Le STO ou service du travail obligatoire durant la guerre

Le STO ou service du travail obligatoire durant la guerre Le service du travail obligatoire (STO), mis en place par le régime de Vichy en 1943 pendant la Seconde Guerre mondiale, a obligé des centaines de milliers de Français à partir travailler en Allemagne.

Définition du STO - Le service du travail obligatoire (STO) est mis en place en février 1943 en France par le régime de Vichy. Son objectif est de satisfaire aux exigences du Troisième Reich en lui fournissant des travailleurs. L'Allemagne a en effet besoin de main-d'œuvre étrangère pour faire fonctionner son économie alors que la majorité des jeunes Allemands se battent en dehors du pays. Le STO fonctionne sur la base d'un recrutement forcé parmi certaines tranches d'âges. Ainsi, le régime de Vichy envoie plusieurs centaines de milliers de jeunes Français travailler en Allemagne de février 1943 à juillet 1944.

Quand et pourquoi le STO a-t-il été mis en place ?

Après la défaite de l'armée française en 1940, l'Allemagne nazie, dirigée par Adolf Hitler, occupe une grande partie du territoire français. En juin 1941, Hitler lance l'opération Barbarossa et envahit l'Union soviétique. L'Allemagne envoie toujours plus de soldats pour se battre sur le front de l'Est et fait face à une pénurie de main-d'œuvre dans les secteurs de l'industrie, des transports et de l'agriculture. Pour soutenir son effort de guerre, le Troisième Reich utilise des prisonniers, mais demande aussi aux pays occupés de fournir des travailleurs. En France, le régime de Vichy met en place la Relève en 1942. Il encourage les ouvriers français à se porter volontaires pour aller travailler en Allemagne. En échange, des prisonniers de guerre français sont rapatriés. Néanmoins, la Relève a peu de succès et l'Allemagne décide de recourir au travail forcé. Le 16 février 1943, le régime de Vichy met en place le service du travail obligatoire (STO), qui oblige les Français de certaines classes d'âge à aller travailler en Allemagne.

Comment le régime de Vichy a-t-il participé à la mise en place du STO ?

Pendant la guerre, la France, bien qu'elle soit occupée en partie par l'Allemagne, conserve son propre gouvernement, installé à Vichy. Le régime de Vichy, dirigé par Philippe Pétain, met en place une politique de collaboration avec l'Allemagne nazie et instaure ses propres lois. Cette situation diffère de celle des autres pays occupés, qui ne disposent plus de gouvernement propre, et dans lesquels les ordonnances allemandes font loi. Pour satisfaire aux exigences de l'Allemagne concernant la fourniture de main-d'œuvre, le régime de Vichy, en la personne de Pierre Laval, met en place la Relève, fondée sur le principe du volontariat. Mais l'échec de la Relève mécontente les Allemands, qui menacent de recourir à une ordonnance instaurant le travail forcé. Pierre Laval négocie avec le gauleiter Fritz Sauckel, surnommé "le négrier de l'Europe", pour remplacer l'ordonnance par une loi française. Ainsi, le régime de Vichy met en place la loi du 16 février 1943, qui réquisitionne des Français nés entre 1920 et 1922 pour le travail en Allemagne.

Combien de personnes ont été réquisitionnées pour le STO ?

En France, la loi du 16 février 1943 qui instaure le STO prévoit le réquisitionnement de tous les hommes âgés de 21 à 23 ans. En 1944, la loi se durcit face aux désertions et le STO est élargi aux femmes sans enfant de 18 à 45 ans et aux hommes de 16 à 60 ans. Environ 600 000 travailleurs français ont été envoyés en Allemagne dans le cadre du STO. Ces travailleurs ont été reconnus comme "victimes du travail forcé en Allemagne nazie", mais la dénomination officielle de "déportés du travail" leur est refusée. La loi souhaite en effet éviter une confusion avec la déportation vers les camps de concentration ou les camps de la mort, qui a touché les juifs et les résistants. 

STO affiche de propagande
Affiche de propagande du STO, France, 1943 © NAMUR-LALANCE/SIPA

En Belgique, le STO a été instauré par une ordonnance allemande d'octobre 1942, qui concerne les hommes de 18 à 50 ans et les femmes de 21 à 35 ans. En juin 1943, le STO s'élargit aux femmes d'au moins 18 ans. Néanmoins, à partir de mars 1943, les femmes peuvent rester travailler en Belgique. Au total, environ 200 000 Belges ont été déportés au titre du travail obligatoire. Environ 8 millions d'étrangers ont travaillé en Allemagne pendant la guerre. Le nombre des travailleurs des pays alliés au Troisième Reich ou neutres (Roumanie, Bulgarie, Espagne, Suisse) s'élève quant à lui à environ 87 000. La France compte parmi les pays ayant fourni le plus grand nombre de travailleurs avec 1,1 million de personnes (ce chiffre inclut les prisonniers de guerre mis au travail), l'Union soviétique (plus de 2,1 millions) en a fourni le plus, avec la Pologne (1,4 million).

Quelles entreprises allemandes ont accueilli les travailleurs du STO ?

En Allemagne, les travailleurs du STO travaillent dans l'industrie, l'agriculture, mais aussi les transports. Pendant la guerre, les grandes entreprises allemandes comme AEG, BMW, Siemens, Bosch, Daimler-Benz ou Volkswagen, toujours en activité aujourd'hui, emploient de nombreux travailleurs forcés. Les industries automobile, aéronautique, chimique ou encore métallurgique doivent fonctionner à plein régime pour fournir du matériel à l'armée allemande : chars, avions, canons, etc. Les requis sont aussi mis à la disposition de la Reichsbahn pour travailler sur les chemins de fer allemands, indispensables à la logistique.

Quelles étaient les conditions de travail des réquisitionnés du STO ?

Avant la mise en place du STO, le système de la Relève encourage les travailleurs qualifiés français à se porter volontaires pour le travail en Allemagne. La propagande met en avant certains avantages comme un salaire correct ou de bonnes conditions de vie. La situation change avec le STO, fondé sur le travail forcé et non sur le volontariat. La durée du service est fixée à deux ans et les autorités promettent un salaire identique à celui des travailleurs libres. Les requis peuvent être interpellés au travail, à leur domicile et conduits par les gendarmes jusqu'à la gare où les attend un train en partance pour l'Allemagne. L'enrôlement se fait aussi par convocation : le requis doit se présenter aux autorités. Sur place, les conditions de travail des travailleurs du STO sont bien différentes de celles avancées par la propagande. Les heures de travail vont de 60 à 72 heures hebdomadaires en moyenne pour un salaire bien inférieur à celui des ouvriers allemands.

Les conditions de vie sont aussi difficiles. Les travailleurs sont généralement logés dans des baraquements surpeuplés, souvent sans chauffage. La nourriture est réduite au minimum, les conditions d'hygiène sont mauvaises et les ouvriers blessés sont mal soignés. Des permissions sont accordées aux ouvriers, mais certains en profitent pour déserter et elles sont bientôt supprimées. Environ 200 000 jeunes gens refusent de partir au STO. Certains prennent le maquis, rejoignent la Résistance ou se cachent à la campagne en attendant la fin de la guerre. Qualifiés de "défaillants" ou de "réfractaires" par le régime de Vichy, ces requis sont parfois pris dans des rafles de la Milice. La loi précise que les réfractaires au STO et leurs complices sont passibles d'amendes allant de 200 à 100 000 francs et de peines de prison allant de trois mois à cinq ans. Ainsi, les familles et les amis des réfractaires sont aussi menacés de sanctions s'ils sont considérés comme complices.

Quelles célébrités françaises ont participé au STO ?

Certaines personnalités françaises ont été requises dans le cadre du STO. La plus connue est probablement le chanteur Georges Brassens. Ce dernier est envoyé en Allemagne en 1943 pour travailler dans une usine BMW, mais profite d'une permission pour se cacher à Paris jusqu'à la fin de la guerre. L'acteur Michel Galabru est envoyé en 1942 en Autriche avant d'être déporté vers la Yougoslavie. Il est libéré par des partisans de Tito. Le dessinateur Jacques Martin, auteur de la célèbre bande dessinée Alix, est lui réquisitionné pour travailler dans l'usine Messerschmitt, à Augsbourg. L'humoriste Raymond Devos est lui aussi forcé de travailler en Allemagne, où il distrait ses camarades par la musique et le mime.

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