Guerre du Kippour : résumé de la guerre israélo-arabe de 1973

Guerre du Kippour : résumé de la guerre israélo-arabe de 1973 La Syrie et l'Egypte s'unissent en 1973 pour attaquer Israël. Leur but ? Récupérer leurs territoires occupés et prouver leur puissance militaire nouvellement acquise, grâce au soutien de l'URSS.

Résumé de la guerre du Kippour - Le 6 octobre 1973, en pleine guerre froide, l'Egypte d'Anouar el-Sadate et la Syrie d'Hafez el-Assad mènent une offensive contre Israël pour récupérer certains de leurs territoires. Ils profitent de la fête juive du Yom Kippour pour prendre le Tsahal (l'armée de défense israélienne) par surprise. Cependant, celle-ci parvient au bout de quelques jours à reprendre le dessus. La paix est signée en 1979, suite aux accords de Camp David. La guerre du Kippour entraîne le premier choc pétrolier qui met à mal l'économie mondiale.

Quelles sont les causes de la guerre du Kippour ?

Après la Seconde Guerre mondiale, le ministre britannique des Affaires étrangères, Arthur Balfour, décide d’attribuer aux rescapés de la Shoah une partie d’un territoire historiquement lié à l’histoire juive : la Palestine. D’abord sous protectorat britannique, cette dernière prend son indépendance le 14 mai 1948 lorsque David Ben Gourion (alors président du Conseil national juif) annonce la création de l’Etat d’Israël. Les années qui suivent sont marquées par les conflits entre les nouveaux arrivants et les Arabes qui occupaient jusqu’alors ces terres. En 1967 s’achève la guerre des Six Jours. En moins d’une semaine, Israël a vaincu une coalition panarabe, rendant sa supériorité militaire indiscutable. Son armée occupe maintenant le Sinaï, la Cisjordanie, Gaza et le plateau du Golan. En 1970, Anouar el-Sadate arrive au pouvoir en Egypte. Il compte bien prendre sa revanche après la défaite de 1967. Allié au président syrien Hafez el-Assad, il prépare une attaque surprise contre Israël pour reconquérir les territoires perdus à la suite de la guerre des Six Jours.

Où et quand a eu lieu la guerre du Kippour ?

Guerre du Kippour drapeau
Guerre du Kippour sur le canal de Suez © AP/SIPA (publiée le 02/03/2023)

Le 6 octobre 1973 se déroule en Israël la célébration de Yom Kippour, ou "Grand Pardon". Il s’agit de la fête juive la plus importante de l’année. Selon la tradition, elle scellerait le destin de tout le peuple juif pour l’année à venir. Ce jour-là, on pratique le jeûne et on confesse ses fautes, espérant obtenir ainsi la clémence de Dieu. Il est interdit de travailler, de faire le moindre effort physique et d’utiliser tout appareil électrique. Cette fête étant très respectée en Israël, même par les non-pratiquants, c’est le moment rêvé pour une attaque surprise : c’est pour cela que l’Egypte et la Syrie choisissent cette date pour agir. Au matin du 6 octobre, l’armée égyptienne, dirigée par Anouar-el Sadate, attaque du côté du canal de Suez, tandis que l’armée syrienne, sous le commandement d’Hafez el-Assad, envahit le plateau du Golan. L’Egypte veut récupérer une partie du canal de Suez et repousser Tsahal dans le désert du Sinaï. De son côté, la Syrie souhaite récupérer la Cisjordanie, Gaza et le Golan, territoires qu’elle a perdus lors de la guerre des Six Jours. L’effet de surprise est réussi puisque les services de renseignements israéliens n’avaient pas vu le danger arriver. Ajoutons qu’en 1973, Yom Kippour coïncide avec le ramadan, période de jeûne et de recueillement pour la communauté musulmane. C’est pour cette raison que cette guerre est appelée indifféremment "guerre du Kippour" et "guerre du Ramadan". On l’appelle également - mais plus rarement - "guerre israélo-arabe de 1973" ou encore "guerre d’octobre".

Qui sont les combattants de la guerre du Kippour ?

Dans cette guerre, l’Egypte alliée à la Syrie s’oppose à Israël. Pourtant, ces trois puissances ne sont pas les seules à être impliquées dans le conflit. L’ONU finit même par intervenir le 22 octobre 1973 pour apaiser la situation dont on craint qu’elle tourne à la guerre nucléaire. Si l’ONU a eu peur que les choses dégénèrent, c’est qu’on est alors au cœur de la guerre froide. Ce contexte brûlant donne au conflit israélo-arabe une dimension mondiale : les Etats-Unis et l’Europe soutiennent Israël, alors mené par la Première ministre Golda Meir, tandis que les Soviétiques arment et financent l’Egypte et la Syrie. De leur côté, le Liban, l’Irak et la Jordanie refusent de prendre part à l’expédition bien qu’ils soient eux aussi opposés à l’Etat d’Israël. En effet, leurs armées sont trop faibles et - échaudés par les conflits précédents - ils craignent de perdre de nouveau des hommes et des territoires. En revanche, Anouar el-Sadate et Hafez el-Assad peuvent compter sur le soutien du Maroc, de l’Algérie, de la Tunisie, de l’Arabie Saoudite et même de la Corée du Nord. Ces pays alliés envoient pour certains des hommes, pour d’autres des munitions, des véhicules de guerre… En s’unissant, les pays arabes (sous l’égide de l’URSS) prouvent à Israël qu’ils possèdent maintenant une puissance militaire suffisamment importante pour faire trembler le Tsahal. Le 25 octobre, grâce à l’intervention de l’ONU, les pays rivaux signent un cessez-le-feu. Une troupe d’intervention de l’ONU reste sur place, au plateau du Golan, pour s’assurer du maintien de la paix.

Qui a gagné la guerre du Kippour ?

Grâce à l’intervention de l’ONU, le conflit armé s’achève le 26 octobre avec un cessez-le-feu. Suite à l’encerclement de l’armée égyptienne par le Tsahal, Anouar el-Sadate accepte que des négociations soient ouvertes avec Israël. Deux jours plus tard, les majors généraux des deux armées se retrouvent pour trouver une issue au conflit. Il s’agit d’Aharon Yariv du côté israélien et de Mohamed Abdel Ghani el-Gamasy du côté égyptien. A l’issue de plusieurs années de négociations, les deux puissances rivales signent à Genève l’accord du 4 septembre 1975 sur le Sinaï. Israël accepte alors de quitter le Sinaï et de rendre les champs de pétrole du canal de Suez à l’Egypte. Une zone tampon — gérée par l’ONU — est également créée pour éviter de nouveaux conflits. En 1979, dans un traité de paix israélo-égyptien, l’Egypte reconnaîtra l’Etat d’Israël, suivie par la Jordanie. Certes, Israël a gagné cette guerre en récupérant les territoires si soudainement envahis par ses rivaux arabes, mais l’Egypte a su tirer son épingle du jeu en prouvant à Israël sa puissance militaire retrouvée et en réussissant à faire entendre sa voix sur la scène internationale.

Combien de morts y a-t-il eu durant la guerre du Kippour ?

Cette guerre du Kippour a un lourd bilan en matière de pertes humaines, surtout du côté de l’Egypte et de la Syrie. En effet, on déplore 3 020 morts du côté israélien contre 9 500 morts du côté arabe. On compte plus de 8 000 blessés israéliens et quasiment 20 000 blessés arabes. A titre de comparaison, on avait 127 morts israéliens contre 2 500 morts syriens lors de la guerre des Six Jours. En raison de sa plus longue durée et de la violence des combats, la guerre du Kippour a été nettement plus mortifère. Il ne faut toutefois pas s’arrêter aux chiffres, car elle laisse aux Arabes un goût moins amer. En effet, ils ont l’impression d’avoir obtenu leur vengeance en déstabilisant l’armée d’Israël. Ils ont également pu participer à des pourparlers, lors desquels ils ont pu se faire entendre. De l’autre côté, bien que vainqueurs, les Israéliens ont été choqués par le manque de préparation de Tsahal et l’inefficacité du gouvernement ainsi que de ses services de renseignements. Cette guerre a installé un climat de défiance de la part du peuple d’Israël, car pour la première fois, son armée s’est retrouvée en grande difficulté.

Quelles sont les conséquences de la guerre du Kippour ?

Guerre du Kippour destructions Damas Syrie
Les conséquences matérielles de la guerre à Damas en Syrie © GOESS/VALTAT/GAYET/BISCARAS/CAGN/SIPA (publiée le 02/03/2023)

La population israélienne a été déstabilisée par l’attaque de l’Egypte et de la Syrie. Elle a eu l’impression de n’être plus correctement protégée par l’armée et par le gouvernement. Des enquêtes postérieures au conflit ont révélé que les services de renseignements avaient été alertés des velléités d’Anouar el-Sadate, mais n’avaient pas pris l’information au sérieux. La crise politique qui éclate alors en Israël mène Golda Meir, alors Première ministre, à la démission. Cependant, la guerre du Kippour n’a pas seulement un impact sur Israël. En effet, en réaction au soutien que les Etats-Unis et l’Europe ont apporté à Israël, les pays arabes décrètent un embargo sur le pétrole. Le 17 octobre 1973, ils bloquent l’exportation vers les Etats occidentaux. C’est le premier choc pétrolier qui mène à une lourde crise économique mondiale. Le prix du baril de pétrole quadruple. L’embargo est levé en mars 1974, mais ses répercussions se font sentir jusqu’en 1978. De façon plus positive, la guerre du Kippour a permis d’ouvrir le dialogue entre Israël et les pays arabes, ces derniers ayant eu l’impression d’avoir pris leur revanche suite à leur défaite cuisante lors de la guerre des Six Jours. Avec les accords de Camp David en 1978, suivis par la signature d’un traité de paix israélo-égyptien en 1979, s’amorcent des rapports plus apaisés entre les deux parties. Le Tsahal se retire même du Sinaï, se pliant ainsi à la condition fixée par la coalition panarabe.

Les dates clés de la guerre du Kippour

29 novembre 1947 — L’ONU scinde la Palestine
Suite à la déclaration de Balfour (ministre des Affaires étrangères britannique) qui appelle à trouver une terre pour les rescapés de la Shoah, l’ONU se réunit à New York pour partager la Palestine en trois : un Etat arabe, un Etat juif, et la ville de Jérusalem qui est placée sous contrôle international.
14 mai 1948 — La naissance de l’Etat d’Israël
L’ONU avait confié l’administration de la Palestine aux Britanniques. Comme la situation dégénère, entre la révolte sioniste contre l’occupation anglaise, et la révolte arabe qui s’oppose à la présence de juifs en Palestine, les Britanniques finissent par se retirer. Dès que s’achève leur mandat, le président David Ben Gourion proclame la naissance de l’Etat d’Israël.
15 mai 1948 — La Première Guerre israélo-arabe
La Première Guerre israélo-arabe débute le 15 mai 1948. Elle résulte du refus des Arabes de reconnaître l’Etat d’Israël, proclamé la veille sur une partie du territoire palestinien. L’ONU impose un répit d’un mois pendant lequel Israël s’équipe en armes et augmente ses forces militaires. Jusqu’en mars 1949, le pays frappe ses adversaires divisés, et prend le contrôle de certaines provinces comme la Galilée. Plus de 350 000 Palestiniens sont contraints à l’exode, soit pour échapper à la guerre, soit parce que leurs terres ont été conquises par l’armée adverse.
5 juin 1967 — Guerre des Six Jours
Le conflit n’a pas pu être désamorcé malgré de nombreux efforts. Il débute, Israël est mené par Moshe Dayan et s’empare de territoires (Sinaï égyptien, Cisjordanie, Gaza ou encore Jérusalem). Le pays devient quatre fois plus grand.
6 octobre 1973 — La guerre du Kippour
Profitant de la fête de Yom Kippour, l’Egypte et la Syrie attaquent Israël par surprise. A la demande de l’URSS et des Etats-Unis, le cessez-le-feu définitif date du 25 octobre, adopté par l’ONU.
11 avril 1974 — Démission de Golda Meir
Malgré la victoire d’Israël, la guerre du Kippour aura entraîné la démission de sa Première ministre Golda Meir. Elle marque également une importante crise politique dans le pays. Yitzhak Rabin occupera ensuite le poste de Premier ministre.
19 novembre 1977 — Visite de Sadate en Israël
Dans le but de régler pacifiquement le conflit israélo-arabe au Proche-Orient, le président égyptien Anouar El-Sadate se rend à Jérusalem pour y rencontrer le Premier ministre, Menahem Begin. Sadate demande alors à récupérer le Sinaï. Cette visite est la première jamais effectuée par un chef d’Etat arabe en Israël depuis sa création en 1948. En septembre 1978, les deux hommes se rencontreront à nouveau sous l’égide du président américain Jim Carter, à Camp David. Ils signeront alors une convention officielle supposée restituer le Sinaï à l’Egypte et autoriser Israël à emprunter le canal de Suez. Les deux hommes politiques recevront le prix Nobel de la paix pour leurs efforts. En 1979, ils concluront leurs pourparlers par la signature d’un traité de paix, qui rendra effectifs les accords de Camp David.
17 septembre 1978 — Signature des accords de Camp David
Ce jour-là, les dirigeants égyptien et israélien se retrouvent à la demande du président américain, Jimmy Carter. La réunion a lieu à Camp David, dans le Maryland. Les négociations durent plusieurs jours, et mènent à la signature d’un accord israélo-égyptien pour maintenir la paix.
26 mars 1979 — L’Egypte et Israël signent un traité de paix
Après trente années de luttes et de tensions, l’Egypte et Israël signent un traité de paix à Washington. Ce dernier met un terme aux pourparlers entamés par le président égyptien Sadate et le ministre israélien Begin. Le Sinaï sera totalement restitué à l’Egypte en 1982, et les Israéliens quitteront les alentours du canal de Suez. Toutefois, suite à la signature de cet accord, l’Egypte sera exclue de la Ligue arabe et Sadate deviendra l’ennemi des islamistes extrémistes. Il bénéficiera en revanche de nouvelles relations avec les Etats-Unis.
Autour du même sujet

XXe siècle