Route de la soie : la Chine et les routes commerciales

Route de la soie : la Chine et les routes commerciales La Route de la soie est un réseau de routes commerciales reliant Asie et Europe. Il s'agit de l'un des plus anciens circuits commerciaux. Résumé.

Résumé de la Route de la soie - La Route de la soie est l'appellation donnée à un ensemble de routes commerciales, principalement terrestres, mais aussi maritimes, reliant une partie de l'Asie à l'Europe. Elle est nommée ainsi en raison de la marchandise principale qui transitait entre les deux continents. Les historiens estiment que cette route remonte au paléolithique, plus de 2 000 ans avant notre ère. Il s'agit donc de l'une des plus anciennes routes commerciales qui aient existé dans notre histoire. Au-delà des biens matériels, la Route de la soie a permis de faire circuler des religions, des techniques et des inventions, ayant contribué à l'évolution des deux continents Est-Ouest. Ce faisceau de routes commerciales n'a cessé d'évoluer sous les différentes dynasties chinoises, centre névralgique des échanges ... avant de disparaître progressivement au cours du XVe siècle face aux dangers divers, aux nouveaux enjeux économiques, et aux nouvelles routes commerciales établies entre l'Europe et l'Afrique orientale.   

Qu'est-ce que la Route de la soie ? Définition, causes et objectifs

La Route de la soie remonte au paléolithique. Dès le IIe siècle avant Jésus-Christ, elle apparaît comme un espace d'échanges dynamique, actif, et très sollicité par les marchands et commerçants européens et asiatiques. La Route de la soie est l'héritière de l'antique route du jade, dont les vestiges remontent à 7 000 ans avant notre ère, et qui établissait des liens commerciaux entre la région du Xinjiang, à l'ouest de la Chine, et la Birmanie. En Chine, la culture de la soie est un art à part entière dès le IIIe siècle av. J.-C. Cette matière, qui allie douceur et résistance, devient un objet commercial de luxe que l'Europe convoite, notamment pour la noblesse européenne. C'est au IIe siècle av. J.-C., notamment grâce à l'explorateur chinois Zhang Qian, que la Chine s'ouvre aux relations commerciales à l'Ouest et réinvestit la route du jade.

La Chine s'ouvre au commerce à l'Ouest, principalement pour des raisons d'économie de guerre, le pays faisant face à des attaques régulières de peuplades nomades qu'elle cherche à pacifier. Chang'an, la capitale chinoise de l'époque, devient tout à la fois le centre et le point de départ de la route commerciale. Un faisceau de routes commerciales commence alors à se dessiner entre l'Est et l'Ouest. Ces routes s'étendent progressivement vers l'Ouest, jusqu'à atteindre l'Empire romain alors en pleine expansion. Ce n'est que vers la fin du IIe siècle av. J.-C. que sont établies définitivement les principales routes commerciales terrestres entre Asie et Europe. Celles-ci restent néanmoins sinueuses, peu sécurisées, et traversent des zones aux climats très rudes ; avec des attaques régulières de pillards et de brigands avides des richesses qui transitent entre les deux continents. Ces différentes difficultés poussent l'Europe et l'Asie à trouver d'autres réseaux, notamment maritimes. Au Ier siècle av. J.-C., la Route de la soie est quasiment terminée, alliant routes terrestres et maritimes.

Où et quand la Route de la soie était-elle utilisée ?

La Route de la soie a été empruntée dès le néolithique. Elle prend son point de départ à Xi'an, au nord-ouest de la Chine. Elle a contribué à l'expansion de la Chine, notamment avec la culture de Qijia, l'une des premières cultures asiatiques à entrer dans l'Age de bronze. La grande phase d'expansion et d'utilisation de la Route de la soie s'est produite durant le Moyen Age. En effet, elle a été principalement utilisée à l'apogée de la dynastie Tang, entre le VIIe et le Xe siècle apr. J.-C. A cette période, la capitale Chang-An est l'une des villes les plus denses démographiquement, avec près de deux millions d'habitants – un record mondial pour l'époque.

La prospérité de la Chine, notamment en raison des nombreuses ressources et denrées rares qu'elle produit (céramique, argent…) et des techniques de fabrication, ravive un commerce étroit entre l'Europe et l'Asie. Elle s'étend ainsi par le corridor du Gansu, en contournant le désert du Taklamakan afin de rejoindre l'Inde et la Perse. La Route de la soie traverse ensuite les déserts de Syrie par Palmyre, où les marchandises sont expédiées par les ports de Tyr et d'Antioche pour rejoindre Rome. Les oasis forment les lieux de commerce privilégiés, en raison des bonnes conditions climatiques et des points d'eau, tant et si bien que de véritables villes marchandes se forment au cours des différentes périodes du Moyen Age. 

Comment Marco Polo a-t-il découvert la Route de la soie ?

Marco Polo
Marco Polo (1254-1324) © Copyright

En 1271, Marco Polo cherche à s'inscrire dans les pas de son père et de son oncle, Niccolo et Matteo Polo, deux marchands vénitiens qui avaient fait fortune dans le commerce. Emissaires du pape Grégoire X en raison de leurs connaissances sur la Route de la soie, les deux frères sont mandatés pour rencontrer Kubilai Khan, l'empereur mongol de l'époque. Le jeune Marco est embarqué dans le voyage, il n'a alors que dix-sept ans. Il découvre pour la première fois la Route de la soie. Au-delà de la mission diplomatique qui fut confiée à la famille Polo, Marco rêve aussi de s'enrichir des cultures exotiques, ainsi que des biens qu'il pourrait acquérir sur sa route.

Leur chemin débute en Israël, puis ils poursuivent jusqu'au golfe Persique avant de rejoindre l'Empire mongol. Marco Polo est rapidement apprécié par l'empereur Kubilaï, qui en fait son envoyé personnel. Avec cette nouvelle fonction, il voyage dans les provinces de Chine pour des missions diplomatiques. Ces différents voyages seront contés dans les écrits de l'explorateur et diplomate, Le livre des merveilles, publié en 1298 en langue franco-vénitienne. Il fait le récit de ses explorations, voyages, découvertes. Marco Polo ne rentrera en Italie que dix-sept ans plus tard. Il deviendra, par la même occasion, le premier Européen à voyager sur une aussi longue distance et durant une aussi longue période dans l'Histoire.

Quels sont les pays traversés par la Route de la soie ?

La Route de la soie s'étend sur près de 8 000 kilomètres, et traverse des pays de l'Europe, de l'Asie centrale et de l'Asie. A ses prémices, elle débute en Chine et rejoint Constantinople (actuelle Istanbul, en Turquie). Pour faire le lien entre les deux principaux lieux d'échange, la Route de la soie passe par le Kirghizistan, le Tadjikistan, l'Ouzbékistan, le Kazakhstan, l'Azerbaïdjan, la Géorgie, l'Arménie, l'Iran et enfin la Turquie. Depuis la Turquie, notamment Constantinople, les commerçants européens, principalement romains et grecs, traversent la Méditerranée pour échanger, commercer, et importer les différentes marchandises sur le continent européen. Dès le Ve siècle, de nouvelles voies maritimes s'ouvrent pour étendre la Route de la soie. Des ports s'établissent sur la côte est de la Chine, à Fuzhou et Quanzhou : les bateaux traversent la Malaisie et l'Indonésie, pour rejoindre le Sri Lanka, puis longer la côte est-africaine afin d'atteindre le canal de Suez, en Egypte. 

La route de la Soie
Carte de la Route de la Soie © Dimitrios - stock.adobe.com

Pourquoi la Route de la Soie est-elle abandonnée ?

Les quelque 8 000 kilomètres sont ponctués de dangers divers représentés tant par les brigands que par les conditions climatiques extrêmement dures. Ces conditions font progressivement disparaître la Route de la soie. Différents événements au cours du XVe siècle précipitent son abandon. En premier lieu, après la disparition de l'Empire mongol, à la fin du siècle précédent – le XIVe siècle –, la fin de la Pax Mongolica met un terme à la garantie de la sécurité et la protection des commerçants en Asie centrale et en Eurasie. La dynastie Ming, en Chine, mène quant à elle une politique isolationniste, qui coupe le pays du reste du monde et met un terme à l'exportation de ses ressources vers l'Occident. 

Débutées au XIe siècle, les guerres turco-byzantines ont également affaibli la sécurité de l'Asie Mineure, bien que Constantinople, carrefour des échanges mondiaux, reste sécurisée jusqu'en 1453. C'est en réalité la chute de Constantinople, conquise par les Turcs en 1453, qui signe la chute de l'Empire romain d'Orient et met un frein aux échanges Est-Ouest. L'Europe est contrainte de trouver de nouveaux partenaires commerciaux et d'établir de nouvelles routes.

Les Grandes découvertes, avec la découverte des Amériques par Christophe Colomb puis Amerigo Vespucci, offrent un nouvel espace à exploiter. Les richesses des Indes sont par ailleurs immédiatement convoitées par les explorateurs et les commerçants, qui installent rapidement de nouvelles voies commerciales maritimes, propices à l'enrichissement de l'Europe et à l'établissement de nouvelles zones commerciales. De même, les débuts de la colonisation dans les pays d'Afrique offrent de nouvelles opportunités pour les Européens, avec notamment l'apparition du commerce triangulaire. A noter que la menace des brigands par voie terrestre a été remplacée par la menace des pirates, notamment anglais, qui envahissent dès le XVIe siècle les eaux de l'Atlantique et les Caraïbes. 

Qu'est-ce que la nouvelle Route de la soie ?

Xi Jinping
Xi Jinping © palinchak/123RF

En 2013, la Chine de Xi Jinping entreprend une nouvelle stratégie économique visant à relier économiquement le pays à l'Europe, en réexploitant les routes et les corridors, et en créant des liaisons maritimes et des voies ferroviaires : c'est la nouvelle Route de la soie, présentée comme le projet du siècle par le parti communiste chinois. Xi Jinping lance ainsi la politique économique du One Belt, One Road (OBOR), signifiant "Une ceinture, une route". Son intitulé est plus connu en France sous le nom BRI : Belt and Road Initiative. Cette politique prévoit de longs corridors qui traversent à la fois l'Asie centrale et l'Afrique, pour établir de nouvelles opportunités commerciales après plusieurs siècles d'isolationnisme.

Les nouvelles routes de la Soie
Carte du projet One Belt, One Road © microone/123RF

Ce projet, qui se concrétise avec la sollicitation des banques et des institutions financières chinoises, concerne près de 68 pays regroupant près de 4,5 milliards d'habitants. L'opportunité commerciale est immense : ces pays représentent quasiment 40 % du produit intérieur brut (PIB) mondial. En misant sur l'accroissement de ses exportations, la Chine pourra trouver de nouveaux marchés propices à son essor économique, particulièrement pour l'exportation de ses matières premières, ce qui lui a déjà permis de sortir du classement des pays émergents pour rejoindre celui des pays développés.

L'expansion de la Chine nécessite également de nouvelles technologies. Le pays a pour cela besoin de se développer dans le domaine énergétique. Aussi le pays travaille-t-il depuis le début des années 2010 à l'infrastructure des routes, des voies ferrées, et des corridors maritimes, pour encourager les pays à devenir des partenaires commerciaux privilégiés. Le parti communiste chinois cherche également à concurrencer les Etats-Unis, premier partenaire commercial mondial actuellement. Cette nouvelle Route de la soie reprend les principales voies qui avaient été établies par le passé, tout en s'étendant à l'océan Indien et en incluant l'Afrique orientale, comme la Tanzanie, le Kenya et la Somalie.

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