haute-Bavière dès 1926, il noue une relation de confiance avec Hitler et franchit tous les échelons jusqu'à prendre les commandes de la Schutzstaffel, mais aussi de la police allemande, jusqu'à devenir le ministre de l'Intérieur du IIIe Reich. Heinrich Himmler et Reinhard Heydrich sont aussi les organisateurs et les gestionnaires de camps de concentration et d'extermination du régime nazi.

Qu'est-ce que la Waffen-SS, la composante militaire de la SS ?

La Waffen-SS constitue la partie purement militaire de la SS. Créée sous l'impulsion d'Heinrich Himmler, elle se présente comme une armée exclusivement composée de fervents défenseurs des théories raciales nazies. La Waffen-SS se décline en plusieurs divisions, parmi lesquelles la 33e division SS "Charlemagne", principalement constituée de Français désireux de combattre aux côtés des forces allemandes.

Comment la SS a participé à la Seconde Guerre mondiale ?

La SS participe à la Seconde Guerre mondiale en se rendant responsable des pires atrocités. C'est elle qui est à l'origine (en grande partie) de la mise en place ainsi que du contrôle des camps de concentration ou d'extermination des Juifs et des autres opposants du régime nazi, et par conséquent des nombreux massacres qui en découlent. C'est elle aussi qui est chargée de faire régner la terreur nazie, sur le sol allemand d'abord, puis sur les différents théâtres d'opérations auxquels elle participe. Elle exerce son rôle répressif et idéologique sur tous les territoires dominés par le IIIe Reich, comme en France. La Schutzstaffel est par exemple à l'origine du massacre de Babi Yar près de Kiev. Les Einsatzgruppen y ont assassiné plus de 33 000 Juifs avant la construction du camp de concentration voisin. Le massacre d'Oradour-sur-Glane en France est perpétré par une division SS désireuse d'empêcher tout ralliement à la Résistance après le débarquement de Normandie. En parallèle, la Schutzstaffel qui souhaite la domination de la race aryenne va créer le Lebensborn, un organisme chargé de "produire" des enfants aryens. 

Comment est représentée la Schutzstaffel ?

schutzstaffel ss logo
Symbole SS sur un casque nazi © Frank Augstein/AP/SIPA

La SS est représentée par son emblème officiel, le double Sieg Rune ; qui représentent deux "S" pour "Schutzstaffel". Sa devise est "Mon honneur s'appelle fidélité" (Meine Ehre heißt Treue). Du début des années 1930 à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les membres de la SS se distinguent par le port d'uniformes signés Hugo Boss. Sur le plan idéologique, la SS prône la supériorité de la race aryenne et l'unité de l'Allemagne telles que décrites par Adolf Hitler. Cette idéologie amène la Schutzstaffel à se lancer dans une opération d'extermination des populations juives.

Quelles sont les conséquences de la défaite allemande sur la SS ?

La défaite allemande en 1945 signe la dissolution de la SS. Figurant dans la liste des accusés lors du fameux procès de Nuremberg (1945-1946), la Schutzstaffel est officiellement reconnue comme une organisation criminelle. Le sort des personnes associées à la SS est assez divers. Certaines sont arrêtées et jugées, d'autres parviennent à fuir la justice internationale. Comme Heinrich Himmler, des personnalités de la Schutzstaffel feront le choix du suicide pour fuir la responsabilité de leurs actes.

La chronologie de la SS

30 janvier 1933 - Hitler chancelier allemand
Hitler est nommé chancelier du Reich par le président Paul von Hindenburg, qui voit pourtant dans le leader du Parti national-socialiste des travailleurs allemands un homme peu sympathique. Il s'agit de l'une des étapes les plus importantes de la prise de pouvoir par Hitler et pour la mise en place de son idéologie nazie.
20 mars 1933 - Premier camp de concentration
Heinrich Himmler, chef de la SS, crée le premier camp de concentration à Dachau. L'établissement est alors destiné à accueillir les opposants à la politique d'Hitler, essentiellement des communistes et des sociaux-démocrates. Entre 1933 et 1945, 250 000 personnes seront envoyées dans le camp de Dachau. 70 000 y laisseront la vie.
26 avril 1933 - La création de la Gestapo
Hermann Goering crée la Gestapo, la "police secrète d'Etat", avec pour principale mission d'éliminer toute opposition au régime national-socialiste. Profitant d'une impunité totale, la Gestapo se livre à des exactions et à des exécutions en nombre. Beaucoup d'opposants seront envoyés en camp de concentration par la Gestapo.
20 avril 1934 - Himmler prend la tête de la Gestapo
Numéro deux du IIIe Reich, Himmler a joué un rôle important dans la mise en place du régime totalitaire nazi. Tête de file des SS, il prend les rênes de la Gestapo le 20 avril 1934. Dès lors, il possède tous les outils de répression pour imposer l'idéologie nazie aux citoyens. Il fut secondé par Heinrich Müller. Au moment de l'effondrement de l'empire nazi, Himmler préfère se suicider plutôt que d'être capturé.
30 juin 1934 - La "Nuit des longs couteaux"
Dans la nuit du 30 juin 1934, Hitler fait éliminer les chefs SA de Ernst Röhm. La SA ou Sturmabteilung (section d'assaut), formation paramilitaire nazie créée en 1921, a été un instrument efficace pour l'accession au pouvoir de Hitler. Pourtant, celui-ci, inquiet de l'importance que prend l'organisation, fait assassiner ses chefs et attribue l'essentiel du pouvoir de répression à la SS ou Schutzstaffel (échelon de protection).
20 avril 1939 - Parade militaire pour le 50e anniversaire d'Hitler
Pour son 50e anniversaire, Adolf Hitler organise une parade militaire à Berlin avec un objectif : exposer à la vue des autres pays du monde toute la puissance militaire nazie. Les Waffen-SS, les troupes de la Luftwaffe, l'armée de l'air, ou encore des panzers de l'armée de terre participent à cette démonstration de force militaire.
9 novembre 1939 - Incidents de Venlo
L'incident de Venlo du 9 novembre 1939 fut planifié par la Gestapo et Walter Schellenberg, futur chef des services secrets allemands. Il fit croire à deux agents britanniques qu'il voulait renverser Hitler. Une rencontre est alors organisée à Venlo, aux Pays-Bas, mais la Gestapo intervient, tuant Dirk Klop, un agent secret hollandais, et enlevant deux agents britanniques. C'est une double réussite pour Hitler, puisque le Royaume-Uni perd confiance envers d'éventuels comploteurs allemands et l'Allemagne a un argument pour intervenir aux Pays-Bas.
20 janvier 1942 - Les nazis adoptent la solution finale
La conférence de Wannsee, à laquelle participent quinze hauts responsables nazis et des officiers SS, symbolise le début de "la solution finale". Celle-ci peut se résumer par une double décision : le transfert des Juifs en état de travailler dans des camps de travaux forcés, et l'élimination pure et simple des autres Juifs. C'est le début de l'extermination de masse et du génocide du peuple juif.
19 avril 1943 - La révolte du ghetto de Varsovie
Dans le ghetto de Varsovie, 60 000 Juifs décident de s'opposer aux SS nazis à qui a été donné l'ordre de les exterminer. La révolte du ghetto de Varsovie dure presque un mois. Elle se traduit par la mort de 7 000 Juifs. Les survivants seront rapidement envoyés dans les camps d'extermination.
12 septembre 1943 - Un commando SS libère Mussolini
Emprisonné dans les Abruzzes, Mussolini est libéré par un commandement SS emmené par le capitaine Otto Skorzeny. Le "Duce" profite de sa liberté retrouvée pour créer un nouvel Etat fasciste au nord de l'Italie. Les premières exécutions s'enchaînent avant que Mussolini lui-même ne soit arrêté et exécuté par des partisans italiens.
24 mars 1944 - Massacre des Fosses ardéatines
Le 24 mars 1944, les Allemands exécutent 335 civils italiens (des prisonniers de la prison de Regina Cœli et des Juifs arrêtés dans un ghetto). Cette exécution particulièrement sanglante constitue une réponse à l'attentat à la bombe perpétré à Rome la veille et ayant causé la mort de 32 soldats SS.
7 juin 1944 - Les événements de Laclotte et la tragédie de Saint-Pierre-de-Clairac
Le 7 juin 1944, la Gestapo et les SS assaillent la ville de Laclotte dans le Lot-et-Garonne et prennent la décision de fusiller des civils français. Le même jour, la même division SS élimine onze résistants à Saint-Pierre-de-Clairac et incendie des ensembles d'habitations.
9 juin 1944 - Tulle, ville martyre
La 2e division blindée SS Das Reich quadrille Tulle, ville de Corrèze. Officiellement, il s'agit d'une opération de contrôle de papiers. Officieusement, l'opération intervient en représailles des attaques de maquisards. 99 hommes français valides sont pendus, 149 autres envoyés dans le camp de Dachau.
10 juin 1944 - Les habitants d'Oradour massacrés par les SS
Le lendemain de l'opération de Tulle, un détachement de la division SS Das Reich est envoyé pour détruire Oradour-sur-Glane. Le même mode opératoire est employé : sous prétexte d'une vérification d'identité, les SS séparent les hommes des femmes et des enfants dans des bâtiments distincts, ensuite incendiés. 642 habitants périssent dans ce massacre.
27 janvier 1945 - Libération d'Auschwitz
L'Armée rouge pénètre à Auschwitz, principal camp d'extermination nazi. Elle est accueillie par 7 500 rescapés dont une partie d'entre eux a su trouver la force et les armes pour se révolter contre les SS. Ainsi, 1,5 million de détenus ont été exterminés à Auschwitz entre le printemps 1942 et l'hiver de l'année 1945.
18 avril 1945 - Adolf Hitler destitue Heinrich Himmler de ses fonctions
Conscient de la défaite à venir de l'Allemagne, Heinrich Himmler tente de négocier avec les Anglais et les Américains. Adolf Hitler apprend la trahison de son fidèle compagnon le 28 avril 1945 et le destitue de ses fonctions. Karl Hanke est nommé par le Führer aux commandes de la SS.
29 avril 1945 - Massacre de Dachau
Le 29 avril 1945, le 3e bataillon du 157e régiment de la 45e division d'infanterie de la 7e armée US reçoit l'autorisation de pénétrer dans le camp de concentration de Dachau. Sur leur chemin, les Américains découvrent 39 wagons remplis de cadavres, puis sont confrontés aux conditions de vie des prisonniers du camp. Dans un excès de colère, les soldats de l'armée américaine assassinent 50 SS.
3 mai 1945 - Naufrages du Cap Arcona, du Thielbek et du Deutschland
Sentant arriver les troupes alliées, Heinrich Himmler ordonne le 14 avril 1945 l'élimination des déportés. Le plan est simple : faire embarquer les prisonniers à bord du Cap Arcona, du Thielbek et du Deutschland, puis couler les navires une fois ces derniers arrivés en haute mer. Le 3 mai 1945, l'aviation militaire anglaise lance une attaque contre ces bateaux. 8 000 personnes meurent noyées ou bien tuées par les SS.
30 septembre 1946 - Verdict du procès de Nuremberg
Le tribunal militaire international de Nuremberg livre son verdict. 22 dirigeants nazis sont reconnus coupables de crime de guerre. Douze sont condamnés à la peine capitale pour "crime contre l'humanité". Parmi eux, l'ancien commandant en chef de la Luftwaffe, Hermann Goering. Ce dernier se suicide en avalant une capsule de cyanure la veille de son exécution.

Seconde Guerre mondiale