Congrès de Tours : naissance des deux gauches en 1920

Congrès de Tours : naissance des deux gauches en 1920 Evénement politique majeur dans la France du début du XXe siècle, le Congrès de Tours 1920, organisé par la SFIO, marque la naissance des deux gauches. En voici un résumé.

Résumé du Congrès de Tours - Organisé comme son nom l'indique à Tours, le Congrès de Tours 1920 s’inscrit parmi les faits historiques majeurs de l’histoire politique française. Tenu dans un contexte particulier, le rassemblement de l’unité de la section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) oppose plusieurs camps qui défendent, chacun, leur position. A l’issue d’un débat de plusieurs jours, le Congrès de Tours se conclut sur la division des socialistes français, illustrée par la naissance des deux gauches.

Dans quel contexte historique le Congrès de Tours s’est-il tenu ? 

Le Congrès de Tours se tient au lendemain de la Première Guerre mondiale (1914-1918). Au déclenchement du conflit, le président de la République en place, Raymond Poincaré, tente de rassembler les Français divisés politiquement au sein d’un même mouvement : l’Union sacrée. Les dirigeants socialistes sont une majorité à rallier ce mouvement pour mieux préparer la France à son combat contre l’Allemagne, un combat qu’ils imaginent alors de courte durée. Une première fêlure apparaît au sein de l’unité de la SFIO entre, d’un côté, les partisans de l’Union sacrée et, de l’autre, les défenseurs du pacifisme. Trois ans plus tard, en 1917 et alors que la guerre s’éternise, la Révolution russe est soutenue par une partie des socialistes français. A la veille du Congrès de Tours se déroulent enfin plusieurs mouvements ouvriers, avec des grèves dans les secteurs du textile, du chemin de fer ou encore dans les mines. Au sein de la SFIO, les oppositions se font de plus en plus fortes.

Quels sont les dates et le lieu du Congrès de Tours ?

Le 18e congrès national de la section française de l’Internationale ouvrière a eu lieu à Tours du 25 au 30 décembre 1920, dans la salle du Manège qui se situe à proximité immédiate de l’ancienne abbaye Saint-Julien. Tout au long de ces six jours, les membres de la SFIO échangent sur les divergences qui les opposent et sur l’appartenance du mouvement à la IIe Internationale. A noter que le Congrès de Tour succède au Congrès de Strasbourg organisé quelques mois plus tôt, en février de la même année.

Quel est le but du Congrès de Tours ?

En février 1920, les adhérents de la SFIO sont une grande majorité à voter pour le retrait de leur organisation de la IIe Internationale. Les défenseurs du pacifisme regrettent les prises de position de la IIe Internationale lors de la Première Guerre mondiale, qu’ils jugent molle dans sa capacité à s’opposer au conflit. Toujours agitée par ce débat, la SFIO ouvre le Congrès de Tours avec à l’ordre du jour la décision de rattachement à la IIIe Internationale. A Moscou, sous l’impulsion de Lénine, le Komintern impose 21 conditions pour cette adhésion. Il s’agit alors, pour les socialistes français, de s’accorder ou non sur cette adhésion et sur les règles à respecter. Parmi celles-ci, on retrouve un soutien apporté à Moscou sans condition, dans le but d’accompagner la révolution prolétarienne mondiale. Mais aussi un mode de fonctionnement autoritaire avec expulsion des réformistes. A l’heure où s’ouvre le Congrès de Tours, plusieurs camps s’affrontent.

Quels sont les différents camps politiques du Congrès de Tours ?

Le Congrès de Tours met en opposition trois camps politiques :
  • Le camp le plus à gauche de la SFIO : il s’agit du camp majoritaire, fervent défenseur de l’adhésion à la IIIe Internationale. Dans ce camp, tous ne partagent pas la même position sur les 21 conditions fixées par les bolcheviks. Néanmoins, la plupart des adhérents représentés dans ce camp s’accordent sur leur côté révolutionnaire et pacifiste. Tous aspirent à voir leur parti dirigé par l’élite de la classe ouvrière plutôt que par la bourgeoisie.
  • Le camp au centre et pacifiste : autre camp pacifiste, le camp du milieu regroupe une minorité des adhérents du parti. Il s’agit principalement de ceux qui acceptent l’adhésion à la IIIe Internationale, mais sous réserve d’y apporter des conditions. Ce camp rejette, par exemple, l’impossibilité pour le parti de fixer librement sa politique pour ne se référer qu’aux directives centrales.
  • Léon Blum
    Léon Blum © NAMUR-LALANCE/SIPA (publiée le 18/10/2022)
    Le troisième camp : il s’agit du camp contestataire, qui refuse catégoriquement l’adhésion de la SFIO à la IIIe Internationale. Avec comme figure de proue le socialiste Léon Blum, ce camp regroupe ceux qui se sont prononcés au soutien des gouvernements français lors de la Première Guerre mondiale en votant, notamment, les crédits de guerre. Tous veulent rester au sein de la IIe Internationale.

Les débats entre les différents camps se déroulent parfois dans une ambiance survoltée. Conscients que les jeux sont faits et qu’ils n’obtiendront pas gain de cause, les réfractaires à l’adhésion des socialistes français à la IIIe Internationale quitteront le Congrès avant son achèvement.

Quel événement historique marque le Congrès de Tours ?

Le Congrès de Tours marque la naissance de la section française de l’Internationale communiste (SFIC). Première étape vers le futur Parti communiste français (PCF), la SFIC regroupe l’ensemble des membres du parti ayant voté en faveur de l’adhésion à la IIIe Internationale (une adhésion votée à 3 208 voix contre 1 022 voix). Les militants déçus, regroupés autour de Léon Blum, demeurent au sein de la SFIO. On assiste donc à une scission de la SFIO en deux camps distincts.

Quelles sont les conséquences du Congrès de Tours ?

En dépit de l’opposition de certains adhérents (le troisième camp), la SFIO vote à la majorité l’adhésion du parti à la IIIe Internationale et l’alignement sur la politique décidée à Moscou. Au lendemain de cette décision, les communistes demeurent à la tête du quotidien de Jean Jaurès, L’Humanité, tandis que les socialistes prennent la direction du Populaire. Quelques mois plus tard, la CGT connaît à son tour la scission, avec une partie de ses militants qui décident de rejoindre le camp communiste en fondant la CGTU (CGT unitaire).

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