Accords d'Oslo : résumé des négociations de paix de 1993

Accords d'Oslo : résumé des négociations de paix de 1993 Les accords d'Oslo ont été signés le 13 septembre 1993. L'objectif du texte ? Faire un premier pas vers la résolution du conflit israélo-palestinien. Pourquoi n'ont-ils pas abouti ? Résumé.

Résumé des accords d'Oslo - Six ans après la première Intifada (ou "guerre des pierres") entre les Palestiniens des territoires occupés et les Israéliens, les accords d’Oslo sont signés le 13 septembre 1993 aux Etats-Unis. Une poignée de main historique a lieu entre Yitzhak Rabin, Premier ministre israélien, et Yasser Arafat, président du comité exécutif de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine). Le tout, sous les yeux de Bill Clinton, président des Etats-Unis. A travers ces accords d’Oslo, soutenus par la communauté internationale, l’idée était d’instaurer une paix durable et d’apaiser le conflit israélo-palestinien. Pourtant, personne ne semble croire en ce traité, en 1995, les accords d'Oslo II sont donc signés.

Pourquoi les accords d’Oslo sont-ils signés ?

Pour comprendre le contexte dans lequel les accords d’Oslo ont été signés, il faut remonter au 9 décembre 1987. Ce jour-là marque le début de la première Intifada, un soulèvement général et spontané du peuple palestinien contre l’occupation israélienne. De violentes émeutes se déroulent au sein des territoires occupés. En parallèle, des attentats sont organisés contre la population israélienne. Alors que l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) connaît une crise sans précédent, Yasser Arafat accepte de faire des concessions vis-à-vis d’Israël. Dans le même temps, Yitzhak Rabin est nommé Premier ministre d’Israël. Des discussions secrètes et bilatérales commencent à être menées. C’est Ahmed Qoreï, responsable du département économique de l’OLP, qui propose une rencontre informelle à l’occasion d’une visite à Oslo. A noter qu’Israël avait abrogé la loi de 1986 qui visait à interdire aux Israéliens tout contact avec l’OLP. La conférence de Madrid d'octobre 1991 est une première tentative d’engagement d’un processus de paix par la communauté internationale. En 1978, les accords de Camp David ont montré aux pays arabes que des négociations étaient possibles avec Israël.

Quel est le contenu des accords d’Oslo ?

Avec les accords d'Oslo, la direction de l’OLP reconnaît le droit d’Israël à une "existence en paix et sécurité". La contrepartie ? Le gouvernement israélien devait accepter l’OLP comme "représentant légitime du peuple palestinien". C’est une reconnaissance mutuelle. Les accords d’Oslo sont entrés en vigueur un mois après leur signature. De quoi ce texte est-il composé ? Que dit-il ? Le gouvernement de l’Etat d’Israël et l’équipe de l’OLP (…) sont d’accord qu’il est temps de mettre fin à des décennies de confrontation et de conflit, de reconnaître leurs droits légitimes et politiques mutuels, de s’efforcer de vivre dans la coexistence pacifique (…) et d’aboutir à un accord de paix juste, global et durable. Ces faits sont rassemblés dans une déclaration de principes.

Ces accords avaient également pour but d'encadrer deux régions pratiquant l'autogouvernement : la bande de Gaza (bande de terre de 41 kilomètres située dans le bassin Levantin) et la ville de Jéricho (actuellement située en Cisjordanie). A noter que cette situation est définie comme temporaire, "pour une période intérimaire", qui devait durer 5 ans. Cet autogouvernement s’effectue via le biais d’une autorité intérimaire palestinienne et d’un Conseil élu (avant le 13 juillet 1994). Dans les accords d’Oslo, on retrouve aussi quatre annexes ainsi que des explications complémentaires.

Qui a signé les accords d’Oslo ?

signature accords d'Oslo
La poignée de main entre le Premier ministre israélien (à gauche) et le dirigeant palestinien (à droite) © Ron Edmonds/AP/SIPA (publiée le 23/03/2023)

C’est finalement à la Maison-Blanche, à Washington, qu’est signé ce texte. Ce sont les Etats-Unis qui organisent l'événement. Deux moments clés sont à retenir des accords d’Oslo, le 13 septembre 1993. Il s’agit d’abord de la signature entre Shimon Peres, ministre des Affaires étrangères d’Israël, et Mahmoud Abbas (ou Abou Mazen), responsable de la délégation palestinienne et futur secrétaire général de l’OLP en 1996. Shimon Peres est d’ailleurs considéré comme le "grand artisan" de ces accords. L’autre moment clé, c’est la poignée de main entre Yitzhak Rabin et Yasser Arafat, alors représentant du peuple palestinien. Une photographie historique de cette poignée de main a fait la une des médias du monde entier. On y voit Bill Clinton, se tenant souriant derrière les deux hommes politiques. La cérémonie a duré environ une heure devant 3 000 invités. C’est la première fois que l’OLP et Israël signent un accord visant à instaurer une paix durable au Proche-Orient. A savoir que cet événement s’est déroulé malgré les nombreuses critiques d’opposants appartenant à chacun des deux partis.

Pourquoi les accords d’Oslo n’ont-ils pas abouti ?

Malgré cette poignée de main historique entre Yitzhak Rabin et Yasser Arafat, qui symbolisait l’espoir et le début d’une paix globale, les accords d’Oslo n’ont jamais abouti. Pourquoi ? Il existe plusieurs causes qui pourraient expliquer cet échec diplomatique.

Carte Palestine
Carte de la Palestine (jaune) avec la bande Gaza au sud-ouest et la Cisjordanie à l'est © peterhermesfurian - 123RF

D’abord, des questionnements surviennent sur la notion de territoire de Jéricho et sur le contrôle de la bande Gaza. Ensuite, des extrémistes des deux bords ont tenté d’empêcher tout établissement de paix. Côté israélien, citons le massacre d’Hébron dans le tombeau des Patriarches : cet acte de terrorisme s’est déroulé le 25 février 1994. Baruch Goldstein, membre du Parti nationaliste-religieux Kach et Kahane Chai, a tué 29 Palestiniens à Hébron. Côté palestinien, le Hamas (mouvement islamiste) organise des attentats-suicides contre les Israéliens.

Personne ne semblait vouloir de cet accord. Certains propos ont ainsi été rendus publics. Pour Yitzhak Rabin, les Palestiniens allaient "utiliser les nouveaux territoires comme des tremplins pour obtenir la libération totale de la Palestine et la liquidation de l’Etat juif". Pour Yasser Arafat, "le djihad continuera". Pour le président du comité exécutif de l’OLP, l’accord sera révoqué par Mahomet à la suite de sa violation par la partie adverse. Des années plus tard, c’est au tour de Benyamin Netanyahou, en visite dans la colonie d’Ofra (actuelle Cisjordanie), de tenir un double langage en privé et en public. Celui qui allait redevenir Premier ministre d’Israël tient des déclarations ambiguës. "Personne n’avait défini précisément ce qu’étaient les zones militaires. Les zones militaires, j’ai dit, sont des zones de sécurité ; ainsi, pour ma part, la vallée du Jourdain est une zone militaire", a-t-il expliqué.

Enfin, Israël a imposé un découpage en trois zones de la Cisjordanie : l’une était sous contrôle palestinien, l’autre sous autorité administrative palestinienne, mais dont la sécurité revenait à Israël et la dernière restait occupée. Des inégalités se faisaient ressentir : par exemple, la zone A occupait 20 % du territoire, mais 50 % de la population totale.

Quelles sont les conséquences des accords d’Oslo ?

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Après la prière du vendredi à la mosquée d'Al Aqsa, de jeunes Palestiniens affrontent les forces de défense israéliennes dans la vieille ville près de la Porte du Lion. © HALEY/SIPA (publiée le 23/03/2023)

Yitzhak Rabin, Shimon Peres et Yasser Arafat ont reçu le prix Nobel de la paix, en récompense des accords d’Oslo. En septembre 1995, un accord transitoire est signé à Washington : il s’agit des accords d’Oslo II qui portent sur l’extension de l’autonomie en Cisjordanie et sur la bande de Gaza. Deux mois plus tard, Yitzhak Rabin, homme politique israélien ayant joué un rôle clé dans cette tentative de paix, se fait assassiner en recevant deux balles dans le dos. C’est Yigal Amir, un étudiant en droit et juif extrémiste religieux, qui a assassiné l’homme politique pour montrer son désaccord avec le texte d’Oslo. Le processus de paix global a largement été freiné par ce premier événement. En parallèle, une fracture se fait ressentir entre les religieux et les laïcs de la société israélienne.

La situation n’a cessé de se dégrader au Proche-Orient. En septembre 2000, la seconde Intifada débute. Pourquoi ? Le processus de paix israélo-palestinien est dans une impasse. L’Initiative de paix arabe est proposée en mars 2002, lors du Sommet de la Ligue arabe. En juin 2002, Israël commence cependant à construire une barrière de sécurité à la frontière de la Cisjordanie. L’objectif ? Eviter toute recrudescence des attentats sur son territoire. Là encore, des polémiques se font ressentir sur la scène internationale et la perspective de la concrétisation d’une solution entre les deux Etats semble s’éloigner.

Les dates clés des accords d'Oslo

5 février 1969 — Arafat chef de l’OLP
Le Conseil national palestinien, réuni au Caire, élit Yasser Arafat président du Comité exécutif de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine). En 1988, le Conseil national proclame l’existence d’un Etat palestinien et nomme, en 1989, Yasser Arafat chef de cet Etat.
26 octobre 1974 — Reconnaissance de l’OLP
Yasser Arafat obtient la reconnaissance de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) comme le "seul et légitime représentant du peuple palestinien".
13 septembre 1993 — Poignée de main entre Israël et la Palestine
Les accords d’Oslo sur l’autonomie palestinienne à Jéricho et à Gaza sont signés en présence du président Bill Clinton par le Premier ministre israélien, Yitzhak Rabin, et le chef de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Yasser Arafat.
4 mai 1994 — Accord de Jéricho-Gaza
L’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et l’Etat d’Israël signent l’accord de Jéricho-Gaza au Caire (Egypte). Les accords d’Oslo constituent le cadre d’une paix par étapes. Ils prévoient, dans un premier temps, la mise en place d’un régime d’autonomie à Gaza et en Cisjordanie, puis l’ouverture de négociations sur le statut définitif de ces territoires. Le déclenchement de la deuxième Intifada en septembre 2000 mettra un terme à ces négociations.
14 octobre 1994 — Prix Nobel de la paix pour Arafat, Rabin et Pérès
Yitzhak Rabin, Shimon Peres et Yasser Arafat reçoivent le prix Nobel de la paix pour leur action commune et leur volonté d’une paix durable et globale au Proche-Orient.
4 novembre 1995 — Assassinat d’Yitzhak Rabin
Le Premier ministre israélien est assassiné par Yigal Amir, un étudiant d’extrême droite opposé au processus de paix avec la Palestine.

XXe siècle