Guerre Iran-Irak : résumé d'un conflit frontalier de 1980 à 1988

Guerre Iran-Irak : résumé d'un conflit frontalier de 1980 à 1988 Que peut-on dire sur la guerre Iran-Irak, qui a commencé par une attaque-surprise de l'Irak contre l'Iran ? Résumé, causes, dates, enjeux... Retrouvez les éléments clés de ce conflit dans notre page.

Résumé de la guerre Iran-Irak - Déclenchée par une attaque-surprise des forces irakiennes contre l'Iran, la guerre Iran-Irak n'aura pas permis à Saddam Hussein de faire de l'Irak la première puissance du Golfe persique ni de déstabiliser le nouveau régime de Rouhollah Khomeini en Iran. La guerre Iran-Irak s'est déroulée du 22 septembre 1980 au 20 août 1988. Elle éclate lorsque l'Irak, dirigé par Saddam Hussein, lance une attaque-surprise contre l'Iran de Rouhollah Khomeini. Cette guerre Iran-Irak est motivée par un désaccord sur le tracé de la frontière, et la menace d'une possible révolution islamique des chiites irakiens associée à une révolte des Kurdes soutenus par le pays voisin. Face à l'enlisement de la guerre, qui ne connaîtra pas de percée majeure, et aux pressions internationales, les deux pays mettent fin au conflit au bout de huit ans de combats. Cette guerre aura causé la mort de 700 000 à 1 200 000 personnes.

Quelles sont les causes de la guerre Iran-Irak ?

L'éclatement de la guerre fut provoqué par deux grands facteurs. D'une part, des conflits territoriaux persistants entre les deux pays, en dépit de la signature des Accords d'Alger en 1975 censés avoir défini leurs frontières. D'autre part, le renversement du Shah d'Iran et l'arrivée au pouvoir de l'ayatollah Khomeini en 1979 provoquent une dégradation rapide des relations entre les deux nations. Le nouveau régime iranien veut promouvoir le mouvement islamique révolutionnaire à travers le Proche-Orient, et appelle aussitôt les Irakiens chiites à se soulever à leur tour et à renverser le régime sunnite de Saddam Hussein.

Quand a eu lieu la guerre Iran-Irak ?

La guerre débute le 22 septembre 1980 et se termine le 20 août 1988.

Quels sont les enjeux de cette guerre ?

Du point de vue du régime irakien, la guerre a plusieurs objectifs officiels : faire disparaître le régime fondamentaliste iranien, obtenir le déplacement de la frontière sur la rive orientale du fleuve Chatt-el-Arab qui sépare les deux pays, annexer la province iranienne du Khuzestan, et obtenir la restitution d'îles du détroit d'Ormuz. Le conflit peut s'expliquer par le désir de l'Irak de remplacer l'Iran comme puissance dominante de la région. Du point de vue du régime iranien, l'enjeu initial est d'assurer son autodéfense, mais d'autres visées viennent vite se greffer : destituer Saddam Hussein, remplacer son régime sunnite par un régime chiite islamique, et surtout réduire la puissance de l'Irak.

Quelle place a eu le pétrole dans la guerre Iran-Irak ?

Le pétrole a avant tout servi à financer l'effort de guerre, les deux pays comptant sur leurs exportations et les revenus qu'ils en tirent pour soutenir leur budget militaire. Toutefois, une stratégie se met rapidement en place : détruire les installations pétrolières du camp d'en face et les navires pétroliers transitant dans le détroit d'Ormuz pour assécher ses ressources. Les puissances occidentales, qui fournissent les armements aux deux camps au même titre que l'Union soviétique et la Chine, finissent par s'inquiéter d'une rupture de l'approvisionnement, et dépêchent des navires de guerre dans la zone pour escorter les pétroliers.

Qui sont les combattants de la guerre Iran-Irak ?

Les belligérants étaient surtout composés des soldats des deux pays, mais d'autres forces armées ont participé activement aux combats. L'Organisation des moudjahidines du peuple iranien (OMPI), mouvement de résistance armée opposé au régime de la République islamique d'Iran, a soutenu l'Irak. Tandis que les milices kurdes, affiliées aux partis politiques du Kurdistan irakien comme le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) et l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), ont soutenu l'Iran. Par ailleurs, l'Irak a reçu le soutien d'une vaste partie de la communauté internationale, tout au moins au départ, dont : États-Unis, France, Italie, Égypte, Arabie Saoudite, et Brésil. De son côté, l'Iran est resté isolé, ne recevant le soutien que de la Syrie et de la Libye.

Quelle est la position des États-Unis pendant la guerre Iran-Irak ?

Durant le règne du Shah Reza Pahlavi, les États-Unis considéraient l'Iran comme un pays allié dans la région. Le 4 novembre 1979, la "crise des otages" éclate : de jeunes militants iraniens soutenus par l'ayatollah Khomeini envahissent l'ambassade des États-Unis à Téhéran, et prennent en otage plus de 50 diplomates et civils américains. En 1980, les USA rompent toutes relations diplomatiques avec l'Iran. Lorsque la guerre éclate quelques mois plus tard, la puissance américaine voit dans l'Irak un pays moderne qui pourrait évoluer vers la laïcité, et faire ainsi contrepoids à l'Iran islamique. Les États-Unis ne s'opposent donc pas à l'offensive irakienne, et finiront même par la soutenir. Lors de la guérilla maritime contre les pétroliers, des escarmouches entre bateaux iraniens et américains ont lieu à plusieurs reprises.

Qui a gagné la guerre Iran-Irak ?

Sur le plan militaire, la guerre est un échec pour l'Irak. Le conflit s'enlise pendant 6 ans dans une sorte de "guerre de tranchées", avec une ligne de front correspondant plus ou moins à la frontière commune de départ. En 1987, l'ONU adopte à l'unanimité la résolution 598 appelant à un cessez-le-feu immédiat, et au rapatriement des prisonniers. Les deux pays, épuisés par des années de bataille, acceptent cette résolution en juillet 1988, et consentent à revenir aux accords territoriaux de 1975.

Quelles sont les conséquences de la guerre Iran-Irak ?

Le conflit est très meurtrier pour les deux pays : l'Irak perd 250 000 à 500 000 soldats, l'Iran 200 000 à 600 000. Les chiffres fournis par les belligérants étant peu précis. À cela s'ajoutent les morts civiles, en partie causées par l'usage d'armes chimiques par le régime irakien contre les populations kurdes et iraniennes. Les dégâts infligés aux habitations et infrastructures sont considérables, et les pertes économiques sont chiffrées à des centaines de milliards de dollars des deux côtés. Les dettes de guerre de l'Irak sont aussi une raison majeure de l'invasion du Koweït en 1990 et de la guerre du Golfe.

GUERRE IRAN-IRAK : dates clés

22 septembre 1980 - L'Irak envahit l'Iran
Le 22 septembre 1980 sonne l'attaque-surprise de l'Irak, menée par le nouveau président Saddam Hussein, contre la République islamique d'Iran. L'invasion est soutenue plus ou moins ouvertement par les pays occidentaux, et divers pays arabes. Espérant capitaliser sur l'instabilité qui règne dans l'Iran post-révolutionnaire, et pensant que les purges ordonnées par Khomeiny ont affaibli l'armée iranienne, l'Irak s'attend à une victoire facile.
20 janvier 1981 - Libération des otages de Téhéran
La crise des otages déclenchée le 4 novembre 1979, avec la prise d'assaut de l'ambassade des États-Unis à Téhéran et la séquestration de son personnel en réaction à l'hospitalisation de l'ancien Shah Pahlavi à New York, se dénoue enfin. Déjà fort isolé sur la scène internationale, l'Iran ordonne aux militants armés de libérer les otages après 444 jours de calvaire, dans un geste d'apaisement.
16 mars 1988 - Bombardement de Halabja
Sur ordre d'Ali Hassan al-Majid, dit "Ali Le Chimique", cousin de Saddam Hussein en charge de la région nord, un massacre par armes chimiques est lancé contre la population civile kurde, vivant dans le Kurdistan irakien. Halabja, très proche de la frontière, venait tout juste de passer dans les mains des milices kurdes alliées de l'Iran quelques jours plus tôt. Une attaque au gaz moutarde est alors perpétrée contre les habitants en guise de punition. 5 000 personnes périssent, des milliers d'autres subiront des séquelles à vie.
20 août 1988 - Fin de la guerre Iran-Irak
Les Nations Unies proclament officiellement le cessez-le-feu entre l'Irak et l'Iran, même si dans les faits, les combats avaient déjà cessé des semaines auparavant. Le conflit se termine sur un statu quo et un retour à la situation de départ entre les deux nations que sont l'Iran et l'Irak.
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