Contre-Réforme : résumé et définition de la réforme catholique

Contre-Réforme : résumé et définition de la réforme catholique La réforme catholique, ou Contre-Réforme, marque une évolution importante dans l'histoire de l'Eglise, en réaction au protestantisme. Définition, acteurs, conséquences, résumé… Voici ce qu'il faut retenir.

Définition de la Contre-Réforme - L'appellation est parfois sujette à débat, les uns préférant mettre en avant le côté positif de l'œuvre initiée par l'Eglise catholique plutôt que le mouvement de réaction face au protestantisme. Toujours est-il que la Contre-Réforme, ou réforme catholique, constitue un événement majeur dans l'évolution et le développement de l'Eglise catholique en Europe au XVIe siècle. Dans un contexte de Réforme protestante, la Contre-Réforme catholique participe, en effet, à un renouveau de l'Eglise, un retour aux sources du christianisme, avec la création de nouveaux ordres religieux, la condamnation de la corruption et la fin des indulgences.

Qui a instauré la Contre-Réforme ?

portrait Jean Calvin
Portrait de Jean Calvin © MARY EVANS/SIPA (publiée le 02/05/2023)

Dès le début du XVIe siècle, l'Eglise catholique doit faire face à la Réforme protestante, un mouvement né d'une volonté de réformer la religion en Europe. Ce mouvement engendre la création d'une nouvelle religion : le protestantisme. Une Contre-Réforme est instaurée dans la foulée par l'Eglise catholique pour répondre aux critiques des réformistes.

A l'origine de la Réforme, de nombreux théologiens, parmi lesquels Jean Calvin et Martin Luther, ont pris position contre l'Eglise catholique. Animés par une soif de réforme, ils parviennent à séduire de nombreux catholiques qui les rejoignent dans leur mouvement.

Du côté de l'Eglise, de nombreux acteurs s'impliquent dans la Contre-Réforme, parmi lesquels le pape Paul III. En France, en Italie, en Espagne et un peu partout dans le monde, capucins et jésuites unissent leurs forces pour œuvrer à la réussite de la Contre-Réforme. Organisé dès 1545, le concile de Trente va permettre à la Contre-Réforme de se concrétiser.

Quelles sont les causes de la Contre-Réforme ?

La Réforme protestante constitue la principale cause de la Contre-Réforme catholique. Au XVIe siècle apparaît un mouvement de transformation du christianisme, ou une volonté de réforme de la part de certains catholiques. Ils aspirent à transformer la société avec un désir de retour aux sources du christianisme. Tous entendent s'éloigner de l'Eglise romaine avec un rejet, entre autres, du culte des saints. La Réforme protestante se présente comme une critique ouverte de l'Eglise catholique, accusée de corruption. Les protestants dénoncent fermement le commerce des indulgences (pratique de l'Eglise catholique qui consiste à acheter le pardon de ses péchés). Courante au cours des siècles précédents, cette pratique se transforme progressivement en commerce lucratif pour l'Eglise, ce que dénoncent les partisans de la Réforme protestante.

D'autres éléments expliquent la mise en œuvre de la Contre-Réforme catholique, parmi lesquels le renouveau des ordres religieux et la diffusion des écrits religieux, avec la naissance de l'imprimerie. Bien que la Contre-Réforme soit avant tout engagée dans une perspective de lutte contre le développement du protestantisme, l'Eglise catholique entend bien profiter de cette période pour s'étendre et convertir de nouvelles populations au catholicisme.

Comment l'Eglise catholique se réforme ?

Loyola Compagnie de Jésus
Loyola et ses compagnons, à Montmartre, jurent de créer la Compagnie de Jésus pour défendre l'Église catholique. © MARY EVANS/SIPA (publiée le 02/05/2023)

Engagée dans son processus, l'Eglise catholique se réforme autour de son dogme principal : tout fidèle a la possibilité de sauver son âme et d'accéder au paradis, grâce à la foi et grâce aux actions qu'il entreprend au cours de sa vie. Consciente des attentes de réforme de la part d'une partie de ses fidèles, l'Eglise catholique multiplie les initiatives pour se réaffirmer face au protestantisme. Dès le début du XVIe siècle, un renouveau des ordres religieux se matérialise. En Italie, l'ordre des Théatins est fondé dès 1524. Quelques années plus tard, apparaissent l'ordre des Somasques et l'ordre des Barnabites. A partir de 1534, se forme la Compagnie de Jésus (Jésuites), à l'initiative d'Ignace de Loyola.

En 1545 débute le concile de Trente, convoqué trois ans plus tôt par le pape Paul III pour répondre aux demandes de réforme des protestants, Martin Luther et Jean Calvin. Ce concile, qui se déroule en Italie, d'abord au sein de la cathédrale de Trente, puis ponctuellement à Bologne, s'étale sur 18 années, couvrant pas moins de cinq pontificats (Paul III, Jules III, Marcel II, Paul IV et Pie IV). Au lendemain du concile de Trente (1563), de nombreux papes ont, pour mission, de faire appliquer les décisions prises. Tour à tour, Pie V, Grégoire XIII, Sixte V, Paul V ou encore Grégoire XV poursuivent la Contre-Réforme catholique. Le premier s'illustre par la création de la congrégation de l'Index, chargée de surveiller les impressions et d'établir la liste des livres interdits. Le second procède, de son côté, à la réforme du calendrier.

Comment se traduit le renouveau de l'Eglise catholique ?

Le renouveau de l'Eglise catholique se traduit par plusieurs événements notables, parmi lesquels :

  • la création de l'ordre des capucins : établis en 1525 par Matthieu de Baschi, les capucins vivent une vie érémitique basée sur les règles édictées par saint François. Ils participent activement à la Contre-Réforme en soutien du pape ;
  • la création de l'ordre des jésuites : dès 1534 apparaît la Compagnie de Jésus spécialisée dans la diffusion de la foi catholique (par l'éducation ou les missions à l'étranger) ;
  • la création de 400 nouveaux collèges dirigés par les jésuites un peu partout en Europe ;
  • l'envoi de missionnaires pour reconquérir les territoires cédés au protestantisme. Les ordres parmi les plus actifs de la Contre-Réforme, les capucins et les jésuites participent activement à cette mission de reconquête et d'extension du catholicisme aux quatre coins de l'Europe et dans le monde.

De nombreux acteurs prennent, par ailleurs, une place importante dans le renouveau de l'Eglise catholique et la mise en application de la Contre-Réforme. C'est le cas, par exemple, du basque Ignace de Loyola, le fondateur de la Compagnie de Jésus, qu'il dirigera selon les principes de l'organisation militaire et avec, pour principal mot d'ordre, le respect total de la hiérarchie. Entre 1562 et 1582, la religieuse Thérèse d'Avila, figure majeure de la spiritualité chrétienne, participe de son côté à la réforme des carmélites espagnoles (ordre du carmel).

Quelles sont les conséquences de la Contre-Réforme ?

La Contre-Réforme ne s'est pas déroulée sans heurts. L'opposition entre l'Eglise catholique et les défenseurs du protestantisme débouche sur des guerres de religion. Dès 1546, Charles Quint est amené à combattre les forces armées de la ligue luthérienne de Smalkalde dans ce qu'on appellera la guerre de Smalkalde. Le massacre de Saint-Barthélemy, en 1572, est une autre illustration des conséquences de la Contre-Réforme. Le 24 août 1572 débute à Paris, puis dans la France entière, le massacre de milliers de Protestants par les Catholiques.

Tout au long des XVIe et XVIIe siècles se multiplient, par ailleurs, les exécutions de nobles protestants. L'Eglise catholique encourage, d'une manière générale, le recours à la force pour reconquérir les territoires qui ont pu se laisser emporter par la vague du protestantisme. Aux quatre coins de l'Europe, les protestants sont nombreux à devoir choisir entre la conversion au catholicisme ou la fuite. Sur un tout autre plan, la Contre-Réforme catholique participe au développement du mysticisme. Elle influence aussi le domaine de l'art avec de nouvelles règles iconographiques et l'expansion de l'art baroque, largement utilisé à des fins de propagande.

Les dates clés de la Contre-Réforme

31 octobre 1517 — Les 95 thèses de Martin Luther
Le 31 octobre 1517, Martin Luther affiche sur la porte de l’église de Wittenberg ses 95 thèses et s’oppose à plusieurs principes défendus par l’Eglise catholique. Cet acte est considéré comme l’un des actes fondateurs du protestantisme.
7 octobre 1518 — Luther affirme la supériorité de l’écriture sur l’autorité du pape
Dans sa conception de la religion catholique, Martin Luther affirme la supériorité de l’écriture sur l’autorité du pape. Refusant de se rétracter, le fondateur du protestantisme fait l’objet d’une excommunication. Le pape Léon X dénonce 41 de ses 95 thèses.
15 août 1534 — Fondation de l’ordre des Jésuites
Le Basque Ignace de Loyola et six de ses amis prononcent leurs vœux de chasteté et de pauvreté dans la chapelle de Montmartre. Ils fondent un nouvel ordre, la Compagnie de Jésus ou les Jésuites. Ceux-ci imposeront la rigueur dans la Contre-Réforme et deviendront les principaux enseignants du monde catholique. Ignace de Loyola sera canonisé en 1622. La Compagnie, jugée trop influente, sera dissoute par le pape en 1773 et rétablie en 1814.
13 octobre 1534 — Election du Pape Paul III
Alessandro Farnèse est élu pape le 13 octobre 1534 et prend le nom de Paul III. Il crée la Compagnie de Jésus et convoqua le concile de Trente. L’ancien évêque de Vence est l’auteur de Véritas ipsa, une lettre qui condamne la pratique de l’esclavage. Son pontificat se terminera, à sa mort, le 10 novembre 1549. Paul III devient, ainsi, le 220e pape de l’Eglise catholique.
21 juillet 1542 — Le Saint-Office succède à l’Inquisition médiévale
Le protestantisme poursuit sa diffusion. Paul III décide alors la mise en place de la congrégation de la suprême et universelle Inquisition, chargée de restaurer le respect de la foi catholique. La publication d’une liste de livres interdits figure parmi ses principaux faits d’armes.
13 décembre 1545 — Ouverture du concile de Trente
En réponse à l’expression d’un besoin de réforme, le pape Paul III convoque le concile de Trente en Italie. Celui-ci débute en 1545 et se poursuit jusqu’en 1563. Il est le théâtre de l’opposition entre le pape et les partisans d’une réforme disciplinaire de l’Eglise catholique.
17 juin 1551 — L’édit de Châteaubriant stigmatise les protestants
Le 21 juin 1551 est signé l’édit de Châteaubriant. Il interdit toutes les fonctions municipales ou judiciaires aux protestants de France et symbolise la réforme religieuse, menée sous le règne d’Henri II. Fervent catholique, le roi décide de prendre des mesures de répression à l’égard de cette nouvelle religion. Avec l’édit de Châteaubriant, seuls les catholiques sont autorisés à ouvrir des écoles. En 1557, l’édit de Compiègne accentue encore un peu plus la répression. Les catholiques, qui aident les protestants, sont passibles d’être condamnés.
9 septembre 1561 — Début du colloque de Poissy qui tente de rapprocher catholiques et réformés
Le colloque de Poissy s’ouvre le 9 septembre 1561. Sa mission : réconcilier catholiques et réformés. Le colloque, convoqué à l’initiative de Catherine de Médicis, se conclut un mois plus tard, le 14 octobre, par un échec et la rupture définitive entre les deux camps.
1562 — Troisième session du Concile de Trente
La troisième session du concile de Trente, en Italie, s’est ouverte le 18 janvier 1562 pour se terminer le 3 décembre 1563. La question centrale se porte sur le sacrement de l’ordre, plus spécifiquement sur la résidence épiscopale. Il en ressort principalement des décrets et des canons sur les pouvoirs des évêques, le purgatoire, les reliques, ou encore le culte des saints. La séance de clôture a lieu dans la cathédrale Saint-Vigile, à Trente.
1er mars 1562 — Première guerre de religion en France
Le massacre de protestants, dans le village de Wassy en Champagne, est le premier épisode d’une guerre de religion entre protestants et catholiques. Animés par une soif de vengeance, les protestants alimentent le conflit qui se poursuit jusqu’en mars 1563 avec la signature de la paix d’Amboise.
3 décembre 1563 — Officialisation du purgatoire
Le concile de Trente affirme l’existence du purgatoire en tant que "sainte doctrine." Les protestants rejettent cette officialisation du purgatoire comme lieu de purification temporaire dans l’attente du jugement dernier.
17 janvier 1566 — Couronnement du pape Pie V
Pie V est couronné pape le 17 janvier 1566. De son vrai nom Antonio Michele Ghislieri, il succède à Pie IV et décide de réduire drastiquement la vie de luxe et de dissipation menée jusqu’alors par ses prédécesseurs. Il dirige une politique autoritaire de redressement moral de l’institution ecclésiastique, punissant à mort les homosexuels, excommuniant l’anglicane Elisabeth Ire, expulsant les Juifs ou approuvant la répression des calvinistes aux Pays-Bas espagnols. Il meurt le 1er mai 1572.
11 avril 1567 — Thomas d’Aquin est fait docteur de l’Eglise
Thomas d’Aquin est un religieux de l’ordre des Dominicains, qui vécut durant le XIIIe siècle. Suite à la Contre-Réforme catholique du concile de Trente, en 1545, la théorie de Thomas d’Aquin est remise au cœur des doctrines défendues par les catholiques qui cherchent à s’opposer à celles de Luther. Le 11 avril 1567, le pape Pie V, instigateur du retour de la conscience morale, le proclame docteur de l’Eglise et oblige les universités à enseigner sa théologie.

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