Bataille de Moscou : l'hiver stoppe l'avancée allemande en 1941

Bataille de Moscou : l'hiver stoppe l'avancée allemande en 1941 La bataille de Moscou est une série de combats menés autour de la capitale russe pendant la Seconde Guerre mondiale de 1941 à 1942, entre le IIIème Reich allemand et l'Union soviétique.

Résumé de la bataille de Moscou - Les premiers mois de la Seconde Guerre mondiale sont marqués par une série de grandes victoires pour l'Allemagne nazie, aussi bien sur le front ouest où elle pousse la France à capituler et collaborer, que sur le front est où une alliance a été conclue avec l'URSS. Pourtant le communisme est incompatible avec l'idéologie nazie du Troisième Reich et le 22 juin 1941, l'opération Barbarossa est lancée. Les troupes nazies attaquent la Russie sur les principes de la guerre éclair (Blitzkrieg). L'armée rouge est incapable de stopper les soldats allemands. Hitler veut annihiler l'URSS en quelques semaines. A la fin de l'été, la résistance russe se fait plus farouche. Le 2 octobre 1941, débute la bataille de Moscou. Longue et meurtrière, elle est considérée comme un premier point de bascule du conflit. La résistance héroïque des Soviétiques empêche les nazis de s'emparer de la ville et manque même de peu de conduire la Wehrmacht à sa perte. Un scénario inattendu pour l'état-major des armées nazies, mais qui n'est pas sans rappeler une autre célèbre campagne de Russie par Napoléon, un siècle plus tôt.

Pourquoi la bataille de Moscou a-t-elle eu lieu ?

Suite à l'invasion de la Pologne, qui signe le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale en septembre 1939, le conflit s'installe sur le front est. Entre volonté soviétique de contrer l'expansionnisme allemand et anticommunisme viscéral de l'Allemagne nazie, les dispositions du Pacte germano-soviétique de non-agression de 1939 volent vite en éclats. Galvanisée par les succès du Blitzkrieg qui expose les faiblesses des forces alliées, la Wehrmacht lance, le 22 juin 1941 l'opération Barbarossa, qui ambitionne de mettre l'URSS à terre et de s'emparer de Moscou en moins de 120 jours. Si les premières semaines de conflit se soldent par une série de victoires éclatantes pour l'Allemagne (comme à Minsk ou à Kiev), mettant à mal les forces de l'Armée rouge, les nazis se heurtent néanmoins à une résistance inattendue sur plusieurs fronts russes. La bataille de Smolensk (été 1941) marque le premier coup d'arrêt de l'opération Barbarossa, freinant pendant deux mois l'avancée des troupes allemandes. Les Soviétiques opposent aussi une résistance farouche lors du siège de Leningrad, commencé le 8 septembre 1941, et qui durera près de 900 jours. L'invasion allemande progresse donc plus lentement que prévu. Quand les troupes allemandes approchent de Moscou en octobre 1941, celles de l'Armée rouge se sont déjà regroupées dans la capitale pour préparer sa défense.

Comment s'est déroulée la bataille de Moscou ?

Malgré les contretemps, Adolf Hitler reste persuadé de pouvoir mettre la main sur Moscou avant l'hiver. Le 2 octobre 1941, sous le commandement du maréchal Fedor von Bock, le groupe des armées du centre, un regroupement de 57 divisions, lance la première offensive sur Moscou. C'est le début de l'opération Typhon. L'Allemagne nazie déploie plus d'un million de soldats appuyés par 14 000 canons et 1 700 chars, tandis que les Soviétiques doivent compter sur 1,25 million de soldats déjà épuisés par les attaques précédentes. Les premiers assauts nazis se concentrent sur Viazma et Briansk, villes stratégiques si la Wehrmacht veut entrer rapidement dans Moscou. En riposte, les Soviétiques bâtissent deux lignes de larges défenses autour de la capitale, l'une sur un axe reliant les villes de Rjey, Viazma et Briansk, l'autre reliant Kalinine à Kalouga, connue sous le nom de ligne Mojaïsk.

Heinz Guderian et Adolf Hitler
Heinz Guderian serre la main d'Hitler, qui se penche hors de sa voiture pour le saluer. © MARY EVANS/SIPA (publiée le 20/06/2023)

Mieux entretenue et mieux préparée, la Wehrmacht prend rapidement le dessus sur les troupes de l'Armée rouge, perforant les défenses imaginées par Gueorgui Joukov, le commandant des forces armées soviétiques. Ces dernières offrent cependant aux nazis une résistance bien supérieure à celle prévue. Briansk tombe le 6 octobre 1941 et Viazma le 18 octobre, mais elles ont tenu suffisamment longtemps pour permettre le redéploiement de troupes d'Extrême-Orient en soutien pour défendre Moscou. C'est donc une Armée rouge mieux organisée à laquelle se retrouve confrontée la Wehrmacht lors de son offensive sur la ligne Mojaïsk, du 13 au 30 octobre 1941, même si la supériorité allemande lui permet de prendre le dessus. Contre l'avis de son état-major, Staline lance une série de contre-offensives autour de villes comme Kline et Toula, sans grand succès. Malgré son recul et son état précaire, l'Armée rouge parvient à fatiguer considérablement les troupes nazies alors que l'arrivée de l'hiver perturbe les ravitaillements sur le front est.

L'Allemagne lance l'assaut final sur Moscou le 15 novembre 1941, prenant en quelques jours les villes de Kline, Solnetchnogorsk, Stalinogorsk et Khimki. Cependant, les forces soviétiques résistent au niveau du canal de Moscou, et la rudesse de l'hiver met un frein à l'offensive d'une armée allemande épuisée et incapable de se ravitailler suffisamment en matériel adapté. La triple ceinture défensive soviétique a tenu sur un fil, mais elle a tenu. Dans le même temps, rassurée par l'absence d'attaque de la part du Japon, force de l'Axe aux côtés de l'Allemagne nazie, l'URSS parvient à rapatrier des milliers de soldats de divisions sibériennes. Celles-ci sont mieux formées aux températures glaciales du "Général Hiver", cet hiver russe qui terrorise les forces de la Wehrmacht. L'Allemagne se retrouve en grande difficulté, mais Hitler refuse toute idée de repli, ordonnant aux troupes une défense statique et limogeant une grande partie du haut commandement des forces armées, dont Heinz Guderian et Fedor von Bock. L'Armée rouge reprendra Kline le 15 décembre et Kalinine le lendemain.

La bataille de Moscou en images (sur le site de la BNF) :

Qui a gagné la bataille de Moscou ?

En décembre 1941, l'Armée rouge lance une contre-offensive majeure sur le flanc nord du front allemand. Connue sous le nom d'opération Décembre, cette offensive a réussi à infliger de lourdes pertes à l'ennemi et à repousser les troupes allemandes. Cela a marqué un tournant significatif dans la bataille de Moscou. Au cours des mois suivants, les forces soviétiques ont continué à renforcer leur position. Les attaques allemandes ultérieures ont été repoussées avec succès et l'Armée rouge a réussi à reconquérir certaines zones précédemment perdues.

En janvier 1942, la bataille de Moscou se conclut par une victoire stratégique pour l'Union soviétique, marquant un tournant dans la guerre sur le front de l'est. Staline va ensuite disperser ses troupes sur plusieurs fronts en Crimée et vers Leningrad, ce qui enlise la progression soviétique. La bataille de Stalingrad donnera ensuite définitivement l'avantage à l'URSS.

Combien de morts a fait la bataille de Moscou ?

La dureté des combats, à laquelle s'ajoute la rudesse des conditions de vie par des températures descendant souvent sous les -30°c, font de la bataille de Moscou un conflit extrêmement meurtrier. On estime les pertes côté soviétique à plus de 800 000 soldats. La Wehrmacht, de son côté, perd plus de 300 000 hommes et compte plus du triple de blessés. Au terme de l'offensive ratée des nazis vers Moscou, de nombreux soldats allemands sont capturés et faits prisonniers de guerre dans les camps soviétiques. On en dénombrait plus de 120 000 au début de l'année 1942.

Quelles sont les conséquences de la bataille de Moscou ?

La bataille de Moscou fut l'un des trois grands temps forts stratégiques du front de l'Est avec la bataille de Stalingrad fin 1942 et la bataille de Koursk à l'été 1943. Dans un premier temps, elle a permis d'acter la supériorité matérielle et tactique de la Wehrmacht. Malgré les nombreuses pertes concédées en amont, les troupes d'Hitler n'ont, souvent, eu aucun mal à percer les défenses soviétiques. De l'autre côté, l'Armée rouge a vu apparaître les faiblesses de son commandement. A l'automne 1941, la panique gagne Moscou, au point que le Parti communiste, l'administration soviétique et les diplomates du régime sont évacués vers l'est dans la ville de Kouïbychev, connue aujourd'hui sous le nom de Samara. Staline, lui, insiste pour rester au Kremlin.

La bataille de Moscou n'est pas la victoire éclatante qu'espérait Hitler pour renverser l'URSS. Elle marque l'échec de l'opération Barbarossa, ainsi que l'un des premiers revers d'ampleur pour le gouvernement d'Hitler. Non seulement l'Armée rouge a pu sauver Moscou des nazis, mais elle a failli mettre la Wehrmacht en déroute lors de sa contre-offensive. Le constat d'ensemble reste cependant positif pour l'Allemagne, qui a conquis une vaste part du front et donc plusieurs villes stratégiques comme Kiev. Les armées ont survécu au terrible hiver russe et ont pu stabiliser leurs positions en vue de leur future offensive prévue pour l'été 1942 autour de Stalingrad.

Qu'est-ce que la bataille de Moscou de Napoléon en 1812 ?

Le déroulement de la bataille de Moscou (percées rapides, puis enlisement des forces nazies autour de la ville), lors de l'hiver 1941, a réveillé le spectre de la campagne de Russie menée par Napoléon Ier en 1812. Six ans plus tôt, le tsar Alexandre Ier de Russie avait levé sur ses terres le blocus commercial continental visant le Royaume-Uni, provoquant la colère de Napoléon Ier, qui souhaitait mettre à genoux les Britanniques. En représailles, l'empereur décida d'envahir la Russie aux côtés de ses alliés prussiens, autrichiens, danois et norvégiens. Persuadé de pouvoir renverser les Russes en deux mois, Napoléon décrocha dans un premier temps des victoires éclatantes, mais sanglantes, avec en point d'orgue la bataille de la Moskova, dans la ville de Borodino le 7 septembre 1812. Sept jours plus tard, les forces napoléoniennes entrèrent dans une Moscou désertée et sans résistance, l'armée russe ayant abandonné la capitale en l'incendiant.

Napoléon propose un armistice à Alexandre Ier, mais ne reçut en retour que des réponses évasives. Chaque camp était persuadé que le temps jouait pour lui : la France planifia une retraite progressive dès le 18 octobre pour reprendre des forces tandis que les Russes attendaient l'arrivée de l'hiver en harcelant la Grande Armée. Menée par le général en chef Mikhaïl Koutouzov, l'armée russe reprit le dessus face à une armée française décimée par les maladies et le froid. Entre le 26 et le 29 novembre, cette dernière fut mise en déroute le long de la rivière Bérézina, perdant 45 000 hommes au front. S'il ne s'agit pas d'une défaite militaire à proprement parler, le mot "bérézina" est depuis entré dans le langage commun pour évoquer un désastre, un échec cuisant.

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