Prise des Tuileries : la révolte parisienne du 10 août 1792

Prise des Tuileries : la révolte parisienne du 10 août 1792 Le 10 août 1792 a lieu un événement décisif pour la Révolution française : la prise des Tuileries. Des centaines de sans-culottes attaquent la résidence du roi pour en finir avec la monarchie.

Résumé de la Prise des Tuileries - Après la prise de la Bastille, la France est toujours dans une situation politique et économique précaire. Le 5 octobre 1789, une foule de Parisiennes se rend à Versailles pour protester contre le coût de la vie. Le lendemain, Louis XVI et sa famille sont amenés au palais des Tuileries où ils sont assignés à résidence. Le 20 juin 1791, le couple royal tente de fuir les Tuileries. Leur fuite est stoppée à Varennes et l'image de la royauté est définitivement égratignée. Le 25 juillet, à travers un manifeste, le duc de Brunswick menace de frapper Paris si la famille royale subissait le moindre outrage. Cette tentative d'intimidation ne fait qu'attiser la colère des révolutionnaires. Le 10 août 1792, désireux d'en finir une bonne fois pour toutes avec l'Ancien Régime, des émeutiers prennent d'assaut le palais des Tuileries. Le roi et les siens sont capturés et enfermés à la prison du Temple par la Commune insurrectionnelle. Au même moment, l'Assemblée législative prononce la suspension du monarque et annonce l'élection d'une Convention nationale au suffrage universel. La royauté est définitivement abolie le 21 septembre 1792 avec l'avènement de la Première République.

Pourquoi la prise des Tuileries a-t-elle eu lieu ?

Le 5 octobre 1789, Louis XVI est transféré de Versailles aux Tuileries par une foule de Parisiens en colère. A Paris, il est plus facile de surveiller la famille royale. Les 20 et 21 juin 1791, le roi, Marie-Antoinette et leur entourage s'échappent pour rejoindre des sympathisants, mais sont rapidement arrêtés. Ce qu'on appelle la "fuite de Varennes" marque un tournant majeur dans la Révolution française : l'image du roi est écorchée, certains l'accusant déjà de trahison. Le 13 septembre 1791, le roi accepte la Constitution qui met fin à son pouvoir absolu. La France devient une monarchie constitutionnelle. Pour Louis XVI, seule l'intervention des puissances étrangères voisines pourrait lui permettre de récupérer son trône. Le 20 avril 1792, sur proposition du roi, l'Assemblée législative déclare la guerre à l'Autriche très vite rejointe par la Prusse. Le 25 juillet, le duc de Brunswick menace par le biais d'un manifeste de s'en prendre à Paris en cas d'atteinte à la famille royale. La crainte d'une invasion attise la fureur des sans-culottes qui soupçonnent le monarque d'être de connivence avec les puissances étrangères. La situation se tend, et les Parisiens se préparent à une nouvelle "journée révolutionnaire".

Qui attaque le palais des Tuileries le 10 août 1792 ?

Depuis leur fuite à Varennes, Louis XVI et sa famille sont assignés à résidence au palais des Tuileries, alors à proximité du vieux Louvre, au cœur de Paris. Après le manifeste de Brunswick, les sans-culottes parisiens, manifestants populaires reconnaissables à leur pantalon à rayures, souhaitent en finir avec la royauté. Ils sont rejoints par des soldats fédérés de Marseille et de Bretagne, des soldats professionnels issus des provinces françaises. Au matin du 10 août 1792, tous prennent d'assaut les Tuileries. La résidence royale est défendue par environ 900 gardes suisses, une troupe d'élite au service de la monarchie, et 2 000 gardes nationaux. Dès l'aube, un violent affrontement s'engage sur la place du Carrousel, où les insurgés sont repoussés. Vers dix heures, le combat reprend de plus belle entre royalistes et émeutiers. Finalement, Louis XVI donne l'ordre aux défenseurs de cesser le feu et les Tuileries sont mises à sac. Ce jour-là, 300 gardes suisses meurent au combat, et 200 perdent la vie en prison. Environ une centaine de gardes suisses sont massacrés à l'hôtel de ville. En parallèle, 300 révolutionnaires environ seraient morts.

Où le roi et sa famille trouvent-ils refuge durant la prise des Tuileries ?

Lors de la prise des Tuileries, apeurés par la foule en colère, Louis XVI et sa famille trouvent refuge à l'Assemblée. Après le succès des émeutiers, la Commune insurrectionnelle, le gouvernement révolutionnaire de Paris créé après la prise de la Bastille, exige la déposition du roi qu'il accuse de trahison. Les députés prononcent seulement la suspension du monarque et le livrent, lui et les siens, aux insurgés. Ils passeront trois nuits à l'ancien couvent des Feuillants avant d'être incarcérés à la prison du Temple le 13 août 1792. Dans la foulée, l'Assemblée législative désigne un Conseil exécutif provisoire pour gouverner jusqu'à l'élection d'une Convention nationale. Pour satisfaire les exigences de la Commune insurrectionnelle, elle instaure, pour la première fois de l'histoire de France, le suffrage universel avec l'objectif de destituer tous les pouvoirs du roi. La "journée révolutionnaire" du 10 août 1792 marque ainsi la fin de la monarchie constitutionnelle, mais aussi le début de la première Terreur…

Que s'est-il passé lors des massacres de septembre 1792 ?

Après la prise des Tuileries, la situation de la France reste particulièrement instable. Entre les menaces d'une invasion austro-prussienne et les craintes de complots internes, la panique monte parmi les révolutionnaires. Début septembre, les rumeurs de la chute de Verdun renforcent l'affolement et la méfiance vis-à-vis des royalistes. A Paris, la tension est au plus haut, tandis que des hommes politiques ou des journalistes comme Jean-Paul Marat agitent les peurs. Le 2 septembre 1792, des dizaines de sans-culottes investissent la prison de l'Abbaye, près de Saint-Germain-des-Prés. Là, ils exécutent les détenus, suspectés d'être des contre-révolutionnaires et des ennemis de la France. Du 3 au 6 septembre, ils envahissent le reste des prisons parisiennes : la Conciergerie, la Salpêtrière, le Châtelet, la Force, Bicêtre… Les "septembriseurs" massacrent les captifs sans distinction, qu'ils soient royalistes, nobles, prêtres réfractaires, soldats ou simples citoyens… En quelques jours, plus de 1 000 prisonniers sont exécutés, soit près de la moitié de la population incarcérée.

Massacres de septembre 1792
Massacres de septembre 1792 © MARY EVANS/SIPA

Quelles sont les conséquences de la prise des Tuileries ?

Le 20 septembre 1792, la France révolutionnaire remporte, face à la Prusse, une victoire historique lors de la bataille de Valmy. Dès le lendemain, enhardis par ce succès et poussés par une ferveur populaire, les députés de l'Assemblée législative instaurent la Convention nationale. Au cours de sa première réunion, le 21 septembre 1792, elle abolit la royauté et met ainsi fin à l'Ancien Régime. La monarchie absolue qui règne en France depuis près de 1 000 ans est abrogée et remplacée par la Première République. C'est l'an 1 du calendrier républicain. Du 10 au 26 décembre 1792, Louis XVI est finalement jugé par la Convention constituée en tribunal pour l'occasion. Durant son procès, il est accusé de haute trahison et d'avoir comploté avec l'étranger contre la France. Louis Capet, ancien roi de France et de Navarre, est condamné à mort par les députés. Il meurt guillotiné le 21 janvier 1793, sur la place de la Révolution. Le 10 août 1793, la Convention promulgue la Constitution de l'an I, avant d'établir quelques mois plus tard un régime d'exception : la Terreur…

Les dates clés de la prise des Tuileries

14 septembre 1791 - Louis XVI et la monarchie constitutionnelle
La constitution française du 3 septembre 1791 est définitivement adoptée le 14 septembre 1791. Elle marque la naissance d'une monarchie constitutionnelle qui rompt avec la monarchie absolue pré-révolution. Pour la première fois de son histoire, la France se dote d'un régime libéral fondé sur la souveraineté de la Nation et l'équilibre des pouvoirs. Louis XVI prête serment et troque son titre de roi de France contre celui de roi des Français. Le pouvoir législatif est à présent confié à une assemblée élue.
20 juin 1792 - Les sans-culottes aux Tuileries
La journée de 20 juin 1792 puise ses origines dans l'adoption de la Constitution civile du clergé à l'été 1790. Le jour de l'anniversaire du serment du Jeu de paume, à l'initiative de Santerre, des sans-culottes marchent sur le palais des Tuileries. Ils réclament la levée du veto du roi concernant notamment la déportation des prêtres réfractaires et la création d'un camp de gardes nationaux. Louis XVI est forcé à se coiffer du bonnet rouge et à boire "à la santé du peuple". Néanmoins, malgré la pression, il ne cède rien aux émeutiers. Un mois plus tard, ils reviendront pour prendre d'assaut les Tuileries au cours d'une nouvelle journée insurrectionnelle.
25 juillet 1792 - Le manifeste de Brunswick
En 1792, la France est en guerre contre la Prusse et l'Autriche. Le 25 juillet 1792, le duc de Brunswick, chef de l'armée prussienne, menace par un manifeste la jeune monarchie constitutionnelle. Il promet de "livrer Paris à une exécution militaire et à une subversion totale" si "la famille royale subissait le moindre outrage". La nouvelle arrive à Paris le 1er août, mais au lieu de les effrayer, la déclaration du duc ne fait qu'attiser la colère des révolutionnaires et provoquer un sursaut patriotique. Accusé de conspirer avec l'étranger contre la France, Louis XVI est plus que jamais en péril.
10 août 1792 - Prise des Tuileries
Suite au manifeste de Brunswick, les esprits des révolutionnaires sont échaudés. Dans la nuit du 9 au 10 août 1792, des sans-culottes, accompagnés des fédérés marseillais, prennent d'assaut le palais des Tuileries. Les royalistes présents à l'intérieur sont massacrés par les émeutiers. Après l'attaque, les députés prononcent la suspension du roi et le renvoi de ses ministres. A la place, ils nomment un Conseil exécutif provisoire chargé de gouverner en attendant l'élection d'une Convention nationale. Accusé de trahison, Louis XVI est arrêté et conduit à la prison du Temple le 13 août. C'est la fin de la monarchie.
2 au 7 septembre 1792 - Massacres de septembre
A l'été 1792, la situation de la France est préoccupante. Autrichiens et Prussiens se rapprochent, et la menace d'une invasion grandit de jour en jour. A Paris et en province, alors que les rumeurs de complots royalistes enflent, les révolutionnaires pénètrent dans les prisons et massacrent les détenus. Du 2 au 7 septembre, ils exécutent tous ceux susceptibles d'être des contre-révolutionnaires, des fauteurs de troubles ou des ennemis de la Nation. Ils tuent des royalistes et des gardes suisses, mais également des prêtres réfractaires ou des citoyens ordinaires. Le gouvernement provisoire ne fait rien pour empêcher ces assassinats, et certains, comme Danton, les justifient à demi-mot.
22 septembre 1792 - Abolition de la monarchie française
La victoire de l'armée française à Valmy résonne comme un coup d'éclat retentissant. Au-delà du triomphe militaire, elle légitime la France révolutionnaire alors au bord de l'anéantissement. Dès le lendemain, la Convention, réunie pour la première fois et revigorée par ce succès historique, abolit définitivement la monarchie. Et le 22 septembre 1792, sur une proposition de Danton, les députés proclament l'An I de la République. Selon les mots de Robespierre, c'est de manière "furtive" que la France se découvre en République. Celle-ci durera jusqu'en 1804 et sera marquée par de nombreuses guerres avec ses voisins et des conflits internes meurtriers.
10 décembre 1792 - Le procès de Louis XVI
Le 3 décembre 1792, la Convention nationale décide de juger Louis XVI et se constitue en tribunal pour l'occasion. Le procès du monarque déchu a lieu du 10 au 26 décembre à Paris. Ce dernier comparait sous le nom de Louis Capet, ancien roi de France et de Navarre et ancien roi des Français. Il fait face à trente-trois chefs d'accusation, dont celui d'avoir comploté la chute de la Révolution avec des puissances étrangères. Le 15 janvier 1593, à l'issue des débats, les députés votent à une très courte majorité sa condamnation à mort. Le 21 janvier 1793, Louis XVI est guillotiné publiquement place de la Révolution, actuelle place de la Concorde.