La Résistance française face à l'occupation durant la guerre

La Résistance française face à l'occupation durant la guerre La Résistance française s'est mise en place au cours de la Seconde Guerre mondiale. On distingue la Résistance intérieure, associée à Jean Moulin, et la Résistance extérieure, avec le général de Gaulle.

La Résistance résumée - Le mouvement de la Résistance française voit le jour suite à l'appel du 18 juin 1940. La Résistance désigne deux mouvements distincts : la Résistance intérieure, d'une part, menée sur le territoire français sous l'occupation allemande, et la Résistance extérieure, d'autre part, qui s'apparente au régime de la France libre instauré par le général de Gaulle. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Résistance intérieure a mené des missions de renseignement et d'espionnage, sans oublier les actes de sabotage et les affrontements dans les maquis. Les résistants combattent l'occupation allemande, ainsi que le régime de Vichy, jusqu'à la libération de la France qui débute en 1944.

Qu'est-ce que la Résistance intérieure française ?

Lors de la Seconde Guerre mondiale, la Résistance intérieure se constitue de réseaux clandestins sur le territoire de la France occupée. Le pays est alors gouverné par le régime de Vichy. Le mouvement émerge dès le 22 juin 1940, date de l'armistice entre le Reich allemand et le gouvernement de Philippe Pétain. La Résistance intérieure lutte contre les forces de l'Axe, l'occupation allemande, ainsi que les acteurs et institutions qui collaborent avec l'ennemi. Elle mène essentiellement des missions de renseignement et de sabotage, sans oublier les actions civiles. En février 1944, les différents groupes de Résistance intérieure fusionnent pour devenir les Forces françaises de l'Intérieur (FFI). Elle est active jusqu'en septembre 1944, au moment de la libération de la France.

Comment s'organise la Résistance extérieure ?

Croix de Lorraine
La croix de Lorraine, emblème de la France libre © ricochet64/123RF

La Résistance extérieure fait référence au régime de la France libre. Celui-ci est fondé par le général de Gaulle, à Londres, après l'appel du 18 juin 1940. La France libre ne reconnaît pas le régime de Vichy. Les forces ralliées à la France libre sont appelées les Forces françaises libres (FFL) et leur emblème est la croix de Lorraine. A partir de 1942, on parle également de "France combattante". Celle-ci est d'ailleurs reconnue par le Royaume-Uni. Par la suite, elle fait partie intégrante du Comité français de libération nationale (CFLN). En 1943, les FFL fusionnent avec l'Armée d'Afrique, fidèle au général Henri Giraud, pour devenir l'Armée française de la Libération (AFL).

Pourquoi des mouvements de résistance sont-ils apparus en France durant la Seconde Guerre mondiale ?

Au début de la Seconde Guerre mondiale, la France signe un armistice (22 juin 1940) avec l'Allemagne pour mettre fin aux combats. Le pays est ensuite occupé par les forces du IIIe Reich. Le régime de Vichy est mis en place pour continuer à gouverner la France malgré la présence allemande. Dès l'appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle, la Résistance émerge pour poursuivre le combat. On distingue alors plusieurs motivations, comme le refus de participer au service du travail obligatoire (STO). Les mouvements de résistance s'élèvent contre le nazisme, la politique antisémite et les programmes de déportation. Leurs principaux objectifs sont notamment de mettre fin à l'occupation de la France par les Allemands et de libérer le pays. Les actions de résistance vont de la simple écoute de la radio BBC, la distribution de tracts, la transmission d'informations, jusqu'aux actes de sabotage.

Quelles sont les dates clés de la Résistance en France ?

La Résistance en France émerge après l'appel du 18 juin 1940. Alors que le général de Gaulle crée la France libre (renommée France combattante en 1942), des réseaux et des mouvements clandestins naissent sur le territoire occupé par les nazis. Le 3 juin 1943, le Comité français de libération nationale (CFLN) marque l'unification entre la Résistance intérieure et la Résistance extérieure. L'objectif de cette nouvelle entité est de préparer la libération du pays. En février 1944, la fondation des Forces françaises de l'intérieur (FFI) permet de réunir l'ensemble des groupes militaires présents sur le sol français, soit environ 400 000 soldats. Parmi les grandes figures de la Résistance intérieure, on peut citer Jean Moulin.

Qui étaient les résistants durant la Seconde Guerre mondiale ?

Contrairement aux mythes d'après-guerre, la Résistance française ne représente qu'une faible minorité des Français pendant l'occupation. Les historiens ne sont pas d'accord sur leur nombre réel : les estimations varient de 300 000 à 1 million de résistants, ce qui correspond à peine à 2% de la population française de l'époque. La Résistance se compose d'hommes et de femmes de tous horizons sociaux et ethniques, animés par des valeurs politiques, religieuses ou idéologiques différentes. On compte également de nombreux opposants aux nazis provenant de l'Allemagne elle-même, de l'Espagne ou de l'Italie. A cela s'ajoutent des juifs apatrides et des immigrés issus des communautés arméniennes et polonaises. Parmi les résistants les plus célèbres, on retrouve Jean Zay, Jean Moulin, Pierre Brossolette, Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz, mais aussi l'Abbé Pierre, Lucie et Raymond Aubrac, Albert Camus, André Malraux et bien d'autres. Un service du ministère des Armées permet de rechercher un nom parmi l'ensemble des personnes connues pour actes de résistance : accéder au service Mémoire des hommes.

Quel a été le rôle de Jean Moulin dans la Résistance ?

Jean Moulin
Jean Moulin à Montpelier en 1940. © SIPA (publiée le 26/09/2022)

Haut fonctionnaire français, Jean Moulin occupe le poste de préfet avant de devenir une figure emblématique de l'unification de la Résistance. Après l'appel du 18 juin 1940, il refuse l'occupation allemande. En 1941, il rejoint le régime de la France libre à Londres. Il y rencontre le général de Gaulle, et lui rend compte de la situation en France. Par la suite, il est envoyé à Lyon avec pour mission d'unifier les différents mouvements de résistance. La Gestapo procède à son arrestation le 21 juin 1943, à Caluire-et-Cuire. Après avoir été torturé, il est transféré au siège de Paris, puis on l'envoie en Allemagne. Il décède au cours du voyage en train, le 8 juillet 1943, à l'âge de 44 ans.

Quel était le quotidien des résistants pendant la Seconde Guerre mondiale ?

En fonction de leurs missions et de leur implication dans le mouvement, les résistants sont contraints de s'adapter à des conditions de vie difficiles. Certains d'entre eux ont une double vie et adoptent un ou plusieurs pseudonymes. D'autres rejoignent le maquis et combattent l'armée allemande. De nombreux résistants mènent une vie de clandestinité. Les personnes identifiées par la Gestapo et autres services de renseignements à la solde des nazis doivent se réfugier dans des cachettes ou passer en zone libre. Les risques sont particulièrement importants pour ceux et celles qui réalisent des attentats, des actions de sabotage ou des missions d'infiltration pour obtenir des renseignements.

Quelles actions sont menées par les résistants durant la Seconde Guerre mondiale ?

On distingue différents niveaux d'implication et diverses formes de résistance pendant la Seconde Guerre mondiale. Certains citoyens effectuent une "résistance passive" avec l'écoute journalière de la BBC sur les ondes radio. La diffusion et la lecture de la presse clandestine sont également considérées comme des actes de résistance. Les réseaux et mouvements de la Résistance ont aussi mené des missions et actions concrètes contre l'occupation allemande et le régime collaborationniste. Parmi celles-ci, on peut évoquer des actes de sabotage, ou encore de l'espionnage pour obtenir des renseignements et des secrets militaires. Des affrontements dans le maquis et des guérillas ont également eu lieu.

Sabotage de résistants français
Des résistants français sabotent une ligne de chemin de fer pour intercepter un train allemand. © MARY EVANS/SIPA (publiée le 26/09/2022)

Combien de résistants sont morts durant la Seconde Guerre mondiale ?

Lorsqu'ils ne sont pas pris sur le fait, les résistants font l'objet de dénonciations. Ils peuvent être arrêtés par la Gestapo, les SS ou des milices collaborationnistes. Les interrogatoires se font le plus souvent sous la torture. On compte également des exécutions sommaires et des déportations dans les camps de concentration. De nombreux maquisards se sont également battus, faisant face à l'ennemi. Ce fut notamment le cas au Mont Mouchet où plusieurs dizaines de personnes ont perdu la vie. Au terme de la Seconde Guerre mondiale, on dénombre environ 30 000 résistants fusillés, 20 000 morts au combat, ainsi que 60 000 déportations. Pour ce dernier point, près de la moitié des résistants n'ont pas survécu à leur détention.

Comment les résistants ont-ils participé à la mise en place d'un nouveau gouvernement ?

L'unification de la Résistance commence véritablement le 27 mai 1943, avec la création du Conseil national de la Résistance (CNR). Ce dernier est fondé par Jean Moulin, suite aux directives du général de Gaulle. Ce sont les bases d'un futur gouvernement. Le 3 juin 1944, le Comité français de libération nationale (CFLN) permet de mettre en place un gouvernement provisoire depuis Londres et Alger. Ce gouvernement français ne reconnaît pas la légitimité du régime de Vichy, et entreprend de nombreuses réformes, dont le droit de vote accordé aux femmes le 21 avril 1944. Il est dirigé par le général de Gaulle. Après la Libération, le gouvernement provisoire prépare la IVe République (créée le 27 octobre 1946) avec l'organisation d'élections et une nouvelle constitution. Le président Vincent Auriol est élu en 1947.

Les dates clés de la Résistance française

3 septembre 1939 — Londres et Paris déclarent la guerre à l'Allemagne
Le 1er septembre 1939, l'Allemagne nazie envahit la Pologne, ce qui marque le début de la Seconde Guerre mondiale. Deux jours plus tard, le Royaume-Uni et la France déclarent la guerre à l'Allemagne et aux forces de l'Axe.
10 mai 1940 — Début de la bataille de France
La bataille de France se déroule du 10 mai au 25 juin 1940. Les forces de l'Axe s'opposent aux Alliés. L'affrontement provoque des dizaines de milliers de morts. La bataille des Ardennes et la percée de Sedan constituent une victoire décisive pour l'armée allemande, amorçant l'occupation de la France.
14 juin 1940 — Les Allemands à Paris
L'armée allemande marche sur Paris le 14 juin 1940. Les forces de l'Axe ne rencontrent aucune résistance. La capitale française est déclarée "ville ouverte". La libération de la ville survient du 19 au 25 août 1944.
17 juin 1940 — Jean Moulin tente de se trancher la gorge
Jean Moulin s'oppose à l'occupation allemande et n'obéit pas à leurs injonctions. Lors de son incarcération, il est battu. Refusant de céder à la pression de ses geôliers, il tente de se suicider à l'aide d'un morceau de verre. Il survit à ses blessures et est libéré.
18 juin 1940 — L'appel du 18 juin
L'appel du 18 juin 1940 marque le début de la Résistance française sur le territoire occupé, mais aussi depuis Londres. Le général de Gaulle crée la France libre qui vient s'opposer au régime collaborationniste de Vichy.
22 juin 1940 — La France signe l'armistice
Le gouvernement Pétain signe l'armistice du 22 juin 1940 avec l'Allemagne. Cela marque officiellement la fin des combats. Toutefois, la Résistance s'oppose à l'occupation allemande. Elle poursuit ainsi le combat de manière passive et active.
2 juillet 1940 — Le gouvernement Pétain s'installe à Vichy
Le gouvernement du maréchal Pétain prend ses quartiers à Vichy. Celui-ci accepte l'occupation allemande et les conditions prévues par l'armistice du 22 juin 1940. Le général de Gaulle ne reconnaît pas la légitimité de ce nouveau régime.
14 juillet 1940 — Première diffusion de l'émission "Les Français parlent aux Français"
A partir du 14 juillet 1940, l'émission "Les Français parlent aux Français" est diffusée depuis Londres, sur les ondes radio de la BBC. Entrecoupés de commentaires sur l'actualité, les reportages soutiennent les efforts des Alliés.
7 août 1940 — Churchill reconnaît la légitimité de De Gaulle
Winston Churchill, le Premier ministre britannique, reconnaît la légitimité du général de Gaulle par le biais d'une lettre qui lui est directement adressée. Il amorce ainsi l'accord Churchill-de Gaulle. Celui-ci se penche, entre autres, sur l'organisation des forces militaires françaises.
15 décembre 1940 — Première publication du journal "Résistance"
Le premier numéro du journal "Résistance" paraît le 15 décembre 1940, et est l'une des premières initiatives en matière de presse clandestine. Il s'agit d'un acte de résistance du "réseau du musée de l'Homme", connu pour avoir collecté des renseignements militaires et politiques.
22 octobre 1941 — Exécution de Guy Môquet
A 16 ans, Guy Môquet est fusillé avec 27 autres condamnés, à Châteaubriant. Cette décision survient après la mort de Karl Hotz, assassiné par des résistants. Cet acte provoque l'exécution de 48 personnes.
15 décembre 1941 — Massacre au mont Valérien
Le 15 décembre 1941, 75 otages sont exécutés au mont Valérien, à l'ouest de Paris. En l'espace de quatre ans (de 1940 à 1944), l'armée allemande fusille près d'un millier de prisonniers. Ancien journaliste de "L'Humanité", Gabriel Péri fait partie des victimes.
2 janvier 1942 — Jean Moulin parachuté en France
Jean Moulin est parachuté en Provence le 2 janvier 1942. Sous les ordres du général de Gaulle, il a pour mission d'unifier les différents mouvements de résistance sur le territoire français, ce qui permet d'amorcer les préparatifs destinés à la libération du pays.
8 novembre 1942 — Débarquement allié en Afrique du Nord
L'opération "Torch" marque le débarquement des Alliés en Afrique du Nord. Le 8 novembre 1942, près de 60 000 soldats sont déployés. Cet épisode de la Seconde Guerre mondiale précède la campagne de Tunisie et la prise d'Alger.
11 novembre 1942 — Entrée de l'Allemagne en zone libre
Menée par les Allemands, l'opération "Attila" marque l'invasion de la zone libre, située dans le sud de la France. Elle fait suite au débarquement allié en Afrique du Nord. Le gouvernement de Vichy est alors assujetti aux pouvoirs de l'occupant et à l'autorité allemande.
22 janvier 1943 — Rafle de Marseille
Après l'invasion de la zone libre, les Allemands font face à des attentats et ne parviennent pas à contrôler Marseille. Des forces policières sont dépêchées depuis la capitale. Au cours de la rafle de Marseille, le 22 janvier 1943, près de 2 000 personnes sont arrêtées et déportées.
26 janvier 1943 — Fondation du MUR
Jean Moulin unifie trois mouvements de la Résistance française avec la création des Mouvements unis de Résistance (MUR). Il regroupe les réseaux "Combat", "Franc-tireur" et "Libération-Sud".
16 février 1943 — Institution du STO
Tous les hommes âgés de 21 à 23 ans doivent participer au service du travail obligatoire (STO). Ils sont alors contraints de se rendre en Allemagne pour y servir de main-d'œuvre. Près de 700 000 hommes ont été forcés d'intégrer le STO.
27 mai 1943 — Première réunion du CNR
La première réunion du Conseil national de la Résistance (CNR) a lieu le 27 mai 1943. Jean Moulin la préside. Cet organisme a pour objectif de coordonner l'ensemble des actions de résistance intérieure sous la France occupée.
3 juin 1943 — De Gaulle et Giraud créent le CFLN
Le Comité français de libération nationale (CFLN) voit le jour le 3 juin 1943. Il fait suite au gouvernement de la France libre en vue de libérer le pays. Son second objectif est d'unifier l'effort de guerre français. A partir de juin 1944, le CFLN devient le gouvernement provisoire.
21 juin 1943 — Arrestation de Jean Moulin
Jean Moulin se fait arrêter à Caluire-et-Cuire, en banlieue lyonnaise, le 21 juin 1943. Klaus Barbie est impliqué dans son arrestation. Pendant son incarcération, il est torturé par la Gestapo. Il meurt lors de son transfert en Allemagne.
8 juillet 1943 — Mort de Jean Moulin
La mort de Jean Moulin est actée le 8 juillet 1943 en gare de Metz. Son décès est dû aux multiples tortures qu'il a subies au cours de sa détention, dans les services de la Gestapo. Il n'aurait dévoilé aucune information sur les actes de résistance dont il avait connaissance.
9 septembre 1943 — La Corse se soulève contre l'occupant
Le 9 septembre 1943, des insurgés corses s'opposent à l'armée allemande avec le soutien de commandos et de soldats en provenance d'Afrique du Nord. Les combats durent jusqu'au 4 octobre 1943. La Corse est le premier département français libéré.
6 juin 1944 — Le débarquement de Normandie
Les forces alliées débarquent en Normandie le 6 juin 1944. Il s'agit de l'opération "Overlord". Les troupes américaines, britanniques et canadiennes atteignent les plages de Normandie ou sont parachutées à l'intérieur des terres.
15 août 1944 — Débarquement en Provence
L'opération "Anvil" marque le débarquement en Provence. Près de 300 000 hommes parviennent sur la côte méditerranéenne par voie maritime ou depuis les airs. La libération de Marseille, Grenoble et Toulon survient en moins de dix jours.
25 août 1944 — "Paris libéré…"
La libération de Paris a lieu du 19 au 25 août 1944. Le général de Gaulle prononce l'un de ses plus célèbres discours en l'introduisant par la phrase : "Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré !" L'affrontement de la bataille de Paris provoque plus de 5 000 morts.
28 août 1944 — Libération de Nice
La Résistance intérieure est à l'origine de la libération de Nice. Celle-ci a lieu le 28 août 1944. L'insurrection évolue en un véritable soulèvement. On dénombre une soixantaine de morts, ainsi qu'un peu moins de 300 blessés et une centaine de prisonniers de guerre.
8 mai 1945 — Fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe
Le 8 mai 1945 marque la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe et l'effondrement de l'Allemagne nazie. Ce sont les Alliés qui annoncent la fin des combats sur les ondes radio. La fin du conflit est définitive le 2 septembre 1945 après la capitulation du Japon.
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