Massacre de Sabra et Chatila : résumé et nombre de morts

Massacre de Sabra et Chatila : résumé et nombre de morts En septembre 1982, les tueurs des milices chrétiennes des phalangistes commettent le massacre de Sabra et Chatila. Le nombre de morts estimé varie entre 460 et 3 500 victimes.

Résumé du massacre de Sabra et Chatila - Dans un contexte particulier de guerre civile libanaise et d’intervention d’Israël sur le territoire libanais, les tueurs des Phalanges libanaises se rendent responsables du massacre de civils palestiniens. Le massacre de Sabra et Chatila, du nom du lieu où se sont déroulés ces événements, se produit du 16 au 18 septembre 1982 à Beyrouth. Il marque les esprits par son horreur et par sa violence. Rapidement condamné par la communauté internationale, le massacre laisse entrevoir la responsabilité de plusieurs acteurs importants. Au-delà du bilan humain avec un nombre de morts élevé, le massacre de Sabra et Chatila a des conséquences importantes au Liban et en Israël. Qualifié de "génocide" par les Nations unies, il alimente par un nouvel épisode sanglant la guerre que se livrent les chrétiens et les musulmans depuis de nombreuses années.

Quel est le contexte du massacre de Sabra et Chatila ?

Le massacre de Sabra et Chatila se déroule du 16 au 18 septembre 1982 dans le quartier de Sabra (sud de la ville de Beyrouth) et dans le camp de réfugiés de Chatila, également situé à Beyrouth. Sur ordre de l’homme politique libanais Elie Hobeika, les milices chrétiennes des phalangistes commettent ce massacre contre les civils palestiniens. On estime à entre 300 et 400 le nombre de miliciens qui prennent alors part à ce massacre.

Quelles sont les causes du massacre de Sabra et Chatila ?

Phalangistes
Milices chrétiennes des phalangistes. © Maz Nash/AP/SIPA (publiée le 19/10/2022)

Le massacre de Sabra et Chatila s’inscrit dans un contexte de guerre civile libanaise et d’intervention israélienne au Liban. Dès le milieu des années 70, le Liban doit composer avec une guerre civile qui voit s’affronter de nombreuses factions armées avec, souvent, une extrême violence. Dans le sud du Liban, les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et de Chatila, mis en place à la fin de la Première Guerre israélo-arabe (fondation de l’Etat d’Israël), voient affluer de nouveaux Palestiniens qui fuient les combats. Sur place, l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine) établit sa base au Liban du Sud. A l’aube du printemps 1982, l’ambassadeur israélien Shlomo Argov subit une tentative d’assassinat. En représailles, Israël bombarde les bases de l’OLP, qui réplique par des tirs de roquette. Cette situation apporte la justification suffisante pour donner l’ordre à l’armée israélienne d’envahir le Liban du Sud. C’est l’opération "Paix en Galilée".

Comment s’est déroulé le massacre ?

Le 14 septembre 1982, Bachir Gemayel, tout juste élu président de la République du Liban, est victime d’un attentat à la bombe. En représailles, l’armée israélienne décide d’envahir Beyrouth Ouest. Dans la nuit qui suit, le chef d’état-major de l’armée israélienne, Rafaël Eitan, rejoint à son tour la ville de Beyrouth pour mobiliser les troupes des Phalanges et les inviter à participer à l’attaque. Le 15 au matin, les premiers combats éclatent. Le 16 septembre, les premières exactions se produisent avec l’arrivée des phalangistes dans le camp de Chatila. Ces derniers rencontrent alors une résistance armée. S’ensuit une situation chaotique où rapports, ordres et informations circulent entre généraux et hauts gradés pour décider de la suite à donner à l’événement.

Pendant ce temps, des Palestiniens décèdent, tués par les phalangistes, sans distinction de leur statut de civil ou de militant. Le 17 septembre, dès les premières heures de la matinée, plusieurs soldats assistent aux meurtres de civils à l’extérieur du camp de réfugiés palestiniens. Sous pression des Etats-Unis, les phalangistes sont invités à conclure leur opération et à évacuer le camp. Il faut toutefois attendre l’ordre du général israélien Yaron pour que le chef des phalangistes prenne la décision de retirer ses troupes. Au départ des milices chrétiennes, journalistes et professionnels d’associations comme la Croix-Rouge découvrent l’ampleur du massacre.

Quelles ont été les réactions internationales ?

A la découverte du massacre, la communauté internationale s’indigne, et condamne. Sans grande surprise, c’est du côté d’Israël que la réaction est la plus virulente. A l’appel des politiciens de gauche, près d’un demi-million de citoyens israéliens manifestent contre la politique du gouvernement. Cela représente environ 8 % de la population. Du côté des Nations unies, les événements sont unanimement qualifiés de "massacre à grande échelle" et "d’acte de génocide".

Quelles sont les conséquences du massacre de Sabra et Chatila ?

Ariel Sharon
Ariel Sharon, ministre de la Défense israélien au moment du massacre. © SIPA (publiée le 19/10/2022)

Le bilan humain du massacre de Sabra et Chatila est peu précis. La raison : le nombre de cadavres évacués du camp par les phalangistes demeure inconnu. Il oscille, selon les estimations, entre 460 et 3 500 victimes. Au-delà du bilan humain, le massacre de Sabra et Chatila a aussi des conséquences politiques. Une commission internationale indépendante, la commission McBride, met en cause la responsabilité d’Israël. Sans que des preuves irréfutables ne puissent être apportées, le pays, gouverné par Ariel Sharon, est accusé d’avoir autorisé les phalangistes à pénétrer à l’intérieur du camp et d'avoir collaboré à l’attaque en éclairant le camp par des fusées éclairantes.

Sous pression, le gouvernement israélien diligente à son tour une enquête chargée de faire la lumière sur les événements. C’est la commission d’enquête Kahane. Celle-ci conclut ses investigations en reconnaissant la culpabilité des milices chrétiennes, et la responsabilité, indirecte, d’Ariel Sharon. Du côté des autorités libanaises, les phalangistes et les forces libanaises sont rapidement exonérés de toute responsabilité. En 1991, le Parlement libanais vote une loi d’amnistie générale qui exempte, rétroactivement, l’ensemble des milices libanaises de toute responsabilité dans les massacres commis au Liban, parmi lesquels le massacre de Sabra et Chatila. En Belgique, une plainte est déposée par une vingtaine de rescapés à l’encontre d’Ariel Sharon. Ce dernier s’appuie d’abord sur son immunité, puis sur la loi de Compétence universelle, pour échapper au jugement de la part des instances judiciaires belges.

XXe siècle