Troisième République : une longue démocratie parlementaire

Troisième République : une longue démocratie parlementaire Mise en place en France en 1870, la Troisième République s'achève en 1940 avec l'éclatement de la guerre et l'arrivée du Maréchal Pétain au pouvoir. Résumé.

Résumé de la Troisième République - La Troisième République a été instaurée le 4 septembre 1870, au lendemain de la défaite de la France, alors dirigée par Napoléon III, face aux armées prussiennes. Contrairement à la Première (1792-1804) et à la Deuxième (1848-1852), cette Troisième République est parvenue à s'inscrire dans la durée, se maintenant durant 70 ans. De 1870 à 1940, de nombreux présidents se sont succédés, comme Poincaré ou Carnot. Pendant ces longues années, les Français font face à de nouvelles lois et moult réformes. C'est la Seconde Guerre mondiale qui met brutalement un terme à la Troisième République en 1940.         

À quoi correspond la proclamation de la Troisième République ?

La Troisième République est née dans la tourmente. La France est alors placée sous le régime du Second Empire et le règne de l'empereur Napoléon III. Une guerre éclate entre la France et la Prusse, dirigée par le roi Guillaume 1er (qui deviendra lui aussi empereur en 1871). Cette guerre se solde par la défaite française lors de la bataille de Sedan, en 1870, qui conduit à la capture de Napoléon III. La France se retrouve alors sans chef d'État et très divisée politiquement entre les monarchistes, les républicains et les socialistes. C'est dans ce chaos que va naître la Troisième République, le 4 septembre 1870. Alors que des émeutiers envahissent le Palais Bourbon, des députés, menés notamment par Léon Gambetta, proclament la naissance de cette nouvelle République au sein des salons de l'hôtel de ville de Paris. Ce changement de régime implique un retour au premier plan des deux chambres parlementaires, le Sénat et l'Assemblée nationale.

Comment se décompose la Constitution de la IIIe République ?

La Constitution de la Troisième République se décompose en trois lois principales, qui ont donné lieu à la publication de 34 articles, nombre abaissé à 25 au cours des années et de plusieurs révisions constitutionnelles. La première loi, dite Constitution Rivet, a été votée le 31 août 1871. Elle permet la nomination d'un président de la République dont le pouvoir est lié à l'Assemblée nationale, ce qui est une manière de réduire le pouvoir du président. La deuxième loi, la Constitution de Broglie, est votée le 13 mars 1873 et accroît encore le pouvoir de l'assemblée par rapport au président. Enfin la troisième loi, votée le 20 novembre 1873, met en place le septennat, c'est-à-dire un président élu pour un mandat de 7 ans.

Pourquoi la Troisième République est-elle un régime parlementaire ?

Comme on peut le voir avec les différents votes de la Constitution, la Troisième République est fondamentalement un régime parlementaire. Le pouvoir se partage essentiellement entre les deux chambres de l'exécutif que sont le Sénat et l'Assemblée nationale. Si le président a du pouvoir et peut impulser des réformes, il peut également être désavoué par les parlementaires et doit donc se plier à la majorité des votes. Les élections, notamment celle des députés, prennent donc une grande importance dans la vie du pays et incitent les Français à participer à la vie politique à l'échelle nationale et à s'y intéresser. 

Qui sont les présidents de la Troisième République ?

Pas moins de 14 présidents se sont succédés au pouvoir au cours de la Troisième République. Le premier a été Adolphe Thiers (1871-1873), et c'est en partie pour ne pas lui laisser les pleins pouvoirs que la Troisième République a souhaité renforcer les prérogatives du parlement. Patrice de Mac Mahon lui a succédé (1873-1879). La présidence a ensuite été occupée successivement par Jules Grévy (1879-1887), Sadi Carnot (1887-1894), Casimir Perier (1894-1895), Félix Faure (1895-1899), Émile Loubet (1899-1906), Armand Fallières (1906-1913), Raymond Poincaré (1913-1920), Paul Deschanel (18/02/1920-21/09/1920), Alexandre Millerand (1920-1924), Gaston Doumergue (1924-1931), Paul Doumer (1931-1932), Albert Lebrun (1932-1940).   

À quoi ressemble l'école sous la Troisième république ?

La Troisième République a été marquée par de nombreuses réformes, notamment sociales. Elle a aussi vu, en 1905, la promulgation de la loi séparant les pouvoirs de l'église et de l'État, un événement majeur. Mais c'est peut-être bien sur le plan de l'école que cette Troisième République a le plus marqué les esprits. Désireuse d'instaurer un vrai régime républicain fondé sur les valeurs de la devise "Liberté, Égalité, Fraternité", l'Assemblée nationale a voté les lois Jules Ferry au début des années 1880. De quoi instaurer l'école obligatoire, laïque et gratuite pour tous. Un programme commun a ainsi vu le jour dans la France entière, et littéralement révolutionné le système éducatif français, même si la mixité n'était pas encore de mise et que garçons et filles étaient séparés.

Comment la IIIe République disparaît-elle ?

La Troisième République est née d'une cuisante défaite militaire, et c'est de la même façon qu'elle s'est achevée. Alors que durant 70 ans, ce système a fonctionné, il n'a en effet pas pu résister au désastre de la Seconde Guerre mondiale. En 1939, la France déclare la guerre à l'Allemagne suite à l'invasion par celle-ci de la Pologne. Une déclaration de guerre qui sera suivie d'une terrible et humiliante défaite. Les armées allemandes envahissent la France, et, le 10 septembre 1940, le maréchal Pétain, devenu le dirigeant officiel du pays, met un terme à cette Troisième République qui a marqué l'histoire. Il faudra attendre 1946 pour que la Quatrième République voie le jour. 

Les dates clés de la Troisième République

4 septembre 1870 - Naissance de la IIIe République
Suite à la bataille de Sedan du 1er septembre 1870 et à la défaite de l’empereur Napoléon III, la France se retrouve sans dirigeant, celui-ci ayant été capturé par les Prussiens. Monarchistes, républicains et socialistes finissent par proclamer la création d’une nouvelle République, la troisième, le 4 septembre 1870 au sein de l’hôtel de ville de Paris.
19 septembre 1870 : Paris est assiégée par les Prussiens
La défaite de Sedan n’a pas mis fin à la guerre ; et à partir du 17 septembre 1870, l’armée prussienne encercle Paris. C’est le début d’un siège au cours duquel les assaillants bombardent la capitale française tandis que les forces françaises tentent plusieurs percées sans briser l’étau.
28 janvier 1871 : Paris capitule
Après quasiment quatre mois et demi de siège depuis le 17 septembre 1870, le gouvernement de la Troisième République basé à Paris doit se rendre à l'évidence et reconnaître sa défaite. C'est ainsi qu'il capitule face à l’empereur Guillaume 1er.
17 février 1871 : Adolphe Thiers prend la tête du gouvernement
Le 17 février 1871 constitue une date marquante pour la Troisième République puisque c’est ce jour-là qu’est élu son premier président en la personne d’Adolphe Thiers. Entre partisans de la poursuite de la guerre et ceux désirant la paix ce sont ces derniers qui ont le dernier mot. Les députés, majoritairement royalistes, font donc d’Adolphe Thiers leur président.
10 mars 1871 : L'Assemblée nationale s'installe à Versailles
En raison de troubles dans la capitale française, les députés de l’Assemblée nationale décident de siéger à Versailles, non loin de Paris, renouant ainsi avec une tradition datant de 1789 et la Révolution française.
18 mars 1871 - Début de la Commune
En ce mois de mars 1871, le peuple de Paris se soulève. La protestation porte aussi bien sur la majorité monarchiste de l’Assemblée nationale que sur la défaite face à la Prusse. Des émeutes éclatent dans tout Paris. C'est période est alors surnommée la "Commune de Paris".
28 mai 1871 - La Commune de Paris écrasée dans le sang
Du 21 au 28 mai 1871 la capitale parisienne vit la "semaine sanglante". La Commune, mouvement insurrectionnel mis en place en mars 1871, est réprimée dans le sang par le pouvoir en place. Les combats font rage et l’on estime à environ 30 000 le nombre de tués.
24 mai 1873 - Thiers part, Mac Mahon arrive
Républicain conservateur, le premier président de la Troisième République Adolphe Thiers ne tarde pas à se heurter aux monarchistes alors majoritaires à l’assemblée. Il est alors contraint à la démission et voit le maréchal de Mac Mahon lui succéder à la tête du pouvoir.
30 janvier 1875 - La France tourne définitivement le dos à la monarchie
Par 353 voix contre 352, l'Assemblée nationale adopte l'amendement Wallon. Le texte stipule que "le président de la République est élu à la majorité absolue des suffrages par le Sénat et par la Chambre des députés réunis en Assemblée nationale. Il est nommé pour sept ans; il est rééligible." Pour la première fois, une loi à caractère durable est votée par le régime républicain. L'amendement Wallon entérine ainsi la fondation de la IIIe République.
14 février 1879 - La Marseillaise, hymne national
Chant patriotique emblématique de la Révolution française, "La Marseillaise" devient l’hymne national de la France. Une façon pour les républicains de prendre l’ascendant sur les monarchistes.
6 juillet 1880 - Le 14 juillet déclaré fête nationale
Toujours dans un souci d’imposer un peu plus la République et d’écarter les monarchistes, le 14 juillet est décrété fête nationale le 6 juillet 1880 grâce à la loi Raspail.
15 octobre 1894 - Arrestation du capitaine Dreyfus
Accusé d’espionnage au profit de l’Allemagne, le capitaine Alfred Dreyfus est alors arrêté le 15 octobre 1894 pour trahison. Le capitaine Dreyfus aurait en effet fourni aux Allemands différents documents considérés comme secrets.
22 décembre 1894 - Dreyfus coupable
Le capitaine Dreyfus est jugé coupable et condamné pour trahison avec l'Allemagne au terme d’un procès qui laisse une large part à l’antisémitisme. Il est déporté au bagne de l’Île du Diable, une île française située dans l'Atlantique.
19 septembre 1899 - Dreyfus grâcié
5 ans après, le président de la République gracie Alfred Dreyfus le 19 septembre 1899 mais son innocence n’est pas reconnue pour autant. Il est officiellement libéré 2 jours après, le 21 septembre 1899.
7 juillet 1904 - Les congrégations religieuses interdites d'enseigner
Ce jour-là marque un tournant dans l’histoire de France. Les congrégations religieuses n’ont plus le droit d’enseigner. Une volonté laïque du gouvernement Émile Combes qui conduira en 1905 à la séparation des pouvoirs de l’Église et de l’État français.
4 novembre 1904 - L'Affaire des fiches éclate au grand jour
L’Affaire des fiches est un véritable scandale qui ébranle la République. Le général André, franc-maçon et ministre de la guerre, est accusé d’avoir mis en place un système de fichiers sur plus de 18 000 officiers afin d’établir leurs opinions politiques. Un moyen de favoriser l’avancement de certains et de bloquer celui des autres sans prendre en compte leurs compétences.
9 décembre 1905 - Séparation de l'Eglise et de l'Etat
Après 9 mois de débat houleux, la loi sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat est votée par le Sénat à 179 voix contre 103. Le président de la République, Emile Loubet, proclame la nouvelle loi et le Journal Officiel la publiera dès le lendemain. Les biens d'Eglise seront répertoriés et distribuer à des associations cultuelles. Cette séparation entre les institutions visait principalement à combattre l'influence de l'Église catholique sur le vote des français et la vie politique de la nation. Vivement encouragés par le Pape Pie X, les catholiques de France la condamnent violemment.
12 juillet 1906 - Réhabilitation du capitaine Dreyfus
Après des années de combat et grâce au soutien de nombreuses personnalités politiques comme Jean Jaurès ou littéraires comme Émile Zola, le capitaine Alfred Dreyfus est finalement réhabilité. Il sera même médaillé de la Légion d’honneur le 20 juillet 1906 et promu lieutenant-colonel en 1918.
31 juillet 1914 - Assassinat de Jean Jaurès
Leader du mouvement socialiste (SFIO), Jean Jaurès est une personnalité politique de premier plan, parfois détesté à cause de son pacifisme. En ce mois de juillet 1914, il tente par tous les moyens d’éviter que la Première Guerre mondiale n’éclate. C’est alors qu’il est abattu par un militant nationaliste, Raoul Villain.
12 janvier 1922 - Démission d'Aristide Briand
Alors qu’il est président du Conseil, Aristide Briand souhaite ardemment mener une politique de réconciliation entre la France et l’Allemagne. Un avis qui n’est pas partagé par bon nombre de ministres mais aussi par le président Alexandre Millerand, ce qui le pousse à démissionner le 12 janvier 1922.
4 janvier 1930 - Adoption de la loi Maginot
Présentée en décembre 1929 par le ministre de la Guerre André Maginot, la loi décidant la construction d'une ligne de fortifications allant des bords de la Méditerranée jusqu'à la frontière belge est votée. Après avoir débloqué un crédit de 3,3 milliards de francs la "ligne Maginot" sera achevée 5 ans plus tard. La ligne fortifiée s'étendra sur les frontières orientales de la France sauf sur le massif des Ardennes jugé par les autorités militaires infranchissable.
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