Accords de Munich : résumé de la conférence de 1938

Accords de Munich : résumé de la conférence de 1938 Les accords de Munich ont été signés le 30 septembre 1938. Ils ont eu d'importantes conséquences pour la Tchécoslovaquie, et n'ont pas empêché l'éclatement de la Seconde Guerre mondiale.

Résumé des accords de Munich - Le 30 septembre 1938, l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni signent les accords de Munich. Adolf Hitler souhaite annexer la région des Sudètes, en Tchécoslovaquie, où vivent une majorité d'Allemands. Désirant éviter un conflit avec l'Allemagne, les puissances occidentales donnent leur accord à condition que la Tchécoslovaquie ne soit pas envahie. Ces accords ont de graves conséquences : ils valident la dislocation de la Tchécoslovaquie, et permettent la montée en puissance d'Hitler, ce qui mènera à la Seconde Guerre mondiale.

Pourquoi les accords de Munich ont-ils été signés ?

En 1938, la Tchécoslovaquie est un état récent, créé à la fin de la Première Guerre mondiale, en vertu du principe du "droit des peuples à disposer d'eux-mêmes". Ce droit, formulé par le président américain Woodrow Wilson, stipule en effet que chaque peuple doit pouvoir bénéficier d'un état spécifique et choisir la forme de son régime politique. Les frontières de la Tchécoslovaquie sont définies par les traités de Saint-Germain-en-Laye (1919) et de Trianon (1920). Bâtie sur les ruines de l'Empire austro-hongrois, la Tchécoslovaquie fait cohabiter différents peuples : Tchèques, Slovaques, Hongrois, Ruthènes, Polonais et Allemands. L'entente est fragile entre ces diverses ethnies. Alors que les Ruthènes et les Slovaques souhaitent plus d'autonomie, les Allemands habitant dans la région des Sudètes n'apprécient pas de faire partie de la Tchécoslovaquie. Avec l'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler en 1933, les Allemands des Sudètes souhaitent être rattachés au Troisième Reich. Hitler invoque alors le "droit des peuples à disposer d'eux-mêmes" pour rattacher la région des Sudètes à l'Allemagne. Cependant, cette annexion constituerait une déclaration de guerre envers la France et le Royaume-Uni, alliés de la Tchécoslovaquie. En 1938, Hitler propose aux dirigeants français et britanniques de venir le rencontrer à Munich pour trouver une issue à cette crise. Cette conférence mènera à la signature des accords de Munich.

Qu'est-ce que la crise des Sudètes ?

Les Sudètes se trouvent à l'ouest de la Tchécoslovaquie. C'est un territoire à majorité germanophone des régions de Bohême, de Moravie et de Silésie. Les Allemands y sont présents depuis le XIVe siècle. Après la Première Guerre mondiale, les Allemands des Sudètes se retrouvent contre leur gré en Tchécoslovaquie, nouvellement créée. Dans les années 1930, la montée du nazisme renforce le sentiment patriotique des Allemands des Sudètes. En 1933, Konrad Henlein crée le Front patriotique des Allemands des Sudètes, qui devient en 1935 le Parti allemand des Sudètes. Pro-nazi, ce parti réclame le rattachement des Sudètes à l'Allemagne. De son côté, Adolf Hitler poursuit ses objectifs pangermanistes, et ne cache pas son intention de rattacher les territoires germanophones voisins du Troisième Reich. Après l'annexion de l'Autriche par le Troisième Reich en mars 1938 (Anschluss), Hitler annonce qu'il annexera les Sudètes le 1er octobre. En réalité, il ambitionne d'envahir la Tchécoslovaquie. Pour la France et le Royaume-Uni, alors alliés de la Tchécoslovaquie, cela est considéré comme une provocation de guerre. Alors que la France mobilise ses troupes, Hitler invite les chefs d'Etat français et britannique à Munich pour trouver un accord et éviter la guerre.

Qui a signé les accords de Munich en 1938 ?

Daladier et Chamberlain
Edouard Daladier (gauche) et Neville Chamberlain (droite) © AP/SIPA (publiée le 12/09/2022)

Les accords de Munich ont été signés par :

  • Adolf Hitler, dirigeant du Troisième Reich,
  • Edouard Daladier, président du Conseil français
  • Neville Chamberlain, Premier ministre du Royaume-Uni
  • Benito Mussolini, dirigeant de l'Italie fasciste, est également présent en tant qu'intermédiaire. Il est accompagné de son gendre, Galeazzo Ciano, ministre italien des Affaires étrangères.

Bien que les accords concernent l'avenir de la Tchécoslovaquie, le président tchécoslovaque, Edvard Benes, n'est pas invité à la conférence. Pour sa part, l'Union soviétique se prépare à intervenir militairement pour aider la Tchécoslovaquie, à condition que la France fasse de même. Néanmoins, la Pologne et la Roumanie refusent de laisser transiter les troupes soviétiques sur leurs territoires. Par ailleurs, la présence des Soviétiques à la conférence n'est pas souhaitée par la France et le Royaume-Uni, qui craignent de vexer Hitler. Le ministre des Affaires étrangères soviétique dénonce une "capitulation" devant le Führer.

Comment s'est déroulée la signature des accords de Munich ?

La conférence de Munich a lieu le 29 septembre 1938. Elle se tient à Munich, dans le Führerbau, ou "Bâtiment du Führer", un édifice où Adolf Hitler organise ses représentations. La rencontre est proposée par Benito Mussolini à Adolf Hitler. Si le Führer est prêt à entrer en guerre, ce n'est pas le cas de son allié italien. Par cette conférence, Mussolini espère éviter un conflit européen. De leur côté, la France et le Royaume-Uni ne souhaitent pas non plus entrer en guerre contre l'Allemagne. Hitler leur assure qu'après l'annexion des Sudètes, il ne revendiquera plus aucun autre territoire et que la paix sera garantie en Europe. Les accords de Munich sont signés le 30 septembre à 1 h 30 du matin. L'Allemagne obtient le droit d'annexer la région des Sudètes à condition de ne pas envahir le reste de la Tchécoslovaquie. Les accords donnent un sursis à la France et au Royaume-Uni, qui savent qu'un conflit avec l'Allemagne est inéluctable.

Accords de Munich
Chamberlain, Daladier, Hitler et Mussolini aux accords de Munich. © MARY EVANS/SIPA (publiée le 12/09/2022)

Comment la Tchécoslovaquie a-t-elle été démantelée ?

Carte de la Tchécoslovaquie après les accords de Munich.
Carte de la Tchécoslovaquie après les accords de Munich. © AP/SIPA (publiée le 12/09/2022)

Les accords de Munich marquent le début du démantèlement de la Tchécoslovaquie. Dès le 30 septembre 1938, les troupes allemandes occupent les Sudètes, ce qui entraîne le départ de 150 000 à 250 000 habitants tchèques. La Tchécoslovaquie perd près de 5 millions d'habitants, d'importantes fortifications, mais aussi la plus grande partie de son industrie d'armement. Au lendemain des accords, la Pologne en profite pour occuper la région de la Zaolzie, peuplée majoritairement de Polonais. En novembre 1938, la Hongrie fait de même avec le sud de la Slovaquie, peuplé principalement de Hongrois. Le 15 mars 1939, alors que l'Allemagne envahit le reste de la Tchécoslovaquie, la Hongrie annexe la Ruthénie. En mars 1939, le Troisième Reich occupe toute la Tchécoslovaquie et met en place le Protectorat de Bohême-Moravie, ainsi que la République slovaque.

Quelles sont les conséquences des accords de Munich ?

Journal anglais au lendemain des accords de Munich
Une d'un journal anglais au lendemain des accords de Munich montrant Neville Chamberlain. © MARY EVANS/SIPA (publiée le 12/09/2022)

Parallèlement aux accords de Munich, Neville Chamberlain a négocié avec Adolf Hitler pour que les futurs différends entre le Royaume-Uni et l'Allemagne soient résolus de manière pacifique. A son retour, il est accueilli en héros et surnommé "the peacemaker". Edouard Daladier, pour sa part, craint d'être critiqué pour avoir cédé aux exigences d'Hitler. Au contraire, l'opinion publique, trop contente d'être passée à côté de la guerre, le félicite d'avoir "sauvé la paix" et l'acclame à son retour en France. Staline, dirigeant de l'Union soviétique, est très mécontent des accords de Munich. Selon lui, la France n'a pas respecté le traité franco-soviétique d'assistance mutuelle, et a livré la Tchécoslovaquie à l'Allemagne nazie. Il craint que les Alliés ne signent d'autres accords avec l'Allemagne pour se partager l'URSS. Par conséquent, Staline se rapproche de Hitler et signe le pacte germano-soviétique en août 1939. Abandonnée par les puissances occidentales, la Tchécoslovaquie est envahie par les troupes allemandes en mars 1939, tout comme la Pologne en septembre 1939 : évènement qui marque le début de la Seconde Guerre mondiale. L'Allemagne instaure le Protectorat de Bohême-Moravie le 21 mars 1939. Sous l'influence d'Hitler, la Slovaquie déclare son indépendance le 14 mars. La République slovaque, dirigée par Jozef Tiso, est en réalité un état vassal du Troisième Reich. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, la Tchécoslovaquie est intégrée au bloc communiste. Peu après la chute de l'URSS, le pays disparaît pour donner naissance à la République tchèque et à la Slovaquie.

Les dates clés des accords de Munich

28 octobre 1918 - Proclamation de la première République tchécoslovaque
La première république tchécoslovaque a été promulguée le 28 octobre lors de sa proclamation d'indépendance. La Tchécoslovaquie est créée à la fin de la Première Guerre mondiale, à partir de la division de l'Autriche-Hongrie, après la signature du traité de Saint-Germain-en-Laye. Son premier président sera le tchèque Tomáš Masaryk. Sa diversité ethnique créera de nombreux conflits nationalistes dès son premier mois d'existence. La Tchécoslovaquie sera ensuite annexée en 1938 par les Allemands.
15 septembre 1938 - Début de la crise des Sudètes
Après l'annexion de l'Autriche, Hitler prépare celle de la Tchécoslovaquie. Officiellement, il invoque le "droit des peuples à disposer d'eux-mêmes" pour libérer les Allemands des Sudètes de "l'oppression" tchèque. En réponse à une possible invasion allemande, la Tchécoslovaquie mobilise ses troupes. Pour apaiser les tensions, le Premier ministre britannique Neville Chamberlain s'entretient avec Hitler le 15 septembre 1938. Le Führer lui assure qu'il a l'intention, non pas de détruire la Tchécoslovaquie, mais seulement de libérer les Allemands des Sudètes. Le 24 septembre, Chamberlain retourne en Allemagne pour poursuivre les négociations. Cette fois, Hitler exige la dissolution de la Tchécoslovaquie en raison de la récente répression tchèque contre les Allemands des Sudètes.
30 septembre 1938 - Signature du traité de Munich
A 1 h 30 du matin, Adolf Hitler, Neville Chamberlain et Edouard Daladier signent les accords de Munich. La France et le Royaume-Uni cèdent aux exigences d'Hitler afin d'éviter un conflit. Ils autorisent ainsi l'Allemagne à annexer la région des Sudètes. Chamberlain et Daladier sont acclamés à leur retour dans leur pays pour avoir "sauvé la paix". Pour les Tchèques, la signature du traité de Munich est une trahison de la part des Français et des Britanniques.
5 octobre 1938 - Démission du président tchécoslovaque Edvard Benes
Président de la Tchécoslovaquie depuis 1935, Edvard Benes n'est pas invité à la conférence de Munich, où se joue l'avenir de son pays. Pour le forcer à accepter les accords, la France et le Royaume-Uni le menacent de rester neutres dans le cas d'une guerre entre l'Allemagne et la Tchécoslovaquie. Edvard Benes démissionne le 5 octobre 1938 et s'exile aux Etats-Unis puis au Royaume-Uni où il fonde le gouvernement tchécoslovaque en exil.
15 mars 1939 - L'Allemagne occupe la Bohême-Moravie
Le 15 mars 1939, la Wehrmacht envahit la Bohême-Moravie, à l'ouest de la Tchécoslovaquie. Craignant Hitler, le président tchécoslovaque Emil Hácha ne donne pas l'ordre à l'armée d'empêcher l'invasion. Le lendemain, l'Allemagne met en place le Protectorat de Bohême-Moravie. Si Emil Hácha conserve ses fonctions de président, le Protectorat est en réalité dirigé par le nazi Konstantin von Neurath. Durant les premiers mois de l'occupation, la répression se met en marche avec l'arrestation massive des opposants politiques et la persécution des juifs et des Roms.

Seconde Guerre mondiale