François Mauriac : biographie de l'auteur de Thérèse Desqueyroux

François Mauriac : biographie de l'auteur de Thérèse Desqueyroux BIOGRAPHIE FRANÇOIS MAURIAC - Écrivain et journaliste français, François Mauriac est un romancier célèbre. Ses œuvres comme "Thérèse Desqueyroux" sont souvent centrées sur la complexité des rapports humains.

Biographie courte de François Mauriac - Né en 1885 à Bordeaux, le jeune François Mauriac grandit sans son père décédé peu de temps après sa naissance. Il est élevé par une famille bourgeoise pratiquante et reçoit de la part de sa mère une éducation très stricte. Il cultive dès son plus jeune âge un intérêt pour la littérature et la poésie. Cet intérêt se concrétise pendant ses études secondaires lorsqu'il suit les cours de Marcel Drouin, l'un des fondateurs de la Nouvelle Revue Française et proche de l'écrivain André Gide. Il lui fait découvrir Baudelaire, Rimbaud et les premières réalisations de Gide. Ces dernières vont marquer Mauriac, les idées développées étant aux antipodes de l'éducation religieuse qu'il a reçue.

Bordeaux, ville natale de François Mauriac, en vue aérienne © marcociannarel/123RF

Après la fin de son cursus en littérature à Bordeaux, Mauriac se rend à Paris sous la pression de son entourage afin de poursuivre ses études. Il réussit le concours d'entrée de la prestigieuse École nationale des chartes en 1912, mais préfère changer de voie pour écrire. Il se marie avec Jeanne Lafon en 1913. Mobilisé pendant la Première Guerre mondiale, il est finalement réformé pour des problèmes de santé. Sa carrière d'écrivain explose à partir de 1927 avec la publication de son roman Thérèse Desqueyroux. Sa popularité et ses succès lui permettent d'intégrer l'Académie française en 1933. La consécration de son œuvre littéraire arrive en 1952 lorsqu'il devient lauréat du prix Nobel de littérature.

François Mauriac est également connu pour ses prises de position politiques et son engagement en faveur de causes qui lui tiennent à cœur. Il apporte notamment son soutien du camp républicain lors de la guerre civile espagnole de 1936 à 1939, ou s'oppose aux décisions prises par le régime de Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale, et prête main-forte à la Résistance. Il est résolument hostile à la plupart des conflits de la deuxième moitié du XXe siècle, en particulier les guerres d'Indochine et d'Algérie. Mauriac est aussi un anticolonialiste convaincu et se montre favorable à la volonté d'indépendance des pays du Maghreb. Enfin, outre son aversion pour les idées communistes, c'est un fervent défenseur de Charles de Gaulle, à qui il consacre un essai en 1964. François Mauriac s'éteint à l'âge de 84 ans en 1970, quelques mois avant la mort du général.

Thérèse Desqueyroux, le roman phare de François Mauriac

Achevé et publié en 1927, le roman Thérèse Desqueyroux raconte l'histoire d'une femme accusée d'avoir tenter d'empoisonner son mari, mais dont le procès va aboutir par un non-lieu. Le lecteur va suivre dans un premier temps le cheminement de pensée de Thérèse, les raisons qui l'ont poussée à commettre un tel acte. Pour la punir à son retour du procès, son époux Bernard va tout d'abord lui interdire toute sortie. Il se ravise dans les derniers chapitres devant la dégradation de l'état de santé de sa femme, et décide de la laisser vivre sa vie comme elle l'entend. Beaucoup de thèmes sont abordés dans cette œuvre, considérée comme la plus importante de François Mauriac. Il est notamment question des conséquences d'un mariage non désiré et du caractère malsain qu'il procure, mais aussi de la trop grande importance des conventions sociales au détriment du bonheur des gens. C'est d'ailleurs pour cette raison que le procès est reconduit, principalement pour éviter de jeter l'opprobre sur l'entièreté de la famille Desqueyroux et de les porter en disgrâce aux yeux de la société. Cette histoire s'inspire de faits réels, plus précisément du procès de l'affaire des Chartrons (1905), au cours duquel Henriette Canaby est elle-aussi assignée à comparaître devant le tribunal pour une tentative d'empoisonnement contre son époux. François Mauriac lui-même est présent physiquement lors de ce procès. Contre toute attente et malgré les preuves accablantes, l'accusée est acquittée, probablement pour ne pas plus entacher la réputation de ce couple de notables bordelais.

Thérèse Desqueyroux film
Thérèse Desqueyroux jouée par Audrey Tautou - Film adapté du roman de François Mauriac, 2012 © REX FEATURES/SIPA

Thérèse Desqueyroux est considéré comme l'un des romans les plus influents de la première moitié du XXe siècle, aux côtés d'œuvres telles que Les Faux-Monnayeurs (1925) de Gide et La Condition humaine (1933) d'André Malraux. Il fait par la suite l'objet de deux adaptations cinématographiques. La première réalisée en 1966 par Georges Franju, et la seconde en 2012 par Claude Miller, avec l'actrice Audrey Tautou dans le rôle principal. Plusieurs suites à cette histoire sont écrites par François Mauriac entre 1933 et 1935 sous la forme de deux nouvelles et d'un roman, La Fin de la nuit (1935). Ce dernier retrace la fin de la vie de Thérèse Desqueyroux, profondément marquée par les événements et ne pouvant révéler à sa propre fille les raisons qui l'ont poussée à se séparer de son père.

L’œuvre littéraire de François Mauriac

Les romans de François Mauriac

François Mauriac a, en plus de ses publications auprès de quotidiens français (Le Figaro, L'Express), écrit près d'une trentaine de romans tout le long de sa vie. Après plusieurs tentatives infructueuses, il commence à attirer l'attention du grand public avec Le Baiser au lépreux en 1922. Cette histoire touchante et pathétique est un succès critique et commercial. Mauriac réitère en 1923 avec Genitrix, dans lequel il décrit une atmosphère familiale délétère et l'obsession d'un homme pour sa défunte épouse. Dans Le Noeud de vipères (1933), il livre le portrait d'un vieil homme cupide et aigri qui prend peu à peu conscience de ses errements suite au décès de sa femme. Beaucoup de livres écrits par François Mauriac mettent en scène des personnages torturés, emplis de regrets et souhaitant mettre fin à leur misérable existence. Il insiste sur la complexité des rapports humains, qui forment souvent des éléments déterminants dans chaque intrigue racontée. Dans Le Sagouin (1951), un surnom donné à un garçon attardé résultat d'une union chaotique, Mauriac tente également de souligner l'absence d'humanité dans un monde où le mépris est omniprésent. Son éducation rigoriste et catholique, ainsi que son expérience des guerres, lui permettent de raconter des histoires au premier abord terribles, mais souvent emplies de morale religieuse. C'est le cas dans ses dernières années de vie avec des œuvres comme L'Agneau (1954) et Un adolescent d'autrefois (1969).

Les autres productions de Mauriac : essais, poésie, théâtre...

François Mauriac a toujours eu des opinions tranchées. Cela se ressent dans ses essais, très personnels et souvent critiques à l'égard des thèmes qu'il aborde. Son amour pour le genre romanesque le pousse à rédiger en 1933 Le Romancier et ses personnages, dans lequel il décortique la méthode de travail nécessaire à l'élaboration d'un roman. Il s'insurge également contre plusieurs de ses confrères romanciers qui, bien que s'inspirant du réel, cherchent plus à le détourner que de rendre-compte, par exemple, de ses imperfections. Dans Le jeune homme (1925), il décrit la jeunesse masculine du début XXe siècle comme un passage douloureux, chaotique, avec un attrait prononcé pour le conflit. Son attention portée sur la politique de l'après-guerre et des Trente Glorieuses est perceptible dans son Bloc-Notes (1952-1970) et son Journal, dans lesquels il explicite sa pensée sur divers sujets : économie, société, religion… Ses nombreuses réflexions sont approfondies dans les Mémoires intérieurs (1959), dans lesquels Mauriac effectue sa propre introspection autobiographique. Enfin, François Mauriac a expérimenté la poésie, puisqu'il publie pendant ses études plusieurs recueils de poèmes, parmi lesquels Les Mains jointes (1909) ou bien Orages (1925). Il s'est également essayé au théâtre plus tardivement, notamment par son goût pour la mise en scène et plus généralement de la musique classique (particulièrement Mozart). On peut citer Asmodée en 1925 et Le Feu sur la terre en 1950. Néanmoins, ces expériences de Mauriac ne sont pas autant remarquées que ses romans ou autres essais et n'obtiennent pas de réelle reconnaissance critique.

François Mauriac : dates clés

11 octobre 1885 : Naissance de François Mauriac
François Mauriac naît à Bordeaux, le 11 octobre 1885. Il est le fils de Jean-Paul Mauriac et de Claire Coiffard. Il est le benjamin d'une fratrie de cinq enfants : une sœur (Germaine Mauriac) et trois frères (Raymond, Jean et Pierre Mauriac). Le petit François n'a même pas deux ans quand son père décède prématurément des suites d'un abcès cérébral, à l'âge de 37 ans. Il est ainsi élevé d'une main de fer par sa mère selon les préceptes de la foi catholique. Il restera toujours profondément attaché à sa ville natale. Dans Bordeaux, une enfance provinciale, François Mauriac écrit : "Cette ville où nous naquîmes, où nous fûmes un enfant, un adolescent, c'est la seule qu'il faudrait nous défendre de juger : elle se confond en nous, elle est nous-mêmes ; nous la portons en nous. L'histoire de Bordeaux est l'histoire de mon corps et de mon âme.".
1952 : François Mauriac remporte le prix Nobel de littérature
François Mauriac est honoré du prix Nobel de littérature de l'année 1952. La même année, il achève la rédaction de Galigaï. Cette récompense représente l'ultime consécration de l’œuvre littéraire de Mauriac. Il le reçoit cinq ans après André Gide, pour qui il a toujours eu un profond respect malgré ses nombreux désaccords avec l'auteur des Faux-monnayeurs, et cinq années avant Albert Camus. Ce dernier, tout comme Mauriac, est sensible aux conflits des années 1950 au Maghreb. François Mauriac prend partie pour l'indépendance du Maroc, tandis que Camus, de par ses origines algériennes, prône un appel au dialogue et à la paix dans le contexte de la guerre d'Algérie.
1er septembre 1970 : Décès de François Mauriac
François Mauriac décède le 1er septembre 1970 à Paris. Il laisse derrière lui quatre enfants : deux garçons (Claude et Jean Mauriac) et deux filles (Claire et Luce Mauriac). Tous marcherons sur les traces de leur père, en embrassant une carrière de journaliste et/ou d'écrivain. Sa femme Jeanne s'éteint en 1983. Les Mauriac sont inhumés au cimetière de Vémars dans le Val-d'Oise. Aujourd'hui, le quai situé face à la BNF ainsi qu'un prix décerné par l'Académie française à des écrivains prometteurs portent son nom.

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