Indépendance de l'Inde : fin de l'Inde britannique en 1947

Indépendance de l'Inde : fin de l'Inde britannique en 1947 Le 15 août 1947, la Grande-Bretagne reconnaît l'indépendance de l'Inde, réclamée par Gandhi. La décolonisation conduit à une partition sanglante du pays ainsi qu'à la création du Pakistan. Résumé.

Résumé de l'indépendance de l'Inde - Les Britanniques ont commencé à coloniser l’Inde dès le début du XVIIe siècle. Au XIXe siècle, les Indiens commencent à revendiquer leur indépendance, la révolte des cipayes, en 1857, mettant notamment fin à la Compagnie britannique des Indes orientales. Pour autant, la couronne britannique n’abandonne pas la colonie et il faut attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale pour parler vraiment de décolonisation. Sous l’impulsion de leaders politiques majeurs, tels que Gandhi, l’Inde obtient finalement son indépendance le 15 août 1947. Le prix à payer est néanmoins élevé, puisque le pays, divisé entre communautés hindoues et musulmanes, est scindé en deux pour donner naissance à la République indienne et au Pakistan.

Pourquoi l’Inde a-t-elle demandé son indépendance aux Britanniques ?

La présence britannique en Inde commence au début du XVIIe siècle, période durant laquelle les Anglais ouvrent plusieurs comptoirs de commerce, avant de créer la Compagnie anglaise des Indes orientales. Au cours des décennies suivantes, la colonisation se poursuit, mais celle-ci ne va pas sans heurts. Le 10 mai 1857 éclate ainsi la révolte des cipayes. Les cipayes sont des soldats indiens intégrés à l’armée britannique. Leur révolte entraîne un soulèvement de la population, au nord et au centre du pays. Des combats ont lieu jusqu’au 20 juin 1858, et si le calme finit par revenir, la Compagnie britannique des Indes orientales est dissoute en août, le pouvoir étant transféré directement à la couronne britannique.

Le massacre d'Amritsar
Le massacre d'Amritsar © MARY EVANS/SIPA (publiée le 30/03/2023)

La domination anglaise se poursuit donc, mais les Indiens continuent d’avoir envie d’indépendance. En 1919 se produit un nouvel événement sanglant, le massacre d’Amritsar. C’est ainsi que le 13 avril, suite à trois journées de violences contre les Européens, les forces militaires britanniques, composées de soldats indiens, ouvrent le feu sur des manifestants proches de Gandhi et font des centaines de morts. Durant les années qui suivent, les tensions ne disparaissent pas et sont amplifiées par les conflits opposant les hindous aux musulmans. Le Parti du Congrès national indien, fondé en 1885, devient l’un des acteurs majeurs du mouvement indépendantiste. Les Anglais sont dans l'incapacité de maintenir l’Inde comme une colonie, ce qui aboutit à l’indépendance du pays, le 15 août 1947, et à sa partition en deux Etats.

Comment l’Inde a-t-elle obtenu son indépendance en 1947 ?

Durant la Seconde Guerre mondiale, les Indiens se battent aux côtés des Britanniques, sans pour autant cesser de lutter pour leur indépendance. Ainsi, en 1942, le parti du Congrès publie une résolution intitulée "Quittez l’Inde !", ou Quit India Resolution !, ce qui entraîne l'arrestation de Gandhi et Nehru, les leaders politiques du parti. Néanmoins, les Britanniques finissent par se résoudre à accorder son indépendance au pays, peu après la fin du conflit mondial. Cela n’est pas si simple pour autant, notamment en raison des vives tensions qui existent entre hindous et musulmans. C’est pour tenter d’apaiser les choses qu’est organisée la conférence de Simla, sous la direction de Lord Wavell, alors vice-roi des Indes britanniques. La conférence va durer du 25 juin au 14 juillet 1945, mais se solde par un échec. Ali Jinnah, représentant du parti de la Ligue musulmane, ne parvient pas à s’accorder avec Gandhi et Nehru du Congrès national indien. La situation continue à se détériorer avec en point d’orgue, le 16 août 1946, le Jour de l’action directe, une manifestation musulmane qui dégénère à Calcutta et fait plusieurs milliers de victimes. Le 24 mars 1947, les Britanniques nomment Louis Mountbatten au poste de vice-roi des Indes. Sa mission est de préparer l’indépendance du pays et sa partition en deux nations, l’une à majorité hindoue et l’autre musulmane, ce qui sera chose faite le 15 août 1947. Lord Mountbatten a donc joué un rôle majeur dans les tractations entre la Ligue musulmane et le Parti du Congrès.

Qui sont les acteurs de l’indépendance de l’Inde ?

Egalement appelé Mahatma Gandhi, Mohandas Karamchand Gandhi est le principal leader politique ayant amené l’Inde à l’indépendance. Il est né le 2 octobre 1869 et a été assassiné le 30 janvier 1948. Avocat de profession, il a fait ses études en Grande-Bretagne de 1888 à 1891. En 1893, il se rend en Afrique du Sud pour y exercer le métier de conseiller juridique. C’est dans ce pays qu’il se forge une conscience politique et développe les principes de désobéissance civile non violente et de résistance passive. Cette forme de militantisme non violent va devenir sa ligne de conduite tout au long de sa vie. Il applique ses principes en Inde, où il est de retour en 1915. Devenu membre du Parti du Congrès national indien, il joue un rôle déterminant dans l’indépendance de l’Inde, mais aussi pour tous les mouvements de défense des droits civiques.

portrait de Jawaharlal Nehru
Portrait de Jawaharlal Nehru © MARY EVANS/SIPA (publiée le 30/03/2023)

Né au Cachemire, Jawaharlal Nehru est, avec Gandhi, l’autre figure majeure de l’indépendance de l’Inde. Né le 14 novembre 1889, il a, lui aussi, étudié en Grande-Bretagne, où il obtient le diplôme d’avocat. De retour en Inde en 1912, il ne tarde pas à rallier le Parti du Congrès et milite pour l’indépendance, ce qui lui vaut plusieurs arrestations et séjours en prison. Proche de Gandhi, il œuvre pour la décolonisation et l’indépendance indienne obtenue le 15 août 1947. Suite au retrait des Britanniques, il devient le Premier ministre indien de l’histoire. Réélu plusieurs fois, il occupe ce poste durant 17 ans et mène de nombreuses réformes agraires et industrielles. Nehru meurt le 27 mai 1964 en laissant une profonde trace dans l’histoire indienne.

Né le 25 décembre 1876 et décédé le 11 septembre 1948, Muhammad Ali Jinnah a, lui aussi, joué un rôle déterminant dans l’indépendance de l’Inde. Contrairement à Gandhi et Nehru, de confession hindoue, il est musulman. Il rejoint le parti de la Ligue musulmane dès 1913. A cette époque, s’il milite pour l’indépendance, il ne souhaite pas que le pays soit séparé. Mais au début des années 1940, il revoit sa position et souhaite la création d’un état indépendant et musulman, le Pakistan. Ce sera chose faite le 15 août 1947, Ali Jinnah ayant été nommé Gouverneur général du Pakistan dès le 14 août.

Comment les Indes britanniques ont-elles été partagées ?

Le rêve de Gandhi était de voir une Inde indépendante et unie. Une volonté qui se heurte aux tensions opposant les hindous et musulmans dans le pays. Face à la volonté d’Ali Jinnah de créer le Pakistan, un Etat musulman, Lord Mountbatten, vice-roi des Indes, en accord avec le gouvernement de Grande-Bretagne, acte donc la partition du pays. Celle-ci intervient officiellement le 15 août 1947, jour de l’indépendance. Le Pakistan est alors décomposé en deux parties, le Penjab ou Pakistan occidental au Nord-Ouest et le Bengale ou Pakistan oriental à l’Est, cette partie devenant le Bangladesh en 1971.

Comme le craignait Gandhi, cette partition va avoir de très lourdes conséquences, à commencer par des migrations massives. On estime entre 12 et 15 millions les personnes ayant pris la route, les musulmans d’Inde souhaitant rejoindre le Pakistan alors que les hindous font le chemin inverse pour fuir le nouveau régime et rejoindre la toute nouvelle République indienne. Les drames causés par cette migration ne sont malheureusement pas les seuls. Au cours de cette période, de nombreux massacres sont ainsi recensés. Ils vont durer jusqu’en septembre et cessent finalement grâce à Gandhi qui avait entamé une grève de la faim pour mettre un terme aux violences. Son aura est telle, y compris du côté des musulmans, que les combats prennent fin, mais des tensions vont demeurer entre les deux nouveaux pays.

Quelles sont les conséquences de l’indépendance de l’Inde ?

portrait d'Indira Gandhi
Portrait d'Indira Gandhi © STAFFORD MARILYN/SIPA (publiée le 30/03/2023)

La décolonisation et l’indépendance de l’Inde ont eu des conséquences immédiates et tragiques. Comme évoqué ci-dessus, de terribles affrontements entre populations ont eu lieu et on estime qu’il y a eu de 500 000 à 1 million de morts dans les mois qui ont suivi. De plus, des millions de musulmans sont restés au sein de la République de l’Inde, tandis que des millions d’hindous sont demeurés au Pakistan, ce qui a fait perdurer de vives tensions entre communautés.

Les deux nouveaux pays se sont également affrontés pour s’approprier le territoire du Cachemire qui sera finalement scindé en deux, mais qui demeure une source de conflit entre les deux nations encore à ce jour, conflit émaillé de plusieurs guerres indo-pakistanaises. Sous l’impulsion du Premier ministre Nehru, la République indienne indépendante a néanmoins bénéficié de cette décolonisation, grâce à sa politique moderne et progressiste. Nehru est également à l’origine du mouvement des non-alignés, une organisation internationale qui réunit jusqu’à 120 pays ne souhaitant pas prendre parti en pleine guerre froide, opposant les alliés occidentaux à l’Union soviétique. Il milite également pour aider les pays encore colonisés souhaitant devenir indépendants.

A noter que la fille de Nehru, Indira Gandhi, deviendra elle aussi Premier ministre de l’Inde (1966-1977) et va, à l’instar de son père, mener de nombreuses réformes, notamment pour mener son pays à l’autosuffisance alimentaire.

Les dates clés de l'indépendance de l'Inde

13 avril 1919 — Le massacre d’Amritsar
Lassés de l’emprise britannique, les habitants d’Amritsar, en Inde, décident, le 13 avril 1919, d’organiser un rassemblement pacifique dans le Jalianwalla Bagh, un parc situé au cœur de la ville. Très vite, des dizaines de soldats sont envoyés sur place et ouvrent le feu, faisant près de 400 morts et blessant plus de 1000 personnes. L’événement fut condamné dans le monde entier et provoqua de nombreuses manifestations à travers l’Inde. Il marque un moment fort vers le chemin de l’indépendance indienne.
8 septembre 1920 — Reconnaissance du programme de lutte non violente
Le Mahatma Gandhi a développé le concept de Satyagraha : un principe basé sur la non-violence et la désobéissance civile qu’il a commencé à développer en Afrique du Sud. Le 8 septembre 1920, son programme de lutte non violente a été adopté par le Parti du Congrès national.
février 1922 — Suspension du mouvement de désobéissance civile
Le mouvement de désobéissance civile est lancé, dès 1906, en Inde, à l’initiative de Gandhi, inspiré par les écrits d’Henry David Thoreau. Dans son concept, Gandhi prône la non-violence. Cependant, en février 1922, un incendie se déclare dans un commissariat et cause la mort de 22 policiers. La répression est sanglante : Gandhi décide alors de stopper le mouvement de désobéissance civile, estimant que la violence pouvant découler de ce mouvement réduirait à néant son œuvre pacifique.
12 mars 1930 — Gandhi déclenche la marche du sel
Le Mahatma Gandhi entame la marche du sel. Il s’agit de protester contre un impôt imposé par les colons britanniques. La marche va durer 24 jours et plus de 50 000 personnes vont se joindre à Gandhi.
14 juillet 1942 — Quit India Resolution
Le parti du Congrès de Nehru et Gandhi publie une résolution, intitulée Quit India Resolution, ce qui signifie : "Quittez l’Inde", et correspondait à une demande d’indépendance. Suite au refus des Britanniques débuta un vaste mouvement de désobéissance civile non violente.
8 août 1942 — Gandhi et Nehru arrêtés
Suite au Quit India Resolution, Gandhi et Nehru ont été arrêtés et emprisonnés. Plusieurs autres membres du Parti du Congrès national ont subi le même sort. Ces arrestations provoquèrent une vague de colère en Inde avec de nombreuses manifestations non violentes, mais aussi des actes plus radicaux.
15 août 1947 — Indépendance de l’Inde et du Pakistan
La Grande-Bretagne accorde à l’Inde le statut de dominion indépendant associé au Commonwealth. Après deux siècles de colonisation britannique, de très longues négociations et des affrontements religieux, l’ancien empire des Indes est divisé entre la République de l’Inde et celle du Pakistan. De violents affrontements éclateront entre hindous, musulmans et sikhs aux endroits où la frontière est encore à déterminer.
30 janvier 1948 — Assassinat de Gandhi
Le meurtre est perpétré au cours d’une prière publique par Narayan Vinayak Godse. Celui-ci est un radicaliste hindou qui refuse la partition de l’Inde et du Pakistan. Touché par trois balles tirées à bout portant, Gandhi succombe.
1 janvier 1949 — Cessez-le-feu au Cachemire
La guerre indo-pakistanaise, également appelée guerre du Cachemire, dure de 1947 à 1948 ; c’est la première des quatre que génère ce conflit. Cette bataille tire son origine de la dissolution de l’Empire des Indes lors de son indépendance en 1947. En 1949, l’ONU impose un cessez-le-feu qui prend le nom d’accord de Karachi. Cet accord impose la "Line of Control ", qui accorde l’Etat de Jammu-et-Cachemire à l’Inde, tandis que l’Azad-Cachemire se rattache au Pakistan. Cependant, ce partage servira de prétexte à une nouvelle guerre.
26 janvier 1950 — Inde : proclamation de la République
Si l’indépendance a été acquise dès le 15 août 1947, l’Inde met trois ans avant de se doter d’une constitution et de devenir officiellement une République le 26 janvier 1950. C’est Nehru, Premier ministre, qui proclame la naissance de la République. Depuis, le 26 janvier est un jour férié en Inde.

XXe siècle