Saint-Empire romain germanique : résumé et histoire

Saint-Empire romain germanique : résumé et histoire Le Saint-Empire romain germanique s'étend du Moyen Âge à l'époque contemporaine. Tout au long de son histoire, les empereurs ont œuvré pour la chrétienté. Résumé.

Résumé : Fondé en 962 par Otton Ier, le Saint-Empire romain germanique est un regroupement politique d'États d'Europe occidentale et d'Europe centrale (au départ les royaumes de Germanie, d'Italie et de Bourgogne). Bâti sur les ruines de l'Empire carolingien, il naît de la volonté de ressusciter l'Empire romain d'Occident, disparu en 476. S'étendant de la fin du haut Moyen Âge au début de l'époque contemporaine, cette entité complexe évolue énormément au fil des siècles. Sous le règne de Charles Quint, l'unité religieuse du Saint-Empire est mise à mal par la Réforme protestante de Martin Luther. Celle-ci dégénère en guerre de religion, qui débouchera sur la terrible guerre de Trente Ans.

Après avoir perdu une grande partie de son influence, la monarchie élective ne survit pas aux guerres napoléoniennes. Face à Napoléon Ier, François II renonce à son titre d'empereur des Romains. Le 6 août 1806, après plus de huit cents ans d'existence, le Saint-Empire romain germanique disparaît. Il laisse derrière lui un héritage culturel et politique commun à de nombreux pays actuels. Cette période est aussi appelée le 1er Reich.  

Qui a fondé le Saint-Empire romain germanique ?

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Coffret reliquaire avec l'aspect de Charlemagne, exposé à la cathédrale d'Aix-la-Chapelle. © acrogame - stock.adobe.com

À sa chute en 476, l'Empire romain d'Occident laisse place à une multitude de royaumes barbares. En Gaule, Clovis Ier fonde le royaume des Francs, qui s'étend rapidement vers l'Europe centrale et méridionale. Aux Mérovingiens succède la dynastie des Carolingiens, avec Pépin le Bref en 751. C'est sous le règne de son fils, Charles Ier, dit Charlemagne, que l'Empire carolingien connaît son apogée. Désireux de ressusciter l'antique Empire romain, le roi des Francs se lance à la conquête de l'Europe. À la fin de l'an 800, le monarque est couronné empereur d'Occident par le pape Léon III, à Rome. Une première en trois siècles ! Suite au traité de Verdun de 843, l'Empire carolingien est partagé entre trois de ses petits-fils. Charles le Chauve hérite de la Francie occidentale (la future France), et Louis le Germanique de la Francie orientale. Lothaire, quant à lui, reçoit la Francie médiane ainsi que le titre impérial. C'est la fin de l'empire unifié de Charlemagne, qui disparaîtra en 924 après l'assassinat de Bérenger Ier. La dignité d'empereur est alors laissée vacante jusqu'au sacre d'Otton Ier, roi de Germanie, qui crée le Saint-Empire en 962.

Quelles sont les dates du Saint-Empire romain germanique ?

Regroupement politique d'États d'Europe occidentale, centrale et méridionale, le Saint-Empire romain germanique perdure de 962 à 1806. Il disparaît au début de l'époque contemporaine. Aux origines, le Saint-Empire se dessine sur les territoires des anciennes Francie orientale et méridionale. Il réunit ainsi le royaume de Germanie, la Bohème et le royaume d'Italie, rejoints dès 1032 par le royaume de Bourgogne. Avec Charlemagne comme modèle, le rêve d'Otton est de restaurer l'Empire romain sur les restes de l'Empire carolingien. À son apogée, sa superficie englobe la majeure partie de l'Europe centrale. Il recouvre l'Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg et la Suisse, ainsi qu'une petite portion de la France et de l'Italie. À partir du XVIIIe siècle, l'influence régionale du Saint-Empire romain germanique décroît au profit de la Prusse. Il finit par s'écrouler au cours des guerres napoléoniennes. Après la ratification du traité de la confédération du Rhin, François II renonce au titre d'empereur des Romains le 6 août 1806. C'est la fin du Premier Reich allemand.

Comment est l'Empire durant le Moyen Âge ?

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Ancienne carte du monde de l'empire de Charlemagne, 1857. © MISHELLA - stock.adobe.com

La dynastie des Ottoniens règne sur le Saint-Empire de 962 à la mort d'Henri II, en 1024. Pendant cette période, l'empire prospère, et développe une économie marchande florissante. Proches de l'Eglise, Otton et ses descendants nourrissent le rêve de regrouper tout l'Occident chrétien au sein d'un même empire. Pour renforcer leur autorité, ils s'assurent la vassalité de nombreux évêques : c'est le système de "clientèle impériale". Durant le Moyen Âge, la religion chrétienne occupe une place prépondérante dans le Saint-Empire. L'Eglise est alors un partenaire privilégié des souverains, et forme la clé de voûte de l'administration impériale, faisant office de contre-pouvoir. Aux Ottoniens succède la dynastie franconienne, qui va régner de 1027 à 1125, et agir pour la préservation de la paix. Avec le déclin des Hohenstaufen au XIIIe siècle, le pouvoir central s'affaiblit, tandis que celui des princes-électeurs s'accroît. À la fin du Moyen Âge, le Saint-Empire romain se réduit autour du territoire allemand, et renonce à ses prétentions universelles. En 1452, la dignité impériale passe à la maison de Habsbourg.

Comment est l'Empire durant l'époque moderne ?

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Portrait de Martin Luther. © Georgios Kollidas - stock.adobe.

Sous le règne des Habsbourg, le Saint-Empire romain germanique renaît, et regagne en influence. En 1495, Maximilien Ier entreprend une profonde réforme de la monarchie élective. Entre 1517 et 1570, l'empire est confronté à la Réforme protestante de Martin Luther, qui met son unité à l'épreuve. La paix d'Augsbourg, signée le 25 septembre 1555, suspend les hostilités entre États catholiques et protestants. À la fin du XVIe siècle débute la confessionnalisation, qui consolide la démarcation entre le luthéranisme, le calvinisme et le catholicisme. En 1618, les tensions entre les deux camps dégénèrent : c'est le point de départ de la guerre de Trente Ans. Le conflit s'achève avec la signature des traités de Westphalie, le 24 octobre 1648. Ratifiés par les différents belligérants, ceux-ci modifient profondément les équilibres politiques et religieux sur le Vieux Continent. À partir de 1740, la Prusse et l'Autriche s'affirment sur la scène européenne, et leur antagonisme s'accroît. Face à ces puissances montantes, le Saint-Empire romain germanique s'efface peu à peu, poursuivant son inexorable déclin…

Comment se compose la constitution sous le Saint-Empire romain germanique ?

Le Saint-Empire romain germanique est régi par un ensemble de lois et de coutumes héritées, pour beaucoup, du Moyen Âge. Au fil des siècles, la monarchie élective se dote d'un grand nombre d'institutions, afin d'assurer son fonctionnement. Parmi celles-ci, nous trouvons la Diète d'Empire, les Cercles impériaux, la Chambre impériale de justice, le Conseil aulique et les États impériaux. Ces derniers désignent les personnes et les corporations qui peuvent siéger à la Diète d'Empire. La constitution du Saint-Empire se compose essentiellement de bases juridiques écrites et non écrites, dont certaines ont valeur de lois fondamentales. C'est le cas de la Bulle d'or de 1356, et de la Diète de Worms de 1495. On peut également citer la Paix d'Augsbourg de 1555, ou encore les traités de Westphalie de 1648. À l'époque moderne, malgré son statut, le roi des Romains ne possède en réalité que peu de pouvoir. Pour mener une politique efficace, il doit collaborer avec les sept princes-électeurs, qui ont le privilège d'élire l'empereur. Ceux-ci joueront un rôle majeur dans la politique de l'empire, jusqu'à la fin de la guerre de Trente Ans.

Quels sont les drapeaux et symboles relatifs au Saint-Empire ?

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Couronne impériale de Charlemagne, symbole du Saint-Empire romain germanique. © MARY EVANS/SIPA

Dès son couronnement en 962, Otton Ier adopte comme emblème l'aigle, symbole de la puissance impériale depuis l'Empire romain. Cependant, ce n'est qu'au XIIe siècle que ce dernier devient véritablement la figure de la monarchie élective. Il est remplacé par un aigle bicéphale au XIVe siècle, qui s'impose bientôt sur les armoiries impériales. Ainsi, le plus célèbre drapeau du Saint-Empire romain germanique représente un aigle noir sur un fond or. Durant les croisades, ce dernier est régulièrement complété par un drapeau rouge croisé de blanc. De nombreuses villes reprendront le symbole de l'aigle dans leurs blasons, pour marquer l'allégeance de la population d'un territoire à l'empereur. En plus de ses héraldiques, le souverain élu dispose également d'un ensemble d'insignes et d'ornements cérémoniels : les regalia du Saint-Empire. Parmi ces objets consacrés, datant pour certains de Charlemagne, se trouvent notamment la couronne impériale, le sceptre et l'orbe impérial. On peut aussi citer la Sainte Lance, le glaive et l'épée impériale, ou encore le manteau du couronnement.

Que fait Charles Quint durant le Saint-Empire romain germanique ?

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Illustration de l'empereur Charles V (Charles-Quint), 16e siècle. © Erica Guilane-Nachez - stock.adobe.com

Charles V, couramment appelé Charles Quint, est empereur du Saint-Empire romain germanique de 1520 à 1556. Roi d'Espagne dès 1516, il hérite à la mort de son père des possessions de la maison de Habsbourg. Il devient le monarque le plus puissant de la première moitié du XVIe siècle. Son règne est marqué par les guerres contre les Ottomans de Soliman le Magnifique, et la France de François Ier. Mais il doit surtout faire face à la Réforme protestante, qui menace de mettre à bas l'unité du Saint-Empire. Au printemps 1521, il fait condamner Martin Luther lors de la Diète de Worms. Cela n'empêche pas une guerre de religion, qui durera jusqu'à la signature de la paix d'Augsbourg, le 25 septembre 1555. Celle-ci met un terme aux hostilités entre États luthériens et États catholiques. Elle reconnaît officiellement la présence du protestantisme dans l'empire, dont elle consacre la fin de l'unité religieuse. Face à cet échec cuisant et à ses revers contre la France et les Ottomans, Charles Quint abdique en 1556. Il remet alors son titre impérial à son frère cadet Ferdinand Ier, avant de se retirer en Espagne.

Quelles sont les conséquences du Saint-Empire romain germanique ?

La disparition du Saint-Empire romain germanique, au cours des guerres napoléoniennes, redessine la carte géopolitique du Vieux Continent. Le 12 juillet 1806, seize États allemands fondent la Confédération du Rhin, et font sécession. Après le Congrès de Vienne de 1815, ces derniers se rassemblent au sein de la Confédération germanique. Certains, principalement ceux institués par Napoléon Ier, sont dissous, permettant à la Prusse de gagner des territoires. Celle-ci s'affirme alors comme une puissance majeure en Europe centrale, et donnera naissance à l'Empire allemand en 1871. Avant d'abandonner sa dignité d'empereur du Saint-Empire romain germanique, François II devient empereur d'Autriche. Cette décision mènera à la création de l'Empire austro-hongrois en 1867, qui disparaît, comme son semblable allemand, après la Première Guerre mondiale. À travers près de 1 000 ans d'histoire, le Saint-Empire romain germanique lègue un héritage politique et culturel important. Ce patrimoine commun, partagé par un grand nombre de pays actuels, fait partie intégrante de la construction européenne.

les dates clés de l'Empire romain

4 septembre 476 - Chute de l'Empire romain d'Occident
Depuis 455, l'Empire romain voit se succéder de manière chaotique une série d'empereurs issus de coups d'État. Après avoir assassiné Julius Nepos, le général Oreste place son fils, Romulus Augustule, sur le trône. Moins d'un an plus tard, l'adolescent est déposé à son tour par le chef barbare Odoacre. Contrairement à son père qui est exécuté, le jeune garçon est épargné et exilé. Odoacre, alors roi des Hérules, devient le nouveau maître de l'Italie. Après une lente agonie, l'Empire romain d'Occident, morcelé depuis le IVe siècle, disparaît le 4 septembre 476.
843 - Le territoire belge divisé par le traité de Verdun
Au lendemain du traité, le territoire est partagé entre la Francie et la Lotharingie. C'est ainsi que la Flandre, au nord, revient à Charles le Chauve, tandis que la Wallonie s'intègre aux territoires de Lothaire Ier. Ces derniers seront toutefois attribués au Saint-Empire romain germanique quelques années plus tard.
2 février 962 - Othon Ier couronné empereur
En péril face aux familles de l'aristocratie romaine, les États pontificaux ont une nouvelle fois besoin d'une aide extérieure. Othon Ier de Germanie se porte alors à leur secours, et est couronné empereur des Romains par Jean XII, en échange de sa protection. Dès lors, les États pontificaux passent une fois de plus sous la tutelle impériale. Othon Ier sera alors le premier souverain de l'Empire romain germanique, un territoire qui comprend la Germanie et l'Italie.
25 janvier 1077 - Henri IV se confesse à Canossa
Au cœur de la querelle des Investitures, Henri IV, roi des Romains, se rend à Canossa pour s'agenouiller devant le pape et implorer son pardon. Ayant été excommunié l'année précédente, sa légitimité d'empereur est mise en péril par des princes allemands révoltés. Pendant trois jours, il attendra la réponse du pape, qui, finalement, acceptera d'annuler l'excommunication. Humilié, Henri IV ne tardera pas à entreprendre la conquête de Rome et sera une nouvelle fois excommunié.
11 février 1229 - Frédéric II signe le traité de Jaffa
Pour honorer sa promesse faite au pape, Frédéric II, empereur du Saint-Empire romain, se lance dans la sixième croisade en 1228. Très brève, celle-ci s'achève par la signature du traité de Jaffa, le 11 février 1229. Le sultan Al-Kāmil restitue Jérusalem, Bethléem et Nazareth au souverain italien. En contrepartie, ce dernier s'engage à ne pas prendre possession des lieux saints de l'Islam. Le 18 mars 1229, Frédéric II se couronne roi de Jérusalem, avant de rentrer en Europe. Ses méthodes lui vaudront l'hostilité d'une partie de la chrétienté.
17 juillet 1245 - Le pape Innocent IV dépose Frédéric II
Tandis que la lutte entre le Sacerdoce et le Saint-Empire se poursuit, Innocent IV, exilé à Lyon, convoque le XIIIe concile œcuménique. Devant son assistance, il dépose l'empereur du Saint-Empire romain germanique, Frédéric II de Hohenstaufen. Depuis quelques années, celui-ci tente en effet d'imposer son autorité à toute l'Italie. Le conflit prend une ampleur considérable, notamment dans la confrontation entre pouvoir temporel et puissance spirituelle. Suite à l'évènement, Frédéric II essuiera plusieurs révoltes et complots, puis mourra brusquement en 1250. Sa mort mettra un terme à la lutte entre le Sacerdoce et l'empire, de laquelle la papauté sort renforcée.
21 janvier 1398 - Décès de Frédéric V de Nuremberg
Né 65 ans plus tôt, Frédéric V de Nuremberg meurt le 21 janvier 1398. Fils de Jean II de Nuremberg et d'Elisabeth d'Henneberg, Frédéric V de Nuremberg succéda à son père au titre de burgrave de Nuremberg, de Bayreuth et d'Ansbach en 1357. Il passa une partie de sa vie à protéger militairement le château de Nuremberg, haut lieu stratégique pour le Saint-Empire romain germanique.
18 janvier 1701 - Naissance du royaume de Prusse
Après avoir reçu l'Empereur Léopold Ier, Frédéric III, alors prince-électeur de Prusse, se fait couronner à Königsberg et établit sa capitale à Berlin. C'est la naissance du royaume de Prusse, au sein du Saint-Empire romain germanique. Lorsque l'empire tombera sous les coups de Napoléon, c'est ce royaume de Prusse qui croîtra pour atteindre son apogée à la fin du XIXe siècle, et réaliser l'unité allemande.
6 août 1806 - Fin du Saint-Empire romain germanique
Le Saint-Empire romain germanique est dissous, lors de la renonciation de François II de Habsbourg à la couronne impériale. Cet empire avait été fondé par Otton Ier en 962, et comprenait au début les royaumes de Germanie, d'Italie et de Bourgogne. Il perdit beaucoup de ses territoires au cours des siècles, et ne résista pas aux conquêtes napoléoniennes. François prend alors le titre d'empereur d'Autriche et donnera sa fille Marie-Louise en mariage à Napoléon.
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