Guerre des Six Jours : la victoire d'Israël en 6 jours

Guerre des Six Jours : la victoire d'Israël en 6 jours La guerre des Six Jours, majeur conflit israélo-arabe de la seconde moitié du XXe siècle, se tient du lundi 5 au samedi 10 juin 1967. Elle voit s'opposer Israël à l'Egypte, la Syrie et la Jordanie.

Résumé de la guerre des Six Jours - La guerre des Six Jours est une réaction militaire israélienne éclair face à l'embargo (23 mai) perpétré par l'Egypte dans le détroit de Tiran à destination des navires israéliens. Un véritable casus belli pour Israël, d'autant que ce type de blocus dans cette région stratégique du golfe vient en violation des résolutions des Nations Unies. En l'absence d'une réaction immédiate de la communauté internationale, Israël attaque et s'impose sur tous les fronts et notamment le 5 juin en Egypte en mettant à mal la quasi-totalité de l'aviation égyptienne.

Quelles sont les causes de la guerre des Six Jours ?

La cause immédiate de la guerre des Six Jours résulte du blocage du détroit de Tiran (principal accès au pétrole) par les Egyptiens sur la "route du Sud", le 23 mai 1967, contre les navires israéliens. Cette énième offensive arabe intervient près de 10 ans après les conflits internationaux de la crise du canal de Suez en 1956. Cette crise avait ravivé les rancœurs arabo-israéliennes suite à la création de l'Etat d'Israël. Déjà avant ce blocus, les provocations entre Israël et les Etats arabes ont été nombreuses, notamment autour de Jérusalem, la capitale d'Israël occupant un rôle central pour les religions juives, musulmanes et chrétiennes. En 1966, un acte majeur creuse plus largement encore le fossé qui sépare Israël et ses voisins : l'Egypte et la Syrie signent une alliance militaire réciproque. De nouveaux conflits israélo-arabes éclatent sur le plateau du Golan en territoire syrien, et à Damas. Puis Israël riposte dans le cadre de l'affrontement du lac de Tibériade en abattant 6 Mig-21 syriens (7 avril 1967). L'Egypte obtient en mai le retrait des casques bleus des zones tampons. C'est l'escalade. Le 5 juin 1967, Israël déclenche la guerre contre l'Egypte.

Quand, comment et où s'est déroulée la guerre ?

Du 5 au 10 juin 1967, la guerre des Six Jours s'exerce progressivement sur trois fronts : l'Egypte, la Jordanie, la Syrie. Elle est marquée par l'efficacité de la stratégie israélienne. L'Egypte est alors dotée de la plus grande force aérienne des armées arabes. De conception soviétique (l'URSS soutenant la cause arabe), ses avions sont à la pointe de la technologie. Néanmoins, les infrastructures défensives ne suivent pas. Israël profite de cette faille pour mettre en place une attaque-surprise au matin du lundi 5 juin 1967. A 7h45, pour éviter les radars, la quasi-totalité de l'aviation militaire israélienne survole la Méditerranée à très basse altitude. En Egypte, tous les avions de chasse se trouvent alors au sol. Israël détruit 309 des 340 avions égyptiens. Les pertes israéliennes sont de 19 appareils. Bridés par la propagande gouvernementale, les médias égyptiens prennent d'abord le parti de taire cette humiliation. Ils annoncent même une situation inversée. Pendant que le peuple égyptien croit à la victoire, Israël tire avantage de la confusion en progressant sans délai dans la péninsule du Sinaï.

Soldats israéliens
Les soldats israéliens célèbrent la conquête du Sinaï. © HO/AP/SIPA (publiée le 09/09/2022)

En ce même 5 juin, ce sont donc 70 hommes et 700 blindés de l'armée israélienne qui assaillent les forces égyptiennes stationnées dans le Sinaï. Privée de soutiens aériens, l'armée de terre égyptienne n'a d'autre choix que de battre en retraite. Les jours qui suivent, Israël a conquis le Sinaï. En parallèle, Israël tente d'abord l'apaisement diplomatique avec la Jordanie, notamment en réclamant l'entremise des Nations Unies. Une tentative restée sourde puisque ce lundi 5 juin à 9h30, le roi Hussein de Jordanie donne l'ordre de bombarder Israël avec 16 Hawker-Hunter (avions de chasse britanniques supersoniques). La Jordanie capture le quartier général des Nations Unies à Jérusalem. Et encercle les positions israéliennes sur le mont Scopus, un espace stratégiquement intéressant pour son panorama sur la ville sainte. Israël contre-attaque rapidement : en quelques heures, son aviation détruit celle de Jordanie. Le mercredi 7 juin, les parachutistes israéliens se réapproprient le contrôle total de Jérusalem, y compris sur la rive du Jourdain.

Chars et blindés israéliens à Jérusalem
Une ligne de chars et de blindés israéliens se dirige vers Jérusalem-Est le 5 juin 1967. © SIPA (publiée le 09/09/2022)

Jusqu'au vendredi 9 juin, plusieurs bombardements syriens se succèdent en Israël qui décide de passer à l'attaque, en particulier sur le plateau du Golan, où l'artillerie israélienne est en mesure de bombarder les plaines de Galilée. Le lendemain, l'état-major syrien, craignant une attaque israélienne sur la plaine de la Bekaa dans la partie orientale du Liban, décide de mettre en place une ligne de défense autour de Damas. Israël s'engouffre dans la confusion syrienne pour bluffer : par radio, le pays annonce la chute de Quneitra sur le plateau du Golan. Le cessez-le-feu entre Israël et la Syrie intervient enfin le samedi 10 juin au soir. Mettant ainsi un terme à la guerre des Six Jours et à une nouvelle victoire sans conteste d'Israël.

Qui a combattu durant la guerre des Six Jours ?

Conflit clé du Moyen-Orient, la guerre des Six Jours inquiète en réalité l'ensemble de la communauté internationale. Au plus fort des affrontements, les deux blocs de la guerre Froide craignent les prémices d'une Troisième Guerre mondiale. Le bloc de l'Est soutenant le camp arabe, le bloc de l'Ouest et l'ONU étant à l'origine de la proposition de la création de l'Etat d'Israël. Sur le terrain, les belligérants comptent d'un côté Israël et ses 270 000 hommes accompagnés de 200 avions militaires et 800 chars, et de l'autre l'Egypte, la Jordanie, la Syrie et l'Irak. Le camp arabe fort de 550 000 hommes, 1 000 avions militaires et 2 500 chars, est également soutenu par le Koweït, l'Arabie Saoudite, le Soudan, le Yémen et l'Algérie.

Comment Israël a gagné la guerre des Six Jours ?

Israël gagne la guerre des Six Jours grâce à sa capacité à élaborer des coups d'avance. En Egypte dès le 5 juin, Israël met à mal la quasi-totalité des avions ultramodernes du président Nasser, et profite de la confusion de l'Etat égyptien. De fait, en se réappropriant le Sinaï, insuffisamment protégé par une armée égyptienne devenue inopérante, Israël parvient ensuite à prendre le contrôle de Jérusalem face à la Jordanie et élabore enfin des coups de bluff sur les zones sensibles de Syrie, comme le plateau du Golan. Obligeant ainsi l'URSS et les Etats-Unis à réagir de concert pour ordonner les cessez-le-feu. Au départ, il s'agit pour Israël d'éviter un conflit qui aurait pu dégénérer dramatiquement à l'encontre de la population juive, et pas seulement en Israël. A l'arrivée, le petit Etat hébreu gagne en autorité politique et territoriale : un message fort, qui continue d'impacter le Moyen-Orient, mais aussi la communauté internationale.

Combien de morts a engendré la guerre des Six Jours ?

Côté Egypte, on dénombre 15 000 blessés ou tués, et 5 000 prisonniers. Parmi eux se trouvaient quelque 500 officiers. Ce conflit mène à l'anéantissement d'une grosse partie de la puissance militaire égyptienne. L'armée syrienne a perdu 2 500 soldats, 500 ont été capturés et 5 000 blessés. Les historiens estiment que près de 6 000 Jordaniens ont été tués ou sont portés disparus, et 500 ont été faits prisonniers. En outre, les forces arabes ont perdu plusieurs centaines de chars et aéronefs. L'armée israélienne a quant à elle compté un peu moins de 800 morts et 2 600 blessés. 15 militaires ont été faits prisonniers, et l'armée a perdu 400 chars ainsi qu'une cinquantaine d'avions.

De quels territoires s'empare Israël à l'issue de la guerre des Six Jours ?

En six jours, Israël a intensifié son emprise territoriale sur plusieurs secteurs clés. Le camp arabe perd la bande (et la ville) de Gaza, zone stratégique de 40 km de long et 6 à 12 km de large sur la côte orientale de la mer Méditerranée. Depuis longtemps, ce petit territoire, entouré au nord, à l'est et au sud-est par Israël, et au sud-ouest par l'Egypte, faisait l'objet d'occupations successives des Israéliens et des Arabes. C'est aussi sur cet espace que se réfugient les Palestiniens déplacés par le conflit israélo-arabe. Comme la Cisjordanie, la bande de Gaza est revendiquée par les autorités palestiniennes pour l'établissement d'un Etat palestinien.

L'Egypte perd la péninsule du Sinaï. Le Sinaï devient une zone tampon pour Israël qui en prend le contrôle. Par la suite, les choses s'inverseront et en 1979, Israël acceptera d'échanger le Sinaï contre un traité de paix avec l'Egypte. La Syrie quant à elle est amputée du plateau du Golan qui passe sous contrôle israélien. En 1981, Israël annexera le Golan à son territoire, une annexion toutefois non reconnue par la communauté internationale.

La Jordanie perd la Cisjordanie et l'emblématique Jérusalem-Est. Rappelons que la Cisjordanie englobe, outre Jérusalem-Est, Naplouse, Hébron, Jénine et Tulkarem, de nombreux lieux saints des trois religions abrahamiques. Mais aussi des villes israéliennes telles qu'Ariel, Ma'aleh Adumim, Betar Illit et Goush Etzion, considérées comme colonies illégales au regard de la communauté internationale, à l'exception d'Israël et des Etats-Unis. A la suite de la guerre des Six Jours, l'ONU adopte la résolution 242 (22 nov. 1967), laquelle continue de faire couler beaucoup d'encre en raison des différentes traductions qui en sont faites. Elle exige néanmoins une paix juste et durable au Proche-Orient.

Quelles furent les conséquences de la guerre des Six Jours ?

Le président égyptien Gamal Abdel Nasser. ©  SIPA (publiée le 09/09/2022)

Pour le camp arabe, aucun des accords faisant suite à la guerre des Six Jours n'est validé. En septembre 1967, la résolution de Khartoum définit même une ligne de conduite commune ; à savoir la non-reconnaissance de l'Etat d'Israël, l'absence de paix durable avec Israël, l'absence de négociations avec Israël. Par la suite, le président égyptien Gamal Abdel Nasser évoquera la mise en place d'une "guerre d'usure", principalement le long du canal de Suez : "Je ne peux envahir le Sinaï, mais je peux casser le moral d'Israël par l'usure". Nasser compte en effet sur la poursuite de ses collaborations avec l'URSS pour approvisionner son pays en armes. En 1968, cette guerre d'usure atteint un point de tension maximal : sur sa frontière égyptienne de la côte du canal de Suez, Israël construit la ligne Bar-Lev.

En août 1970, aucun des efforts de négociation proposés par la communauté internationale n'est accepté côté arabe ; ni une réouverture du canal de Suez ni un quelconque désengagement militaire. Cette guerre d'usure se poursuit donc jusqu'à la guerre du Kippour d'octobre 1973. Etalée du 6 au 24 octobre 1973, la guerre du Kippour pour Israël, du Ramadan côté arabe, commence avec l'attaque simultanée par les Egyptiens et les Syriens de la péninsule du Sinaï et du plateau du Golan. Il s'agit pour le camp arabe de répondre au traumatisme enduré après la guerre des Six Jours. L'incapacité des services secrets israéliens à anticiper cette attaque-surprise suscite un effroi politique majeur en Israël, provoquant la démission de la Première ministre Golda Meir. Avec plusieurs milliers de morts et blessés de part et d'autre, le conflit aboutit à un embargo sur le pétrole à destination des Etats occidentaux (l'Occident défendant plutôt la cause israélienne). Lequel engendrera le choc pétrolier de 1973.

En 1949, l'Etat d'Israël constituait un refuge pour nombre de Juifs. Cependant, la guerre des Six Jours signe l'apparition de nouvelles expressions géostratégiques, comme "Proche-Orient", "territoires occupés" ou encore "cause palestinienne", aujourd'hui encore familières. Le colonialisme sonne négativement aux oreilles des jeunes générations. Favorable à la création d'un Etat israélien, l'Occident est néanmoins divisé sur les conséquences de ce conflit. De leur côté, les jeunes générations des rescapés du génocide juif sont contraintes de monter régulièrement au créneau.

Les dates clés de la guerre des Six Jours

5 juin 1967 – Guerre des Six Jours
Après plusieurs semaines d’un climat de tension engendré par les déclarations du président égyptien Nasser, Israël espère une réaction clarifiée de la communauté internationale. En son absence, le nouveau ministre de la Défense Moshe-Dayan ouvre les hostilités le 5 juin 1967. Préparée depuis plusieurs jours, l’offensive israélienne est planifiée. Au petit matin du 5 juin, l’aviation israélienne bombarde 19 bases aériennes égyptiennes en détruisant la presque totalité des avions égyptiens. Ce même jour, elle poursuit son élan en s’enfonçant dans le Sinaï. Déclenchant ainsi la déclaration de guerre de la Syrie, l’Irak, la Jordanie, l’Algérie, le Soudan et l’Arabie Saoudite contre l’Etat hébreu.
6 octobre 1973 – La guerre du Kippour
Le 6 octobre 1973, jour de la fête juive du Yom Kippour (Grand Pardon), la plupart des Israéliens se recueillent. L’armée égyptienne en profite pour franchir le canal de Suez. Avec 1 500 chars, 222 bombardiers et près de 300 000 hommes, elle surprend l’armée israélienne stationnant dans le Sinaï. De son côté, l’armée syrienne lance 3 divisions blindées et 1 000 chars sur le plateau du Golan. En 4 jours, elle s’empare du mont Hermon et de la ville de Quneitra. Israël réagit néanmoins et récupère ses espaces. L’ONU n’interviendra que trop tard dans les opérations, en réussissant enfin l’imposition d’un cessez-le-feu le 25 octobre.
25 avril 1982 – Israël restitue le Sinaï à l'Egypte
Espace stratégique à maints égards, le Sinaï est périodiquement disputé par l’Egypte et Israël au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Lors de la crise du canal de Suez en 1956, la péninsule est envahie par l’Etat hébreu. Sous la pression des Etats-Unis et de l’Union soviétique, Israël se retire néanmoins. En 1967 pendant la guerre des Six Jours, le Sinaï est annexé par Israël, qui profite ainsi de sa proximité géographique avec le canal de Suez. Il faudra attendre le 25 avril 1982 pour que la péninsule soit finalement rendue à l’Egypte, à la suite du traité de paix de 1979 entre Israël et l’Egypte.
Autour du même sujet

XXe siècle