Ligne de démarcation : carte de la France occupée de 1940

Ligne de démarcation : carte de la France occupée de 1940 Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la France est "coupée en deux" par la ligne de démarcation. La zone occupée par le Troisième Reich est séparée de la zone libre, gérée par le régime de Vichy.

Définition de la ligne de démarcation - Le 10 mai 1940, la Wehrmacht se lance dans la bataille de France. Appuyée par la Luftwaffe, l'armée allemande mène une guerre éclair (Blitzkrieg) et prend à revers les forces alliées. Le 22 juin 1940, en pleine déroute, le gouvernement de Philippe Pétain est contraint de signer l'armistice avec l'Allemagne. A la suite de cette ratification, la France est coupée en deux par la ligne de démarcation. Au nord, la zone occupée passe sous le contrôle du Troisième Reich. Au sud, la zone libre reste sous l'autorité du nouveau gouvernement français : le régime de Vichy. Ce dernier va collaborer étroitement avec l'occupant allemand durant toute la Seconde Guerre mondiale.

Pourquoi la ligne de démarcation a-t-elle été créée ?

L'invasion de la Pologne par l'Allemagne nazie, le 3 septembre 1939, marque le début de la Seconde Guerre mondiale. Le 10 mai 1940, la Wehrmacht (armée allemande) se lance dans la bataille de France. Plusieurs dizaines de divisions blindées entreprennent la traversée des Ardennes, alors jugées impénétrables par les différents états-majors. Elles contournent ainsi aisément la ligne Maginot, et réalisent la percée de Sedan. Avec l'appui de la Luftwaffe, l'armée allemande mène une guerre éclair (blitzkrieg) et prend les Alliés de vitesse. Le corps expéditionnaire britannique se retrouve complètement encerclé à Dunkerque, et est forcé de se replier en Angleterre. Face à cette déroute, le gouvernement de la Troisième République demande à l'Allemagne un armistice, qui est signé le 22 juin 1940. La France est alors coupée en deux par la ligne de démarcation. Au nord de celle-ci, une zone est occupée sous l'autorité du Troisième Reich. Au sud, une zone libre est administrée par le gouvernement de Vichy dirigé par le maréchal Pétain. Ce partage du territoire français marque le début de l'occupation allemande.

Quand la ligne de démarcation a-t-elle été mise en place ?

La ligne de démarcation est mise en place par l'armistice du 22 juin 1940 entre la France et l'Allemagne. Par cet accord, ratifié par les généraux Huntziger et Keitel, le territoire métropolitain est morcelé. Une frontière intérieure sépare désormais la zone occupée, au nord, de la zone libre, au sud. Les départements du Nord et du Pas-de-Calais passent quant à eux sous l'autorité de l'administration militaire du Troisième Reich de Bruxelles. Le 24 juin 1940, la France et l'Italie signent à leur tour un armistice. Pour ne pas froisser son allié, Hitler concède à Mussolini une zone d'occupation dans le Sud-Est. Très étroite, celle-ci s'étend autour de Nice, Menton et Grenoble. Après la ratification de ce second accord, la ligne de démarcation entre en vigueur le 25 juin 1940. En réponse, Churchill envoie la Royal Navy couler la flotte française stationnée à Mers el-Kébir en Algérie. A l'automne, l'Alsace et une partie de la Lorraine sont annexées par l'Allemagne, tout comme le Grand-Duché de Luxembourg ou certains cantons belges.

Quel est le tracé de la ligne de démarcation ?

Carte de la ligne de démarcation
Carte de la ligne de démarcation © lara2016-123RF

La ligne de démarcation s'étend sur près de 1 200 km, de la frontière suisse jusqu'aux Pyrénées. Elle traverse ainsi treize départements dont le Jura, la Saône-et-Loire, l'Allier, le Loir-et-Cher, l'Indre-et-Loire, la Charente, la Dordogne ou les Pyrénées-Atlantiques. Toutefois, son tracé exact ne devient définitif qu'à la fin de l'année 1941. Entre 23 et 29 millions de Français vivent dans les 55 départements contrôlés, complètement ou partiellement, par l'armée allemande. Sur certaines cartes officielles de l'époque, la frontière est représentée par un trait vert. C'est pourquoi on y fait parfois référence sous le nom de "grüne Linie" ou "ligne verte". Cette appellation fait écho au traité de Versailles de 1919 sur lequel les territoires allemands occupés étaient délimités par un trait vert… De plus, le tracé donne lieu à des situations parfois étonnantes. C'est par exemple le cas en Indre-et-Loire, où la ligne de démarcation traverse le château de Chenonceau et le coupe en deux. Voici un aperçu de la carte détaillée de la ligne de démarcation accessible sur le site de la BNF :

Quel est le but de la ligne de démarcation ?

Entrevue de Montoire
Poignée de main entre Pétain et Hitler, à Montoire le 24 octobre 1940, marquant le début de la collaboration. © AP/SIPA (publiée le 12/09/2022)

Pour Hitler, le but premier de la ligne de démarcation est de contrôler le pays. Une grande partie du blé, de l'acier ou encore du charbon français est produite en zone occupée. En se l'appropriant, les nazis s'assurent de la docilité et de la dépendance de la zone libre. Cette frontière intérieure permet également de restreindre et surveiller les allées et venues de la population. En outre, le passage d'une zone à l'autre est soumis à la possession d'un laissez-passer remis par l'occupant. Si le gouvernement de Vichy exerce sa souveraineté sur l'ensemble du territoire, l'armistice accorde aux autorités allemandes d'importants pouvoirs dans les régions occupées. Rapidement, l'administration de Pétain sert d'auxiliaire au Troisième Reich, notamment dans sa politique antisémite. Ainsi, les premières mesures anti-juives apparaissent en zone occupée dès 1940. En zone libre aussi, la police et la gendarmerie vont remettre les juifs étrangers aux Allemands. Au printemps 1942, la traque des juifs s'intensifie avec la collaboration du régime de Vichy, et donne lieu aux premières rafles

Quand la ligne de démarcation disparaît-elle ?

Le 11 novembre 1942, Hitler déclenche l'opération "Anton" en réponse au débarquement allié au Maroc et en Algérie le 8 novembre. L'armée allemande franchit alors la ligne de démarcation et pénètre en zone libre. Simultanément, dans le Sud, les forces italiennes prennent possession de la Corse et des territoires à l'est du Rhône. Des divisions blindées se dirigent vers la côte méditerranéenne avec pour objectif de sécuriser la flotte française amarrée à Toulon. Cependant, au matin du 27 novembre, l'amiral Jean de Laborde ordonne le sabordage de ses navires. Le gouvernement du maréchal Pétain et de Pierre Laval est immédiatement placé sous le contrôle direct de l'occupant. Il perd ainsi sa relative indépendance, et son armée est dissoute. La zone occupée s'étend à présent sur toute la France métropolitaine. A la zone d'occupation initiale, dite "zone nord", s'ajoute désormais l'ensemble de la zone libre rebaptisée "zone sud". La ligne de démarcation est définitivement supprimée le 1er mars 1943, mais quatorze points de contrôle subsistent sur l'ancien tracé.

Quand la France est-elle libérée ?

Après le succès de l'opération "Torch" en Afrique du Nord, les Alliés ouvrent un deuxième front à l'ouest. A l'été 1943, tandis qu'ils débarquent en Sicile, Mussolini est renversé. Le 3 septembre, le royaume d'Italie capitule et signe l'armistice de Cassibile. A l'automne 1943, les troupes italiennes se retirent de leur zone d'occupation en France. Les troupes alliées continuent d'avancer et la Corse devient le premier département de France métropolitaine à se libérer. Le 6 juin 1944, pendant que les Soviétiques progressent sur le front est, les Alliés débarquent en Normandie. Le 15 août, ils entament un débarquement en Provence, et libèrent rapidement les territoires anciennement occupés par l'Italie fasciste. Une grande partie de l'Hexagone est reconquise au cours de l'été 1944, forçant les divisions allemandes à se replier vers l'est. A l'hiver, elles lancent une contre-offensive majeure donnant lieu à la bataille des Ardennes. De plus, de nombreuses poches allemandes résistent jusqu'au bout. Le 8 mai 1945, la capitulation sans condition de l'Allemagne nazie est signée. La France est de nouveau libre.

Les dates clés de la ligne de démarcation

22 juin 1940 — La France signe l'armistice
Débutée le 10 mai 1940, la bataille de France tourne rapidement à la déroute pour les Alliés. Le 22 juin, le gouvernement du maréchal Pétain se résout à signer l'armistice avec le Troisième Reich. Pour Hitler, c'est l'occasion parfaite pour laver l'humiliation de la Première Guerre mondiale. Ainsi, les généraux Huntziger et Keitel ratifient la cessation des hostilités dans le wagon utilisé lors de l'armistice de 1918. La France se retrouve coupée en deux par une ligne de démarcation, et une grande partie de ses départements est désormais occupée.
2 juillet 1940 — Le gouvernement Pétain s'installe à Vichy
Après la signature de l'armistice en forêt de Compiègne, le gouvernement Pétain s'installe à Vichy, en zone libre, le 2 juillet 1940. Le même jour, le général de Gaulle réitère son appel à la résistance et exhorte à continuer le combat jusqu'à la libération. Le 10 juillet, le régime de Vichy se substitue à la Troisième République et va administrer le pays durant toute l'occupation allemande. La devise de la France est remplacée par "Travail, Famille, Patrie", traduisant la nature réactionnaire et nationaliste du nouveau pouvoir en place.
22 juin 1940 — La France signe l'armistice
Débutée le 10 mai 1940, la bataille de France tourne rapidement à la déroute pour les Alliés. Le 22 juin, le gouvernement du maréchal Pétain se résout à signer l'armistice avec le Troisième Reich. Pour Hitler, c'est l'occasion parfaite pour laver l'humiliation de la Première Guerre mondiale. Ainsi, les généraux Huntziger et Keitel ratifient la cessation des hostilités dans le wagon utilisé lors de l'armistice de 1918. La France se retrouve coupée en deux par une ligne de démarcation, et une grande partie de ses départements est désormais occupée.
2 juillet 1940 — Le gouvernement Pétain s'installe à Vichy
Après la signature de l'armistice en forêt de Compiègne, le gouvernement Pétain s'installe à Vichy, en zone libre, le 2 juillet 1940. Le même jour, le général de Gaulle réitère son appel à la résistance et exhorte à continuer le combat jusqu'à la libération. Le 10 juillet, le régime de Vichy se substitue à la Troisième République et va administrer le pays durant toute l'occupation allemande. La devise de la France est remplacée par "Travail, Famille, Patrie", traduisant la nature réactionnaire et nationaliste du nouveau pouvoir en place.
27 novembre 1940 — Annexion de l'Alsace-Lorraine par l'Allemagne nazie
A l'automne 1940, le régime nazi viole les conditions de l'armistice du 22 juin et annexe l'Alsace et la Lorraine. A la suite de cette décision unilatérale, la région est rattachée de facto à l'Allemagne au mépris du droit international. Cette initiative concrétise la volonté du Troisième Reich de regrouper tous les territoires de langue allemande au sein d'un même Etat. L'usage de la langue française y est interdit, tandis que les prénoms et patronymes sont systématiquement germanisés. De nombreux habitants sont expulsés, et ceux qui restent sont dorénavant considérés comme des citoyens allemands…
8 novembre 1942 — Débarquement allié en Afrique du Nord
Désireux d'ouvrir un second front en Europe pour soulager Staline sur le front est, les Alliés déclenchent l'opération "Torch". Le 8 novembre 1942, 60 000 hommes débarquent en Algérie et au Maroc, alors sous l'autorité du régime de Vichy. S'ensuivent rapidement la prise d'Alger et le début de la campagne de Tunisie contre l'Afrika Korps de Rommel et l'armée italienne. L'opération "Torch" marque un tournant sur le front occidental de la Seconde Guerre mondiale. Avec cette tête de pont en Afrique, les Alliés peuvent préparer le débarquement en Sicile et la campagne d'Italie de 1943.
11 novembre 1942 — Entrée de l'Allemagne en zone libre
En représailles au débarquement allié en Afrique du Nord, Hitler lance l'opération "Anton" le 11 novembre 1942. La Wehrmacht traverse ainsi la ligne de démarcation et envahit la zone libre qui prend le nom de "zone sud". Les troupes italiennes entrent également en France, étendant leur zone d'occupation et prenant possession de la Corse. L'objectif prioritaire des forces de l'Axe est de mettre la main sur la flotte française stationnée à Toulon. Après le sabordage des navires, le gouvernement de Vichy est placé sous le contrôle direct de l'occupant. La métropole française est à présent entièrement sous le joug du Troisième Reich.
1er mars 1943 — Disparition de la ligne de démarcation
Après l'invasion de la zone libre par les divisions allemandes, la ligne de démarcation est définitivement supprimée le 1er mars 1943. Les laissez-passer sont eux aussi abrogés, mais plusieurs points de contrôle subsistent sur le tracé. Toutefois, face à la menace des résistants, les contrôles d'identité inopinés sont renforcés. La suppression de la frontière s'accompagne du rétablissement des relations postales entre les zones "nord" et "sud". L'administration du Troisième Reich conserve néanmoins la maîtrise de la délivrance des sauf-conduits indispensables pour traverser la France.
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