Bataille de Chéronée : une victoire décisive contre Athènes

Bataille de Chéronée : une victoire décisive contre Athènes Bataille majeure qui opposa la Macédoine à des cités grecques, la bataille de Chéronée consacre l'hégémonie militaire des Macédoniens et annonce près de deux siècles de prestige pour la Macédoine.

Résumé de la bataille de Chéronée - En 338 avant Jésus-Christ, la Macédoine est particulièrement puissante. Réunifiée et avec à sa tête un roi belliqueux, Philippe II, père d'Alexandre le Grand, elle constitue une menace grave à la stabilité du Péloponnèse. L'ambassadeur d'Athènes, Démosthène, craint que le roi de Macédoine ne convoite d'étendre son royaume. Il parvient à réunir sous le giron d'Athènes une coalition de cités grecques. En effet, les armées macédoniennes s'avancent vers la Béotie. Le 2 août 338, la bataille de Chéronée éclate. 

Dans quel contexte se déroule la bataille de Chéronée ?

portrait Démosthène
Portrait de Démosthène © MARY EVANS/SIPA (publiée le 13/03/2023)

Après la troisième guerre sacrée qui avait opposé Athènes et la Macédoine, les deux puissances conclurent la paix de Philocratès, en 346 avant J.-C. Le royaume de Macédoine est le grand gagnant de cette guerre : l'accord de paix a permis la réunification de la Macédoine, et Philippe II conserve ses conquêtes territoriales. Cette puissance représente une menace sérieuse pour Athènes et le reste du Péloponnèse. L'ambassadeur d'Athènes, Démosthène, prononce ainsi le discours des Philippiques qui annonce les hostilités. La première bataille de Chéronée, soit la consécration de la domination macédonienne sur la péninsule grecque, a lieu à Chéronée le 2 août 338 avant J.-C.

Qui participe à la bataille de Chéronée ?

La bataille de Chéronée oppose le royaume de Macédoine à la quasi-totalité du Péloponnèse, en partie grâce au travail de Démosthène. En effet, il est parvenu à convaincre la plupart des grandes puissances à se rallier à Athènes. Parmi ces puissances, on trouve ainsi Athènes, Thèbes, Corinthe, Mégare, les îles de Corcyre, l'Eubée ou encore Leucade. Seule Sparte reste neutre durant le conflit. D'après les chroniqueurs de l'époque, la Macédoine possédait un contingent de 32 000 soldats, tandis qu'on estime l'armée de la coalition du Péloponnèse à environ 35 000 soldats.

Comment s'est-elle déroulée ?

Même si les sources sur le déroulement de la bataille de Chéronée restent approximatives, voire inexistantes, les historiens et hellénistes de la seconde moitié du XXe siècle s'accordent sur certains points. Les armées de la coalition du Péloponnèse auraient été en position de force au pied de l'acropole de Chéronée, et auraient profité de l'environnement pour se protéger des attaques contre leur flanc. Ainsi, le flanc droit était protégé par la barrière naturelle du fleuve de Céphise ; le flanc gauche, quant à lui, était protégé par les pentes du mont Petrachos.

Les armées du royaume de Macédoine sont organisées en ligne oblique. Les phalanges, soldats macédoniens spécialisés dans les charges en vue de déstabiliser les lignes défensives ennemies, sont mises en retrait. Philippe II mène le contingent d'hypaspistes, des soldats lourds connus pour leurs boucliers très résistants, et s'avance vers le flanc droit thébain. Dès le premier engagement, il ordonne un repli : les Thébains choisissent alors de poursuivre les troupes de Philippe II, brisant par eux-mêmes la ligne de défense grecque. Alexandre en profite pour charger avec ses cavaliers afin de briser le flanc droit et s'enfoncer jusqu'au flanc gauche grec. Rapidement, le contingent thébain est défait et même encerclé, rendant impossible toute manœuvre de repli ou de contre-attaque.

Qui a gagné ?

La bataille de Chéronée consacre la victoire des Macédoniens sur la coalition de la péninsule grecque. Cette victoire est pour le moins décisive quant au sort du Péloponnèse. Les prisonniers thébains sont rendus à la cité en échange d'une lourde rançon, et un contingent de l'armée macédonienne occupe Thèbes, Corinthe ou encore Chalcis. Ces mesures finissent d'asseoir la domination de Philippe II (qui est le père d'Alexandre le Grand) sur la quasi-totalité de la Grèce.

Quelles sont les conséquences de la bataille ?

Philippe II, galvanisé par sa victoire, met en application une série de décisions qui entraîneront des conséquences durables sur l'avenir du Péloponnèse. Pour commencer, il met fin à l'indépendance des cités-Etats : la plupart d'entre elles deviennent ainsi des puissances rattachées au royaume de Macédoine, assurant l'hégémonie macédonienne sur le monde grec. A l'inverse, les lourdes pertes grecques affaiblissent considérablement Athènes et Thèbes. Les intentions de Philippe II, puis celles de son fils héritier Alexandre le Grand, se concentrent désormais vers l'unification de la Grèce et la conquête de l'Empire perse. En 337 avant J.-C., la fondation de la Ligue de Corinthe, créée par Philippe II, permet d'installer une paix commune et durable entre les puissances du Péloponnèse. Cette accalmie donnera lieu au déploiement d'une puissante armée vers la Thrace et l'Asie Mineure.  

Y a-t-il eu d'autres batailles de Chéronée ?

Deux autres batailles de Chéronée ont éclaté dans l'histoire de la Grèce antique :
  • Deuxième bataille de Chéronée en 245 av. J.-C : elle oppose la Ligue achéenne, dirigée par Aratos de Sicyone, aux armées macédoniennes, qui occupent Corinthe et la Béotie. Cette deuxième bataille se conclut par la victoire de la ligue, qui parviendra à libérer ensuite Corinthe de l'occupation macédonienne.
  • Troisième bataille de Chéronée en 86 av. J.-C. : cette troisième bataille confronte la République romaine au Royaume du Pont, durant la première guerre de Mithridate. Bien qu'en large infériorité numérique, les Romains remportent la victoire, grâce au stratège Sylla contre le pontique Archélaos. Les forces en présence ne sont pas tout à fait connues, mais on estime 16 000 soldats du côté romain contre 30 000 à 50 000 pour le Royaume du Pont.
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