Campagne de France de 1940 : l'invasion allemande décisive

Campagne de France de 1940 : l'invasion allemande décisive La campagne de France, ou "bataille de France", correspond à l'invasion de la France par l'Allemagne nazie, dirigée par Hitler, lors de la Seconde Guerre mondiale.

Après l'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler, l'Allemagne nazie annexe des territoires comme l'Autriche et la région des Sudètes. En septembre 1939, l'invasion de la Pologne par l'Allemagne oblige les puissances alliées à entrer en guerre : la Seconde Guerre mondiale débute. Après avoir vaincu la Pologne, Hitler se tourne vers la France, dont il lance l'invasion le 10 mai 1940. L'armée allemande vainc rapidement la Belgique et les Pays-Bas, puis encercle les troupes franco-britanniques dans la poche de Dunkerque.    

Après l'évacuation des Britanniques par la mer, la France continue seule le combat. Privée du gros de ses forces et mal commandée, l'armée française essuie une succession de défaites. Elle ne parvient pas à empêcher l'avancée des troupes allemandes, qui prennent Paris le 14 juin. La campagne de France, alias "bataille de France", s'achève par l'armistice, alors signé le 22 juin 1940. La France est divisée en deux zones, dont l'une est occupée par l'Allemagne et l'autre sous contrôle du régime de Vichy.

Quelles sont les causes de la campagne de France ?

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Satire politique "Les accords de Munich". Accords signés par l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni et l'Italie permettant à l'Allemagne nazie d'annexer les Sudètes à la Tchécoslovaquie. © SIPA (publiée le 05/04/2022)

Dès 1938, le dirigeant du Troisième Reich, Adolf Hitler, commence à annexer des territoires. C'est le cas de l'Autriche, en mars 1938, puis de la région des Sudètes (en Tchéquie), en septembre. Malgré cette provocation, la France et le Royaume-Uni, alliés de la Tchécoslovaquie, préfèrent temporiser pour éviter un conflit avec l'Allemagne. Le 30 septembre 1938 se tiennent les accords de Munich. Les représentants de la France et du Royaume-Uni rencontrent Adolf Hitler et Benito Mussolini, et acceptent l'annexion des Sudètes pour éviter la guerre.

En mars 1939, l'Allemagne envahit la Bohême-Moravie, à l'ouest de la Tchécoslovaquie. Le 1er septembre 1939, Hitler lance l'invasion de la Pologne. Le 3 septembre, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l'Allemagne. Alors que l'armée polonaise est défaite, l'armée française pénètre de quelques kilomètres sur le territoire allemand avant de se replier. Les combats sont de faible intensité : on parle de "drôle de guerre". De son côté, Hitler profite de cette période pour se réorganiser après l'invasion de la Pologne, et préparer une offensive contre la France, baptisée "Plan Jaune" (Fall Gelb).    

Quelle sont les dates de cette campagne ?

La campagne de France débute le 10 mai 1940. Elle met donc fin à la "drôle de guerre", qui avait commencé par la déclaration de guerre à l'Allemagne, le 3 septembre 1939, et avait duré 8 mois. Elle s'achève avec la défaite de l'armée française, et la signature de l'armistice le 22 juin 1940. La campagne de France aura donc duré 1 mois et 15 jours, même si l'armée française a été vaincue en trois semaines : les Allemands étaient déjà à Paris, le 14 juin 1940.

Comment s'est déroulée la campagne de France durant la Seconde Guerre mondiale ?

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La technique d'offensive nazie en 1940 : le "blitzkrieg", à base d'attaques aériennes et de chars combinées. © SIPA (publiée le 05/04/2022)

Le 10 mai 1940, l'armée allemande pénètre dans les Pays-Bas, au Luxembourg et en Belgique, conformément au "Plan Jaune" (Fall Gelb). La Wehrmacht utilise la technique du "blitzkrieg" ("guerre éclair"), qui consiste à frapper rapidement, et à avancer le plus loin possible en territoire ennemi, à l'aide de blindés et d'avions. Devant l'avancée des Allemands, les Alliés lancent une contre-offensive en Belgique. Mais les chars allemands traversent les Ardennes, et se dirigent vers Sedan, dans un secteur mal protégé. Sur la Meuse, l'armée française résiste tant bien que mal. Le 15 mai, les Allemands réussissent leur percée à Sedan. Ils se dirigent alors vers la Manche, qu'ils atteignent le 20 mai. Les armées française, britannique et belge sont prises au piège. Le 26 mai, les Britanniques se replient sur Dunkerque. Du 23 au 28 mai 1940, les Belges tentent de freiner l'avancée allemande lors de la bataille de la Lys, mais ils sont vaincus et doivent capituler.

La résistance des soldats français et belges permet aux Britanniques de se replier à Dunkerque. Le 26 mai 1940, l'opération Dynamo est lancée : des bateaux arrivent d'Angleterre pour sauver les 500 000 hommes pris au piège dans la poche de Dunkerque. Le sacrifice d'unités françaises et l'action de la Royal Air Force permettent de couvrir l'opération : 85 % des troupes sont évacuées.

Le 5 juin 1940, l'armée allemande lance l'invasion de la France (Fall Rot), que les restes de l'armée française ont du mal à empêcher. Le 10 juin, le front est percé sur la Somme. Les Allemands prennent Paris le 14 juin, puis Orléans le 16 juin. Le 17 juin, Pétain, nouveau dirigeant du gouvernement, demande la fin des combats. Le général de Gaulle appelle en revanche à résister, lors de son discours du 18 juin. Le 22 juin 1940, l'armistice est signé ; le régime de Vichy est instauré peu après.

Quelles sont les causes de la défaite de la France en 1940 ?

Plusieurs paramètres peuvent expliquer la défaite de la France en 1940.
  • Chars : la France dispose alors de 2 300 chars. Elle fait donc presque jeu égal avec l'Allemagne, qui possède à ce moment-là 2 600 chars. Les chars français sont plus lents, mais mieux armés et plus résistants que les panzers allemands. Néanmoins, les chars sont sous-exploités par le haut commandement français, qui préfère l'utilisation de l'infanterie. Dans la Wehrmacht, à l'inverse, les panzers sont utilisés en masse, pour prendre l'ennemi par surprise.
  • Aviation : l'Allemagne aligne 3 600 avions qui surpassent largement les 1 103 appareils français, mais aussi les 400 avions britanniques présents en France. Les défenses aériennes françaises sont insuffisantes. De plus, les Allemands détruisent rapidement les bases aériennes ennemies grâce à des attaques-surprises.
  • Haut commandement : la défaite française découle avant tout des erreurs commises par l'état-major. Pendant la "drôle de guerre", l'armée française aurait pu pénétrer en Allemagne, qui était alors occupée à envahir la Pologne, et prendre plusieurs points stratégiques. D'autre part, pendant l'offensive, l'état-major était certain que l'armée allemande ne passerait pas par les Ardennes, considérées comme infranchissables, négligeant les défenses à cet endroit. Cet aveuglement a permis l'encerclement des armées alliées, en Belgique. Enfin, les progrès technologiques de l'aviation et des chars n'étaient pas suffisamment pris en compte et intégrés dans l'armée française.

Combien y a-t-il eu de morts durant la bataille de France ?

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Photographie de l'exode en 1940 : les français, sur les routes, fuient la guerre. © SIPA (publiée le 05/04/2022)

La bataille de France a fait environ 60 000 morts et 123 000 blessés dans le camp français. Dans le camp allemand, on dénombre et 27 000 morts et 111 000 blessés. La Belgique déplore 7 500 morts et 15 850 blessés. Chez les Britanniques, le bilan est de 4 200 morts et 16 800 blessés. Aux Pays-Bas, l'offensive allemande a fait près de 3 000 morts.

La bataille de France a par ailleurs causé la mort de 21 000 civils français, ainsi que 6 000 civils belges et environ 2 500 civils néerlandais. Autour de 10 millions de civils fuient les combats.

Quelles sont les conséquences de la campagne de France ?

Après la défaite française, l'Allemagne nazie occupe une grande partie du nord du territoire français. La partie sud, appelée "zone libre", est contrôlée par le gouvernement de Vichy, mis en place le 10 juillet 1940. La IIIe République cesse d'exister. Dirigé par Philippe Pétain, le régime de Vichy mène une politique de collaboration avec le Troisième Reich. La zone libre est envahie par les Allemands le 11 novembre 1942. Le Régime de Vichy prend fin le 20 août 1944.

Qu'est-ce que la campagne de France de 1814 ?

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Napoléon à la tête de son état-major pendant la campagne de France, en 1814. © SIPA (publiée le 05/04/2022)

Il existe une autre campagne de France, qui eut lieu de décembre 1813 à avril 1814. Pendant cette campagne, l'Empire français, dirigé par Napoléon Bonaparte, affronte plusieurs armées dans le cadre de la guerre de la Sixième Coalition. Les Coalisés, dont la Russie, la Prusse, l'Autriche et le Royaume-Uni, souhaitent envahir la France pour mettre fin au règne de Napoléon, et rétablir la paix en Europe. Malgré plusieurs victoires comme à Metz, Montmirail et Vauchamps, l'Empereur ne peut empêcher la convergence des armées coalisées à Paris. Il abdique le 6 avril 1814, et s'exile sur l'île d'Elbe.

les dates clés de la Campagne de France

24 février 1940 - Elaboration du Plan Jaune
Le Plan Jaune, ou Cas Jaune ("Fall Gelb", en allemand), est un plan d'offensive de l'armée allemande contre les Alliés (Français et Britanniques). Si le plan change plusieurs fois pendant la "drôle de guerre", il est finalisé le 24 février 1940. Les Allemands comptent envahir les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg, pour y attirer le gros des forces françaises et britanniques. Ils espèrent ainsi franchir les Ardennes, et atteindre Sedan, mal protégée, puis foncer vers la Manche pour encercler les Alliés.
Mai 1940 - Bataille de la Lys
Alors que l'armée allemande poursuit son avancée en Belgique, l'armée belge de Léopold III se replie derrière une rivière, la Lys. Dès le 23 mai 1940, ils résistent aux assauts allemands. Mais l'armée britannique, qui se trouvait sur l'aile droite des Belges, se replie vers Dunkerque sans les prévenir. Se sentant trahis, les Belges capitulent le 28 mai. Trois mille soldats belges meurent durant cette bataille, contre 1 500 soldats allemands.
10 mai 1940 - Hitler envahit la Belgique
Le début de la campagne de France commence par l'invasion de la Belgique par l'armée allemande. Adolf Hitler viole la neutralité de la Belgique, pour mener une offensive vers la France, et vaincre les troupes alliées. Malgré une résistance héroïque dans les Ardennes, et lors de la bataille de la Lys, l'armée belge ne peut résister à l'avancée allemande. De plus, elle est abandonnée par l'armée britannique, qui se replie sur Dunkerque. La Belgique capitule le 28 mai 1940.
26 mai 1940 - Opération "Dynamo" à Dunkerque
Alors que l'armée allemande progresse en Belgique et vers la France, l'état-major britannique donne l'ordre à ses troupes présentes en Belgique de se replier vers Dunkerque, afin d'y être évacuées. Grâce à l'opération "Dynamo", il espère sauver le corps expéditionnaire britannique de l'anéantissement. Des centaines de navires de toutes sortes sont envoyés d'Angleterre pour embarquer les soldats, qui attendent sur les plages et dans le port de Dunkerque. Malgré les bombardements allemands, l'opération permet d'évacuer plus de 338 000 hommes.
28 mai 1940 - Bataille d'Abbeville
Fin mai 1940, les forces françaises et britanniques sont encerclées dans la poche de Dunkerque. Alors que l'évacuation des troupes par la mer a commencé, le général Weygand, remplaçant de Gamelin, lance une offensive à Abbeville. Par cette manœuvre, il espère protéger les ports français, mettre en place une ligne défensive et permettre aux troupes encerclées de se dégager. La bataille voit notamment l'intervention de Charles de Gaulle, qui attaque avec ses chars, mais ne peut résister longtemps à la puissance des canons allemands. La bataille s'achève le 4 juin 1940.
14 juin 1940 - Opération Vado
Le 10 juin 1940, Mussolini déclare la guerre à la France. L'armée française empêche les Italiens d'arriver par les Alpes. Parallèlement, le haut commandement français lance l'opération Vado, dont le but est de bombarder des ports italiens. Dans la nuit du 13 au 14 juin 1940, 4 croiseurs et 11 contre-torpilleurs quittent le port de Toulon. Dans la journée du 14, ils pilonnent les ports de Gênes et de Savone, sans provoquer de dégâts majeurs. Douze marins français meurent au cours de l'opération.
22 juin 1940 - La France signe l'armistice
Alors que l'armée française est en pleine débâcle, Philippe Pétain, nouveau chef du gouvernement français, appelle à cesser les combats, et négocie un armistice avec l'Allemagne. Afin d'humilier les Français, Hitler exige que l'armistice soit signé à Rethondes, dans le même wagon où fut signé celui de 1918. Par la suite, la France est occupée dans sa partie nord et sur la façade atlantique. Par ailleurs, elle doit verser des indemnités à l'Allemagne, pour l'entretien de l'armée d'occupation.
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