Traité d'Aix-la-Chapelle : paix de 1748 qui met fin à la guerre

Traité d'Aix-la-Chapelle : paix de 1748 qui met fin à la guerre Le 18 octobre 1748 est signé le traité d'Aix-la-Chapelle mettant fin à la guerre de succession d'Autriche. Ne satisfaisant personne, il pose les jalons de la guerre de Sept Ans.

Résumé du traité d'Aix-la-Chapelle - Le 18 octobre 1748, après près de six mois de pourparlers et de négociations, le traité de paix d'Aix-la-Chapelle est conclu en vue de mettre un terme à la guerre de succession d'Autriche. D'une durée de huit ans, ce conflit a opposé plusieurs puissances européennes sur divers fronts. Cette guerre trouvait son origine dans la Pragmatique Sanction, un édit par lequel l'empereur Charles VI du Saint-Empire avait fait modifier les règles de succession au profit de sa fille, Marie-Thérèse d'Autriche, afin de lui léguer les Etats héréditaires de la maison de Habsbourg. Parmi les belligérants figuraient, d'un côté la Prusse, la Bavière et la France, et de l'autre, l'Autriche, la Grande-Bretagne, les Provinces-Unies et la Russie. Si, sur le plan militaire, la France faisait partie des pays vainqueurs, il n'en allait pas de même sur le plan diplomatique puisque Louis XV avait fait d'importantes concessions pour tenter d'apaiser les tensions. Au final, cette paix consacrée dans le traité d'Aix-la-Chapelle ne satisfait personne et préfigure la future guerre de Sept Ans.

Pourquoi le traité d'Aix-la-Chapelle est-il signé ?

Louis XV
Louis XV sur le champ de bataille lors de la guerre de succession d'Autriche. © MARY EVANS/SIPA (publiée le 12/06/2023)

Le traité d'Aix-la-Chapelle du 18 octobre 1748 doit rétablir la paix en Europe après le conflit ayant opposé la Prusse, la Bavière et la France à l'Autriche, la Grande-Bretagne, les Provinces-Unies et la Russie au cours des huit années précédentes. Ce conflit, appelé guerre de succession d'Autriche, avait pour enjeu principal la succession de l'empereur Charles VI du Saint-Empire. En effet, celui-ci avait, par la Pragmatique Sanction, fait modifier les règles de succession établies quelques décennies auparavant par Léopold Ier, afin de pouvoir léguer à sa fille Marie-Thérèse d'Autriche les Etats héréditaires de la maison de Habsbourg. Soucieux d'affaiblir la famille Habsbourg suite au décès de Charles VI, la Prusse et la Bavière, bien qu'ayant signé la Pragmatique Sanction, voient dans une guerre un moyen de prendre l'ascendant. En s'alliant à la France, les deux pays déclenchent le conflit. En réponse, la Grande-Bretagne et les Provinces-Unies viennent soutenir l'Autriche. Ce n'est qu'après huit ans de conflit que sera négocié puis signé le traité d'Aix-la-Chapelle.

Comment a été négocié le traité d'Aix-la-Chapelle ?

Si la paix est officialisée lors du traité d'Aix-la-Chapelle en octobre 1748, les négociations préalables ont eu lieu pendant environ deux années lors des conférences de Bréda, dans les Provinces-Unies où étaient réunies des délégations représentatives des intérêts français et britanniques. Les discussions ne visaient pas tant à négocier la paix qu'à jauger les forces des belligérants. Alors que la Grande-Bretagne espérait faire durer les négociations dans l'attente d'une victoire qui lui était promise, la France cherchait au contraire à accélérer le rythme en raison de ses finances catastrophiques. Ce sont ces deux nations qui ont mené les négociations, d'autres délégations assistant aux conférences en tant que simples observateurs. Les intérêts et points de vue français et britanniques furent logiquement prédominants lors des négociations.

Les tractations du traité de paix d'Aix-la-Chapelle démarrent le 24 avril 1748, et durent près de six mois. Elles sont rendues difficiles par l'attitude du duc de Newcastle, qui tente de les faire durer. Alors que la France accumule les succès militaires, ses représentants négocient des conditions qui lui sont bien peu favorables pour mettre fin au plus vite au conflit. Sous le vocable de traité d'Aix-la-Chapelle se cachent différents textes comme le traité préparatoire du 30 avril 1748, le traité de paix à proprement parler, des textes permettant la transposition du traité dans les ordres juridiques internes et internationaux, ou bien encore des conventions d'exécution.

Qu'instaure le texte du traité d'Aix-la-Chapelle ?

Les principaux points sur lesquels porte le traité d'Aix-la-Chapelle sont les restitutions générales des conquêtes. La France va par exemple restituer à l'Autriche les territoires conquis aux Provinces-Unies, et notamment les places fortes de Maastricht et Berg-op-Zoom. La France devra également restituer la Savoie et le comté de Nice, mais elle se voit restituer la forteresse de Louisbourg, tandis que la Grande-Bretagne récupère Madras. Souhaitant tirer profit de la faiblesse des Français, les Britanniques négocient et obtiennent la reconduction du contrat de l'Asiento, leur permettant d'envoyer chaque année un navire dans les colonies espagnoles afin d'en retirer de substantiels profits commerciaux.

Nombreuses sont les puissances à avoir ressenti une certaine irritation à l'issue du traité d'Aix-la-Chapelle, et la France, qui a pourtant dicté ses choix, ne fait pas exception. Si Louis XV semblait soulagé du dénouement du conflit, bon nombre d'observateurs ont fait remarquer que le pays, malgré ses victoires militaires, avait négocié en vaincu, faisant d'importantes concessions, notamment du point de vue territorial. Une autre perdante est l'Espagne, pour laquelle les gains territoriaux demeurent ridicules au regard des pertes de Minorque ou Gibraltar et de la reconduction de l'accord de l'Asiento au profit de la Grande-Bretagne. Mais au rang des grands perdants du traité figure surtout l'Autriche, qui s'estime trahie par la Grande-Bretagne puisqu'elle a été contrainte de céder la Silésie à la Prusse. La Prusse justement est la grande gagnante, puisqu'elle voit son territoire s'agrandir substantiellement et avec lui sa population et ses ressources.

Quelles sont les conséquences du traité d'Aix-la-Chapelle ?

En France, comme d'ailleurs en Grande-Bretagne, le traité d'Aix-la-Chapelle a été accueilli avec un certain soulagement, puisqu'il met un terme, au moins temporairement, à un conflit coûteux. Des festivités ont même eu lieu pour célébrer le traité dans ces deux pays, alors que la France n'a pas su capitaliser sur ses victoires militaires pour mieux imposer ses intérêts.

Ce qui caractérise le traité d'Aix-la-Chapelle, c'est qu'il ne satisfait personne, ou presque. La plupart des puissances concernées pointent du doigt un partage territorial inadapté. Il en ressort une grande frustration, principalement pour l'Autriche, qui se voit contrainte de céder la Silésie à la Prusse. Plusieurs autres pays se sont sentis lésés après la signature, en raison des mécontentements liés aux changements territoriaux ou par rapport à des conflits coloniaux et commerciaux. Ce mécontentement général donne rapidement lieu à de nouvelles alliances diplomatiques préfigurant la future guerre de Sept Ans, qui débutera en 1756.

L'une des conséquences principales du traité d'Aix-la-Chapelle est l'émergence de la Prusse en tant que puissance européenne, grâce principalement à l'obtention de la Silésie, au détriment de l'Autriche.

Quels sont les autres traités d'Aix-la-Chapelle ?

  • Le 13 janvier 812 est signé le traité d'Aix-la-Chapelle par lequel l'empereur romain d'Orient Michel 1er reconnaît Charlemagne comme son homologue au sein de l'Empire romain d'Occident. Grâce à ce traité, Michel 1er reçoit la Vénétie, la Dalmatie et l'Istrie, ainsi que la promesse de Charlemagne de renoncer à la mer.
  • Le traité d'Aix-la-Chapelle du 2 mai 1668, signé entre Colbert, représentant la France de Louis XIV, et le comte de Bergeyck, représentant le roi d'Espagne Charles II, met fin à la guerre de Dévolution entre les deux pays. Avec ce traité, la France conserve des places fortes dans les Pays-Bas méridionaux, et principalement dans les Flandres, dans le comté de Hainaut, dans le comté de Namur, ainsi qu'à Armentières, Ath et Binche. L'Espagne récupère en revanche le comté de Bourgogne.
  • Après les défaites napoléoniennes de 1814 et 1815, la France, accablée par le poids des dettes de guerre, a négocié et obtenu un allégement du poids de la défaite. C'est au congrès d'Aix-la-Chapelle de 1818, qu'aidée par la Russie, elle obtient une diminution des dommages de guerre à rembourser, l'accélération du retrait des troupes d'occupations russes et prussiennes de France, le règlement de divers litiges frontaliers, ainsi que son intégration au sein de la Sainte-Alliance qui regroupait jusque-là le Royaume-Uni, l'Autriche, la Prusse et la Russie.
  • Signé le 22 janvier 2019 entre la chancelière allemande Angela Merkel et le président de la République française Emmanuel Macron, le traité d'Aix-la-Chapelle renforce la coopération bilatérale entre les deux pays dans différents domaines comme la solidarité européenne, le rapprochement des politiques économiques, diplomatiques et de défense, ou encore la coopération écologique. Ce traité reprend et approfondit celui de l'Elysée, signé cinquante-six ans auparavant par Charles de Gaulle et Konrad Adenauer.
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