Conflit israélo-arabe : des origines en 1948 à aujourd'hui

Conflit israélo-arabe : des origines en 1948 à aujourd'hui En 1948, le partage de la Palestine mandataire en deux Etats indépendants mène à un conflit israélo-arabe. Retour sur cette guerre au Proche-Orient, de ses origines à aujourd'hui.

Résumé du conflit israélo-arabe - A la fin du XIXe siècle, sous l'impulsion du sionisme, de nombreux juifs d'Europe partent vivre en Palestine. Cette vague d'émigration s'intensifie encore davantage après la Seconde Guerre mondiale et les horreurs de la Shoah. Cependant, ce phénomène entraîne de graves frictions avec les populations locales, qui dégénèrent en guerre civile entre nationalistes juifs et arabes. Le 29 novembre 1947, l'ONU met en place un plan de partage de la Palestine en deux Etats : l'un juif, l'autre arabe. 

Après la partition du territoire, l'Etat juif proclame son indépendance le 14 mai 1948 sous le nom d'Israël. Les territoires arabes de Cisjordanie ou de la bande de Gaza se retrouvent isolés. Une coalition de pays arabes déclare immédiatement la guerre à Israël, marquant le début du conflit israélo-arabe. Les affrontements qui s'ensuivent entre Israël et ses voisins alimentent considérablement le conflit israélo-palestinien parallèle. En 1967, Israël occupe la Cisjordanie, Jérusalem-Est et la bande de Gaza lors de la guerre des Six Jours. En 1973, les pays arabes contre-attaquent avec la guerre du Kippour. Depuis lors, les Palestiniens cherchent à obtenir leur indépendance et la création d'un État palestinien reconnu.

Dans quel contexte le conflit israélo-arabe débute-t-il ?

Tandis que les communautés juives d'Europe subissent brimades, persécutions et pogroms, le sionisme se développe dans les années 1880. Ce mouvement politique et religieux milite pour la création d'un Etat juif en Palestine. Avec la "Déclaration Balfour" du 2 novembre 1917, le Royaume-Uni s'engage à soutenir ce projet. Une grande vague d'émigration vers "la Terre promise" commence et s'accélère après la Shoah. Les populations arabes locales protestent contre ces arrivées massives, conduisant à une guerre civile. Dépassés par la situation, les Britanniques quittent la Palestine et remettent leur mandat à l'ONU. Le 29 novembre 1947, celle-ci adopte un plan de partage des territoires palestiniens en deux Etats, l'un juif, l'autre arabe. Le 14 mai 1948, Israël proclame son indépendance. Dès le lendemain, l'Egypte, la Syrie, l'Irak, le Liban et la Transjordanie se coalisent contre Israël et pénètrent sur le territoire.

Quelles sont les causes du conflit israélo-arabe ?

Le conflit israélo-arabe fait référence aux relations tendues et aux multiples guerres entre Israël et les pays arabes voisins. Les causes et les problématiques de ces conflits ont évolué au fil du temps. En 1948, la Ligue arabe s'oppose à la partition de la Palestine mandataire et refuse de reconnaître l'Etat d'Israël. Une coalition se forme, dans le but de défendre les droits des populations arabes locales, et décide d'intervenir militairement. Néanmoins, cette alliance est précaire, car chacun de ses membres poursuit ses propres objectifs et intérêts. Tous espèrent accroître leur sphère d'influence après le départ de l'Empire britannique.

Carte Palestine
Carte de la Palestine (jaune) avec la bande Gaza au sud-ouest et la Cisjordanie à l'est © peterhermesfurian - 123RF

Le sort des réfugiés palestiniens déplacés pendant les affrontements devient une revendication centrale du conflit israélo-palestinien qui se déroule en parallèle. D'autres points de tension s'ajoutent, tels que le contrôle de Jérusalem et de ses lieux saints par Israël. La résolution de l'ONU de 1947 avait placé la métropole sous administration internationale. Mais lors de la première guerre israélo-arabe de 1948, l'enclave est occupée et divisée en deux. La Transjordanie régit la partie orientale de la ville et l'Etat hébreu la partie occidentale. Toutefois, Jérusalem-Est est définitivement annexée par Israël durant la guerre des Six Jours en 1967. Les Palestiniens n'auront alors de cesse de la revendiquer comme capitale de leur Etat.

Les colonies israéliennes de Cisjordanie, du plateau du Golan, de Gaza ou du Sinaï sont un autre point de discorde. De même que le contrôle du bassin du lac de Tibériade, situé au nord-est d'Israël. Bordée par la Galilée et le Golan, cette importante source d'eau douce est un emplacement géostratégique majeur du Proche-Orient.

Quelles sont les guerres incluant l'Egypte et la Syrie ?

  • Guerre d'indépendance (1948-1949) : Le 15 mai 1948, l'Egypte, la Transjordanie, la Syrie, le Liban et l'Irak déclarent la guerre à Israël et entrent en Palestine. Défaite sur tous les fronts, la coalition arabe signe l'armistice avec l'Etat hébreu en 1949. Le cessez-le-feu négocié après les combats se révèle plus favorable à Israël qu'en 1947. Ce premier conflit israélo-arabe entraîne l'émigration de 500 000 réfugiés palestiniens dans les pays limitrophes.
  • Soldats égyptiens capturés par les troupes israéliennes
    Des soldats égyptiens capturés par les troupes israéliennes pendant la guerre de Suez. © ECLAIR MONDIAL/SIPA (publiée le 08/06/2023)
    Crise du canal de Suez (1956) : En juillet 1956, le président Nasser décide de nationaliser le canal de Suez. Israël craint de voir son trafic maritime bloqué par les Egyptiens. Le 29 octobre 1956, l'armée israélienne (Tsahal) lance une guerre éclair dans le Sinaï et s'empare de Charm el-Cheikh le 3 novembre. La France et le Royaume-Uni interviennent, mais sous la pression des Etats-Unis et de l'Union soviétique, l'opération tourne court.
  • Guerre des Six Jours (1967) : Le 19 mai 1967, l'Egypte reprend le contrôle du Sinaï et masse plusieurs contingents blindés à sa frontière, imitée par la Syrie. L'Etat hébreu répond par une intervention militaire préventive lancée le 5 juin 1967. L'opération est un immense succès pour Tsahal qui met en déroute ses adversaires en seulement six jours ! Après le cessez-le-feu du 10 juin 1967, Israël annexe Gaza, le Sinaï, la Cisjordanie, le plateau du Golan et Jérusalem-Est.
  • Guerre d'usure (1967-1970) : A partir de juillet 1967, une véritable guerre d'usure s'installe entre l'Egypte et Israël dans la péninsule du Sinaï. L'objectif de Nasser est d'obliger son adversaire à se retirer du canal de Suez grâce aux livraisons en armement de l'URSS. En 1968, l'armée israélienne construit la ligne Bar-Lev, une chaîne de fortification d'environ 200 kilomètres. Menaçant de ruiner économiquement les deux pays, cette guerre de positions s'achève en août 1970.
  • Guerre du Kippour (1973) : Le 6 octobre 1973, l'Egypte et la Syrie déclenchent simultanément une offensive contre Israël qui prend l'Etat hébreu par surprise. Dans un premier temps, Tsahal concentre ses efforts défensifs dans le Golan où son aviation repousse les Syriens. Elle se tourne ensuite vers le Sinaï et perce les lignes égyptiennes. Le 25 octobre 1973, sous la pression des Américains, le gouvernement de Tel-Aviv accepte un nouveau cessez-le-feu.

Quelles sont les guerres incluant le Liban ?

Durant la première guerre du Liban (1975-1990), le 6 juin 1982, l'armée israélienne entre au Liban pour défaire les combattants palestiniens qui y ont trouvé refuge. En quelques jours, elle balaie les forces libanaises et chasse l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) du pays. Après l'assassinat du nouveau président élu, Bachir Gemayel, les Israéliens pénètrent dans Beyrouth le 15 septembre 1982. Des centaines de réfugiés palestiniens sont massacrés par des milices libanaises. Des combats naîtra un groupe armé pro-iranien : le Hezbollah.

La seconde guerre du Liban est déclenchée le 12 juillet 2006. Le Hezbollah capture deux soldats israéliens dans la zone frontalière. En quelques heures, c'est l'escalade et l'Etat hébreu lance une nouvelle offensive au Liban. Routes, ponts, usines, dépôts de carburant, aéroports… toutes les infrastructures sont bombardées par l'aviation et l'artillerie israéliennes. Les principales cibles de Tsahal sont Beyrouth et le Sud-Liban, où plus de 1 000 civils perdent la vie. Après 33 jours de combats, un cessez-le-feu de l'ONU met un terme aux hostilités.

Quelles sont les conséquences du conflit israélo-arabe ?

Le conflit israélo-arabe a eu de multiples conséquences, tant sur le plan humain, économique, politique que territorial. Le bilan humain de ces guerres s'élève à plusieurs dizaines de milliers de morts et de blessés des deux côtés. Après des décennies d'antagonisme, l'Égypte et la Jordanie ont signé des traités de paix avec Israël en 1979, puis 1994. Les accords d'Abraham, ratifiés le 15 septembre 2020, ont permis à Israël de normaliser ses relations avec les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc, avec la médiation des États-Unis.

Les guerres israélo-arabes ont contribué à aggraver le conflit israélo-palestinien qui se déroulait en arrière-plan. En effet, ces nombreux affrontements ont permis à Israël d'annexer de nouveaux territoires aux dépens des populations locales. Après la guerre des Six Jours, Israël a pris le contrôle de l'ensemble de la Palestine et a commencé l'occupation des territoires conquis, entraînant l'expulsion de plusieurs centaines de milliers de Palestiniens de leurs foyers. La colonisation israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem-Est a exacerbé le sentiment national palestinien, conduisant à deux intifadas meurtrières. Les tensions croissantes ont également donné naissance à des milices armées telles que l'OLP, le Hezbollah et le Hamas, qui ont utilisé divers moyens d'action, tels que des tirs de roquettes, des prises d'otages, des attentats suicides et des détournements d'avions, visant tant les militaires que les civils.

En 1994, une Autorité palestinienne (AP) a été établie dans le cadre des Accords d'Oslo. Cette autorité arabe a obtenu une certaine forme d'autonomie sous l'égide militaire d'Israël. Dans les années 2000, le Hamas a renforcé son contrôle sur la bande de Gaza et intensifié les attaques contre l'Etat hébreu. Alors que les affrontements et la colonisation se poursuivent, les perspectives d'une résolution du conflit s'amenuisent… Aussi, malgré plusieurs processus de paix, le projet de création d'un Etat palestinien arabe semble être, plus que jamais, dans l'impasse.

Les dates clés du conflit israélo-arabe

14 mai 1948 — La naissance de l’Etat d’Israël
Le jour de la fin du mandat britannique sur la Palestine, David Ben Gourion, président de l’Agence juive, proclame l’indépendance d’Israël. Cette déclaration entérine la résolution de l’ONU du 29 novembre 1947 qui actait le partage du territoire palestinien en deux Etats. Elle concrétise ainsi le projet sioniste entamé cinquante ans auparavant en marquant la naissance d’un Etat juif au Proche-Orient !
15 mai 1948 — La première guerre israélo-arabe
Au lendemain de son indépendance, le monde arabo-musulman refuse de reconnaître l’Etat d’Israël. Le 15 mai 1948, l’Egypte, la Syrie, le Liban, la Transjordanie et l’Irak lui déclarent la guerre et entrent dans l’ancienne Palestine mandataire. A l’été, après une trêve d’un mois, l’armée israélienne repousse ses ennemis au cours d’une offensive éclair. La coalition arabe demandera l’armistice l’année suivante. Avec les combats, près de 500 000 réfugiés palestiniens sont contraints à l’exode.
25 mai 1948 — L’opération Ben Nun
Plus connue sous le nom de première bataille de Latroun, l’opération Ben Nun a lieu du 25 mai au 18 juillet 1948. Celle-ci vise à prendre possession de l’unique route qui relie alors Israël et Jérusalem. Malgré 5 assauts, Tsahal est incapable de s’emparer de la position arabe. Le site restera sous contrôle jordanien jusqu’à la guerre des Six Jours avant d’être annexé.
22 octobre 1956 — Une alliance se forme contre l’Egypte
En 1956, le président Nasser décrète la nationalisation du canal de Suez. En réaction, Israël, le Royaume-Uni et la France se réunissent secrètement et décident d’une intervention militaire. A la suite de la signature des protocoles de Sèvres, "l’opération Mousquetaire" commence le 22 octobre 1956. Israël attaque l’Egypte au Sinaï, tandis qu’Anglais et Français enjoignent les belligérants à cesser les combats. Les Occidentaux déploient alors des troupes aéroportées et prennent le contrôle du canal.
5 juin 1967 — guerre des Six Jours
En mai 1967, l’Egypte et la Syrie commencent à rassembler d’importantes forces blindées à leur frontière avec Israël. L’Etat hébreu décide de frapper le premier et, à partir du 5 juin 1967, prend d’assaut les positions arabes. En seulement 6 jours, l’offensive éclair de Tsahal met en déroute ses adversaires. Le Sinaï, le Golan, la Cisjordanie, Gaza et la partie orientale de Jérusalem sont annexés. Israël entame la colonisation des territoires conquis.
6 octobre 1973 — La guerre du Kippour
Durant la fête juive du Yom Kippour, l’Egypte et la Syrie lancent une offensive coordonnée contre Israël. Bénéficiant de l’effet de surprise, l’armée égyptienne franchit le canal de Suez et effectue une percée dans le Sinaï. Pris au dépourvu, l’Etat hébreu contre-attaque rapidement. D’abord dans le Golan, où Tsahal repousse les forces syriennes, puis dans le Sinaï, où elle déloge les troupes de Nasser. Après un premier refus d’Israël, un cessez-le-feu entre finalement en vigueur le 25 octobre 1973.
25 avril 1982 — Israël restitue le Sinaï à l’Egypte
Sous son contrôle depuis la fin de la guerre des Six Jours, Israël restitue le Sinaï à l’Egypte le 25 avril 1982. Cette décision intervient 3 ans après la signature du traité de paix israélo-égyptien entre Anouar el-Sadate et Menahem Begin. En échange de la reconnaissance de l’Etat hébreu, ce dernier évacue les nombreux colons juifs de la péninsule. L’Egypte devient ainsi le premier pays arabe à faire la paix avec Israël.
6 juin 1982 — Déclenchement de l’opération "Paix en Galilée"
Aux prises avec la résistance palestinienne à sa frontière nord, Israël décide d’une nouvelle intervention militaire au Liban. L’opération "Paix en Galilée" atteint rapidement Beyrouth où l’Organisation de libération de la Palestine est assiégée. Après une médiation américaine, l’OLP et son leader Yasser Arafat sont évacués par les Occidentaux. L’armée israélienne se retire du pays, mais conserve une zone tampon au Liban du Sud jusqu’en 2000.
17 mai 1983 — Accord de paix israélo-libanais
Pour mettre un terme aux conflits entre les deux pays, Israël et le Liban concluent un accord de paix le 17 mai 1983. L’Etat hébreu s’engage à se retirer des territoires occupés, tandis que le Liban garantit la sécurisation de sa frontière. Dans un contexte politique tendu et sous les pressions syriennes, le gouvernement libanais abrogera cet accord le 5 mars 1984.
11 avril 1996 — Israël lance l’opération "Raisins de la colère"
Au printemps 1996, plusieurs villes du nord d’Israël sont la cible de tirs de roquettes en provenance du Liban. En réponse, Tsahal déclenche l’opération "Raisins de la colère". Durant 16 jours, celle-ci bombarde les forces du Hezbollah au Sud-Liban pour les déloger. Plus de 1 000 raids aériens sont organisés et plus de 25 000 bombes larguées au cours de l’offensive. Le bilan humain de la campagne militaire s’élève à 175 morts et 350 blessés, dont une majorité de civils.
18 avril 1996 — Le camp de réfugiés de Cana bombardé par Tsahal
Le 18 avril 1996, le camp de Casques bleus de Cana est bombardé pendant vingt minutes par l’armée israélienne, tuant 106 réfugiés. Cet événement tragique suscite l’indignation de la Communauté internationale qui exige des explications. L’Etat hébreu plaide l’erreur, affirmant vouloir frapper les positions du Hezbollah installées à proximité. Afin d’empêcher davantage de victimes civiles, un cessez-le-feu entre en vigueur le 27 avril 1996.
23 mai 2000 — Israël se retire du Sud-Liban
En mai 2000, le Premier ministre israélien annonce le retrait militaire du Liban du Sud occupé depuis 1985. Ce départ précipité fait suite à l’effondrement de l’armée libanaise pro-israélienne face à l’offensive du Hezbollah. De nombreux accrochages ont lieu entre la milice chiite et Tsahal qui évacue ses positions de la "zone de sécurité". L’armée israélienne quitte définitivement le Liban et se replie derrière sa frontière.
14 août 2006 — Cessez-le-feu dans le conflit israélo-libanais
Débutée le 12 juillet, la seconde guerre du Liban s’achève le 14 août 2006 à la suite d’un cessez-le-feu. La résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU enjoint notamment l’arrêt des hostilités et le retrait de l’armée israélienne. Elle prévoit également le déploiement de la FINUL, la Force intérimaire des Nations unies au Liban, et le désarmement du Hezbollah.
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