Guerre de Bosnie : Sarajevo, Srebrenica, chronologie, résumé

Guerre de Bosnie : Sarajevo, Srebrenica, chronologie, résumé La guerre de Bosnie-Herzégovine, marquée notamment par le siège de Sarajevo, se déroule du 6 avril 1992 au 14 décembre 1995 et fait suite à l'éclatement de la Yougoslavie.

Résumé de la guerre de Bosnie - Le 6 avril 1992 commence la guerre de Bosnie-Herzégovine. Elle est la conséquence d'un référendum d'autodétermination. Les électeurs se sont prononcés à 99 % pour l'indépendance du pays qui fait encore partie de ce qu'il reste de la Yougoslavie, après les indépendances successives de la Slovénie et de la Croatie. Les nombreux Serbes qui habitent en Bosnie, près d'un tiers de la population, ont boycottés le vote. Ils s'opposaient à l'indépendance de la Bosnie annoncée le 3 mars 1992. Soutenus par la Serbie, ils vont prendre les armes et commencer un sanglant conflit, marqué par le siège de Sarajevo. La guerre de Bosnie-Herzégovine va durer plus de trois ans et faire plus de 100 000 victimes. De nombreux massacres sont commis contre les populations musulmanes. La communauté internationale dénonce rapidement des crimes contre l'humanité et un génocide. La guerre s'achève finalement le 14 décembre 1995, notamment grâce à l'intervention militaire de l'OTAN, et conduit à la partition de la Bosnie-Herzégovine en deux pays distincts : la Fédération de Bosnie-Herzégovine et la République serbe de Bosnie.

Quelles sont les causes de la guerre de Bosnie ?

La chute de l'URSS et la dissolution de la Yougoslavie au début des années 1990 ont ravivé les tensions entre les peuples des Balkans, les différentes communautés cherchant à préserver ou à étendre leur influence sur des territoires spécifiques. En juin 1991, la Croatie et la Slovénie sont les premières à proclamer leur indépendance. Du côté de la Bosnie-Herzégovine, les choses sont plus complexes, car la population compte environ un tiers de Serbes musulmans, près de 20 % de Croates catholiques et près de 45 % de Bosniaques musulmans. Le 29 février 1992, un référendum d'autodétermination est organisé et 99 % des électeurs votent pour l'indépendance de la Bosnie. Opposés à l'indépendance, les Serbes de Bosnie n'ont pas pris part au vote. L'indépendance de la Bosnie-Herzégovine est pourtant proclamée le 3 mars 1992 et le pays est reconnu par la communauté internationale. Les Serbes de Bosnie conservent l'idée d'une Grande Serbie, englobant des territoires considérés comme historiquement serbes en Bosnie et dans le reste de la Yougoslavie. Cela suscite des inquiétudes parmi les autres peuples qui craignaient de perdre leur autonomie et leurs droits.

Qui oppose la guerre de Bosnie-Herzégovine ? 

La guerre de Bosnie-Herzégovine va se révéler être un conflit particulièrement violent et meurtrier. Les Serbes de Bosnie et de Yougoslavie passent à l'offensive le 6 avril 1992. Dès le mois de juin, des Casques bleus mandatés par l'ONU (Organisation des Nations unies) sont déployés dans le cadre de la FORPRONU (Force de protection des Nations unies). Malgré un embargo international sur les armes, les Serbes se révèlent supérieurs à leurs adversaires sur le plan militaire, du fait de leur accès aux réserves de l'ex-armée fédérale yougoslave. De leur côté, les Bosniaques et Croates de Bosnie ne disposent pas de matériel lourd et ne comptent que quelques milliers de soldats.

Comment s'est déroulée la guerre de Bosnie-Herzégovine ?

Slobodan Milosevic portrait
Portrait de Slobodan Milosevic © MARY EVANS/SIPA (publiée le 06/06/2023)

Les violences intercommunautaires avaient déjà commencé avant la proclamation d'indépendance. Des incidents violents, des attaques et des conflits sporadiques se sont produits dans différentes régions de la Bosnie-Herzégovine à partir de 1991, lorsque la dissolution de la Yougoslavie a commencé à prendre forme. La guerre de Bosnie commence officiellement le 6 avril 1992. Les forces serbes entament rapidement le siège de Sarajevo, la capitale de Bosnie-Herzégovine. Celui-ci va durer plus de trois ans et se révéler particulièrement violent. Dans le reste du pays, les Serbes sont également très actifs sur le plan militaire. Leur armée bombarde villes et villages et se montre impitoyable contre les populations bosniaques musulmanes. Plusieurs massacres de civils vont ainsi être perpétrés au cours du conflit.

La communauté internationale tente de s'interposer et, au total, ce sont près de 38 000 Casques bleus qui vont être déployés en Bosnie-Herzégovine. Ceux-ci se révèlent néanmoins impuissants à faire cesser les violences et crimes de guerre. Soutenus par le président de la Serbie, Slobodan Milosevic, les Serbes semblent impossibles à arrêter, mais le rapport de force va s'inverser peu à peu. Il faut dire que les Serbes sont engagés sur plusieurs fronts, puisque dans le même temps se déroule la guerre de Croatie (1991-1995). Mais plus encore que cette division des forces, c'est l'intervention de l'OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique Nord) qui va faire basculer la guerre. D'une part, un soutien logistique est apporté aux Croates lors de l'opération Tempête (du 3 au 7 août 1995), ce qui permet à la Croatie de reprendre la province de Krajina aux Serbes. D'autre part, suite au bombardement d'un marché à Sarajevo, le 28 août 1995, l'OTAN, sous l'égide de l'ONU, lance l'opération Deliberate Force qui consiste à bombarder les forces serbes. La guerre de Bosnie-Herzégovine s'achève officiellement le 14 décembre 1995 avec les accords de Dayton.

Que s'est-il passé à Sarajevo pendant la guerre de Bosnie ?

Le siège de Sarajevo s'est déroulé du 5 avril 1992 au 29 février 1996, ce qui en fait le plus long siège de l'histoire moderne. Les forces militaires serbes, soutenues par des milices, ont encerclé la ville, la privant de ravitaillement, d'eau et d'électricité, avant de commencer un bombardement quotidien. Ce sont ainsi des dizaines de milliers d'obus qui ont été tirés durant la durée du siège de Sarajevo. Le siège du Parlement brûle sous l'effet d'une bombe en 1992. Dans le même temps, des snipers (tireurs isolés) ont pris position dans la ville et font régner la terreur. Les victimes sont nombreuses, ce qui va pousser l'OTAN à agir et à bombarder à son tour les forces serbes. Levé le 29 février 1996, le siège de Sarajevo a fait près de 12 000 victimes et détruit une bonne partie de la ville dont la population a chuté, passant de 500 000 habitants à 250 000. Pendant le siège, les habitants de Sarajevo ont creusé un tunnel de plus d'un kilomètre de long sous l'aéroport de la ville pour acheminer de l'aide humanitaire, des vivres, des armes et évacuer des populations.

Combien de morts a fait la guerre de Bosnie-Herzégovine ?

mémorial génocide de Srebrenica
Mémorial du génocide de Srebrenica © Konstantin Novakovic/SIPA (publiée le 06/06/2023)

Les près de 12 000 victimes recensées à Sarajevo ne sont qu'une partie des morts causées par la guerre de Bosnie-Herzégovine. Si les estimations varient, il semble que le conflit ait causé le décès d'au moins 100 000 personnes, près de 30 000 étant également portées disparues. Parmi ces victimes, on compte près de 40 000 civils, dont une très grande majorité de Bosniaques de confession musulmane. Les Serbes ont commis plusieurs massacres, dont le plus célèbre demeure le massacre de Srebrenica. Celui-ci s'est déroulé au cours du mois de juillet 1995 et a fait plus de 8 000 victimes. Il s'agit d'un véritable nettoyage ethnique mené par les troupes serbes. Ce massacre de Srebrenica est considéré comme un génocide, le plus important depuis la Seconde Guerre mondiale. A ce lourd bilan humain, il faut ajouter les destructions matérielles qui ont profondément et durablement marqué le pays.

Quelles sont les conséquences de la guerre de Bosnie ?

accords Dayton
Le président serbe Slobodan Milosevic, à gauche, le président bosniaque Alija Izetbegovic, le président croate Franjo Tudjman et le secrétaire d'État américain Warren Christopher signent les accords Dayton. © LAURON/SIPA (publiée le 06/06/2023)

L'intervention de l'OTAN a été décisive pour mettre un terme à la guerre de Bosnie-Herzégovine, tout comme l'opération Tempête (du 3 au 7 août 1995), qui a permis à la Croatie de reprendre la province de Krajina, alors aux mains des Serbes. La fin de ce conflit a de lourdes conséquences et achève l'éclatement de ce qui était la Yougoslavie. La fin de la guerre est entérinée par les accords de Dayton. Les négociations se sont déroulées aux Etats-Unis, du 1er au 21 novembre 1995, et ont été officiellement signées à Paris, le 14 décembre. Ces accords ont obtenu la signature des principaux belligérants, à savoir le président croate Franjo Tudjman (au nom des Croates de Bosnie), Slobodan Milosevic, le président serbe (au nom des Serbes de Bosnie), et Alija Izetbegovic, le président de Bosnie. Les accords de Dayton ont acté la partition de la Bosnie avec la création de la Fédération de Bosnie-Herzégovine à majorité musulmane et de la République serbe de Bosnie. Les tensions restant vives, l'OTAN a déployé plus de 60 000 hommes sur le territoire afin d'éviter une reprise des combats.

Dès 1993, l'ONU a créé le TPIY (Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie) afin de pouvoir juger les responsables des nombreux crimes de guerre et les violations du droit international humanitaire. Au total, ce sont 161 personnes qui ont été inculpées par le TIPY, dont certaines pour crime contre l'humanité ou génocide. Parmi les principaux accusés figure notamment le président serbe Slobodan Milosevic, mais celui-ci n'a pas pu être jugé à cause de son décès prématuré. Quant à Ratko Mladic, commandant en chef de l'armée de la république serbe de Bosnie, longtemps en fuite, il a été capturé en mai 2011 et condamné à la prison à perpétuité.

Les dates clés de la guerre de Bosnie

4 mars 1989 — Manifestations pro-serbes en Croatie
Dès la fin des années 1980, alors que Slobodan Milošević est devenu président de la Serbie, des manifestations nationalistes serbes voient le jour en Croatie. Le nationalisme exacerbé du président serbe prônant l’avènement de la "Grande Serbie" crée les premières tensions entre communautés qui vont déboucher sur la guerre.
28 mars 1989 – Le Kosovo et la Voïvodine perdent leur autonomie
L’expansionnisme serbe, incarné par Slobodan Milošević, se traduit rapidement par sa décision de mettre fin à l’autonomie de la Voïvodine et du Kosovo dès le 4 mars 1989. Un acte qui, à ce moment-là, n’a pas soulevé d’opposition violente des autres pays qui composaient la Yougoslavie.
27 avril 1992 – La troisième République fédérale de Yougoslavie
En 1991, la Bosnie-Herzégovine, la Slovénie, la Croatie et la Macédoine avaient officiellement fait sécession, mettant fin à la Yougoslavie, regroupement de différents Etats depuis 1946. Cela n’empêche pas Slobodan Milošević de créer la République fédérale de Yougoslavie le 27 avril 1992, celle-ci comprenant la Serbie et le Monténégro.
3 août 1992 – L’ONU condamne la "purification ethnique" en Bosnie
La guerre de Bosnie-Herzégovine a débuté le 6 avril 1992 et très vite, des informations ont fait état de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Ces violences sont perpétrées par les Serbes à l’encontre des Bosniaques musulmans, ce qui pousse l’ONU à parler très vite de "purification ethnique".
21 novembre 1995 — Finalisation des accords de Dayton
Elaborés aux Etats-Unis, à Dayton, sous l’égide de la présidence de Bill Clinton, les accords de Dayton vont permettre de mettre fin au conflit. Ils sont officiellement ratifiés à Paris, le 14 décembre 1995, et actent la partition de la Bosnie-Herzégovine avec, d’un côté la République serbe de Bosnie et, de l’autre, la Fédération de Bosnie-Herzégovine.
27 mai 1999 — Slobodan Milošević devant les tribunaux
Il faut attendre le 27 mai 1999 pour que le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie inculpe le président Slobodan Milosevic pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Deux ans seront encore nécessaires pour que celui-ci soit livré au tribunal de La Haye par le nouveau gouvernement serbe (juin 2001), mais il ne sera jamais condamné, car il meurt avant l’issue du procès.

XXe siècle