Edit de Caracalla : diffusion de la citoyenneté romaine en 212

Edit de Caracalla : diffusion de la citoyenneté romaine en 212 En 212, l'édit de Caracalla (ou Constitution antonine) accorde la citoyenneté romaine à tout homme libre. Cette loi devient héréditaire, par la filiation et par l'adoption.

Résumé de l'édit de Caracalla - L'édit de Caracalla, promulgué en l'an 212 de notre ère, porte le nom de celui qui l'a promulgué : l'empereur Caracalla. Cette loi est également appelée Constitution antonine (Constitutio Antoniniana). Elle octroie la citoyenneté romaine à tout homme libre qui réside sur les terres de l'Empire romain. Héréditaire par la filiation et par l'adoption, la citoyenneté s'accompagne de certains droits. Un citoyen peut, par exemple, accéder à la propriété, transmettre un legs à ses héritiers ou encore prétendre au port de la toge. Elle impose aussi certains devoirs, notamment fiscaux. L'édit de Caracalla marque un tournant dans l'évolution de l'Empire romain, puisque la citoyenneté n'était jusqu'alors accordée qu'aux habitants de l'Italie et des municipes ayant le statut de colonie romaine. Elle pouvait également s'acheter ou s'acquérir au terme de 24 ans de service dans l'armée. En dépit de certaines conséquences négatives, l'édit de Caracalla est l'une des lois les plus connues de l'Empire romain et symbolise son âge d'or.

Pourquoi l'édit de Caracalla voit-il le jour ?

La citoyenneté romaine est d'abord accordée aux habitants de l'Italie, puis des colonies romaines. Elle était acquise à la naissance ou par naturalisation — le nouveau citoyen prenant le nom de famille du magistrat qui l'a fait citoyen, et rejoignant sa tribu. Les plus fortunés pouvaient l'acheter. A partir de la fin de la République, la citoyenneté s'acquiert grâce au service militaire, puisqu'elle est systématiquement accordée aux soldats ayant servi au moins 24 ans.

Il est délicat d'établir avec certitude pour quelles raisons l'édit de Caracalla voit le jour. Il est probable que le but recherché soit l'unité de l'Empire, ainsi qu'une simplification de l'administration. Sa promulgation renforce la popularité du jeune empereur. L'augmentation du nombre de citoyens s'accompagne enfin de recettes fiscales plus importantes, principalement grâce à la taxe sur les successions.

Que signifie être un citoyen romain ?

Costume citoyens romains
Costumes des différents citoyens romains © MARY EVANS/SIPA (publiée le 16/05/2023)

La citoyenneté romaine offre des droits fondamentaux, dont :

  • le droit de vote ;
  • le droit de propriété ; 
  • le droit de mariage ; 
  • le droit de léguer ses biens à ses héritiers.

Elle garantit aussi des droits civils, tels que :

  • acheter et de vendre sur le territoire romain ;
  • épouser une Romaine ;
  • porter la toge et les tria nomina (prénom, nom de famille, surnom) ;
  • intenter une action judiciaire devant un tribunal romain.

La citoyenneté s'accompagne aussi de devoirs, notamment :

  • se faire recenser ;
  • verser une contribution occasionnelle aux dépenses militaires ;
  • s'acquitter d'une taxe sur les successions.

En quoi consiste l'édit de Caracalla ?

L'édit de Caracalla a été connu pendant longtemps grâce à certains auteurs antiques qui l'évoquent ou le commentent — la plupart n'étant pas contemporains des faits. Un papyrus nommé Papyrus Giessen 40 énumère trois décisions impériales de Caracalla en langue grecque, mais il est difficile d'établir qu'il s'agit bien de la Constitution Antonine.

Ce que les historiens savent c'est que l'Edit de Caracalla proclame : "Je donne la citoyenneté romaine à tous les pérégrins du monde habité". Les pérégrins sont des hommes libres non romains (donc étrangers). Ils vivent à Rome ou dans ses provinces sans jouir du droit de cité et du droit latin, apanage des citoyens romains. Ils ne peuvent donc ni se marier avec une Romaine, ni participer à la vie politique. Ils sont soumis aux lois de leur communauté.

La Constitution antonine confère donc la citoyenneté romaine à l'ensemble des hommes libres de l'Empire, à compter du jour de sa promulgation. Ils peuvent toutefois conserver leurs droits et coutumes aussi longtemps qu'ils le souhaitent. La citoyenneté romaine est par ailleurs héréditaire, par adoption et par filiation. L'édit de Caracalla est devenu le symbole de l'âge d'or de l'Empire romain qui est désormais unifié politiquement avec une culture universelle.

Qui est l'empereur Caracalla ?

Portrait Caracalla
Portrait de Caracalla © MARY EVANS/SIPA (publiée le 26/04/2023)

Lucius Septimius Bassanius naît le 4 avril 188 en Gaule lyonnaise, à Lugdunum (Lyon). Il est d'origine punique (de Carthage qui correspond à la Tunisie actuelle) et berbère par son père, Septime Sévère, et syrienne par sa mère, Julia Domna. Il sera renommé Marcus Aurelius Antoninus, afin de se rapprocher de la prestigieuse dynastie des Antonins — c'est la raison pour laquelle l'édit de Caracalla est aussi appelé Constitution antonine. Le surnom Caracalla vient du vêtement gaulois à manches longues et à capuchon qu'il a pour habitude de porter.

A la mort de Septime Sévère en 211, il est tenu de partager le pouvoir avec son frère Géta. Prétextant un complot fomenté par ce dernier, il le fait assassiner. Devenu empereur, il laisse la direction des affaires intérieures à sa mère, préférant la conduite de la guerre. En 213, il mène différentes campagnes contre les Alamans. Grand admirateur d'Alexandre le Grand, auquel il s'identifie, il mène ensuite une campagne contre les Parthes. Demandant la fille du roi des Parthes en mariage, il se rend en Mésopotamie avec son armée. Il profite de la célébration pour donner l'ordre à ses troupes d'attaquer.

Entre 215 et 216, son déplacement à Alexandrie donne lieu à plusieurs massacres, car il estime qu'on lui manque de respect. L'élite intellectuelle est décimée, ainsi qu'une grande partie des affréteurs, et le port périclite. Tyran militaire, Caracalla devient impopulaire. Il est assassiné par Martialis, le 8 avril 217, près de Harran. Le préfet du prétoire Macrin, qui lui succède, a vraisemblablement commandité son assassinat. ► Biographie courte de Caracalla

Quels sont les impacts positifs de l'édit de Caracalla ?

L'édit de Caracalla a pour effet de renforcer la popularité du jeune empereur, qui bénéficie dès lors du soutien des provinces. Il rallie par ailleurs des fidèles au culte impérial — ce qui doit à terme affermir son contrôle sur les différentes provinces. Mis en place par l'empereur Auguste, cet ensemble de rituels, de prières et de sacrifices a principalement pour vocation de cimenter la Pax Romana. L'extension de la citoyenneté romaine participe à l'unité de l'empire, ainsi qu'au développement économique.

Pour Dion Cassius, contemporain de Caracalla connu pour son Histoire romaine, cette loi est avant tout importante pour la gloire de l'Empire romain. Toutefois, la Constitution antonine implique de nouveaux impôts : offrir le droit de cité à un très grand nombre de personnes signifie, en effet, récolter des sommes importantes, en particulier grâce à l'impôt sur la succession.
L'édit de Caracalla présente enfin l'avantage de simplifier la gestion administrative et judiciaire au sein de l'Empire.

Quelles sont les conséquences négatives de l'édit de Caracalla ?

Le fait d'obtenir la citoyenneté romaine constituait le principal attrait exercé par l'armée romaine. A l'issue du service militaire, les pérégrins obtenaient aussi une somme conséquente leur permettant de s'installer. L'édit de Caracalla a donc en premier lieu un impact négatif sur le recrutement. Dès lors, l'armée n'est plus une armée de conquête, mais une armée de défense. Certains y voient déjà le début du déclin de Rome.

La Constitution antonine va rapidement mettre en danger les citoyens romains chrétiens. N'acceptant ni le culte de l'Empereur ni les sacrifices aux Dieux, les persécutions s'accentuent tout au long du IIIe siècle. En 250, Dèce décrète les sacrifices aux Dieux romains obligatoires, sous risque de peine de mort. En 303, la grande persécution de Dioclétien devient la plus meurtrière d'Afrique.

L'édit de Caracalla accentue les différences entre les deux catégories de citoyens de la Rome antique :

  • les honestiores — les honorables (les élites) ;
  • les humiliores — les humbles (le bas peuple).

La classe des honestiores est constituée par les sénateurs, les chevaliers et leur famille, ainsi que par les vétérans et leurs enfants, et les hommes exerçant ou ayant exercé des fonctions publiques dans les villes et les cités en dehors de Rome et leurs descendants. La classe des humiliores regroupe tous les autres citoyens. Contrairement aux humiliores, les honestiores ne peuvent pas être soumis à la torture, ne sont passibles de la peine capitale qu'en cas de parricide ou de crime de lèse-majesté (ils sont alors décapités), et ils ne peuvent être envoyés ni aux travaux forcés, ni aux mines.

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